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Paule Collet (Traducteur)
EAN : 9782277241447
318 pages
J'ai lu (28/11/2007)
3.43/5   7 notes
Résumé :
Voyage au bout de l'enfer ? L'enfer, elle l'a vécu, la petite Donna. Elle a connu cette enfance de solitude, retranchée dans un monde " sous-verre ". Un monde à elle, à la fois refuge et prison. Pour en sortir, elle s'est battue. Contre l'incompréhension des autres. Contre elle-même. Ainsi naquit son premier livre. Elle avait gagné une bataille, mais pas la guerre. Alors, courageusement, elle a poursuivi le combat. Séances de thérapie, progrès, rechutes, panique, jo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Un livre qu'il m'a été très difficile de lire, notamment par le fait que contrairement à l'auteur au moment de sa « naissance » au monde extérieur, je n'ai pas une vingtaine d'années, mais une quarantaine. À ce sentiment de « trop tard », c'est ajouté une drôle de sensation, comme si j'étais à la fois curieuse de réussir et de comprendre et écrasée par l'ampleur de la tache à devoir envisager que ma façon d'avoir été (et de toujours être) au monde était totalement erronée, pervertie. De nombreux passages ont fait douloureusement écho en moi, parfois m'apportant quelques « solutions » ou « réponses », souvent me laissant dans la douleur de ne pas savoir être autrement. De ne pas savoir être, tout court.
Je commence à cerner la marionnette vide que je suis : cette marionnette qui n'est vide que de moi, mais pleine de tous les autres que j'ai pu côtoyer ou seulement croiser, dans la vie de tous les jours, dans les livres, dans les films... Je commence à comprendre que ce que certains de ces autres ont pu aimer ou seulement apprécier en moi n'était que le reflet d'une partie d'eux-mêmes. Ainsi, le plus dur ne sera certainement pas MON acceptation de ce que je suis, mais plutôt celle de mes proches, de ceux qui disent me soutenir, alors qu'ils ont tant de mal à accepter et assumer mes différences, mes faiblesses, eux qui ne veulent surtout rien changer en eux pour m'aider à m'accepter, mais qui m'imposent de tout changer en moi pour leur agréer. Être comme avant que je ne puisse plus fonctionner, comme avant que je tombe en panne générale.

D'autres passages ont fait jaillir en moi des sensations hautement désagréables de « déjà vu », de « déjà ressenti ». Ainsi en est-il des passages sur le père ou la mère, pourtant si éloignés de mes propres parents par leur rapport à leur fille, et si proches par certains autres aspects trop flous pour être saisis. De ces passages, un texte c'est formé en moi plusieurs heures après les avoir lus ; texte visuellement semblable à ceux que je réécrivais à l'adolescence, mais sémantiquement plus lourd, les mots appris au fil des années ayant pris la place des ponctuations et des « blancs » de l'époque. Le voici :

Quand la compréhension tardive
De ces différences innommables
Ne sont pas les signes
D'une folie certaine
Ouvrant à tous les droits sur son « possesseur »
Fait sourdre du fond des entrailles
Une peur sourde
Chez ces autres
Aujourd'hui devenus irréprochables
Aux yeux de tous.

Cette folie n'est plus,
Et pourtant,
La parole emmurée
Reste prisonnière
Des souvenirs absents.

Enfin, ce livre m'a permis de comprendre ENCORE de nouvelles « choses » me concernant, donnant un nouvel éclairage sur de nombreux « faits inexpliqués et inexplicables » de ma vie d'adulte. Par exemple, cette capacité à cerner et comprendre les choses uniquement en « état d'inconscience », en utilisant ce que j'appelle mes « perceptions périphériques », alors que quand je veux faire, comprendre ou cerner CONSCIEMMENT les choses, j'échoue lamentablement.

Ce livre ne parle pas seulement du parcours particulier de l'auteur, mais aussi des « instants de vie » d'autres personnes autistes, enfants, adultes, verbales, non verbales, autonomes ou dépendantes... Il retrace à la fois la diversité des tableaux que rassemble ce spectre, mais aussi leurs similitudes. Il témoigne qu'un espoir peut être permis pour tous, à condition de ne pas se laisser stopper par l'ampleur du travail que cela demande, par les personnes autistes, mais aussi et surtout par ceux qui les accompagnent vers l'indépendance, la découverte et l'acceptation de leur moi.

