Souvent nos yeux courent
Souvent nos yeux courent
vers le bas des pages
dans une précipitation propre
aux jeunes gens Nos yeux
sont ces chats coupant l’air
pour saisir une proie vivante
À la fin de la page on médite
sur chaque mot évité
on cherche l’autre sens
que celui sans doute écrit
C’est ainsi que dans la neige
on croit voir les traces
du bout des ailes des perdrix
Nos yeux ont couru gorgés
de blanc mais y voient
à la dérobée furtivement
un indice de la vérité
Ils s’y débattent un moment
puis se réjouissent de reconnaître
dans une fissure du gel
dans un cristal recroquevillé
le visage de l’autre la signature
de l’autre comme s’il était
à l’affût de la fin de l’hiver.