Un recueil de cinquante-six textes courts ayant pour thème l'amour de soi-même ; pas un narcissisme névrotique mais quelque chose de naturel, recherché, nécessaire, humain.
Au-delà : de belles pages sur la vie, la mort, l'amour.
Le dernier texte, comme un point d'orgue, est une vibrante prière à Dieu – à moins que ce ne soit à la mort – pour qu'à l'issue, l'éternité, que chacun croit sienne, soit bien là, au moins que Dieu ou la mort nous oublie dans les limbes….
L'écriture est soignée, juste, suscitant la réflexion.
De curieuses et belles illustrations de Françoise Dumayet, l'épouse de Pierre, font de l'ouvrage un très bel objet
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Morts, Voltaire et Lénine n’ont plus d’âge mais puisqu’ils sont morts, ils sont encore. Par la tendresse du verbe être, nous sommes avec les morts dans une relation familière. Ainsi mourir serait l’acte par lequel nous cessons d’avoir un âge – même si nous paraissons très vieux ; mais c’est un acte qui se commet en nous, sans plus. Mourir est un verbe particulier, dont le sujet est l’objet : « Je meurs » est le contraire de « je t’aime »
Texte XII
Ce que je fais, grossi de ce que j’ai fait, finit par former un ruisseau qui se jettera plus tard dans la mort. Ainsi constamment alimentée, la mort serait une mer d’histoires particulières dont on peut se demander si, une fois mêlées, elles tissent un roman considérable ou, au contraire, une page de plus en plus blanche.
Texte III
Les morts parlaient de la mort, quand ils étaient vivants. Mais maintenant, quel silence ! Il n’y a rien à en dire, c’est sûr.
Texte XXVII
Rien n’est plus agréable que de trouver le mot juste : le creux laissé par son passage est un endroit qui dure peu, mais où il ferait bon rester.