Dans son dernier livre,
Propagations, un nouveau paradigme pour les sciences sociales (Dunod, 2023), le sociologue du numérique,
Dominique Boullier invite sa discipline à “prendre au sérieux le pouvoir d'agir des flux”. Avec le numérique, nous avons désormais le pouvoir de suivre le monde à la trace, d'observer et comprendre “le pouvoir d'agir des propagations”. Dans un livre dense, Boullier cherche à comprendre comment ce que nous échangeons se transforme et comment nous construisons des outils et des méthodes pour suivre ces transformations à la trace.
Nombre de domaines de recherches se sont intéressés au suivi et à l'évolution d'entités, pour comprendre leurs mutations et la façon dont elles se transforment, se déplacent, se répandent. Avec le numérique, nous observons désormais des masses de données pour en détecter les patterns par le calcul, pour y trouver corrélations et causalités, mais toujours depuis un point de vue sur le monde. Nous sommes dans la “probabilisation du monde”. Avec le calcul et l'IA, nous sommes entrés dans un monde où tout est probabiliste, relationnel, plus que causal. Notre monde semble désormais le jouet de signaux partout calculés, partout spéculatifs, partout imitatifs, partout probabilistes. Mais nous ne nous intéressons pas assez à ce qui se transforme, à comment ces mutations agissent, explique-t-il. Dans un grand voyages dans les sciences, le sociologue nous invite à prendre les conséquences de ce qui agis et nous agis au sérieux... Et nous interroge, en nous montrant combien nous sommes démunis pour lutter contre ce qui cherche à se répandre, s'étendre, contaminer ! Une réflexion plus politique qu'il n'y paraît. Car dans les contagions, nous n'avons qu'un moyen d'action : couper les chaînes de propagations ! Et ce n'est pas dans tous les domaines, la meilleure façon de faire.
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