Poème des parfums du monde et de la cruauté
Existent l’odeur des glaciers
l’odeur du Vésuve
l’odeur de Paris et de ta rue.
Le monde parfumé
luit comme une fenêtre amie,
comme un œil,
comme une bague.
Mais l’homme est cruel.
Il écarte le monde parfumé
qui devient gênant comme un mort.
Soudain, l’homme s’attable
montre ses mains
et mange des oiseaux,
de tout petits oiseaux.
Grande bête dorée, Amour couleur de femme
Les bras ouverts, debout au milieu du chemin
Que faites-vous de moi dans cette blanche flamme ?
Soutiendrais-je longtemps son éclat inhumain ?
Laissez donc ma sagesse étendre un peu ses ailes,
Passer ce bel oiseau sur mes livres déserts ;
Laissez aller mon chant à des amis fidèles
Et battre ce coeur dur quand je forme un beau vers.
Je retrouve partout votre force pliante
Vos longues mains, partout vos mains toutes-puissantes,
Ces délices sur moi sans que j’ouvre les yeux
Hélas ! et ce plaisir où le corps se dénoue,
- Comme un soldat fuyard s’empêtre dans la boue
Tombe parmi les morts et se perd avec eux.
Garde ma récolte secrète
Et partageons ce peu de vin
Fille plus douce qu'une bête
Portant le masque du destin
Déchirée, habile à sourire
Et qui ne sais rien de mes dieux
Que le taciturne délire
Où je te confonds avec eux
Lectomaton, Le passage des anges, d'Odilon Jean-Périer, Foire du livre de Bruxelles 2009, stand de la Communauté française