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sur 425 notes
Imaginez un parc national perché à une moyenne de 1500 mètres au coeur du plateau du Colorado. Un désert de plusieurs centaines de kilomètres carrés constitué d'arches et de sculptures naturelles creusées par le temps et l'érosion. de soudaines rivières de gré couleur sauce tomate qui avalent tout ce qui vient sur leur route, avant de s'évanouir dans une poussière rouge sous un soleil brûlant.
Des squelettes au creux des roches, d'animaux, ou d'hommes qui n'ont pas su revenir à leur campement. Car, dans ce paysage aussi sublime qu'hostile, l'être vivant n'y est rien, ou plutôt fait partie du tout, finit lui-même par tomber en poussière.
Ca, c'était avant qu'on goudronne les chemins d'accès au parc et que ses trésors jusque là tenus cachés, soient accessibles aux touristes.
Edward Abbey a été gardien du parc plusieurs saisons de suite à cet instant particulier, celui où le parc encore sauvage, peu exploré, soit en passe de s'ouvrir au monde.
Il faut un sacré caractère mais surtout une vision très humble de la vie pour y vivre tel qu'il l'a fait, seul la plupart du temps - quand il n'accueille pas les quelques touristes annonciateurs d'une future foule - baroudant dans le parc sous un soleil de plomb et des températures extrêmes et méditant sur le monde moderne américain des années 60. Edward Abbey, un brin conservateur, fustige les voitures, la télévision, le tourisme, et de manière plus générale le progrès. Sa clairvoyance et sa lucidité sont aussi douloureuses à lire que l'évocation de sa/la vie dans ce désert est rassérénante.
Edward Abbey a saisi une chance inouï, unique de vivre cette aventure qui n'est pas donné à tout le monde mais qu'il partage avec une grande humanité.
Une très belle aventure!
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Voici peut-être le seul livre dont je suis incapable d'en faire la critique, car pour moi il est bien au-dessus de tout. Lu en 2010, il a été une véritable révélation : la liberté, l'idéologie, l'écologie, la nature, sa philosophie de la vie. Edward Abbey est, pour moi, le maître incontesté de Nature writing. Depuis cette oeuvre, je suis continuellement à la recherche d'écrivains de la même lignée.
J'associe à notre ancien ranger : le lac Powels, Delicate Arch, les canyons, la faune, la flore, le genévrier, la rando, le cheval, ce don d'analyse et d'observation de ce qui l'entoure.
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Désert Solitaire, c'est le Walden de l'Ouest américain.
L'auteur et narrateur se fait embaucher comme ranger saisonnier dans le parc naturel des Arches, ce décor de Lucky-Luke, avec ses trous creusés dans la roche par le vent au fil du temps, sculptures de gré rouge qui s'auréolent d'or au coucher du soleil. C'est dans ce décor de rêves qu'Edward Abbey se couche tous les soirs et se lève chaque matin. Pour l'ambiance, ça ressemble à ça : https://www.google.com/search?client=firefox-b-d&q=arches+national+monument
De sa caravane prêtée par le gouvernement, il veille à la préservation de cette nature exceptionnelle, observe sa faune, sa flore et leur équilibre, aide et ravitaille les rares touristes qui osent braver le trajet qu'il faut faire à pied, à cheval ou à vélo pour en profiter, après avoir laissé tout autre moyen de transport sur un parking éloigné.


Subjugué, il se sent rarement seul. Et quand la solitude se répercute sur les murs étroits de sa caravane, il sort, se rapproche de la vie sauvage qui l'entoure, ancre ses pieds nus dans le sable du désert, et prend alors conscience que, loin d'être seul, il fait partie d'un tout magnifique. Il nous passionne pour les transhumances auxquelles il participe, des histoires de chercheurs d'uranium, l'odeur particulière des feux de genévrier et le spectacle de cette fleur qui n'éclot qu'un seul jour par an, le fragile équilibre des animaux et plantes qui se maintiennent réciproquement en vie ; le passage des indiens, le sauvetage de touristes rotis-cuits par le soleil impitoyable, ainsi qu'une rencontre spectrale avec un cheval presque sauvage… Pourtant, l'action insensée de l'homme, menace, une fois de plus, de tout détruire. Ce sera désormais son cheval de bataille.


