Tentacule

Voilà ce que je pense avoir compris de ce livre : un fou (ou non) se trouverait dans un hôpital psychiatrique (ou non) et jetterait ses pensées sur papier.
Que dire de plus ?

Une citation pour exemple :
« Les oeufs qui tombent sur la masse. C'est plus vieux que les explications des analyses. Est-ce que c'est plus vieux que les migraines ? Oui, il vient sembler être sa lumière semblant se nourrir de ma chair prend la lumière semblant se nourrir de ma chair prend la lumière semblant se nourrir de sa chair. Les oeufs qui tombent sur toutes les réunions. »

ou encore :
« J'insère des mutilations prescrites avec mes hypothèses. J'insecte des clarifications avec mes révélations. »

etc, etc.
L'auteur se qualifie d'artiste et de poète.

Franchement les amis, j'allais abandonner mais comme je l'ai reçu lors d'une Masse critique et je remercie Babelio et l'Edition Atelier de l'agneau, j'ai poursuivi sans aucune conviction. A mi-chemin du livre, les phrases deviennent plus compréhensives et c'est là que l'on perçoit la folie du narrateur.
Traiter de la folie est toujours intéressant mais de cette manière là, non pas pour moi.
Bien sûr libre à chacun de tenter l'expérience, mais, de manière tout à fait subjective :
Est-ce que j'ai aimé ? Non.
Est-ce que je le recommanderai ? Non.

Au début, j'avoue que j'ai été un peu déroutée par le style d'écriture. Par le passage du « je » à « on« . Puis, au fil de la lecture, un sourire est apparu car la pensée est universelle. Nous pouvons la partager avec d'autres. Mais, elle garde sa particularité qui est unique pour chaque humain. Je pense à ce mouvement littéraire qui a vu le jour vers 1916 et qui a inspiré bien des artistes : le dadaïsme. Chaque mot choisi a un sens qui lui est propre et qui s'associe aux autres mots, donnant ainsi des messages à décoder. La pensée est tentaculaire. Elle n'arrête jamais d'exister et peut parasiter une autre pensée. Qui est tentacule? Quel est son rôle?

L'impression qu'a le lecteur est de lire les pensées d'un schizophrène. C'est une sorte de logorrhée, de pensées, qui s'entrechoquent, s'enroulent sur elles-mêmes et sur les autres pensées. La ponctuation est rare, ce qui donne l'impression d'un délire psychotique. En lisant, je réentends les délires de ces patients de psychiatrie, dans les instants où ils sont stressés. Chaque page est une pensée, un sujet de réflexion. Un récit de l'auteur sur lui, sur sa vie. Tentacule est l'auteur, ou son côté pile, son côté obscur. Il parle de l'absurdité de la vie. Il en parle avec humour ou désespoir. C'est le délire d'un artiste qui a pour compagnon la faim. La nourriture est au centre de ses délires.

Contrairement à ce que le lecteur pourrait penser, ce livre est un recueil de poèmes. Il déclame des projets qui seront. Peut être. Tout est virtuel. Cependant, les pensées sont réelles. Elles viennent en vrac. Comme le pense Tentacule. Il nous parle de villes en construction, qui se déconstruisent, pour se reconstruire au rythme de l'imagination. Ce sont des poèmes qui déstabilisent. L'humain ou l'auteur s'auto-détruit pour exister. Avoir un visage. Tout ce qui existe est remis en cause et sa non-existence est son existence. C'est une lecture assez déstabilisante car il faut repousser, rejeter tout ce que l'on sait pour s'approprier les poèmes. Tout ce à quoi nous pensons, peut se réaliser et être parfait tant que cela reste une pensée. le changement peut être fait à souhait. C'est amusant de tout décrypter pour comprendre. Je me suis régalée.

Je met seulement trois étoiles car je n'ai pas ete touchée par cette lecture.
Cependant, je n'avais encore jamais lu une oeuvre pareille . Tentacule! Rien que le titre on ne sait pas si ce que l'on va trouver à l'intérieur sera beau ou terrifiant en fait un peu les deux !
L'auteur s'amuse avec les mots, les rimes, les sons mais ça nous terrifie quelque peu car il nous perd dans une jungle littéraire!
En lisant ce roman j'ai eu l'impression de me promener dans un musée d'art contemporain! Cette sensation parfois un peu étrange devant une oeuvre ou l'on se demande ce que l'on regarde et bien là nous avons droit à la même étrangeté!
J'y ressens une forme de schizophrénie, avec beaucoup de référence au corps quelque peu dysmorphophobique!
C'est un récit qui reste très étonnant et qui donc nous accroche pour arriver au bout.

Bonne découverte!