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sur 777 notes
Quand on me pose la question "Qu'as-tu lu de bon cette année", Barbara Abel fait quasiment toujours partie de la réponse. Autant j'adore découvrir de nouveaux auteurs et des petites pépites dissimulées sous les avalanches de sorties littéraires, autant je prends également plaisir à retrouver ces valeurs sûres que j'achète les yeux fermés, certain de passer un excellent moment de lecture. Les romans de Barbara Abel en font indéniablement partie !

« Les fêlures » débute dans le lit de Roxane et de Martin, un couple fusionnel qui vient de se suicider… sauf que… Roxane n'est pas morte. Son réveil à l'hôpital sera d'ailleurs particulièrement douloureux car, outre la perte de son compagnon, elle devra également s'expliquer auprès de ses proches et ceux de Martin, ainsi que devant la police car ce suicide partiellement réussi…ou partiellement raté (tout dépend du point de vue)… semble pour le moins suspect !

Pour son quatorzième roman, Barbara Abel livre à nouveau un thriller psychologique qui plonge le lecteur dans la tête de ses personnages. À coups de flashbacks, l'autrice remonte dans le temps, à l'origine des fêlures qui permettent d'expliquer les gestes du présent. Tout en distillant ces blessures d'enfance qui déterminent les adultes que nous devenons, l'autrice partage avec brio les émotions et les doutes de ses personnages, entraînant le lecteur derrière les apparences trompeuses de ce couple que tout le monde croyait pourtant très heureux…

Outre cet aspect psychologique d'une grande justesse, Barbara Abel propose également une intrigue qui parvient à tenir le lecteur en haleine dès la première page. Roxanne est-elle une Juliette des temps modernes, rejetée par sa belle-famille, simulant sa mort et pleurant le décès malheureux de son Roméo… ou juste une tueuse impitoyable ? Tout en donnant progressivement de l'épaisseur à ses personnages, l'autrice nous balade de révélation en révélation, faisant pencher la balance d'un côté, puis de l'autre, nourrissant l'envie de connaître la vérité.

Lisez Barbara Abel !
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Barbara Abel semble dévier de ses précédents thrillers. Fini le trash, le noir, le suspens haletant. Les fêlureset Les vivants autour sont deux livres dramatico-psychologiques loin de ses premiers polars.

Martin et Roxane se connaissent et s'aiment depuis quelques mois. Voilà pourtant qu'on retrouve le couple suicidé. Si Roxane finit par se réveiller, Martin lui n'en réchappe pas. Qu'a poussé ce couple tel des Roméo et Juliette à vouloir se donner la mort ?

Barbara Abel dissèque ici les abysses de deux êtres cabossés, meurtris par leur enfance. Entre passé et présent, on cherche la victime, le bourreau. Tout accuse Roxane. Sa soeur Garance pourtant si complice se met à douter. Les révélations sont accablantes.
Et Roxane ne cesse de clamer son innocence.

Un livre diaboliquement efficace avec une psychologie travaillée avec minutie. Une plongée immersive au coeur d'un couple qui tente de survivre aux affres de l'enfance, en proie à la différence de classe, aux jugements, aux non-dits.

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S'il me fallait qualifier ce roman en un mot, je choisirais : oppressant.

Je le referme à peine et j'ai encore du mal à respirer.
C'est pas un truc à lire quand on est déprimée, m'enfin, me direz-vous.
Ce à quoi je rétorquerai que de toute façon, le bouquin plombe, donc ça revient au même.

Roxane se réveille à l'hôpital, sous le regard inquiet de sa soeur Garance.
Elle cherche son compagnon, Martin, du regard... double suicide, allongés sur leur lit. Si elle s'en est sortie, qu'en est-il de lui ?

Je viens de vous présenter Roxane et Garance, deux soeurs fusionnelles qui se sont toujours adorées depuis le jour où l'aînée, 4 ans, a vu la cadette dans le couffin, au retour de la maternité.

L'ambiance à la maison, c'est pas ça.
Judith, comédienne ratée bientôt quittée par Paul qui va s'installer à l'autre bout de la France, lassé par les disputes avec sa femme, sombre dans l'alcoolisme.

Paul avait pourtant promis de faire venir ses filles, et puis quoi ? il a oublié ?

