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EAN : 9782912485007
282 pages
Les Arènes (12/06/1997)
4.75/5   4 notes
Résumé :
Ce livre est le récit d'un enquête. L'auteur s'interroge sur la disparition de Michel Baroin, homme d'influence et président de la GMF, mort dans un accident d'avion au mois de février 1987. Ses investigations la conduisent au coeur de l'affaire des otages français au Liban. Elle découvre une guerre de l'atome dont Michel Baroin et Georges Besse, le président de Renault, furent les premières victimes. Elle démontre qu'aujourd'hui encore, quelques hommes à Téhéran, à... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Publié en 1997, "Une guerre" est un roman policier qui brise des secrets d'Etat sur des événements survenus dix ans plus tôt : le bras de fer industriel caché derrière une série d'attentats. Ces événements, dont la part occulte est mise au jour, ne nous sont pas présentés suivant leur chronologie propre mais suivant celle de leur supposée découverte par une héroïne-narratrice, dont on ne sait rien, et dont le nom "Dominique Lorentz" pourrait bien n'être qu'un pseudonyme quand il se trouve aussi inscrit sur la couverture en guise de nom d'auteur.

La forme est celle des plus efficaces histoires de détective. L'écriture est dénuée d'affects, la narratrice est reine de l'hypothético-déductif, et ce qui est secret est présenté comme se logeant dans l'insignifiance quotidienne qu'il faut imaginer autre qu'elle semble pour le faire apparaître. La motivation de la narratrice aussi bien à faire ce qu'elle fait qu'à nous le raconter est un mystère total. Et puisqu'il(s) nous laisse(nt) supposer que ce qui est révélé n'est pas de la fiction, la motivation du ou des auteurs du livre pose question au-delà de la lecture.

Le livre semble toutefois suggérer, ruse des auteurs ou du destin, quelques clés de son propre déchiffrage. Plusieurs fois, la narratrice laisse entendre que ce qui relève du jugement de valeur ou du story-telling procède ipso facto du brouillage. Elle glisse aussi que les fuites sur le nucléaire sont toujours organisées. A bon entendeur ? La forme du roman policier adoptée pour "Une guerre" a été selon toute vraisemblance un prétexte pour rendre public le contentieux Eurodif, et le personnage de Dominique Lorentz pourrait bien n'être qu'un prétexte à l'écriture.

Outre Michel Baroin, dont les circonstances du décès servent d'amorce au récit, le livre est dédié à Jean-Henri de Saint Marc, lui aussi homme des intérêts français en Afrique et lui aussi mort dans un attentat lié au contexte du récit. Il est aussi dédié à Laurent Beccaria, lui-même un de Saint Marc, journaliste lors des faits sur lesquels enquête l'héroïne, neveu du secrétaire général du gouvernement à l'époque, et fondateur des Arènes pour publier "Une guerre". Son cousin Guillaume préside l'Association Française des Victimes du Terrorisme.

Aussi, qu'il faille louer ou se méfier de la démarche entreprise par Beccaria & co avec "Une guerre" reste indécidable. Et ça le reste que le contenu du livre soit en tous points véridique ou non, que "Dominique Lorentz" soit un personnage de fiction ou un pseudonyme. Car pour majeurs qu'ils soient à nombre de lecteurs, ces points sont secondaires : il suffit que les données sensibles révélées par ce roman policier-prétexte soit vraies pour que la question fondamentale de ce curieux objet devienne celle de la raison d'Etat, indécidable par essence.

Bien que le contexte d'écriture et de publication soit inconnu, on devine une lutte d'intérêts assez féroce (auquel le titre pourrait faire référence autant qu'aux événements qu'il décrypte) entre tout ou partie de l'appareil d'Etat et les défenseurs de la mémoire de gens ayant perdu la vie (quoi qu'on pense des intérêts qu'ils défendaient de leur vivant, du reste). On peut dans tous les cas encore apprécier du ou des auteurs le tour de force "littéraire", qui fait à mes yeux de "Une guerre" le meilleur des livres signés "Dominique Lorentz".
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Ce livre doit être lu pour éclairer les liens entre la France et l'Iran sur le nucléaire français.
Une enquête passionnante.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Après m'avoir prise pour la candide que je n'ai jamais été, on s'interrogera sur la puissance qui me téléguide. On me gratifiera d'une habileté diabolique, et j'alimenterai les fantasmes les plus fous. Pour qui travaille-t-elle ? Pour un service de renseignement français ? Pour les Américains ? Pour l'Est ? Pour les Arabes ? Pour les Israéliens ? On étudiera mon parcours. Sa banalité me rendra encore plus suspecte. Pas la moindre carte dans un parti politique ou un syndicat, pas de voyages à répétition, aucune activité associative : quelle maîtrise dans l'art du camouflage ! Je devrai composer avec l'image que l'on me renverra de moi-même. Tenter de désamorcer les soupçons, tout en protégeant mon secret.
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Depuis plusieurs semaines, je vis avec une hypothèse obsédante. Une image me traverse l'esprit, mais je n'ose pas la regarder en face. Chaque fois qu'elle se présente, je l'écarte et je la range dans un coin de la tête. Elle est effrayante. Trop énorme. Ce sont trois dates, et trois événements qui résonnent entre eux. Parfois je me dis : "Vas-y. Creuse. Eprouve ton idée. Si elle ne tient pas, tu le sauras vite." Mais je ne bouge pas. Car je me dis aussitôt : "C'est impossible." Depuis, j'ai appris que rien n'est a priori impossible. Et que les hypothèses les plus extravagantes ou les plus monstrueuses méritent parfois d'être posées.
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Un flic du renseignement qui apporte à un journaliste un dossier cousu de fil blanc ne le fait ni par probité intellectuelle, ni par sympathie. Encore moins parce qu'il a confiance. Il remplit tout simplement une mission. Au mieux, c'est-à-dire dans l'ordre des choses, il l'accomplit pour le pouvoir en place, qu'il a vocation de servir. Au pire, sa démarche participe à un règlement de compte entre flics. Dans tous les cas, il le fait parce qu'il est temps, pour ses amis ou ses supérieurs, de sortir une affaire. Les "affaires" sont comme les bombes : elles tuent, au propre ou au figuré, et elles envoient des messages.
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