Loup

On dit souvent des animaux qu'il ne leur manque plus que la parole. Alpha, un loup gris qui a été introduit dans les Pyrénées, lui, l'a trouvée. C'est l'occasion pour Denis de lui demander ce qu'il pense des hommes...

S'en suivent des discussions entre l'homme et l'animal où chacun va comparer son mode de vie à celui de l'autre. Et si l'on se rend compte que les loups et les hommes sont proches sur de nombreux points, d'autres tout aussi nombreux divergent tout autant.

Ce dialogue, c'est un peu comme un face à face. Un peu comme un entretien entre un prof et son élève, où chacun joue les deux rôles tour à tour.

Nombre de réflexions (et critiques) sont mises en exergue quant au mode de vie humain (écologie, éducation, technologie, orgueil, pouvoir, argent). C'est le moment de faire des comparaisons entre les comportements humains et ceux des loups, afin d'en tirer le meilleur d'entre les deux (quant à savoir sur lesquels mieux vaut prendre exemple, la question ne se pose pas longtemps...).

C'est le moment de faire le bilan et d'en tirer les leçons appropriées. Sujets et réflexions utopiques, prise de conscience, aiguisent la discussion.

Denis Wickert (@Denis_76), par le biais de ce petit conte (comme il le nomme), nous pousse à la réflexion, nous ouvre les yeux (pour ceux qui pourraient ne pas les avoir encore grands ouverts). Il y est souvent fait référence à "L'homme cardinal", que je n'ai pas encore lu et que je regrette un peu de ne pas l'avoir fait avant d'ouvrir "Loup". Mais le message est clair, tout comme ses points de vue sur des sujets très actuels.

Après "Adolf" que j'avais beaucoup aimé, je découvre une autre facette de l'auteur, puisqu'il nous parle ici du coeur de l'actualité, à savoir l'avenir de notre planète, mais de manière très introspective (j'ai perçu Alpha comme une partie de lui, de sa conscience, et je pense donc avoir lu une conversation avec lui-même). Je ne cache pas avoir préféré "Adolf", plus satirique et caustique, à "Loup", plus réaliste et philosophique. Mais c'était dans l'ensemble une agréable lecture, qui se lit très (trop ?) vite qui plus est.

Dans ce joli livre de Denis Wickert, @Denis_76, nous prenons contact avec un loup Alpha, un loup gris aux yeux d'or, le chef qui conduit la meute et assure la cohésion de ses louveteaux.( mes années de jeannette en pleine campagne, scout toujours !)
Un dialogue s'instaure entre Denis qui lui lit des livres et Alpha. Dialogue.
Oui, le loup Alpha parle.
Les deux espèces, hommes et loups, se ressemblent beaucoup, affirme Elli Radinger dans « la sagesse des loups ».
Et, pourtant, le loup Alpha compare, par l'intermédiaire de Denis notre ami, et pas à l'avantage des hommes :

Car ces derniers se sont de tout temps épuisés en des guerres de conquête. Pour quoi, dans quel but ? Pour conquérir, pour avoir plus, tout de suite.
Ils se sont combattus pour des croyances, ont tué pour des religions, ont mis en esclavage pour dominer .
Et, clou du clou, ils se pourrissent la vie pour de l'argent.

Auto-dérision de Denis : mais j'ai besoin d'argent pour vivre .
Or , réponds le loup, dans une vie écologique, tu ne serais pas prof d'EPS « pas besoin de profs de gym pour les fermiers, ils font suffisamment de travaux physiques ! »
Enfin, sans doute la partie la plus intéressante de ce charmant conte philosophique, le loup énonce les propres qualités de ses congénères:
- il est adulte, il s'occupe de sa famille et de sa meute, et a l'intelligence, pour insister sur l'importance de la famille, de citer un cas connu : « que pensait, à Noyon , la famille de Jean Calvin, des condamnations prononcées par leur fils à Genève ? »
- le loup est responsable, solidaire et sociable. Les loups ne permettraient pas que des clochards essaient de survivre alors que des riches s'empiffrent à côté d'eux.
( je viens justement de voir un reportage sur la domestication des loups, montrant leur aide mutuelle à l'état sauvage, et la moindre responsabilité des chiens, les premiers animaux à être domestiqués : Comme si la présence des hommes les avaient déresponsabilisés.)
Enfin, le loup est économe, il n'a pas besoin de plus pour vivre heureux.
Et il est joueur, il joue avec ses petits, les câline, se bagarre pour rire avec eux, leur apprend à chasser ( mais pas les moutons, même les moutons noirs, ça, non)

