Séduire, c'était attendre, savoir faire attendre, créer l'espace du manque afin que le rêve s'y projette. C'était surtout le verbe, le discours charmeur, les mots fallacieux. De nos jours, les relations entre les hommes et les femmes ont évolué sur un mode radical puisque, dans les pays occidentaux, les rapports sexuels sont souvent immédiats, le langage se réduit au minimum des SMS, l'attente n'existe plus et le temps est fini avant même que d'avoir débuté.
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Combien de séducteurs, de Don Juan, ne fonctionnent-ils uniquement que pour se convaincre qu'ils plaisent à leurs mères? Chaque démonstration ne dure que le temps d'un instant, la conquête terminée il ne leur reste plus qu'à recommencer puisque leurs mères ne les ayant pas aimés, "elles" ne les aiment pas non plus.
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Séduire, c'est tirer quelqu'un à l'écart, le dévier, le détourner d'un parcours initialement prévu. Étymologiquement, "séduction" vient du latin seducere, qui se subdivise en ducere, "conduire, tirer" et en se, "soi".
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Séduire c'est faire rêver l'autre, et cette part de rêve ne peut éclore que dans le temps de l'absence, hors de la vue.
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