Judith, alcoolique, diabétique, passe ses nerfs sur ses gamines, prenant un malin plaisir à leur pourrir la vie.
De drame en drame, de pire en pire, aucune des trois femmes n'en sortira indemne.

Chez Martin, un père absent, une mère qui ne vit que pour sa société et les chiffres, zéro émotion, jamais. Quoi qu'il arrive, être lisse à tout prix.

Et l'amour dans tout ça ?
Eh bien Martin et Roxane s'efforcent de le vivre tous les deux. Plus facile à dire qu'à faire, avec leurs fêlures...

Ce roman m'a happée, j'ai été scotchée aux récits de Roxane et de Garance mêlant efficacement passé et présent.

J'ai eu de timides certitudes, vite balayées par les doutes.
À ne plus savoir quoi penser.

J'ai absorbé toute cette douleur, incapable de prendre du recul ; c'était très fort.

Et la plume de Barbara Abel qui me sésuit toujours autant.
Vous l'aurez compris, j'ai adoré ce dernier livre de ma Belge préférée, et j'ai hâte que le suivant sorte.
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Cinquième roman que je lis de Barbara Abel, et toujours pas convaincue par l'auteure... En lisant le pich, je me dis toujours que c'est pour moi, et puis, non, dés le milieu , ça retombe comme un soufflé ...

Pour Les Fêlures, ça partait bien, c'était original comme idée, mais la façon de traiter l'histoire, de ne rendre aucun personnage sympathique, une absence de finesse dans la psychologie des personnages , de gros sabots pour parler de sujets graves, des clichés à la pelle, le tout ajouté à de grosses erreurs sur les métiers cités dans l'histoire, ont crée de grosses fêlures dans ma vie de lectrice !

Quel est l'éditeur, à qui un homme soumet un manuscrit en disant que c'est celui d'un collégue de boulot, qui dézingue grossièrement le dit-manuscrit sans se douter une seconde, que la personne assise en face de lui ,est l'auteur de ce manuscrit ? (et pas le collégue fictif ) .
Quelle psychologue (digne de ce nom ), va rapporter à une patiente ce que pense la soeur de cette dernière ? (Des confidences obtenues dans son cabinet ?? ). On parle d'une personne qui a fait une tentative de suicide !!!?
Un psychologue ça ne blablate pas, ça écoute, ça soigne, ça soulage et ça guérit. Ça implique de la neutralité.

A part ça, c'est sensé être une réécriture de Romeo et Juliette..
Un couple fait une tentative de suicide, la jeune femme prenant tout de même la peine de téléphoner à sa soeur en lui demandant de venir en urgence , histoire d'être secourue . L'homme trépasse, la femme survit et aménage chez sa soeur . (Pas de séjour en clinique pour débriefer tout ça, non, juste un petit suivi chez une psychologue, on y croit... ).
La police enquête pour savoir si la survivante a "suicidé" le petit-ami ou si c'est un crime . La belle-mère ( une méchante femme )soupçonne sa belle-fille, c'est que le couple un peu trop fusionnel avait des problèmes. Ils s'étaient isolés de tous.
La soeur ( qui héberge ) commence à craquer et douter de sa " petite souris, c'est que voyez-vous, il y a des antécédants dans la famille.
Enfance compliquée des deux côtés. Car tout remonte à l'enfance, et enfants ébréchés = grosse casse adultes . D'où le titre les fêlures...

Pour écrire ce roman deux personnes ont été remerciées à la fin, une co scénariste ( a conseillé ) et une autre personne a proposé des ( je cite ) solutions judicieuses, l'écrivain et ami Paul Colize a eu l'idée des titres de chapitres.
Et bien cela confirme ce que je sentais, un roman écrit sans véritable inspiration, sans mettre ses tripes sur la table, un peu comme s'il fallait pondre un roman de temps en temps parce qu'on est une professionnelle de la profession et qu'il faut bien vivre ( ce que je peux comprendre, mais ça manque d'âme , du coup...)