L'auteur a réalisé trois saisons par amour de cette expérience. La dernière, des années plus tard, lui a malheureusement fait constater les ravages de l'industrie sur un lieu sensé être « préservé ». Il décrit les tenants et les aboutissants du progrès, ses contradictions, ses influences néfastes pour le désert et l'humanité, les intérêts en présence. Il déplore la vanité des hommes. Mieux encore, il propose des pistes de réflexions et solutions pour stopper la destruction du milieu, que ce progrès est sensé protéger et mettre en valeur, mais qu'il est en réalité en train de détruire inexorablement.
De fait, les deux objectifs « protéger » et « mettre en valeur » sont fatalement voués à s'exclure si le seul but de protéger est de montrer au plus grand nombre. Car alors, il faut construire plus d'accès, de routes, qui mènent à la réduction de l'espace et la destruction des espèces. de son humour grinçant, il décrit avec brio ce phénomène qui lui tient désormais particulièrement à coeur. Malgré tout, il assistera à la construction (entre 1957 et 1964) du barrage de Glen Canyon tandis que, désespéré et impuissant, il parcourt en canoë - pour la première et dernière fois - cette nature irremplaçable avant sa destruction et son engloutissement. Avant qu'elle ne devienne ce cirque de béton : https://www.google.com/search?client=firefox-b-d&q=barrage+glen+canyon


*****

Sorti en 1968, cette réflexion sur l'industrialisation se lit presque comme un roman ; elle sent la poussière rouge des canyons, le rhum, et les feux de genévriers.
On y trouve de nombreuses références à Thoreau, qu'il s'agisse de citations, ou de réflexions sur l'économie et le progrès : Je les ai trouvées plus subtiles chez Abbey, même s'il me semble aller plus loin dans sa résistance. le lecteur attentif reconnaîtra également une version désertique de savoureux passages de Walden, dont l'écriture avait en revanche plus de panache, de génie dans ces fulgurances : ceux sur les hiboux, les grenouilles (sous ma citation d'Abbey je vous ai mis le lien des grenouilles de Thoreau), les vautours, notre besoin de nature, etc… Comme Walden, Desert Solitaire contient son lot de passages cultes déjà transcrit sur Babelio (je n'ai pas voulu faire de doublon, mais je vous mets le lien d'un de mes extraits préférés à la fin de ce billet).
Le seul petit bémol c'est que ne connaissant pas du tout ce genre de paysage, j'ai parfois eu du mal à imaginer les scènes décrites lorsque l'auteur s'y enfonce profondément, ce qui me sortait un peu de l'ambiance.


Les deux auteurs ont cette maturité de plume qui raconte pourtant des expériences de jeunesse. Mais si Thoreau décrivait son expérience chronologiquement, consacrant la première partie de Walden aux raisons qui le poussaient à agir, Abbey nous offre un pêle-mêle d'instantanés du déserts, un avant-après tout confondu, pour mettre en relief ce que la main de l'homme fait de chaque jolie chose qu'elle croit pouvoir s'approprier et sur laquelle elle veut s'enrichir. Tout est vanité… Et histoire de gros sous ! Ce n'est pas un guide touristique puisque l'endroit n'existe plus tel que décrit. C'est un témoignage et une dénonciation. Une lumière sur nos actes, et une invitation à réagir. Comme Thoreau, il ne prône pas la vie solitaire dans la nature pour tout le monde (pas même pour lui), mais plutôt l'équilibre ; Il invite à cesser de croire que la nature nous appartient. Elle ne nous appartient pas. Nous ne sommes pas au-dessus d'elle, nous faisons partie d'elle et avons besoin d'elle plus qu'elle n'a besoin de nous. Elle survit sans nous, mais nous ne survivrons pas sans elle.


Cette expérience et ces réflexions, qui le poussent déjà à quelques sabotages personnels mineurs, ont sûrement posé les jalons de son roman phare, « Le Gang de la clé à molette », où 4 héros hauts en couleurs sabotent les interventions de l'industrie défigurant le désert de l'Ouest américain : «  Dénonciation cinglante du monde industriel, hommage à la nature sauvage et hymne à la désobéissance civile, ce livre subversif à la verve tragi-comique sans égale est le grand roman épique de l'Ouest américain ».
La désobéissance civile… Tiens, on y retrouverait Thoreau ? Je vous dirai ça bientôt, car j'ai bien l'intention de poursuivre l'expérience ABBEY !


