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246 pages
L. Hachette et Cie (10/06/1867)
3.5/5   1 notes
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Resté longtemps célèbre pour avoir été l'un des pionniers du roman de cape et d'épée, notamment de par son plus fameux roman, « Belle-Rose » (1847), Amédée Achard fut en réalité un écrivain plutôt touche à tout, qui a énormément écrit sur des thématiques très variées et pas forcément très novatrices.
C'est le cas de « Maxence Humbert », roman de moeurs bourgeoises assez typique de la littérature féminine et larmoyante qui se publiait sous le Second Empire, classique histoire de la jeune orpheline qui, à force de détermination et d'adultères, parvient à la respectabilité bourgeoise, mais ressent néanmoins une culpabilité morale.
C'est le cas de la jeune Maxence Humbert - oui, une demoiselle, car Maxence, au XIXème siècle était encore un prénom mixte, ce qu'il a cessé d'être depuis le siècle dernier. Cette jeune fille bourgeoise vit depuis l'enfance dans un relatif dénuement au sein pourtant d'un luxueux manoir. Son père est médecin, mais c'est un humaniste - comprenez, selon les critères de l'époque : un benêt irresponsable. Désireux de soigner en priorité les gens qui en ont le plus besoin, il est rarement payé, et en tire une sorte de fierté. Tout cela fait qu'il n'est pas tellement plus riche que les gens qu'il soigne, et que sa famille doit souvent se restreindre sur l'achat de nourriture et de vêtements.
Un jour, n'écoutant que son bon coeur, le docteur Humbert vient en aide au passager d'un fiacre qui vient de se renverser à quelques centaines de mètres de chez lui. Il désencastre le jeune homme sérieusement blessé, et lui panse ses blessures. Pour une fois, le médecin ne ramène pas un miséreux à son gite, mais un jeune aristocrate, dont la parure luxueuse et les bijoux clinquants font une forte impression sur la petite Maxence. Cet homme est le comte de Bruxshall, il retrouve rapidement ses forces et remercie chaleureusement son bienfaiteur, et, apprenant qu'il est médecin, tient à le payer grassement. Mais le docteur Humbert, n'estimant pas qu'il était en consultation, refuse un argent pourtant bien nécessaire. Alors, voyant que la petite Maxence le regarde avec admiration, le comte de Bruxshall lui offre une de ses bagues, lui faisant promettre que si un jour elle a besoin de lui, elle n'aura qu'à montrer cette bague pour pouvoir se faire reconnaître de lui. Puis, vu qu'il habite Paris, le comte y repart à bord d'un nouveau fiacre...
Quelques années se passent. le docteur Humbert tombe malade et meurt. Son épouse le suit au bout de quelques mois. Maxence devient orpheline, mais, étant encore mineure, elle ne peut pas hériter, et, de toutes manières, le manoir des Humbert est totalement hypothéqué. Maxence n'ayant aucune autre famille, elle est désormais seule au monde et à la rue. Son expulsion par les huissiers est l'occasion d'un attroupement chagriné des villageois, au milieu desquels une vieille dame aristocrate seule et sans enfants, Mme de Courtheson, passant par hasard, apprend la détresse de la jeune fille et annonce à tous les gens présents qu'elle est émue du malheur de cette enfant, et qu'elle l'engage sur le champ comme camériste.
En vérité, Mme de Courtheson a moins besoin de personnel que d'une jeune fille sur laquelle elle puisse reporter son instinct maternel. C'est donc moins en servante qu'en fille adoptive que Maxence passe confortablement les dernières années de son adolescence aux côtés de Mme de Courtheson. La vieille dame reçoit peu de visites, sinon d'un voisin un peu farfelu, un mathématicien nommé Clavel. Celui-ci, bien que déjà quadragénaire mais toujours célibataire, se sent fortement attiré par Maxence. Mais la jeune fille ne s'intéresse pas à l'amour, elle ne songe qu'à l'argent, cet argent dont l'absence a ruiné son enfance et a failli la mettre à la rue. Déjà, elle a refusé la proposition de mariage d'un jeune garçon de son âge, mais sans fortune. Clavel l'indiffère, mais en tout cas, il n'a pas l'air très riche ni très ambitieux. Néanmoins, Mme de Courtheson se sent décliner et elle incite Maxence à se marier rapidement avec Clavel, faute d'autres postulants. Mme de Courtheson ayant encore de la famille, elle ne pourra léguer sa maison à Maxence. Il faut donc que Maxence se trouve un mari, si elle ne veut pas se retrouver de nouveau à la rue.
