Suite directe du Merdier (the short-timers),
The Phantom Blooper est un récit plus ambitieux et plus riche que son aîné. On y découvre une nouvelle tranche de vie du soldat Joker, toujours empêtré dans l'horreur vietnamienne.
Aussi vulgaire, violent et absurde qu'on pouvait s'y attendre,
The Phantom Blooper n'est plus tout à fait l'explosion qu'était
le Merdier.
Gustav Hasford a mis (un peu) d'eau dans son vin et a décidé de structurer davantage son roman. La narration y est mieux ordonnée, Joker n'est plus ballotté d'une scène inouïe à une autre comme dans un cauchemar qui ne s'arrête jamais ; il vit des aventures quasi romanesques, improbables au dernier degré, qui sont surtout un prétexte pour dépayser le lecteur et couvrir d'autres points de vue ; l'auteur s'intéresse à d'autres problématiques de la guerre du Viêt Nam que le premier livre n'avait même pas pris la peine de survoler ; il faut dire que cette suite a été rédigée une grosse décennie après
le Merdier, on sent que l'auteur a digéré, et même parfois transformé son propos.
The Phantom Blooper n'en est pas moins fascinant ; mais, en sacrifiant un peu de son chaos et de sa folie pour devenir une aventure romanesque, il est presque devenu un livre comme un autre, un livre de plus sur la guerre, et particulièrement sur celle-ci. C'est un livre qui, tout affreux soit le voyage qu'il nous propose, nous laisse respirer, et même rêver un peu ; un luxe que
le Merdier, cet objet furieux, n'a jamais daigné nous céder.
Notez qu'il est difficile de mettre la main sur ce livre : déjà, il n'a jamais été traduit en français. Surtout, il n'est plus publié et ne le sera peut-être jamais plus, ce qui a fait indécemment grimper les prix. Ainsi, obtenir une version papier du Phantom Blooper pourra vous coûter pas loin de 200 euros (!!). Dieu merci, des versions numériques sont en circulation çà et là.