Lien : https://www.babelio.com/aute..
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Épaulez votre sac à dos, mettez votre chapeau et n'oubliez d'emporter avec vous un gallon d'eau si vous voulez survivre à l'escapade. M. Abbey vous offre une visite guidée du grand canyon. Il commencera par vous expliquer son travail de ranger dans le parc national des Arches, sa vie solitaire et son bonheur quotidien de voir s'offrir à lui ces étendues perdues et isolées. Il vous montrera les pierres, les plantes, les animaux, toute la vie qui se joue dans le silence de plomb du désert. Il vous racontera l'histoire des hommes d'avant, qui se sont enfuis pour des raisons inconnues mais qui y ont laissé gravé leurs empreintes millénaires, et ceux qui tentent d'y rester sans trop d'espoir. Il vous contera ses rencontres pleines d'illusions, ses rencontres toutes emplies de silence dans ce lieu où parler sert moins qu'un clignement de paupière pour se faire comprendre. Il vous évoquera ses promenades dans des endroits vierges de toute activité où le moindre faux pas peut être fatal, où tout est trompeur, où toutes les règles changent et sont à réapprendre.

L'homme se perd dans la beauté des lieux, dans l'immensité et la rudesse du désert et pourtant, M. Abbey vous parlera de la place déterminant qu'il occupe pour la préservation cet environnement menacé de toute part. Car l'homme aime posséder et oublie bien trop vite que c'est lui qui appartient à la terre et que son invasion (tourisme, routes, mines, barrage, essais nucléaires...) transforme pour toujours ce qui a toujours été.

C'est un univers en fragile équilibre, plein de vie et foisonnant de couleurs qui vous sera révélé à travers les coups de gueule bien sentis et de réelles histoires d'amour.

Lorsque vous rentrerez épuisés mais ho combien épanouis par cette traversée suffocante et lumineuse, peut être que votre regard sur cette partie du monde aura pris une couleur différente et surement vous y trouverez des passerelles avec votre monde à vous.

Une dernière chose: n'oubliez pas le guide! Moi c'est juré j'y retourne dès que je peux. Merci M. Abbey.
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Paru en 1968, ce livre qui suscita bien des polémiques est devenu culte
Le désert américain , c'est , sur le plan littéraire, Désert Solitaire.
Edward Abbey y raconte son expérience de ranger pendant plusieurs années
On pourrait parler de nature writing , un terme qu'on trouve partout
On pourrait dire que ce désert est peu sec et pas vraiment le plus bel endroit du monde
On pourrait trouver interminable la description de la moindre faune ou flore locale, du moindre ruisseau , car nous n'avons pas les connaissances nécessaires pour tout comprendre
On pourrait aussi trouver l'auteur arrogant devant ces »aventuriers «  qui ne tiendraient pas plus de quelques jours dans cet environnement tellement hostile
Au début , Edward est un brave ranger sur un territoire quasiment désertique, tout juste fréquenté par quelques campeurs sympathiques qu'il aide volontiers
Petit à petit , les choses vont changer .Après tout , pourquoi ne pas exploiter cette nature hostile en lieu touristique.Il suffit de construire quelques routes , avec hôtels, boutiques, restaurants et tout le reste
Le touriste n'aura plus qu'à descendre de sa voiture climatisée pour voir toutes ces merveilles insolites et tellement photogéniques
C'est là où Edward Abbey a raison avant tout le monde. Il prédit exactement ce qui va se passer : des routes partout, des barrages, des parcs nationaux et surtout un flot de touristes bien rentables
C'est vrai qu'il les prend de haut , les considère tous comme des crétins
D' où la polémique. Faut-il laisser la nature en l' état ( elle gagnera toujours sur le long terme) ou faut-il la rendre plus accessible pour le plus grand bonheur des citoyens lamba et accessoirement de quelques
petits malins qui bâtiront de très belles fortunes
On connaît la suite
On ne s'ennuie jamais dans ce livre prémonitoire alors que tout se déroule dans désert où, à nos yeux, il ne se passe rien
Un livre toujours d'actualité devenu maintenant un classique de la littérature américaine