Ça se lit, mais il y a mieux...
(De mon point de vue, car d'autres ont aimé...)
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"Les histoires d'amour finissent mal, en général", chantait Catherine Ringer, au temps des regrettés Rita Mitsouko. Et ce n'est pas "Les Fêlures" qui fera mentir cet adage, parce que non seulement ça finit mal, mais l'histoire commence carrément par le double suicide d'un couple d'amoureux, Roxane et Martin, alors que tout le monde s'imaginait qu'ils filaient le parfait amour ! Petit détail qui a son importance pour la suite : Roxane s'en sort in extremis, ayant appelé sa soeur Garance au moment fatidique. Voilà qui d'un point de vue juridique va sérieusement compliquer les choses, Roxane se retrouvant accusée de meurtre par sa charmante belle-mère et néanmoins ennemie, qui s'empresse de porter l'affaire devant les tribunaux.
Alors, que s'est-il réellement passé le soir du drame ? Pour comprendre, il faudra remonter aux racines, c'est-à-dire à l'enfance des protagonistes, Roxane et Garance dans la famille Leprince, Martin et son frère Adrien dans la famille Jouanneaux. Pas le même univers, à priori, mais déjà des fêlures des deux côtés. Garance veut savoir, elle enquête, et va découvrir des faits surprenants (et glaçants) dans le passé de sa soeur et du compagnon de celle-ci. Rebondissements garantis jusqu'à la toute fin !

Bien sûr, on pense immédiatement à une version moderne de Roméo et Juliette, non seulement à cause du double suicide des amants, mais aussi de part le contraste entre les deux univers familiaux : ces deux-là n'étaient pas destinés à former un couple, à priori. Mais pour moi la comparaison s'arrête là, la part dévolue à l'enquête prend rapidement le dessus, ainsi que les flash-back dans le passé (proche et lointain) des uns et des autres.
Le rythme est soutenu, pas le temps d'émettre une hypothèse qu'on passe déjà à une autre, c'est même un peu trop haletant pour moi, parce qu'on perd en crédibilité. Et en parlant de crédibilité, d'autres que moi l'ont déjà souligné, certains détails m'on fait bondir, notamment la facilité avec laquelle Garance obtient des renseignements auprès de la psychologue qui suit Roxane après sa tentative de suicide. Aucune confidentialité ! Et après une TS avérée, on fait généralement un séjour en service psychiatrique, on ne va pas directement habiter chez la frangine diététicienne qui reçoit ses clients à domicile en plus... Bref, quelques invraisemblances dans le scénario.

J'ai également eu l'impression que Barbara Abel avait changé de style d'écriture, beaucoup de formules un peu cliché, d'emphase, d'exagération. Alors on peut trouver que c'est plus efficace, moi ça m'a légèrement agacée ces redondances. Je trouvais la Barbara Abel de "Je t'aime" par exemple plus directe, moins à la recherche de la formule qui claque. Question de goût, sans doute.

Malgré ces réserves, je ne renie pas mon attirance pour les romans de cette auteure, j'en ai d'ailleurs encore quelques-uns dans ma Pal et même si celui-ci ne m'a pas totalement comblée je l'ai lu très vite et avec plaisir. Mais si vous ne connaissez pas Barbara Abel et souhaitez la découvrir, je déconseille de commencer par ce récit. Elle a commis bien mieux, à mon humble avis en tout cas.
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Je suis une adepte des romans de Barbara Abel, depuis la première heure et ses débuts. En effet, j'ai lu la majorité de ses livres, que ce soient ses thrillers (j'avais d'ailleurs adoré « Derrière la haine ») ou même son incursion dans la littérature blanche avec « La brûlure du chocolat ». Donc, c'était avec entrain que je souhaitais découvrir son dernier, « Les fêlures ». le hasard faisant bien les choses, il fait partie de la sélection en lice du Prix des Lecteurs des librairies belges Club, dans la catégorie « Thriller ».

Reine du thriller psychologique, la belge Barbara Abel travaille et peaufine énormément ses personnages par leurs psychologies, leurs sentiments et émotions. Encore une fois, par ce nouvel opus, elle ne déroge pas à la règle !

C'est l'histoire de Roxane et de Martin, un jeune couple fusionnel somme toute banal, issus de deux milieux sociaux diamétralement différents. Un matin, ils sont retrouvés dans leur lit après avoir tentés de se suicider mais seule Roxane est en vie. Pourquoi ont-ils décidé d'en finir ? Quelles sont les raisons de cet acte que leurs proches ne comprennent pas ? D'où ont-ils tiré cette idée insensée d'attenter à leur vie ? Roxane, seule survivante, devra fournir des réponses aux très nombreuses questions que cet acte a suscitées.

