Il s'agit du troisième tome d'une tétralogie. C'est peut-être pour cela qu'il est un peu difficile de s'y retrouver dans les personnages au début.
Ce roman appartient a un courant de la littérature soviétique dit de littérature paysanne. Ce courant est apparu peu après la mort de Staline et renoue avec une tradition russe bien ancienne de littérature de défense du moujik et de peinture de la vie de la paysannerie. A la mort de Staline l'ensemble de la population a réalisé la situation lamentable dans les campagnes russes, en contradiction avec la littérature officielle dans laquelle la campagne était un paradis où chacun travaillait avec joie et profitait de tous les bienfaits de son travail. L'exemple le plus connu de cette littérature paysanne est
La maison de Matriona de
Soljénitsyne. C'est un courant littéraire qui a été très important jusqu'à la fin des années 70 et qui comportait de multiples tendances, parfois contradictoires.
Beaucoup sont très ancrés dans une région précise que connaît bien l'auteur (le grand nord du côté de Mourmansk pour Fiodor Abramov), ce qui les rend très vivants par leur parler local, les us et coutumes, etc. Ici, à travers la famille Priasline l'écrivain raconte la vie dans un village du grand Nord, et à travers cette famille et ce village décrit de façon réaliste il pose le problème de la soumission des campagnes à la ville, de l'inutilité pour les villageois de travailler pour et dans l'intérêt du kolkhose car en aucun cas ils ne peuvent utiliser le résultat de leur travail. Il est notable que la plupart des auteurs de ce courant n'ont jamais été considéré comme des dissidents.
Le message que voulait faire passer Abramov est quelque peu dépassé, mais cela reste un très bon témoignage sociologique. Il me semble que la traduction gagnerait à être accompagnée de nombreuses notes pour qu'un lecteur français comprenne mieux.