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Un plaidoyer pour la Nature
*
Ah mais pourquoi ne l'ai-je pas lu plus tôt? Mieux vaut tard que jamais.
*
Edward Abbey nous livre ici non pas un guide touristique mais son témoignage de 6 mois passés dans le très connu parc des Arches dans l'Utah, en tant que ranger.
Entre des anecdotes, ses escapades dans le canyon à la recherche d'un cheval sauvage, le quotidien âpre et si beau, Edward entremêle ses "coups de gueule" face à l'invasion de hordes de touristes motorisés. Ce voyage dans le désert s'est passé dans les années 50. Et déjà l'Homme a osé profaner ce territoire sauvage. Alors imaginez sa grande colère (et tristesse aussi) quand il est revenu quelques années plus tard....
*
Alors plongeons dans ce désert rouge avec ce « Lucky Luke » traquant le tourisme industriel.
Le ton est dénonciateur mais lucide. Avec un peu de dérision également.
Malgré tout , cet auteur est un conteur né, avec quel talent il arrive à nous faire aimer ces roches, la flore et les animaux (même l'infiniment petit). Avec un petit soupçon de poésie.
Alors, oui, Edward est tombé amoureux de cet endroit mythique de l'Ouest sauvage et il nous emmène avec lui dans cette nature si fragile.
J'ai déjà eu un aperçu de cette vallée de grès dans le témoignage d'Aron Alston « 127 heures » où des éboulis de roche l'ont piégé. Un endroit hostile et dangereux. D'ailleurs, Edward ne le nie pas.
Mais il l'accepte puisque cela fait partie d'un Tout.
Silence, nudité, austérité, chaleur, beauté, spectaculaire, vie et amour : voilà les termes qu'il emploie pour décrire le désert solitaire.
*
Ce témoignage ne se lit pas, il se vit, il se savoure. Je n'ai pas assez de vocabulaire pour décrire les sensations que j'ai éprouvés durant ma lecture. J'ai acquiescé, approuvé ses dires, sa colère, son plaidoyer. Avant, je voulais également visiter ce parc. Mais maintenant, j'ai envie de crier « stop , pas un tour de roue de plus » . Je préfère garder en moi des images d'un désert enchanteur, d'une beauté originelle.
*
Edward nous délivre un message essentiel : la Nature se mérite. Préservons-la, chérissons-la. C'est un combat quotidien et citoyen.
*
(lecture commune avec le #picaboriverbookclub sur FB, rejoignez-nous)
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L'auteur a travaillé comme ranger dans le Arches National Monument Park, au milieu du désert au sud est de l'Utah, à la fin des années 1950. Il y revient une dizaine d'année plus tard pour y constater les dégâts du tourisme industriel et de l'industrialisation tout court (construction du barrage de Glen Canyon sur Colorado, qui va donner naissance au Lake Powell qui inonde une bonne partie du cours du fleuve). Il transcrit ces expériences dans un récit philosophique, à la foi lettre d'amour pour le désert, cri de colère contre les destructions qu'on fait subir à la nature et réflexion sur le sens donné à la vie.

Abbey se fait tour à tour géographe, géologue, biologiste et botaniste pour nous faire partager sa passion, avec ce qu'il faut de détails pour intéresser sans risquer de lasser. le récit est tantôt lent et descriptif, tantôt trépidant. le lecteur découvre le désert, sa faune, sa flore, ses minéraux, et le parcourt avec l'auteur, au cours de ses nombreuses randonnées.

Le style alterne phrases courtes et très rythmées, et phrases plus longues, parfois presque ampoulées. Cela ne facilité pas toujours la lecture, mais si on s'accroche un peu, le plaisir est toujours au rendez-vous.

En synthèse, un très beau texte, qui préfigure bien "Le gang de la clé à molette" du même auteur.
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Pendant deux étés, Edward Abbey a travaillé comme ranger dans le parc national des Arches, dans l'Utah. de cette expérience de grande solitude au coeur du désert, il tire ce livre, sorte de journal où il couche ses pensées, ses coups de gueules, le récit de ses aventures sous le soleil brûlant du désert et celui des moments de contemplation, devant la beauté brute de cet espace sauvage.
« Non, la nature sauvage n'est pas un luxe mais un besoin fondamental de l'esprit humain, aussi vital pour l'homme que l'eau et le bon pain. Une civilisation qui détruit le peu qu'il reste de sauvage, de vierge, d'originel, se coupe elle-même de ses origines et trahit le principe même de civilisation. »
Véritable ode à la nature, qu'il souhaiterait intouchable, d'un homme tombé amoureux du désert, c'est également un livre coup de gueule contre l'industrie touristique et les « aménagements » consentis pour elle : route, parking, cafétéria... au milieu de lieux sensés être préservés du progrès.