Si vous aimez que l'auteur vous décortique les relations humaines, les liens familiaux et la psychologie, ce livre devrait vous plaire. Car en plus de cela, l'intrigue est finement pensée et tient le lecteur en haleine.

Pour ma part, ce n'est pas un coup de coeur, comme j'ai pu ressentir pour d'autres bouquins de Barbara Abel. Je pense que ce qui m'a essentiellement manqué est la petite étincelle qui aurait pu faire de ce bon thriller, un excellent roman. Constitué quand même de près de 420 pages, il a, parfois, un peu de longueur dans l'histoire. J'aurais voulu découvrir les tenants et les aboutissants un peu plus rapidement que ceux qui m'étaient proposés.

Malgré ce grief, cela a été un bon moment de lecture offert par Barbara Abel et son don incomparable pour conter des histoires où faux-semblants et manipulations sont des maîtres mots !
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J'ai lu plusieurs livres de Barbara Abel et jusqu'à présent, je n'ai jamais été déçue. Ses livres me portent et m'entraînent dans le quotidien de personnes comme vous et moi.
Que se passe-t-il, une fois les portes de nos maisons fermées ?
Barbara Abel a ce don de nous immiscer derrière ces portes.
Là, un couple fusionnel, Roxane et Martin sont retrouvés inconscients sur leur lit, par la soeur de Roxane. Celle-ci a appelé Garance, pour qu'elle vienne la voir en urgence. Roxane sera sauvée.
Qu'est-il arrivé à Martin ?
Là , on va suivre l'enquête.
Est-ce vraiment une tentative de suicide ou bien un meurtre ?
A qui profite cette mort ?
Odile, la mère de Martin s'interroge et va mettre ses avocats sur l'affaire.
Pourquoi Roxane a survécu ? Étrange… !!
Les chapitres vont alternés entre la vie du couple et la jeunesse de chacun. Les différents qu'ils puissent avoir avec leurs mères respectives.
En premier lieu, c'est la couverture de ce livre qui m'a attirée. Je la trouve très belle.
Ce thriller psychologique, dont les pages se tournent toutes seules, nous raconte la vie de ce couple, de leur jeunesse jusqu'à leur tentative de suicide.
J'ai aimé l'enquête et surtout le retournement de situation des dernières pages. Je ne m'y attendait pas.
Une fois de plus, Barbara Abel, m'a surprise par son récit et c'est ce que j'adore dans ses livres.
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Très mitigée à l'issue de cette lecture.
On y retrouve le thème de prédilection de Barbara Abel, à savoir la maternité. L'intrigue, est , il faut le reconnaître, bien menée et ce jusqu'au bout. Les surprises ne s'arrêtent qu'avec la dernière page mais que c'est long. L'auteur aurait pu faire l'économie d'une bonne cinquantaine de pages.
Par ailleurs, je ne suis pas de celles qui recherchent absolument la vraisemblance dans un thriller mais il faut tout de même une certaine crédibilité. Dans ce roman, les policiers qui donnent des détails sur ce qu'ils savent au début de leur enquête à la soeur d'une personne impliquée dans le décès de son compagnon, me laissent pour le moins dubitative !! La psychologue qui dévoile des informations à la soeur de sa patiente me semble également bien loin de là vérité.
C'est dommage car il y a tout de même une bonne étude psychologique des differents personnages et l'auteur arrive à nous promener et nous incite à nous interroger tout du long.
Je ne mets que 3.5 étoiles car j'ai trop souvent eu la sensation de pietiner .
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Barbara Abel, je l'aime bien. Je tiens à le préciser.
Mais "Les fêlures" ne m'ont pas apporté autant de plaisir à la lecture que j'en attendais.
Pourquoi ?
Je devinais à peu près tout ce qui allait arriver, et ça, je n'aime pas.
Garance et sa soeur Roxane sont fusionnelles dans une famille dysfonctionnelle. Leur psychologie, ainsi que celle de leurs parents, est très fouillée. Je dirais même, trop à mon goût.
Que se passe-t-il, en fait ?
Pas grand chose.
En bref, une déception. Mais ce n'est que mon humble ressenti.
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Alors que sa consoeur et amie Karine Giebel a récemment publié avec Glen Affric une magnifique réécriture moderne de Les souris et des hommes de John Steinbeck, Barbara Abel s'est emparée dans Les fêlures d'un autre grand classique de la littérature : Roméo et Juliette de William Shakespeare.
La pièce de théâtre, qui remonte à la fin du seizième siècle, ne narrait pas seulement l'histoire de deux tourtereaux vivant d'amour et d'eau fraîche. Si leurs prénoms sont aujourd'hui synonymes de passion, ils évoquent tout autant l'amour impossible, destructeur et dramatique. Parce que les deux jeunes gens, descendants de deux familles qui ne peuvent pas s'encadrer - les Montaigu et les Capulet - devront se cacher et user de stratagèmes subtils pour pouvoir enfin vivre leur histoire librement.
Juliette sera amenée à simuler sa mort à l'aide d'une potion pour pouvoir retrouver son compagnon. Roméo, la croyant véritablement décédée, avalera alors une fiole de poison. Et quand, à son réveil, Juliette découvrira le corps sans vie de son amant, elle se poignardera pour le rejoindre dans l'au-delà.
Tous deux se suicideront, incapables d'imaginer continuer d'exister l'un sans l'autre.
A cause d'un gros quiproquo.
Shakespeare aimait bien aussi les histoires qui se finissaient mal.

