Et les vivants autour

C'est le troisième roman de Barbara Abel que je lis, après Derrière la haine, que je n'avais qu'à moitié apprécié et Je sais pas, un peu plus à mon goût. Et voici que celui-ci m'a tentée de nouveau. Quelle a été mon impression de lecture, je vais vous le dire un peu plus loin.
Mais d'abord l'histoire : quatre personnes d'une même famille se succèdent au chevet de Jeanne, vingt-neuf ans et dans le coma depuis un accident. Quatre ans depuis que sa mère Micheline, son père Gilbert, sa soeur Charlotte et son mari Jérôme espèrent un éveil, un mouvement, une réaction… Chacun continue cependant à vivre. Jusqu'au jour où le médecin demande à les rencontrer pour un entretien. Ils s'attendent tous plus ou moins à ce qu'il préconise un arrêt des soins, éventualité qu'ils n'appréhendent pas tous de la même manière. Mais voilà que le médecin leur apprend tout autre chose, et cela va faire exploser l'entente familiale.

Le texte est servi par un style nerveux, dynamique, qui met vite dans le rythme et l'ambiance du roman. C'est son point fort. J'ai aimé les citations qui commencent chaque chapitre (tout comme dans le polar de Paco Ignacio Taibo II que je viens de lire). Tout de même, par moments, j'ai pensé que c'était un peu exagéré, tous les personnages ont quelque chose à cacher, et pas des petites broutilles, loin de là.
Mais il faut avouer que c'est un roman dont les pages tournent très vite, tant est grande l'urgence de savoir la suite, et que la montée du suspense est vraiment impitoyable. Les pensées les plus profondes et les plus indicibles de chaque personnage sont analysées avec beaucoup de justesse, et, à défaut de s'identifier, on écarquille les yeux en attendant de voir jusqu'où l'autrice va aller.
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Je voulais déjà remercier chaleureusement Véronique d'Anthonay qui a conseillé ce livre et qui m'a permis de découvrir l'excellente Barbara Abel.
D'ailleurs vous aimez toutes les deux, faire cauchemarder vos lecteurs et lectrices avec des histoires bien tordues et machiavéliques.
Autant les policiers me laissent totalement indifférent, autant les thrillers psychologiques me fascinent par la noirceur des âmes humaines.


Car même si Barbara Abel a un visage d'ange, méfions-nous d'elle.
Son histoire, à l'atmosphère pesante, est particulièrement diabolique et écrite d'une terrible efficacité.
Mais le plus ahurissant, c'est que l'auteure écrit au début de son livre qu'elle s'est inspirée de faits divers bien réels, son imagination ayant construit le reste.

J'étais comme électrisé et j'ai dévoré ce livre de 500 pages en deux soirées tellement j'étais à croc, tellement j'étais embarqué dans la vie étrange, parfois glauque des personnages du roman.
Barbara n'a pas ménagé sa peine pour entretenir, d'une grande habilité, le suspense jusqu'au bout, jusqu'à l'ultime coup de théâtre des dernières pages.

Mais plantons le décor sans trop dévoiler l'intrigue.
Dans la famille Mercier et leurs féroces secrets bien cachés, il y a déjà Jeanne, la belle et douce Jeanne, qui est plongée dans le coma depuis quatre ans, suite à un mystérieux accident de voiture.
Mais est-ce bien un accident ? ou est-ce un suicide ? ou est-ce un meurtre ?
Jeanne qui s'est perdue dans les méandres de sa conscience, n'a jamais été aussi présente dans l'esprit de sa famille.

A commencer avec Micheline, sa mère, qui semble s'être arrêtée de vivre depuis l'état léthargique de sa fille. Micheline accablée par ce malheur, vient voir tous les jours Jeanne.
Elle est aussi une femme secrète, discrète qui est dévouée à sa fille et qui reste des journées entières à s'occuper de son intérieur.
Sûrement pour combler un vide énorme car avec Gilbert son mari, elle n'a plus aucune conversation, plus aucune relation de tendresse et d'amour depuis très longtemps.

L'un vivant à côté de l'autre, dans la plus grande indifférence.


Il faut dire que Gilbert est un homme caractériel, un chef d'entreprise irascible et intransigeant.
C'est lui qui règne en mâle dominant sur toute la famille et ses deux gendres ont juste le droit de se taire.
Gilbert est un homme qui cache tous ses sentiments, toutes ses faiblesses. Une chose est sûre, c'est qu'il aime ses deux filles, Jeanne ayant sa préférence. Mais ce qui rend cet homme antipathique, c'est son attitude odieuse envers sa femme Micheline qu'il ne cesse de rabaisser et d'humilier.