Les contes pour enfant ont ressassé encore et encore , depuis le petit chaperon rouge, les trois petits cochons, et la chèvre de Monsieur Seguin , l'horreur de cette bête qui mange le chaperon, et la chèvre et détruit les maisons des cochons pour les manger .
« C'est pas faux, dit Alpha, les cochons nous sont interdits, mais nous aimons les sangliers , même si la lutte est dangereuse. »
Et il ajoute, avec humour: « Je blague, bien sûr ».
Et moi qui répétait petite fille avec délice « Ah, quelle était jolie la petite chèvre de Monsieur Seguin » : j'avais compris qu'elle veut être libre, aller se battre et danser avec le loup, peut lui importe d'être mangée, elle a vécu l'aventure la plus sexy qui soit, une nuit entière.
Ceci, pour inviter à la lecture de ce conte philosophique, qui suscite réflexion et sourire.

Qui n'a jamais rêvé de parler avec un animal, d'échanger directement avec lui des considérations sur nos statuts respectifs, de le questionner sur son mode de vie comparé au nôtre, et finalement de connaître le fond de sa pensée sur le genre humain ? Pour ma part, j'ai souvent tenu de longs dialogues avec mes chats, ou autrefois avec mon lapin (je discute même avec mes plantes, et avec mon serpent). Mais nous ne partageons hélas pas le même langage, et j'ai sans doute parfois mal interprété certaines réponses...

Denis Wickert, lui, a choisi de s'affranchir de cet aléas et par le biais d'un conte philosophique nous offre l'accès à son dialogue avec Alpha, ce beau loup gris aux yeux d'or avec lequel il est parvenu à établir une relation privilégiée. Alpha est arrivé dans les Pyrénées avec sa compagne depuis la Hongrie, réintroduit là par Zoltan, un homme qui a initié Denis à l'approche des loups. Avant de lire le livre, je suis d'ailleurs allée voir une vidéo mettant en scène ce fameux Zoltan interragissant avec une meute, c'est bluffant, mais surtout très touchant. Denis et Alpha ayant très vite développé des atomes crochus, Zoltan est reparti en lui laissant le soin de veiller sur ses protégés.

A partir de là, on bascule dans une fable, un récit un peu fantastique mais qu'on peut aisément s'imaginer bien réel des conversations entre Denis et Alpha. Denis commence par lire à son ami-loup des oeuvres évoquant la société des hommes, leurs rapports avec la nature et les animaux qui la peuplent, etc. Il observe les réactions d'Alpha à ses paroles, et noue une relation de plus en plus étroite avec lui, jusqu'à ce jour où, miraculeusement, la parole devient bilatérale et non plus à sens unique.
Les échanges vont porter essentiellement sur des comparaisons entre le mode de vie des deux espèces, par exemple le besoin constant d'artéfacts développé par les humains alors que les loups savent se contenter de ce que leur offre leur territoire. Ou justement, en parlant de territoire, de cette propension qu'ont les hommes à guerroyer pour étendre le leur pour des raisons de prestige ou des motifs religieux, politiques ou économiques alors que les loups se contentent sagement de l'espace qui est nécessaire à leur meute pour satisfaire leurs besoins vitaux. Et pourquoi nous humains avons-nous besoin d'argent, et d'acquérir toujours plus de possessions bien vite inutiles ou obsolètes ? Bien sûr il serait irréaliste de renoncer à tout ce que nous appelons "progrès" pour revenir des millénaires en arrière par rapport à notre civilisation actuelle, qui d'entre nous y serait prêt ? Pas moi, j'avoue...

