Aris Fakinos(1935-1998) est l'auteur des Récits des temps perdus, de
la Citadelle de la Mémoire, des Enfants d'Ulysse qui est mon préféré. Son univers littéraire se situe dans la plaine de l'Attique et dans les sommets de l'Épire et le thème de la mémoire paysanne et du bouleversement de la civilisation rurale par l'urbanisation est commun à ses ouvrages.
Fakinos raconte l'Histoire de la Grèce, non pas celle des rois, des gouvernants ou des célébrités, mais celle des bandits et des paysans.
La Citadelle de la Mémoire relate la lutte contre les Turcs des palikares dans la montagne pendant les guerres d'indépendance de la Grèce.
L'Aïeul commence vers 1850 et se termine au milieu du 20 ème siècle, quand Athènes s'étend à la plaine d'Attique.
Les Enfants d'Ulysse se déroule de la veille de la 2de Guerre Mondiale jusqu'à l'arrivée des Colonels.
L'Aïeul, Théophanis Photinos, est le fils du Kapétan Photinos, bandit des montagnes. Tout jeune adolescent, il quitte le brigandage pour le travail de la terre. Il est le défricheur, ne possédant que la force de ses bras et une énergie sur-humaine. Comme il n'a pas un champ cultivable, il commence par s'attaquer aux pierres dont la montagne est riche. Avec la charrette que sa femme, Eleni, lui a donnée, un cheval volé à un brigand, il va charrier les pierres et les vendre. Au pic et à la pioche, il fait le sourcier et découvre l'eau et irrigue la terre. Enfin il pourra défricher un champ puis un autre, les irriguer et distribuer la terre aux paysans. Pour assurer l'avenir, ensemble il planteront des oliviers.....A la pioche, au couteau et au fusil, les paysans défendent leur terre et leurs arbres contre les propriétaires terriens, et même contre l'Etat grec et ses gendarmes.
J'aurais pu choisir pour ce billet la page racontant la "cueillette des pauvres" qui viennent glaner dans les oliveraies les olives qui restent, ou plus épique, le duel de Théophanis avec le gendarme....je vous laisse les découvrir. Tout m'a enchanté dans ce livre.
Un aspect m'a frappée : la défiance si ce n'est l'hostilité des paysans envers l'administration et les représentants de l'Etat grec. Les paysans sont illettrés, seul Costandis, l'infirme, a appris à lire:
Pour garder leur terre, les compagnons de Théophanis se battaient contre les gendarmes. Mais le monde moderne a fini par gagner et le roman se termine par l'arrachement au bulldozer des oliviers et l'urbanisation de la campagne.
Lien :
http://miriampanigel.blog.le..