AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Blanche Molfessis (Traducteur)
EAN : 9782742735334
248 pages
Actes Sud (06/11/2001)
3.83/5   21 notes
Résumé :

" Quand Loxandra chuchote, ça résonne comme les cloches de Sainte-Sophie. C'est qu'elle a une voix à réveiller les morts, la malheureuse. Elle n'a jamais su la maîtriser. Et s'il n'y avait que sa voix... " Haute en couleur, gourmande, généreuse, truculente, emportée et tendre à la fois, Loxandra la Grecque est une véritable figure de Constantinople. Dans le monde coloré de la ville du XIXe siècle... >Voir plus
Que lire après LoxandraVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
On dit qu'il faut voir Naples, et mourir ! Mais c'est plutôt, « Manger de la main de Loxandra son plat de moules farcies au riz, avec leurs raisins secs et leurs pignons, manger son ragoût d'agneau à la purée d'aubergines ou son kebab au yaourt, et mourir ! ». Voilà nous sommes à Constantinople vers la fin du XIX ieme siècle dans une famille romii ( grecs d'Istanbul ) dans le quartier de Makrohori ( “Bakırköy” aujourd'hui). le personnage centrale est Loxandra , une femme haute en couleur , généreuse, gourmande, grande cuisinière , qui n'a pas sa langue dans sa poche. Elle entretient un commerce corsé avec Dieu à travers Notre-Dame de Baloukli, icône installé chez elle , lui promettant or, bijoux, trésors en retour de la réalisation de ses souhaits, selon ses propres règles 😁. Avec sa voie qui résonne comme les cloches de Sainte-Sophie même quand elle chuchote, son perroquet qui profère des gros mots en portugais, ses chats enviées même par la cour du sultan, sa famille nombreuse deux enfants et quatre beaux-fils avec lesquels elle entretient des relations gorgées d'amour et de générosité, ses domestiques chéris dont l'un chasse même le gibier, son amour pour la cuisine, ses relations en bonne intelligence avec les turcs de son quartier ......Loxandra est une femme impressionnante, émouvante, vaste d'appétit, de coeur et de ventre. Elle aime la vie, et enseignera de même à sa petite-fille à goûter de tout et à tout aimer.
A travers sa vie quotidienne et de celle de sa famille, l'auteur nous relate une large fresque de l'Istanbul cosmopolite de l'époque dans un contexte grec. Ce contexte qui disparaîtra définitivement suite à la première guerre mondiale, celui d'une ville multiethnique où se côtoyaient les communautés autochtones arménienne, juive, turque et grecque, cette dernière étant probablement l'élément moteur qui faisait vivre et bouger la ville. On a aussi droit à un vaste aperçu de la riche cuisine turque dont İstanbul détient encore et toujours aujourd'hui le monopole de sa diversité.

Inspiré de la grand-mère de l'écrivaine , Loxandra est un personnage et un livre à ne pas manquer dans le cadre d'une ville grandiose et d'une époque où tout était encore possible à vivre et à réaliser avec gaité et enthousiasme avant l'arrivé du XXe siècle et ses deux guerres.


“La nourriture, pour les Orientaux, est un sujet capital. Confucius paraît-il , divorça de sa femme parce que «  le riz n'était jamais assez blanc et qu'elle découpait mal la viande » et se mit en quête d'une femme au palais plus délicat , qui devint sa seconde épouse , «  car notre sort , disait-il , ne dépend pas des dieux, mais de ceux qui apprêtent notre nourriture ».”
Commenter  J’apprécie          9516
Relecture de ce roman classique sur Constantinople de la minorité grecque au XIXe siècle (cette traduction française est vraiment excellente). Loxandra est une héroïne haute en couleur et exubérante. Son univers domestique et urbain est caractérisé par la couleur, par une foi presque superstitieuse et, surtout, à chaque paragraphe, par le goût; on peut parler d'un roman entièrement gustatif... le récit de sa vie, chronique familiale reconstituée par sa petite-fille, scandé par les mariages, les deuils, les départs en mer, les déménagements qui constituent une chute progressive et une source de nostalgie incurable (surtout lors de l'impossible "rapatriement" à Athènes, dans un pays où Loxandra est condamnée à être une étrangère et où elle ne pourra rester longtemps), est aussi un aperçu de la vie (au féminin) de la communauté grecque d'Istanbul. Il s'agit d'une communauté qui vit sa condition minoritaire dans une ségrégation choisie et autorisée, dans une autonomie "communautariste" heureuse et tolérée au point que même le "massacre des chrétiens" de la part des "chiens d'Agar" (les Turcs) n'est pas compris, et peut très bien se passer aussi à Athènes... Loxandra est donc profondément constantinopolitaine, dans ses moeurs, dans sa langue (pleine d'expressions turques), dans son palais... sa place ne peut être ailleurs.
Cette femme autoritaire et infiniment attachante gardera les rênes de son ménage jusqu'à ses 90 ans, et sa disparition coïncidera avec celle de tout son monde: en 1914 "Hadès ouvre ses portes. le sang en grandes rivières se met à couler. Une nouvelle époque vient de naître."... et à partir de là, la "Ville des villes" ne sera plus la même pour les minorités... plus jamais.
Commenter  J’apprécie          40
Depuis que j'ai lu Vacances au Caucase de Maria Iordanidou j'ai cherché Loxandra, malheureusement épuisé. Loxandra est la grand-mère d'Anna, héroïne de Vacances en Caucase que j'ai adoré. heureusement je viens de le trouver d'occasion! Et je n'ai pas été déçue.