Ce livre rejoint donc la catégorie des livres à lire et à méditer.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
L’autisme est quelque chose que je ne peux pas voir. Il m’empêche de trouver et d’employer mes propres mots quand je le souhaite. Ou il me fait utiliser tous les mots et toutes les choses idiotes que je ne veux pas dire.
L’autisme me fait ressentir tout simultanément sans savoir ce que je ressens. Ou il me coupe de toute sensation.
L’autisme me fait entendre les mots d’autrui mais me laisse incapable d’en comprendre le sens. Ou il me laisse parler mes propres mots sans savoir ce que je dis ni même pense.
L’autisme me détache des pensées et de la curiosité et je crois donc ne rien penser ou ne m’intéresser à rien. Ou il fait presque exploser ma tête avec le besoin de m’approcher et de dire ce que je pense ou de montrer ce qui m’intéresse… mais rien n’apparaît… pas même sur mon visage, dans mes yeux ou dans mes paroles.
L’autisme me sépare de mon corps et je ne le sens pas. Ou il m’en rend si consciente qu’il en est douloureux.
L’autisme me donne parfois l’impression de ne pas avoir de moi et je me sens si engloutie par la présence d’autrui que je ne me trouve plus. Il peut me rendre si totalement consciente de moi-même que c’est comme si tout l’univers autour de moi devenait inutile et disparaissait.
L’autisme est comme une bascule. Quand un côté est en haut ou en bas, je ne peux pas voir une vie entière. A l’horizontale, j’entr’aperçois la vie que je pourrais avoir si je n’étais pas autiste.
Ce que j’ai appris de plus important, c’est que L’AUTISME, CE N’EST PAS MOI.
L’autisme est simplement un problème de traitement de l’information qui contrôle ce que je semble être. Il tente de m’empêcher d’être librement moi-même. il essaie de me voler la vie, l’amitié, la bienveillance, le partage, la curiosité, l’utilisation de mon intelligence, l’émotion… Il essaie de m’enterrer vivante.
Ce que j’ai appris de plus important en seconde lieu, c’est que JE COMBATTRAI L’AUTISME… JE LE MAITRISERAI… IL NE ME CONTROLERA PAS
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Rainman aurait explosé dans un embouteillage mais, en pilote automatique, en état d'abnégation et à deux pas de la conscience et de la prise de conscience, « j »'étais parfois si normale que c'était effroyablement anormal.
Longtemps, cet équilibre fragile de l'abnégation avait été le meilleur compromis que j'avais trouvé. Mais la facture était trop lourde ; fonctionner n'était plus un remplacement suffisant à « vivre ». Le choix était délicat. Je devais accepter une dure réalité : vivre impliquerait être beaucoup moins que je semblait être et serait beaucoup plus ardu que le somnambulisme. Tout était trop éclatant, envahissant, toujours changeant. Je pouvais débrancher l'émotion et le moi, ce serait supportable – un film sur la vie de quelqu'un d'autre avec mon corps dans le premier rôle. Je pouvais m'agripper au moi, à l'émotion, à la conscience et à la surcharge sous le poids de tout ce qui pénétrait un esprit sans filtre.
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Je comptais sans doute parmi les plus favorisées. J'avais été à la fois écholalique et échopratique, capable de reproduire un son ou un mouvement sans jamais songer à ce que j'entendais ou voyais. Telle une somnambule ou une somniloque, j'imitais, de façon involontaire et compulsive, les sons et les mouvements des autres. Autrement dit, j'avançais sous une apparence disparate, condamnée à vivre comme une caricature du "monde". D'autres "autistes", démunis de ces réactions, paient parfois le prix de leur incapacité à émettre un son ou à agir. Du moins préservent-ils probablement un sens de leur moi.
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Il s'agissait de tests d'aptitude intellectuelle mais qui, au lieu d'indiquer un quotient général, révélaient dans quels domaines la personne s'avérait intelligente. Apparemment, j'étais exceptionnelle dans certains domaines et très arriérée dans d'autres. À la fois génie et demeurée.
Les bonnes notes relevèrent les mauvaises et les mauvaises rabaissèrent les bonnes ; les chiffres définitifs m'indiquèrent que j'étais moyennement intelligente. Le docteur m'expliqua que des extrêmes dans des domaines précis étaient typiques des autistes.
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On peut être "personne nulle part" de deux façons. La première est d'être figée et incapable d'agir spontanément pour soi. La seconde est d'être capable de tout faire d'après des répertoires copiés et mémorisés, sans conscience de soi, tout en étant pratiquement incapable d'une action complexe et consciente. Viennent ensuite diverses variantes des deux.
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Vidéo de Donna Williams
All Be Happy; A gothic autism story by Donna Williams
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