On dit qu'il faut voir Naples, et mourir ! Mais c'est plutôt, « Manger de la main de
Loxandra son plat de moules farcies au riz, avec leurs raisins secs et leurs pignons, manger son ragoût d'agneau à la purée d'aubergines ou son kebab au yaourt, et mourir ! ». Voilà nous sommes à Constantinople vers la fin du XIX ieme siècle dans une famille romii ( grecs d'Istanbul ) dans le quartier de Makrohori ( “Bakırköy” aujourd'hui). le personnage centrale est
Loxandra , une femme haute en couleur , généreuse, gourmande, grande cuisinière , qui n'a pas sa langue dans sa poche. Elle entretient un commerce corsé avec Dieu à travers Notre-Dame de Baloukli, icône installé chez elle , lui promettant or, bijoux, trésors en retour de la réalisation de ses souhaits, selon ses propres règles 😁. Avec sa voie qui résonne comme les cloches de Sainte-Sophie même quand elle chuchote, son perroquet qui profère des gros mots en portugais, ses chats enviées même par la cour du sultan, sa famille nombreuse deux enfants et quatre beaux-fils avec lesquels elle entretient des relations gorgées d'amour et de générosité, ses domestiques chéris dont l'un chasse même le gibier, son amour pour la cuisine, ses relations en bonne intelligence avec les turcs de son quartier ......
Loxandra est une femme impressionnante, émouvante, vaste d'appétit, de coeur et de ventre. Elle aime la vie, et enseignera de même à sa petite-fille à goûter de tout et à tout aimer.
A travers sa vie quotidienne et de celle de sa famille, l'auteur nous relate une large fresque de l'Istanbul cosmopolite de l'époque dans un contexte grec. Ce contexte qui disparaîtra définitivement suite à la première guerre mondiale, celui d'une ville multiethnique où se côtoyaient les communautés autochtones arménienne, juive, turque et grecque, cette dernière étant probablement l'élément moteur qui faisait vivre et bouger la ville. On a aussi droit à un vaste aperçu de la riche cuisine turque dont İstanbul détient encore et toujours aujourd'hui le monopole de sa diversité.
Inspiré de la grand-mère de l'écrivaine ,
Loxandra est un personnage et un livre à ne pas manquer dans le cadre d'une ville grandiose et d'une époque où tout était encore possible à vivre et à réaliser avec gaité et enthousiasme avant l'arrivé du XXe siècle et ses deux guerres.
“La nourriture, pour les Orientaux, est un sujet capital.
Confucius paraît-il , divorça de sa femme parce que « le riz n'était jamais assez blanc et qu'elle découpait mal la viande » et se mit en quête d'une femme au palais plus délicat , qui devint sa seconde épouse , « car notre sort , disait-il , ne dépend pas des dieux, mais de ceux qui apprêtent notre nourriture ».”