Clavel n'est pas bien riche, mais il possède une maison, et malgré son manque d'instruction, Maxence comprend que les mathématiques et la science peuvent rapporter beaucoup d'argent. La mort dans l'âme, elle accepte donc d'épouser Clavel. le mariage se fait juste à temps, Mme de Courtheson décède quelques jours plus tard.
Dans un premier temps, Maxence est déçue de ce mariage, qui lui apporte un certain confort, mais pas la réussite qu'elle espère. Clavel est un mathématicien brillant, mais c'est un homme qui ne vit que pour trouver des formules et des théories, il n'a aucunement l'intention de s'enrichir avec la discipline qui le passionne. Lasse, Maxence se laisse faire un enfant, une ravissante petite fille, qui éveille ses instincts maternels, mais aussi paradoxalement, décuple son ambition. Puisque son mari est souvent dans sa chambre à gratter du papier, elle décide d'acheter une maison secondaire à Paris, et d'y devenir salonnière. Les premiers succès de son mari comme chercheur en mathématiques lui apportent quelques relations précieuses, qui se chargent de faire connaître les soirées mondaines de Mme Clavel. Un jour, un homme s'y présente par curiosité, et ce n'est autre que le comte de Bruxshall, un peu empâté, un peu vieilli, mais toujours beau et élégant. Maxence se fait reconnaître de lui grâce à la bague qu'elle a conservé. Elle apprend qu'il est devenu un redoutable homme d'affaires. Elle-même lui explique qu'elle ne s'y entend pas si mal, et possède un mari mathématicien dont il faudrait, à son avis, optimiser le potentiel commercial des applications possibles de ses travaux. Mais pour cela, il faudrait des capitaux, car l'activité de salonnière de Maxence engloutit une bonne part des revenus de son foyer, déjà un peu dans le rouge suite à l'achat de la maison sur Paris. Maxence et le comte vont donc s'associer pour exploiter le mathématicien naïf, et au passage, vont s'abandonner à un adultère complice dont les conséquences seront tragiques...
« Maxence Humbert » est donc un roman d'amour et d'argent, à la morale assez élastique, tant l'appât du gain y est présenté comme une corruption morale, mais à laquelle on n'échappe qu'en ayant précisément de l'argent dès la naissance. Il faut juste éviter d'être pauvre, parce que cela vous oblige à faire des actions malhonnêtes pour devenir aussi riche que les gens qui ont hérité de leur fortune. Au final, il s'agit moins de stigmatiser l'adultère et la cupidité que la pauvreté et la misère, comme vivier de mauvaises intentions. Curieuse philosophie, empreinte néanmoins d'un certain déterminisme protestant.
Durant la majeure partie du roman, Amédée Achard surprend par un réalisme quelque peu monotone mais bien agencé, qui se veut très immersif. On suit véritablement avec intérêt les stratégies de Maxence Humbert pour échapper à son destin, stratégies qui n'ont rien d'excessif ou de feuilletonesque, mais qui s'appuient sur une certaine idée du libéralisme qui fait encore autorité de nos jours.
Hélas, vers la fin, comme si soudain ses aventures épiques lui manquaient, Amédée Achard fait se télescoper des attaques cérébrales, des crises de paniques et même un empoisonnement, dans une succession de scènes rocambolesques dignes d'un Ponson du Terrail. Certes, moralement, il fallait bien que les actions de Maxence et du comte de Bruxshall soient punies, mais elle le sont avec trop d'hystérie, plongeant dans des afflictions et des hontes paranoïaques, et donc de manière peu crédible, des personnages froids, égoïstes ou calculateurs, que l'on auraît cru plus maîtres d'eux-mêmes face à la révélation publique, pourtant sans grandes conséquences matérielles, d'un adultère à peine dissimulé.
Tout cela fait que « Maxence Humbert » s'effondre manifestement en fin de parcours, mais malgré cela, ce roman conserve un intérêt historique quasi-documentaire, puisqu'il aborde de manière très variée et très exhaustive les rapports complexes entre l'amour et l'argent au milieu du XIXème siècle, avec une écriture soignée et précise, et une relative impudeur que l'on ne trouvait que rarement dans ce type de littérature. Ordinaire dans son propos, mais assez atypique dans sa forme de par ce côté réaliste et amoral, « Maxence Humbert » fera passer un bon moment à tout lecteur curieux des mentalités sous l'Ancien Régime.
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