S'ajoute Charlotte, la soeur aînée qui n'a jamais trouvé sa place parce que Jeanne était la préférée. Jeanne, toujours elle qui même sur son lit d'hôpital, fait de l'ombre à sa soeur. Pire, elle rend sa soeur plus invisible encore aux yeux de ses parents et de toute sa famille.
Charlotte est aussi une femme en grande souffrance de ne pas pouvoir avoir d'enfants.
Ce qui crée des tensions avec Guillaume, un mari qui a beaucoup d'excès de colère. S'ajoute que Guillaume qui est incapable de gérer son restaurant, est en train de mettre ainsi sa vie professionnelle et la vie du couple en péril.


Et puis il y a le petit acteur Jérôme et le mari de Jeanne. Celui qui s'est fait la promesse d'attendre le réveil de sa femme et surtout de lui rester fidèle en toutes circonstances. Et qui souffre de toutes les frustrations qu'il s'inflige.


Tout ce beau monde, avec ses petites névroses, ses peines, ses souffrances, est mis à rude épreuve depuis le coma de Jeanne.
Un jour le médecin qui s'occupe de la jeune femme, convoque la famille pour leur annoncer une nouvelle hallucinante et terrifiante, qui va créer un véritable séisme dans la vie de chacune et chacun.

Les masques vont alors tomber, des secrets qui semblaient bien gardés vont être dévoilés, les passions vont se déchainer, les rancoeurs vont apparaitre en plein jour.
Un déferlement de mesquineries, de bassesse et de manipulations, va faire exploser violemment la bulle familiale...


Je vous laisse, car j'ai 24 autres livres de Barbara Abel qui m'attendent.

Euh.... il n'y a pas 6 étoiles ?.....
Je suis bluffée.
Moi qui râle à qui mieux mieux que les thrillers ne sont plus comme avant, et patati et patata... Et bien je me suis trompée !
Je ne connaissais pas cette auteure, quelle agréable surprise.
Le livre est très bien écrit, ce qui ne gâche rien.
Très sincèrement, je n'ai pu le lâcher, lu en deux jours à peine, allant de surprises en surprises, des rebondissements incroyables, secrets de famille, fausses routes inventées par l'auteure, on se méprend, on se surprend, on se délecte de ce formidable thriller.
Aucun ennui ni de pause, on respire avec la prose de cette auteure douée.
Une intrigue très originale, les personnages ont une réelle présence et de l'épaisseur.
L'auteure excelle dans ce génial thriller.
Je me suis régalée et j'espère que vous aussi, lecteurs de Babélio, vous aurez autant de plaisir que j'en ai pris en lisant ce livre.

Je vais un peu détonner par rapport à de nombreux avis, mais ce roman ne m'a pas du tout convaincue, et ce pour plusieurs raisons.

Tout d'abord, malgré l'effort louable de proposer un postulat de départ original – une découverte inattendue au sujet de Jeanne Mercier, dans le coma depuis 4 ans, qui va avoir une incidence retentissante sur son entourage -, les étapes qui le nouent au fur et à mesure du récit sont au contraire plus qu'attendues pour ce genre de romans : ainsi, je n'ai à aucun moment été surprise par les évènements relatés, qui suivent le cours normal d'un thriller classique, sans à aucun moment dévier de cette trajectoire.

De plus, l'entourage de Jeanne est plus que typique : entre le père homme d'affaires, se comportant comme un tyran au travail et chez lui ; la mère soumise à son mari ; la soeur aînée, ombre de sa cadette ; le mari gentil et aimant ; chacun ou presque finissant par dévoiler, sans trop de surprise non plus, un secret inavoué et honteux, Barbara Abel nous mène à des conséquences psychologiques et comportementales courues d'avance.

Enfin, stylistiquement parlant, rien n'a fait pencher la balance vers un soupçon d'originalité qui m'aurait fait apprécier davantage ce roman : comme tout le reste, nous restons dans une écriture classique, qui n'a pas réussi à me surprendre outre mesure.

En somme, Et les vivants autour m'a profondément ennuyée. J'ai attendu, jusqu'au bout, le petit sursaut qui m'aurait fait sortir du calme trop plat de la narration et de l'écriture. Mais je comprends que l'on puisse apprécier, l'histoire est bien ficelée, et le rythme de l'ensemble se tient, qui plus est car tout à fait cohérent par rapport au genre ici proposé. C'est juste une rencontre manquée pour moi, qui recherche quelque chose qui ressort davantage du lot de ce qui est écrit en ce moment.