Ce loup nous met le nez dans nos excès et nos erreurs, passées et présentes, et cette lecture va forcément éveiller en nous des interrogations sur notre propre comportement. Je n'irai pas jusqu'à dire que j'ai culpabilisé, parce que j'estime avoir un mode de vie relativement respectueux envers la nature et les animaux, même si je mange encore de la viande et du poisson ! D'ailleurs, les loups en font autant, ce n'est pas le sujet de l'histoire. J'ai trouvé que le récit était tout de même un peu trop à charge contre la race humaine, mettant l'accent sur des comportements certes fréquents (notamment en matière de responsabilité parentale), mais pas non plus généralisés. Certes il nous faut réapprendre à maîtriser nos besoins réels et partant, nos habitudes de consommation, mais le genre humain n'a pas non plus "tout faux", par rapport aux loups. Notre adaptation et notre évolution se sont faites de manière différente, comme pour toute espèce selon son milieu et ses capacités d'apprentissage, et il est clair que l'expansion humaine cause actuellement des dégâts considérables dont bien d'autres espèces font les frais. Ce qui me fait souvent penser qu'il est urgent de réduire drastiquement notre population, si l'on veut encore sauver les meubles ! D'ailleurs dans mon entourage, bien des jeunes couples réfléchissent à l'option de ne pas avoir d'enfants, dont mes propres filles.

Cette réserve qui m'est propre mise à part, j'ai été totalement sous le charme de ce petit livre vert offert par mon ami Denis Wickert (@Denis_76 ici) et qui a été ma denière lecture de 2022, le 31 décembre. Et également ma première critique 2023, une année que je lui souhaite riche en nouvelles idées d'écriture (mais je sais qu'i ne m'a pas attendu pour s'atteler à son prochain roman !). Merci de ta confiance Denis, j'ai été enchantée de faire la connaissance de ton ami Alpha auquel je souhaite une longue et belle vie au sein de sa meute.

Une lecture que j'ai trouvé riche

Dans ce conte, Alpha, un loup parle avec un homme. Tout deux discourent dans une sorte de synthèse, de devoir appliqué, découlant de l'ouvrage précédant de Denis Wickert.

Avec des mots simples, compréhensibles, le sage Alpha, fait dire à l'homme, par Denis, ses quatre vérités :

L'orgueil et la cupidité qui le conduisent à la guerre de conquête

L'orgueil toujours qui le conduit à la guerre au nom de dieux que personne n'a jamais vus.

L'argent qui pourrit tout

Mais que faire alors avant qu'une contrainte naturelle nous oblige à tout stopper ?

Revenir en arrière, revenir à l'âge de pierre, rétrograder. le conseil d'Alpha paraît impossible et n'est pas souhaitable – qui renoncerait à son confort à une certaine forme d'ataraxie ? Nous n'y arriverons jamais.
Ce n'est pas régresser qu'il faut, mais grandir, devenir adulte.
Devenir adulte, comme un loup doit l'être, c'est savoir prendre des décisions, être indépendant, fonder et protéger sa famille.
Or grandir est devenu une chose très difficile pour l'homme dans la civilisation qu'il habite et qui l'habite :

Comment enseigner à prendre des décisions et faire preuve d'indépendance quand les parents accaparés par le travail sont absents et ne peuvent aider les jeunes qui font des erreurs qui, dans la nature, leur seraient fatales.
Comment prendre ses responsabilités avec pour finalité fonder une famille quand le système nous maintien volontairement dans un état d'enfance écartant tout risque d'atteinte à son pouvoir, l'amusant avec des hochets des besoins artificiels à combler pour être « heureux ».
Allez, ce n'est pas très grave puisque l'état providence prendra en charge toute défaillance des parents-enfant et de l'enfant devenu….enfant toujours mais majeur. pourvu qu'il soit un bon petit soldat travailleur et surtout consommateur.

