Nous qui habitons vos ruines - De quoi hier sera fait

Merci aux Presses universitaires du midi pour l'envoi de cette double pièce de théâtre suite à la Masse Critique littérature.

J'ai été très agréablement surprise par ma lecture. J'avais quelques a priori, étant donné qu'il s'agit d'un texte universitaire, et que je ne voyais pas très bien comment recherche et fiction pouvaient se mélanger, mais ça reste assez abordable malgré tout.

Il y a donc deux pièces de théâtre, assez différentes.

Nous qui habitons vos ruines est clairement celles que j'ai préféré. Un jeune homme, Antoine, part en road trip pour écrire une thèse de philosophie et finit par fonder sa vie ailleurs, laissant derrière lui Noah, son amour, à se morfondre sur les changements intérieurs de ce dernier. J'ai beaucoup aimé le fait que les personnages soient gay, ça ajoute énormément à l'histoire et je trouve que c'est encore très rare au théâtre. La pièce est principalement un drame, où l'on aborde la notion de rupture, mais aussi de chemins divergents, puisque c'est de ça qu'est fait la vie. D'autres questions viennent se mêler à l'intrigue, notamment celles de la redistribution de la famille, avec d'un côté un père autoritaire et conservateur, et de l'autre un fils ouvert vers des méthodes différentes et nouvelles. La fin laisse songeur, et j'ai vraiment trouvé que c'était une belle réussite.

J'ai un peu moins accroché à de quoi hier sera fait, une pièce d'anticipation qui évoque un futur entre dystopie et utopie, suite au réchauffement climatique. Il y a quelques passages intéressants, avec notamment de grandes réflexions sur la reconstruction, sur ce qu'il est possible de faire à une échelle minime, sur l'évolution et la survie dans le temps également. J'ai malgré tout trouvé le contexte autour de la pièce pas assez clair, et j'ai parfois eu du mal à bien comprendre où la pièce essayait de nous emmener. J'ai beaucoup aimé l'histoire de Tina et le moyen de résoudre la crise.

Le texte est complété d'annexes : une interview et deux articles, qui viennent compléter l'aspect plus universitaire de ce recueil, et que j'ai trouvé très intéressants. Ils permettent de pouvoir mieux comprendre les enjeux du texte.

J'aimerais enfin souligner que je trouve l'emploi de l'écriture inclusive très bienvenue dans ce texte qui s'adresse à tout le monde, et je pense que c'est la première fois que je le retrouve en fiction. J'ai été très agréablement surprise, et ça ne m'a pas du tout gênée à la lecture.

Une bonne découverte, donc, qui je pense nécessite cependant plusieurs lectures pour bien comprendre tous les tenants et aboutissants des deux pièces de théâtre. J'adorerais les voir sur scène en revanche ! Il y a beaucoup de liberté sur la mise en scène, et je pense que ça peut donner quelque chose de vraiment intéressant.

J'ai eu un véritable coup de coeur pour ce livre, qui regroupe deux pièces de théâtre contemporaines de Barbara Métais-Chastanier, découvert grâce à l'opération Masse critique de Babelio.

La 1ère pièce, Nous qui habitons vos ruines, fait appel à des thèmes forts qui bouleversent beaucoup de nos vies actuellement, d'autant plus depuis le Covid, tels que la quête du sens de la vie, le besoin de trouver sa place, les luttes citoyennes contre les grands projets de l'Etat, la recherche d'un idéal, les modes de vie alternatifs. On découvre par touches délicates et sensibles Antoine, le personnage principal, avec ses doutes, ses rêves, ses envies, ses non-dits, son histoire familiale qui le traversent et qui finissent par le rattraper. L'auteure aborde également les thèmes de l'homosexualité, de la construction familiale, de la rupture lorsqu'on prend des chemins différents et non à cause de la disparition des sentiments, ce qui arrive bien plus fréquemment que ce qu'on pense. le lecteur se laisse happer par la quête d'Antoine, on vibre à ses côtés avec les différentes rencontres qu'il fait, avec ses indignations et le déchirement de quitter sa vie et son confort pour suivre sa voie...

