Evidemment, au premier abord, on peut trouver ça futile, agaçant, ridicule.
Raconter les mésaventures d'une intello new-yorkaise dépressive et de ses deux toutous, quelle foutaise! Qu'elle prenne deux prozac avec son martini dry et basta. Qu'elle aille faire du shopping chez Saks ou du jogging a Central Park (où les écureuils sont tristes en début de semaine....)
Eh bien je prends la défense de cette femme qui piétine ses convictions sans vergogne, qui commence dès la première ligne par "Joe Cocker, la rock star, a été sous-estimé" et qui cite
Bob Dylan et
Léonard Cohen sans aucune afféterie.
Car cette femme, c'est moi.
Enfin, je veux dire que comme elle, je peux affirmer vigoureusement que je déteste les chiens, qu'ils sont répugnants, inutiles, aboyeurs, fatigants, pleins de puces, envahissants, qu'ils sentent mauvais et coûtent une fortune en croquettes et en vétérinaire. Que des chiens en appartement, c'est cruel. Que les traiter comme des enfants gâtés, c'est scandaleux. Que leur place n'est pas sur le canapé, mais à la niche ou au cul des vaches et des moutons. Que d'être gaga au point de bassiner mon entourage avec leurs bêtises, c'est affligeant...
Tout cela, j'en suis bien persuadée. Mais en même temps, je pense que notre relation avec un animal peut préserver une part de notre humanité, nous rendre plus sincères, plus compatissants, plus altruistes, plus sereins.
Une partie de nous-mêmes est étouffée, reléguée, parce qu'on se doit d'être raisonnables, efficaces, pragmatiques, et pour ça mettre nos émotions en veilleuse.
Avec une bête, pas besoin de faire semblant. Que ce soit un lapin nain ou un fox terrier. Et l'avantage, quand on a une petite conversation avec Médor ou Pompon, c'est qu'il ne vient pas nous contredire.
Kate Jennings n'atteint pas les sommets de
John Fante avec son chien Stupide. Mais elle donne envie de revoir Les 101 Dalmatiens.