Transposés au vingt-et-unième siècle, ils deviennent Martin Jouanneaux et Roxane Leprince. Lui, promis à un brillant avenir dans la société financière familiale, elle étudiante en médecine. Et comme si Barbara Abel reprenait la pièce de théâtre juste avant que Juliette / Roxane ne se donne la mort, le roman s'ouvre gaiement sur ce double suicide dont le taux de réussite n'est que de 50 %. Garance, la grande soeur de Roxane, est arrivée à temps pour sauver sa petite souris, surnom affectueux donné à sa cadette. Mais avaler la potion a en revanche été fatal pour Martin. Enfin, en guise d'élixir, l'auteure de Je sais pas a choisi l'injection létale de morphine, davantage dans l'ère de notre temps.
"La réaction de Roxane à son réveil l'a bouleversée, son désespoir était palpable, celui de n'être pas partie avec son compagnon."

Dans cette nouvelle version, Roxane survit donc à son Roméo. D'abord mutique, le lecteur n'aura que des éléments extérieurs à ce drame à se mettre sous la dent pour comprendre comment ces deux âmes soeurs en sont arrivées à vouloir mourir ensemble. Laquelle a entraîné son partenaire dans sa chute ? Est-ce que Juliette a réellement souhaité mourir ou est-elle coupable de meurtre, volontaire ou non ?
"En vivant, Roxane devient coupable de la mort de Martin."
Pour répondre à ces questions, alternant entre passé et présent, Barbara Abel va gratter sous la surface de chaque individu, chaque protagoniste, nous dévoilant petit à petit que les apparences sont parfois trompeuses, que chacun dispose de failles, de fêlures. Et elle se fera un plaisir de les mettre à nu en dissolvant les couches de vernis, révélant ce qui réside en réalité sous la bienséance et la gentillesse, sous l'innocence et le devoir filial.
"Elle est aussi belle à l'extérieur qu'elle est tordue à l'intérieur."
"Roxane avait quelque chose de vulnérable, une fragilité qui n'appartient qu'à ceux qui ont beaucoup souffert."