La 2ème pièce, "De quoi hier sera fait" nous plonge dans un futur apocalyptique tout à fait réaliste car dû à la crise climatique, ayant entraîné une crise économique et politique qui a renversé les Etats et leurs institutions, créant un fossé (qui existe déjà) entre les ultra-Riches et le reste du Monde. Cette pièce est très intéressante car elle traite de déconstruction, de privilèges, du rapport à l'Autre (être vivant humain et non humain), de la violence exercée par certains qui est légitimée par un système qu'ils ont mis en place, de la lutte radicale non violente, de la difficulté de gestion horizontale d'une organisation.

Ces 2 pièces nous invitent également à nous questionner en miroir, sur notre rapport au Monde, aux autres, à nos valeurs, à ce que nous mettons effectivement en place pour être raccord avec ces dernières, au futur qui attend nos enfants. Les thèmes très actuels du livre permettent d'ancrer la réflexion à un moment qui constitue un tournant dans le Monde que nous connaissons, et qui donne des éléments concrets dans un contexte extrêmement mouvant et en perpétuel changement.

Une lecture que je recommande vivement.

Merci à Babelio et aux Presses Universitaires du Midi pour l'envoi de Nous qui habitons vos ruines & de quoi hier sera fait de Barbara Métais-Chastanier.

Ce livre m'attirait pour le choix de traiter des problématiques écologiques par le prisme de deux pièces de théâtre. Mais j'avoue avoir eu du mal à le lire, à en venir à bout car l'ensemble est à la fois rébarbatif, du fait du jargon universitaire du préambule de Muriel Plana et de l'entretien entre Camille Khoury et l'autrice qui introduisent les pièces proprement dites, et pénible à lire à cause de la mise en page serrée et de la petite police de caractère utilisée. de plus, le livre supporte mal les manipulations répétées, des pages s'en détachent…

La première pièce de ce diptyque, Nous qui habitons vos ruines explore, sous forme de road-trip et d'enquête, la manière dont les personnages vivent une expérience de vie autarcique dans un hameau en ruine. L'action n'est pas divisée en actes ou en scènes mais en « interstices », datés, localisés et intitulés. Ainsi, nous passons par 1789//2009 à Paris, 1972//2014 dans les Cévennes, 1931//2017 et 1975//2017 en Lozère et 2002//2017 au Val Susa. Les titres des interstices sont accrocheurs, chaque partie commence par un long prologue. Les dialogues sont parfois sibyllins, dénotent une difficulté à communiquer.
J'ai trouvé cela très long à lire, n'ai pas réussi à l'imaginer mis en scène et joué. Ainsi, comment les acteurs peuvent-ils interpréter du texte barré ? J'avoue que des didascalies m'auraient bien aidée…
Je n'ai pas tout saisi, me suis raccrochée tant bien que mal aux références qui me parlaient et à l'apiculture ; j'ai préféré et retiendrai peut-être le poème final en forme d'épilogue.

La seconde pièce, de quoi hier sera fait, s'intéresse au futur des grandes villes, dans un avenir proche. Trois parties. Des introductions chorales en plusieurs langues, des passages dialogués vivants alternant avec de longs monologues soporifiques. Toujours des dates, 2019, 2030, 2047, et des lieux.
J'avoue avoir abandonné ma lecture pour passer directement à la fin du volume, espérant trouver des explications ou clés de lecture dans les deux études qui clôturent ce livre…

Malheureusement, je n'ai pas réussi à tirer profit des lectures érudites des deux pièces par Sylvain Diaz et Guillaume Faburel.

Un livre pour initiés, universitaires, intellectuels…
Deux pièces que j'aimerais bien voir jouées sur scènes pour tenter de me les approprier.

Une déception malgré mon intérêt pour le sujet.

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