Rendre sa famille heureuse, s'occuper d'elle, jouer simplement lui témoigner son attention et son affection. C'est bien difficile occupé qu'est l'Homme à travailler, dépenser, apaiser ses envies et prendre des vacances méritées.
Ce n'est pas grave des gardes-enfants, des assistantes maternelles, des aide-ménagères, des éducateurs sont là – Mais bon sang, il y a quelque chose qui cloche là dedans, non ? - En tous cas le système tourne rond lui.

Il nous faut donc chercher ailleurs.

Le moyen envisagé par l'auteur est « l'éducation du coeur » de l'humanité entière. Lutter contre la paresse naturelle de l'homme, lui apprendre le respect que la société individualiste lui a fait perdre.
Actuellement un claquement de doigts et de l'argent sont suffisants pour se sortir de tout embarras, apaiser toute envie et entrainer notre planète vers la catastrophe.
Voir et respecter l'homme, la nature dans sa globalité, notre planète et, par dessus le marché, soi-même, est la clef de notre survie.

Le moyen de quitter ce système est de convaincre le maximum. Il faut marteler sans cesse ce message jusqu'à ce que, selon la théorie du centième singe, l'humanité entière se sauve et renaisse véritablement.

Je vais à présent me permettre d'ajouter une idée personnelle mais que je sais être partagée par l'auteur. S'il vous plait avant de la juger extrémiste ou puérile, essayez de replonger l'Homme au sein de la nature dont il n'aurait jamais dû s'écarter, utilisant ainsi son intelligence pour compenser son orgueil:
Il se peut que le respect passe avant toute chose par le recul essentiel et simple du nombre d'êtres humains. Inutile de chercher de partout des solutions décevantes quand la seule et bonne nous saute aux yeux. Une solution simple et sans douleur.
Alpha le dit lui-même dès les premières lignes : tout va bien quand le territoire du loup est suffisant et que la nourriture est suffisante.
Qu'est-ce qui motive notre espèce à se multiplier sans qu'aucune auto limitation naturelle n'intervienne? L'orgueil et son allié l'argent.

Un ouvrage que je ne peux m'empêcher de rapprocher de « Grandir » de Susan Neiman débarrassé de toutes ses références rébarbatives. Une sagesse simple.

Le deuxième livre dont je suis l'auteur, wouahhh,
Ahuuuuuuuuuuuuuuuu, hurlerait le Loup qui est en moi :)

Il s'agit d'un conte :
Il était une fois le loup Alpha, importé de Hongrie par Zoltan. Il le transporte dans les Pyrénées avec sa compagne. Habitant au pied des Pyrénées, le narrateur Denis (tiens, comme moi ), amoureux des loups, en profite pour prendre contact avec Zoltan, son loup Alpha et sa compagne...ça matche tout de suite avec Alpha, les loups sont comme ça, après une période d'observation intense, c'est oui ou non.
Zoltan signale à Denis qu'il doit repartir en Hongrie après avoir trouvé un tuteur pour ses loups. Denis saute sur l'occasion, demande les accréditations et le voilà qui joue avec Alpha ; sa compagne, plus méfiante car enceinte, cherche un refuge pour abriter sa future portée. Alpha reconnait son nouveau domaine, trace son périmètre, mais passe aussi beaucoup de temps avec Denis. Celui-ci lui parle, il enregistre... longtemps...
Puis un jour, comme par miracle, comme par magie, comme dans un conte, Alpha parle. Denis écoute, émerveillé, car Alpha a beaucoup de choses à dire !
Ce conte est l'histoire de ce dialogue entre les deux compères...

Oui, pourquoi l'ai-je écrit si rapidement, ce conte ? Eh bien, parce que je sens en le Loup un frère, un frère cardinal, eh oui !
Protégeons les loups, ils en ont besoin, car ils n'ont rien à voir avec les légendes du moyen âge et même du XIX è siècle !
Le loup est plus sociable que l'homme, et plus intelligent que le chien !
Et en plus, il rétablit le cycle naturel de la forêt et de ses occupants ...

Et regardez la vidéo de Zoltan, et craquez, comme moi :
https://www.youtube.com/watch?v=DF6e00AWQUc