Ce roman, raconte l'histoire d'une famille grecque de Constantinople entre 1874 et 1914. Famille nombreuse : Loxandra a élevé les enfants de Dimitros avant de mettre au monde Clio et Alekos, fruits d'une transaction avec la Vierge de Baloukli à qui Loxandra a offert tous ses bijoux. Loxandra est le pilier de la famille, la mère, celle qui invite à des festins, celle qui guérit avec l'eau bénite de Baloukli, qui nourrit chats et chiens, qui invite marchands et veilleur de nuit à partager son café. Générosité et autorité, elle règne sur enfants cousins et sur tout le quartier.

C'est un livre où la nourriture est très présente : tout au long du livre, on savoure les dolmas avec assez d'oignon dans la farce, sans oublier la menthe, on fait frire des anchois, fabrique du halva, du porc au coings auxquels il faut ajouter les pépins du fruit dans la sauce...sans lésiner sur l'huile d'olive....Presque un livre de recettes de cuisine stambouliote. Cette cuisine qui lui manquera pendant son exil athénien!

On se promène dans Constantinople, la Ville, cosmopolite où coexistent turcs, arméniens, bulgares ou kurdes(les bûcherons avec leurs haches). La société grecque est prospère, elle semble installée là depuis Byzance et pour toujours. Toutefois, pendant les quarante ans du livre, la vie change. Loxandra se préoccupe plus de la vie de sa famille et de son quartier que de la politique. Ce livre est aussi un livre d'histoire qui raconte le Traité de San Stefano (1878) qui dépèce la Turquie d'Europe, la guerre greco-turque de 1897 à laquelle participe Epaminondas, un de ses fils, les massacres des Arméniens. Au début du siècle Loxandra part à Athènes, la vie politique est décrite pittoresquement, les rivalités entre les factions régionales montre plus de différence entre crétois ou athénien qu'entre les ethnies de Constantinople.

La vie de tous les jours est racontée avec simplicité ainsi que les traditions millénaires comme l'entrée de Basile à Constantinople, la grenade du jour de l'an ceci en fait un témoignage précieux de la vie grecque à la fin de l'empire ottoman. le livre se termine avec la Première Guerre mondiale qui va tout bouleverser.


Lien : http://miriampanigel.blog.le..
Commenter  J’apprécie          40


Loxandra, jeune grecque, est un personnage touchant par sa maladresse, son coté grossier et son ignorance du monde qui l'entoure. Elle est attachante et pleine de vie, elle nous redonne le sourire. Reine des gaffes mais grande cuisinière, elle nous emmène dans la Grèce de la fin du XIXème siècle.

Ce roman bien écrit nous offre des quelques pages de divertissement à savourer dans un moment de détente.
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Constantinople, reine des villes, belle aux sept collines !....Couchée sur deux continents , la poitrine découverte, elle s'offre au borée qui se lève de la mer Noire et et au notus qui souffle de la mer de Marmara. Et l'on croit voir les deux courants contraires rivaliser d'assauts pour la conquérir. L'Orient et l'Occident bataillent , levant des gerbes d'écume, tournoient dans le grand tourbillon à la pointe de Sarayburnu, au pied de Sainte Sophie, au cœur de la ville.
Commenter  J’apprécie          355
(...) des mains faites pour bénir et pour être embrassées; des mains qui sentent l'encens et le mahaleb ; des mains faites pour offrir (...) Des mains faites pour tenir un nouveau-né. (...)
Des générations entières ont grandi entre ces mains; Les petits frères de Loxandra que sa mère lui laissa en mourant. (p. 10)
Commenter  J’apprécie          90
Que signifie être riche ? Savoir se contenter de peu....
Commenter  J’apprécie          4717
La nourriture, pour les Orientaux, est un sujet capital. Confucius, paraît-il, divorça de sa femme "parce que le riz n'était jamais assez blanc et qu'elle découpait mal la viande" et il se mit en quête d'une femme au palais plus délicat, qui devint sa seconde épouse, car "notre sort, disait-il, ne dépend pas des dieux, mais de ceux qui apprêtent notre nourriture" (p.20)
Commenter  J’apprécie          10
Notre-Dame de Baloukli les partageait tous, ses secrets, comme elle avait partagé ceux de sa mère, de sa grand-mère, de son arrière grand-mère. Cela faisait tant d'années que l'icône voyageait dans sa famille, passant de main en main, avant que Loxandra la reçoive à son tour, toute changée d'or et d'argent, de prières et de larmes...(p. 13 /- Actes Sud, 1994)
Commenter  J’apprécie          10

autres livres classés : littérature grecqueVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Autres livres de Maria Iordanidou (1) Voir plus

Lecteurs (59) Voir plus



Quiz Voir plus

Les emmerdeuses de la littérature

Les femmes écrivains ont souvent rencontré l'hostilité de leurs confrères. Mais il y a une exception parmi eux, un homme qui les a défendues, lequel?

Houellebecq
Flaubert
Edmond de Goncourt
Maupassant
Eric Zemmour

10 questions
566 lecteurs ont répondu
Thèmes : écriture , féminisme , luttes politiquesCréer un quiz sur ce livre

{* *}