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EAN : 9782373850499
208 pages
Les éditions du Sonneur (16/03/2017)
2.81/5   8 notes
Résumé :
Dans ce bourg où l’on s’ennuie tellement, Patrick et Robert s’amusent à tendre des fils d’acier sur la route en espérant provoquer un accident ; leur frère Paul fuit le monde en lisant de la poésie ; Jeanne dessine des plans de villes imaginaires et rêve de rejoindre les États-Unis avec Éric, marchand installé dans une camionnette pavoisée aux couleurs de l’Amérique ; Caroline, abandonnée par sa mère, végète dans l’asile du coin ; Puiseux, le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Bienvenue à Copiteau. Petit village du centre de la France. L'endroit importe peu. C'est surtout un village où se concentrent la désespérance des habitants, le manque de dignité, la misère culturelle.

L'occupation journalière de trois frères un peu limités intellectuellement est de tendre un filin en travers de la route pour provoquer des accidents. Ils sont régulièrement internés à l'asile du village et profitent de leurs séjours pour violenter une jeune femme internée d'office par sa mère qui veut la déshériter.

La mère des trois garçons qui part de la maison le soir pour dormir dans l'abribus pour ne rien salir ni abîmer.

Il y a le Maire qui préfère ne rien voir, et se morfond depuis la mort de son frère.

Et puis cette jeune femme qui vit avec sa mère mélancolique-dépressive qui n'attend plus rien de la vie à part sa télé, les plateaux repas et les sorties au supermarché. Elle, rêve de partir aux Etats-Unis, de partir, c'est tout.

J'allais oublié le Notaire, vieux garçon, qui entretient une hygiène sexuelle avec la mère de la jeune internée et se fera violé par sa gouvernante.

Oui bienvenue dans la France profonde, celle des fermiers célibataires qui font leur affaire avec des animaux s'il n'y a rien à violer dans le coin.

Celle où il n'y a pas d'avenir, pas d'espoir, peu de rêves, celle où tu te noies dans la boue et si tu y échappes, bouffé par les fourmis.

Alors devant un tableau aussi noir pourquoi ai-je choisi ce livre à la médiathèque du village ? Pour la magie des mots de l'auteure. C'est du grand art.


Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Un petit village d'apparence paisible, dont « on ne peut pas dire grand-chose », Copiteau. Et tout un roman. Car il y a des vies, des rêves, des folies, des drames… Au centre de ce récit à la fois glaçant et loufoque, une famille. Un père mort dans son étable sans qu'on s'en rende compte, puis sans qu'on s'en inquiète. Deux fils fous, et un troisième poète, ce qui ne vaut guère mieux, la preuve, c'est qu'on l'enferme avec les deux autres quand ceux-ci ont fait des bêtises — leur jeu préféré est de tendre un câble au travers de la route pour provoquer des accidents. Quant à « la masse indolente appelée maman », quand elle ne peut plus gérer la situation, elle se roule dans un sac d'engrais vide et va dormir dans un abribus, pour ne rien user à la maison.
Autour d'eux gravite un monde aveugle. Un maire anéanti par la mort de son frère jumeau, un notaire écartelé entre sa collection de livres anciens et son addiction aux jeux électroniques débiles, une fille colloquée à l'asile à la suite d'un conflit avec sa mère et consciencieusement violée par les deux frères à chacun de leur séjour à l'asile, tandis que le personnel médical choisit de croire à de l'automutilation pour ne pas avoir à intervenir. Et puis Agathe, son amie, qui rêve d'Amérique avec un amant velléitaire.
Tout cela fait-il un roman ? Oui, par l'incroyable imagination de Clotilde Escalle, qui multiplie les situations absurdes, les coups de tête ou de théâtre. de petites trouvailles inattendues, comme celle de la folle qui défait fil à fil les draps de l'asile pour se confectionner une robe de mariée. Oui, parce que chaque personnage a sa complexité, ses délires, ses instants de lucidité, son passé, ses rêves, ses déceptions… Surtout face à un quotidien trop banal, dans un univers trop minable, où le temps s'entasse comme dans une salle des fêtes défraîchie. Proies fragiles pour un monde de faux rêves, de cadeaux inutiles et de paillettes, la télévision, le supermarché, l'Amérique, les jeux vidéos…
Oui, surtout, parce qu'il y a un ton, à la fois révolté et résigné ; un humour pince sans rire qui démultiplie la violence ou la crudité du propos ; une écriture, surtout, faite d'images fortes, d'associations surprenantes, de personnification de concepts abstraits, de raccourcis audacieux, d'un mélange permanent des personnes grammaticales qui nous oblige à nous projeter constamment de la tête d'un personnage au monde environnant. Certains passages élèvent le rouge à lèvres de supermarché ou un adultère mondain à la dimension d'un récit épique. Un récit à la fois glaçant et loufoque, stimulant et désespérant. Car même si l'on a le ciel dans la tête, on sait que « les routes seront toutes mangées par la terre, nous aussi par la même occasion. »
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En début de lecture, j'ai cru m'être trompée, je m'étais plongée sans le savoir dans un roman américain, de ceux qui nous emmènent dans un village isolé de l'Amérique profonde, village-prison pour êtres paumés, voire tarés. Mais non, dans « Mangés par la terre » nous sommes bien à Copiteau, un village reculé du centre de la France, et nous passons et repassons d'un personnage à l'autre : les frères sadiques, l'autre débile mais poète, la jeune « folle » et sa mère monstrueuse d'égocentrisme, la « trainée » qui rêve d'Amérique justement, le notaire frustré…

Le bonheur et les joies se font rares, à la limite, certains en trouvent-ils de petits bouts dans les rêves ou les mots lus et écrits. La vie elle, n'apporte que souffrance, cruauté et tristesse. On étouffe sous le poids de la terre, du milieu fermé sur lui-même, on rage face à tant d'impuissance, de culpabilités multiples (ah cet « asile » et ces médecins) et de déterminisme… et on a mal pour eux, pour elles… et en même temps, on est presque gêné d'admirer la beauté de l'écriture de Clotilde Escalle
Lien : https://emplumeor.wordpress...
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critiques presse (1)
LeMonde
19 mai 2017
Ecrivaine du tragique et du grotesque, elle creuse un peu plus profond son sillon dans « Mangés par la terre ».
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Le pire, c'est la désorientation. Il n'y a pas d'histoire possible, rien n'adviendra, nous le savons, nous tous qui vivons sous ce ciel poisseux aux belle éclaircies.
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Dans mon placard, il y a des foulards, des dessous de soie, des vêtements qui sentent la disparition, des petits bouquets de lavande, des jours effacés.
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Que peut-on faire dans un patelin où la seule direction à prendre est celle de la salle polyvalente ?
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Les trois imbéciles ont des fusils et regardent la télé, c'est dire combien ils peuvent être dangereux.
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Mes mots sont tordus. Depuis leurs convulsions, ils abattent toutes les sentinelles.
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Video de Clotilde Escalle (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Clotilde Escalle
Tous nos coups de c?ur littéraires : http://www.fnac.com/coup-de-coeur-litteraire/ct75299/w-4 Découvrez Mangés par la terre de Clotilde Escalle sur Fnac.com : http://livre.fnac.com/a10289464/Clotilde-Escalle-Manges-par-la-terre La chronique complète : http://www.fnac.com/Livres-et-Societe/Le-coup-de-coeur-litteraire-11/cp34963/w-4
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