Martin et Roxane ne sont pas les seuls concernés par la grande finesse de cette analyse. Tout comme les Montaigu et les Capulet, leur histoire d'amour ne leur appartient pas tout à fait : Leur famille respective a un rôle déterminant à jouer.
Familles qui se ressemblent et que tout oppose, comme en un curieux jeu de miroirs.
Du côté de Martin, richesse et prestige. Incarnée par sa mère, Odile Jouanneaux, femme effroyable d'insensibilité, sournoise, incapable d'écoute et de remise en cause. Pour elle ce sera toujours comme ça et pas autrement. Quiconque se mettra en travers du chemin de ses ambitions sera écrabouillé comme un insecte. L'avenir de ses fils et de sa société sont déjà tout tracés. Peu importe leur équilibre personnel.
"Rien ne transpire de ce qu'elle pense, de ce qu'elle éprouve, de ce qu'elle suppose."
"Odile est de ces gens qui écrasent sous prétexte d'élever, portant aux nues des principes d'un autre temps."
Et pourtant, le visage de cet odieux personnage parfois se craquelle et quand elle ne parvient plus à sauver les apparences, elle en redevient presque humaine.
Du côté de Roxane, on n'est pas du tout dans le même milieu social. Ses parents sont des artistes ratés du septième art. Son père a fini par partir, abandonnant ses enfants aux mains de Judith Leprince, une mère tout aussi toxique que celle de Martin.
"Ses flèches empoisonnées n'atteignent plus leur cible, l'adolescente lui oppose désormais une indifférence blessante."
Une femme alcoolique, méchante, humiliante, violente qui n'a pas beaucoup laissé de chance à ses filles dans la vie. Heureusement, à sa mort, sa soeur Garance a pu prendre soin de Roxane comme elle s'était toujours évertué à le faire.
Chez les Jouanneaux aussi ils sont deux frères : Martin et Adrien. Martin, au physique quelconque, voire fade alors que chez les Leprince c'est l'aînée qui n'a pas les mêmes gènes de beauté de sa soeur.
Chez les Jouanneaux, c'est le père qui est mort, il y a deux ans, des suites de son cancer.

Si j'ai un petit reproche à formuler, ce serait au sujet de l'écriture.
"Le style est ampoulé, le vocabulaire pauvre et répétitif, les métaphores, quand il y en a, sont stéréotypées."
Alors non, cet extrait ne dénonce pas les défauts de plume de "Les fêlures" même si j'ai trouvé certaines formulations un peu trop bien écrites, peut-être un peu prétentieuses.
Après, lire de très jolies phrases peut-il être considéré comme un défaut ? Probablement pas. Disons simplement que Barbara Abel est plus exigeante avec son lecteur que par le passé et que certains passages requièrent davantage d'attention si on souhaite s'imprégner de la magie des mots.

Le roman est lent, il ne faut pas s'attendre à une révélation à chaque chapitre, il prend vraiment le temps de disséquer chaque personnage ( au sens figuré à part pour Martin qui subira une autopsie ) central, mort ou vivant.
En s'attardant plus encore sur Roxane et sur sa belle-mère Odile, les deux personnages qui souffrent le plus de la disparition de leur fils / de leur grand amour et qui, plutôt que se rapprocher, vont se livrer à distance une guerre sans merci.
Rancunières, accusatrices, manipulatrices... Laquelle, si tant est qu'il y en ait une, est réellement responsable de ce qui est arrivée à Martin ?
Il n'y a pas que la tasse sur la couverture qui va voler en éclats. Vos certitudes également.
Ici les personnages sont indissociables de l'intrigue. Ils s'étoffent en parallèle de même qu'ils vont parfois prendre le lecteur à contre-pied, par leur comportement ou leurs révélations.

Le roman n'a rien de malsain mais il s'agit bien d'un roman noir laissant derrière son sillage une intense sensation de vide et de gâchis.
Bien sûr, il est aussi question d'amour, après tout on parle d'une version remaniée de Roméo et Juliette. Mais comme dans Je t'aime il n'y a pas beaucoup de fleurs bleues. Sincère, intense, destructeur, illusoire, l'amour ici évoqué n'est pas seulement celui du couple mais aussi celui qui devrait lier une mère et ses enfants, ou encore celui qui relie deux soeurs.
"Vingt ans plus tard, cet amour ne s'est jamais démenti."
Et puis est aussi évoquée l'impossibilité d'aimer, quand on a grandi asphyxié et sans repère.
"Le mieux, c'est de n'aimer rien ni personne."

Initialement, le roman devait s'intituler A peine les ombres. Les fêlures est un titre beaucoup plus évocateur puisque ce sont bien les failles de chaque personnage qui sont aux premières loges de ces tragédies familiales.
Doutes, malentendus, mensonges, incompréhension, souffrance et bonnes intentions engendreront en cascade des dommages directs et collatéraux.
Parce que la mort de Martin n'est qu'une porte qui s'ouvre vers une réaction en chaîne, implacable, reliée au passé des Jouanneaux et des Leprince.
Ce que vous devriez vous faire une joie coupable de découvrir par vous même.

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