Certains passages très politiques m'ont parut précurseurs, d'autres au contraire un peu datés, car le livre est sorti en 68, et Abbey ne mache pas ces mots... chacun en prend d'ailleurs pour son grade : l'Amérique blanche, l'industrialisation et le tourisme de masse mais aussi la gestion des communautés indiennes, les religions et même les fourmis !
On frise souvent la mauvaise foi, sans pourtant tomber dans l'aigreur, dans l'écriture drôle et bougonne du grognon Abbey.
Car ne pensez pas que l'on s'y ennuie. Dans ce livre passionnant et passionné, on rencontrera, pêle-mêle, des garçons vachers testostéronés, un grand duc, des touristes motorisés coincés dans leur boîte à sardines, des serpents et des souris, des sables mouvants, des pétroglyphes, des vaches suicidaires, des investisseurs jaloux rendus fous par le soleil du désert...
Si l'on se sent parfois visé (j'ai moi-même visité ces lieux, touriste éblouie et néanmoins complice...) on ne peut qu'adhérer aux coups de sangs qui sont en fait cris de colère et de tristesse, plaidoirie désespérée pour cet endroit splendide, défiguré par les routes, les barages, les mauvaises gestions successives.
Quand aux passages de pures descriptions de ces lieux emblématiques, ils sont simplement magnifiques.
Un livre brûlant et poétique, que j'ai dégusté par petits morceaux, pour garder longtemps la chaleur du ciel étoilé de l'Ouest américain.
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Bon ce ne sera pas le coup de coeur attendu mais j'ai vraiment beaucoup aimé ce récit de l'expérience de l'auteur en temps que saisonnier dans le parc des arches de l'Utah. Un ton vif, tranchant ,contre le tourisme de masse et les aménagements de l'Etat, une ode à la nature sauvage et à la solitude . Pour autant ça ne pas plus donné envie d'aller visiter le coin, je suis plutôt montagne que désert et froid que chaleur. Mais j'ai trouvé son expérience fascinante et son humour mordant . de quoi me donner envie surtout de connaitre l'auteur et de lire d'autres romans de lui ! le seul petit reproche que je peux faire c'est les trop longues descriptions même si on pourrait s'y croire, dans le désert de l'Utah.
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Je reste assez partagé après la lecture de ce livre, un des premiers, aux USA, à dénoncer les dérives humaines face à la nature. Edward Abbey nous parle de son expérience comme ranger dans un parc national dans le désert dans l'Utah dans l'ouest américain. En nous présentant ce travail comme un ressourcement, loin de l'agitation superficielle des villes. C'est dans ce parc national des Arches qu'il va redécouvrir ce qui unit l'homme à la nature. A travers cette expérience, il nous fait part de quelques unes de ses actions, surtout dans son contact avec les touristes ou les quelques égarés qu'il a pu croiser, ou encore en allant simplement à la rencontre de la faune et de la flore. Il n'a pas de mots assez durs envers les citadins qui se contentent d'une vie superficielle, artificielle, déshumanisante, basée sur la technologie et le consumérisme, par opposition à ceux qui vivent au contact permanent de la nature. Parfois ses propos sont très crus, brutaux, ironiques, cyniques. Je le rejoins complètement dans cette idéologie. On ne peut contester que l'Homme s'est complètement fourvoyé en s'éloignant de son milieu naturel. Certains passages, lorsqu'il explique son travail aux touristes de passages sont désopilants. Il parvient à nous faire aimer ce désert où la vie se fait âpre, où l'homme doit apprendre à survivre avec le minimum nécessaire. La poésie de certains passages est magnifique et le rapport à la nature est souvent enveloppé d'une aura quasi mystique, englobante, chamaniste. On retrouve là une vision panthéiste, le désert pouvant être assimilé au Divin, l'Homme faisant partie intégrante du grand Tout de l'Univers.
Pour autant, est-ce parce que ce discours nous est, à notre époque, devenu habituel ou tout simplement parce que ce qu'il décrit est très éloigné de notre quotidien, mais j'ai souvent dû lutter pour poursuivre ma lecture, souvent en diagonale. Il y a énormément de redondances aussi bien dans l'idéologie que dans la description. Je pense que dans les années 60, ce livre a constitué une sorte de Bible pour le retour à la nature, dans le sillage de Thoreau. Et puis, c'est aussi terriblement américain. le discours est bien sûr universel mais le point de vue vient d'un pays immense où le rapport à la nature est tout de même assez différent à celui que l'on en a en Europe. Les "grands espaces" nous sont très éloignés et j'ai souvent eu du mal à m'identifier, même en partageant des valeurs semblables. Mon rapport à la nature n'est pas celui de Edward Abbey. je reconnais pourtant la valeur de ce livre et le fait qu'il ait pu exercé une grande influence sur la vision du monde aux USA. Un auteur à découvrir.
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