Je remercie les éditions Belfond et NetGalley de m'avoir permis de découvrir ce roman.
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Suite à un accident de voiture, Jeanne se retrouve dans le coma. Cela fait quatre ans. Micheline, sa mère, vient s'occuper d'elle tous les jours à l'hôpital, pendant que Gilbert, son père, est un homme d'affaires féroce. Sa soeur Charlotte, quant à elle, n'arrive pas à tomber enceinte et désespère. Un jour, le médecin de Jeanne convoque la famille. Que peut-il vouloir leur dire ?

Ayant lu une multitude de romans de Barbara Abel, je sais plus ou moins la façon qu'elle a de procéder lors de la réalisation de ses intrigues. Après d'excellentes lectures et d'autres moins bonnes, celle-ci est indéniablement une très bonne découverte.

En partant d'un postulat de départ simple, l'auteure va nous dérouler une intrigue impeccable avec juste ce qu'il faut de suspense, de psychologie aboutie et de noirceur. Ce sont les ingrédients qui sont chers à Barbara et il faut bien avouer qu'elle sait malmener ses personnages et les pousser dans leurs retranchements.

Tout passe par la psychologie, par les doutes instillés au fur et à mesure, par la réflexion. Il n'y a jamais d'actions à tout va dans les romans de Barbara. Non, c'est plutôt lent, immersif, ce qui permet à l'auteure d'attraper son lecteur dans les méandres d'une intrigue complexe pour ne plus le lâcher.

Les personnages sont aboutis et je dois dire que j'ai vraiment cherché à comprendre. Après un début assez linéaire pendant lequel l'auteure pose les bases de son intrigue, il va alors subvenir un rebondissement totalement incroyable et qui va donner une toute autre direction au roman. La psychologie des personnages est bien décrite.

La plume de l'auteure est très plaisante. Ne vous attendez pas à une intrigue qui défile à toute vitesse, bien au contraire. C'est d'ailleurs ce que je pourrais éventuellement reprocher à ce thriller. Je lui ai souvent trouvé des longueurs inutiles et j'ai eu la sensation que Barbara avait tendance à parfois broder autour de son intrigue. Malgré tout, cela n'émaille en rien le plaisir de lecture.

Un thriller psychologique où tous les ingrédients qui sont chers à l'auteure seront présents. Malgré quelques petites longueurs, j'ai été prise dans cette intrigue complexe et je ne peux que vous recommander de découvrir ce roman.
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Il y a quelques années, j'avais été enthousiasmé par le diabolique et malsain « Derrière la haine ». Mais avec ma fâcheuse habitude à lire tous azimuts, je n'avais pas pris le temps de réitérer l'expérience avec Barbara Abel. Erreur rectifiée !

Encore une fois, le récit débute avec les membres d'une famille assez tranquille. Ils sont unis autour d'une cause commune et malgré l'atmosphère de deuil, l'harmonie semble régner. Jusqu'au jour où un évènement aussi dramatique qu'improbable intervient et là tout est remis en cause. le socle familial qui paraissait un tant soit peu équilibré devient alors totalement instable.

Les langues se délient. Les petits et les grands secrets refont surface. Les protagonistes exhument des évènements du passé qui remettent toute l'histoire en question. Plus l'histoire avance, plus les masques tombent et plus les protagonistes nous surprennent. Leurs décisions imprévisibles entraînent de grands retournements de situations. Les bons sentiments et l'hypocrisie étant mis de côté, certaines révélations vont s'avérer particulièrement choquantes. Confidence après confidence, le lecteur se retrouve sous pression, à l'affût du moindre faux pas qui pourrait rajouter de l'huile sur le feu.

Derrière cette explosion familiale, l'auteure fait une approche sociologique de l'être humain en communauté, dépendant de ses propres désirs. Elle met en exergue son instinct de survie et sa capacité à commettre l'impensable lorsqu'il se sent pris au piège. Elle prouve une nouvelle fois son talent à creuser dans les méandres de l'esprit humain. Avec pour seuls outils, des hommes et des femmes, elle sait créer une ambiance asphyxiante qui nous angoisse crescendo, comme un étau qui se resserre.

Vous aurez donc compris que j'ai pris mon pied avec ce livre déroutant. Si vous avez déjà lu cette auteure, vous le savez, si vous êtes encore néophyte, vous le découvrirez : Barbara Abel est machiavélique et c'est jubilatoire !
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Chapitres courts, pas de temps perdu dans du descriptif, uniquement l'intrigue dans un cadre familial, cela donne un roman très addictif. Il pourrait être adapté en pièce de théâtre car c'est avant tout un drame familial avec ses secrets, ses non-dits, ses rancoeurs. Jeanne, la jeune femme dans le coma, est le révélateur de toutes ses souffrances familiales. D'ailleurs je trouve le titre très bien choisi « et les vivants autour »......

