C'est de la bio "fictionalisée", genre devenu passablement à la mode de nos jours. L'auteur procède de quelques faits avérés mais reconstruit ensuite entièrement son "personnage" - en l'occurrence la malheureuse
Jean Seberg - et sa vie tragique en se glissant dans sa peau, s'autorisant à exprimer ce qu'il croit être ses sentiments les plus intimes. Au départ j'avais trouvé ce genre d'exercice de style assez intéressant, et ce jusqu'à ce que je le passe distraitement à un ami artiste à propos duquel j'étais justement en train d'effectuer un travail de biographie. Celui-ci me l'a rendu sans l'avoir lu entièrement et dans un état de choc et de chagrin qui m'a profondément ébranlée. Son commentaire: "J'espère vraiment que ce n'est pas ce genre de travail que tu fais à mon sujet". Surprise au départ de sa réaction je n'ai pas tardé à comprendre : son impression était celle d'un viol de l'intimité d'une personne au surplus décédée et le fait que les intentions de l'auteur étaient bonnes n'y changeait pas grand-chose. Cela m'a donné à réfléchir et à me détourner définitivement de la tentation de la "bio fictionalisée" qui, dans un certain nombre de cas pour le moins, me semble dissimuler un manque de travail de recherche sur les faits réels de la vie de la personne concernée. C'est facile de faire de la fictionnalisation en effet: trois faits objectifs et ensuite faire fonctionner l'imagination... En l'occurrence j'exagère car l'auteur a tout de même travaillé son sujet mais son analyse des phantasmes et de la sexualité de
Jean Seberg dont, après tout, il ne sait rien m'ont mise profondément mal à l'aise et l'artifice consistant à ne pas réellement nommer -
Jean S au lieu de
Jean Seberg - la personne alors que tout le monde sait de qui il s'agit me semble des plus discutables...