À travers ses discours, ses utopies politiques ou sa pratique artistique, William Morris (1834-1896) a, dès l'Angleterre victorienne, alerté sur les effets destructeurs de l'industrialisme, tant écologiques que sociaux.
Convaincu que la beauté donne sens à l'existence, le peintre a appelé à l'épanouissement personnel et à l'émancipation collective, grâce à la réappropriation des activités créatrices.
Pour en parler, Aliette Hovine reçoit :
Florent Bussy, professeur de philosophie en lycée
Charles-François Mathis, historien, professeur d'histoire contemporaine
Jérémie Cerman, professeur d'histoire de l'art contemporain à l'Université d'Artois, Arras
Visuel de la vignette : papier peint réalisé par William Morris + portrait de William Morris / Getty
#art #economie #industrialdesign
___________
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Florent Bussy/5
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Critiques, Analyses et Avis (1)
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Adepte de la décroissance, j'ai découvert avec plaisir cette petite collection qui m'était inconnue jusque là : « Précurseur•ses de la décroissance » aux Éditions du Passager clandestin. Je ne connaissais pas non plus William Morris que j'avais tout d'abord confondu (je ne sais pourquoi) avec Desmond (Morris également). Bref, j'ai tout découvert après avoir acheté ce livre dont le titre m'avait séduite.
Bonne pioche ! La personnalité et la pensée de Morris nous sont présentées dans la première partie de l'ouvrage : un bourgeois éclairé, un artiste humaniste, un patron socialiste, un écrivain utopiste, un écologiste avant l'heure… voilà qui rend le personnage sympathique. Ses thèses sont déjà celles de la décroissance : combattre le gaspillage, revenir à une vie plus simple, se reconnecter à la nature et chercher l'égalité entre les hommes.
La deuxième partie du livre est consacrée à des extraits de son oeuvre. On peut y lire des textes d'une étonnante actualité pour une plume du XIXe siècle.
Une intéressante découverte qui me donne envie de consulter les autres volumes de cette collection.
Bonne pioche ! La personnalité et la pensée de Morris nous sont présentées dans la première partie de l'ouvrage : un bourgeois éclairé, un artiste humaniste, un patron socialiste, un écrivain utopiste, un écologiste avant l'heure… voilà qui rend le personnage sympathique. Ses thèses sont déjà celles de la décroissance : combattre le gaspillage, revenir à une vie plus simple, se reconnecter à la nature et chercher l'égalité entre les hommes.
La deuxième partie du livre est consacrée à des extraits de son oeuvre. On peut y lire des textes d'une étonnante actualité pour une plume du XIXe siècle.
Une intéressante découverte qui me donne envie de consulter les autres volumes de cette collection.
Citations et extraits (3)
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Le gaspillage, ce gâchis de ressources, de travail humain, de temps, est le révélateur de la logique aberrante du capi-talisme. C'est aussi un marqueur économique et, dans la société de consommation, un marqueur social. Avec lui, on a quitté l'économie de subsistance, de l'utilité, au profit d'une économie de l'illimitation, de l'enrichissement sans bornes, où le travailleur ne travaille plus parce que c'est utile ou épanouissant, mais uniquement parce qu'il est soumis à l'appareil productif. Tributaire de ce dernier pour sa survie, il n'en est plus qu'un simple rouage et ne peut plus s'en libérer. La perte de signification du travail et le gaspillage sont ici les deux faces de cette économie de l'illimitation.
Pour [Orwell], une société est décente si elle n’empêche pas les comportements spontanés d'entraide, de respect et de justice, et surtout si ses membres ont une conscience immédiate de ce qui ne se fait pas. Pour Morris, en ce sens assez proche d'Orwell, une société décente ne doit pas laisser détruire tout ce qui a été fait par ses prédécesseurs au nom d'une prétendue idée de la modernité; elle ne doit pas laisser croître de structure (industrielle, artistique, politique) qui avilisse les êtres humains en les transformant en machines ou en les privant de toute vie émotionnelle authentique et libre; elle ne doit pas accepter la soumission des hommes les uns aux autres, comme c'est le cas dans le capitalisme.
Certaines personnes pensent que ces conforts-là constituent l'essence même de la civilisation et que leur jouissance est ce qui sépare cette civilisation de la barbarie. S'il en est ainsi, adieu conquête de la paix, de l'ordre et de la liberté, bonne entente entre les hommes, amour de la vérité et haine de l'injustice, en résumé une bonne vie nourrie de ces valeurs, libérée de la lâcheté et de la peur, mais riche en événements. Voilà comment je définis la civilisation, et non par l'accumulation de sièges rembourrés et de coussins, de tapis et de gaz de ville, de viandes délicates et de boissons fines et, en-fin, par des différences toujours plus aigues entre les classes.
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