Les P'tits Papiers de So pour Collectif Polar
La famille, Barbara Abel, ça la connait. Elle a cette faculté de nous plonger en immersion dans la vie familiale, on en devient l'un de ses membres.
La famille, « Groupe formé par des parents et leurs enfants » et par extension, les conjoints des enfants.
Et les vivants autour, c'est le portait de Gilbert et Micheline, les parents bourgeois, Jeanne et Charlotte les filles, et leurs conjoints Jérôme et Guillaume.
Une famille somme toute classique. En apparences.
Tout gravite autour de Jeanne, plongée dans le coma depuis 4 ans ; arrive le moment où il faut prendre une décision. Cette décision, va déchirer cette famille, qui abrite de nombreux secrets.
Le titre du roman « Et les vivants autour » est particulièrement bien choisi, car il s'agit de cela, que font, que doivent faire ceux qui restent ?
Barbara Abel soulève bien des questions. Et vous, qu'auriez-vous fait ? Choisir la vie ? Mais à quel prix ? La mort ? Mais à quel prix ?
Dans ce roman, l'auteure met en lumière un tabou, la question que personne n'ose se poser.
Sur fond de thriller, elle y aborde la question de la fin de vie, de la composition et du poids familial, des convenances, les secrets de famille qui pèsent sur celui qui les ignorent. Elle nous ouvre la porte, celle qu'on referme délicatement derrière soi, derrière laquelle les couples se déchirent, ou pas, s'aiment, ou pas, les enfants rient, ou pas, les parents sont aimants, ou pas.
L'amour est au centre, celui des parents pour leurs enfants, l'amour pour son conjoint. de quoi sommes-nous capables ou incapables par amour ?
Une écriture une nouvelle fois maîtrisée, fluide, Barbara Abel nous entraîne dans un tourbillon émotionnel. Une lecture vive, addictive.
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Enchantée par cette première lecture d'un Barbara Abel.Son écriture très rythmée est quasi cinématographique.Je suis passée de Claude Sautet à Chabrol puis Amodovar avec des pointes de théâtre de boulevard pour la drôlerie de certains dialogues..Un récit pas du tout monocorde.

Elle nous parle d'une famille de bourgeois qui a toujours vécu dans la retenue et qui explose.
Ça pète, ça grince, ça déborde!Le chignon architectural de maman va prendre un coup dans l'aile.Une mèche rose va furieusement poursuivre papa ..
C'est jubilatoire, amoral ..parfait!
Je vous conseille cette lecture tornade.

Une famille se déchire autour de Jeanne, une jeune femme plongée dans un long coma suite à un accident. Faut-il ou pas la maintenir en vie ? Des vieux démons sortent du placard, renforçant les oppositions. Un élément nouveau vient rendre la décision encore plus difficile. J'ai retrouvé toutes qualités que j'aime chez Barbara Abel, mais avec une moindre intensité.

Barbara Abel figure en bonne place parmi les auteurs belges de romans à suspense que je préfère. Son style fluide et dynamique me garantit le plus souvent un agréable moment de lecture de détente. Elle est une reine des rebondissements, qui ne cessent de me surprendre. Et le plus souvent, l'impression que ses personnages pourraient être mes voisins contribuent à me plonger complètement dans l'intrigue.

Toutes ces qualités, je les ai trouvées dans « Et les vivants autour » mais, je dirais avec une intensité moindre que ce que j'ai pu trouver dans la plupart de ses autres romans. le style reste à la hauteur des autres volumes, le texte se lit agréablement. Mais le récit se traîne un peu, l'histoire a du mal démarrer et les rebondissements sont moins surprenants que ce dont l'auteur est capable. Si vous êtes amateurs de Barbara Abel, vous y trouverez votre plaisir. Mais si vous ne deviez lire qu'un seul livre de cet auteur, ce n'est pas celui-là que je vous conseillerais.

Le thème est intéressant, néanmoins. Jeanne est dans le coma depuis une très longue période, suite à un accident de voiture, dont on se demande s'il s'agit d'un réel accident ou d'un suicide. Ses parents, son mari, sa soeur et son beau-frère, ne parviennent pas à s'accorder pour décider s'il faut continuer de la maintenir en vie artificiellement. Au moment, où le médecin convoque la famille, ils s'attendent à devoir prendre une décision. Mais c'est une autre question que le médecin va leur poser…

Une fois de plus, Barbara Abel fait preuve d'une remarquable finesse dans la psychologie de ses personnages, par exemple dans les arguments des uns et des autres pour répondre à la question du médecin. On voit aussi ressortir les démons de chacun, ce qui nourrit le suspense de l'intrigue par des révélations inattendue. Je note aussi la situation particulièrement savoureuse du père de Jeanne, à la fin du roman.