Jean Luc Istin et
Nicolas Jarry unissent leurs efforts et leur créativité pour produire ce 21 ème tome de la série Orcs et Gobelins. de leur part, on ne pouvait que s'attendre à du bon et c'est le cas, heureusement.
Ils nous placent au coeur de l'histoire tragique d'Orak, un Orc pas comme les autres, dont les origines le désignent d'ores et déjà comme un paria, et dans le monde d'Aquilon, tout être qui sort de l'ordinaire est amené à connaitre un destin hors du commun.
Il s'agit ni plus ni moins d'un récit dont le thème principal est la vengeance, mais dans le contexte bien particulier des Guerres d'Arran, qui ont maintenant débutées et qui permettront de retrouver des personnages communs à toutes les séries comme de bouleverser définitivement tout ce joli petit monde qui existe depuis plus de dix ans.
C'est un récit dont la famille a une place essentielle, et on ne pouvait que s'y attendre de la part de Jarry dont c'est un thème récurrent et important. Il en est même le coeur.
Celui ci s'articule en plusieurs actes importants qui s'enchainent dans un scénario maitrisé d'une main de maitre par les deux auteurs, ils savent où ils vont et où ils veulent nous emmener. Et surtout ils s'échinent à dresser une personnalité solide à Orak, dont on sait au fil de la lecture que son importance et son rôle ne se limiteront pas à ce tome.
L'introduction prend le temps de nous présenter le personnage principal, dans son entourage, son quotidien, fait un premier point sur son passé, sur ce qui l'a amené à se ranger. Tout est beau, joli, léger, bon enfant, jusqu'à l'évènement traumatisant qui bouleversera sa vie à jamais. La véritable personnalité de l'Orc refait surface petit à petit, d'autres pans de son passé sont dévoilés, et l'on comprend mieux les tenants et aboutissants de l'intrigue qui se déroule sous nos yeux. Les auteurs n'en font jamais ni trop ni pas assez, tout est juste et à sa place. On sent qu'ils ont pris le temps de peaufiner la caractérisation de ce personnage. Par exemple, la scène du sanglier n'a l'air de rien au premier abord et apparait comme une anecdote un peu amusante sur le caractère adouci de l'Orc, mais elle va se révéler essentielle dans la construction de sa personnalité en faisant résonance avec une scène ultérieure, et donc prendre toute son importance à ce moment là.
J'apprécie énormément cette manière de caractérisé un personnage, ce n'est pas la première fois que je constate de la part de ces deux auteurs, Jarry étant pour moi le meilleur à ce jeu là. Cela permet non seulement une attache importante du lecteur envers le personnage, mais plus largement cela relève le niveau de la bd en général.
Tout cela pour dire que le dernier acte, qui pourrait se découper en deux parties distinctes va aller encore plus loin dans la révélation de ce personnage, dont les origines sont décidément et définitivement hors normes.
La conclusion surprendra agréablement et laisse envisager un développement futur très intéressant, même si, à la réflexion, elle n'est pas si surprenante que cela en fait. Mais ce n'est pas dans la surprise que résident l'efficacité et la force de cette conclusion, mais bien dans ce qu'elle promet pour la suite.
Voilà j'ai fini...
Ah non pas tout à fait!!
J'allais oublier de parler des graphismes d'
Alina Yerofieieva, qui signe avec cet album, son entrée dans le Monde d'Aquilon, et avec brio. Son style apporte une fraicheur et une nouveauté dans l'ensemble des séries. Gageons que nous la retrouverons par la suite.
Un petit bémol concernant certaines cases que je trouve ratées, particulièrement le visage de l'elfe bleue Alyakinn, au regard de certaines pages qui sont tout simplement sublimes, le choix de palette de couleurs de
Vincent Powell rehaussant le tout et comme pour mieux mettre en valeur tout ce melting pot de cultures, du rouge, du vert, du bleu...
Là j'ai fini!