AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782140254529
162 pages
Editions L'Harmattan (11/05/2022)
5/5   1 notes
Résumé :
Eté 66, Lina, apprentie journaliste, se lance à la découverte des Etat-Unis. Les yeux noyés de curiosité et de naïveté elle embarque avec elle, Ralf, étudiant pas très mature mais sympa. Objectif : convoyer une luxueuse Cadillac de New York à Key West... Charleston, Jacksonville, Miami autant de villes étapes.
La livraison de la rutilante voiture effectuée, les voilà autostoppeurs désargentés à la poursuite d'un rêve américain qui n'a rien d'hollywoodien. St ... >Voir plus
Que lire après Manhattan... Susan : Été 66Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Si je suis séduite par ce récit ce n'est pas le fait du hasard. Il me semble que je fais partie du public de lecteurs conquis par cette oeuvre... pour quelle raison principale? Certainement parce que je suis bien ancrée dans "le vieux monde", trop peut-être, au point de ne pas être éblouie par "le nouveau monde"! Les paillettes ne sont pas pour moi, le gigantisme non plus, la marche forcée vers le progrès et sa déshumanisation non plus! Alors j'aime le regard que l'auteur porte sur le monde qu'elle découvre lors de son voyage à l'été 66. Elle ne me semble pas critique, mais réaliste, pas aveuglée par le "rêve américain". Je ne le suis pas non plus... Les Etats-Unis, je n'ai jamais eu envie d'y aller... La verticalité des édifices et cette concentration d'immeubles dans les grandes villes ne sont pas pour moi, cela me rebute! Alors New-York, Washington, Dallas, Houston, Miami, etc, etc, ne pas les connaître ne me manque pas... Dans ce vaste pays, j'aurais été attirée uniquement par les forêts de séquoias géants, le grand canyon, les lacs, le Mississipi, quelques vues incontournables de la Nouvelle-Orléans ou de San-Francisco aussi... sans ignorer toutefois que la vie est loin d'y être idyllique pour tous, en fonction de l'habitat, de la classe sociale, des ségrégations... J'ai lu quand même quelques auteurs américains, et vu aussi quelques films qui montre l'envers du décor!
En cet été 66, l'auteur a l'occasion de parcourir les Etats-Unis de New-York jusqu'à Key West, en convoyant une luxueuse automobile, puis au retour en stop ou en utilisant divers transports. Belle occasion de faire des rencontres, avec des personnages hauts en couleur, mais aussi de porter un regard sans concession sur ce quelle découvre, et le mythe américain, très en vogue en Europe avec les jeunes surfant sur la vague "Yéyé", prend du plomb dans l'aile... Les Etats-Unis ne sont pas que le clinquant, les néons, le modernisme, ce sont aussi des conditions de vie sordides, des abords de ville peu engageants voire même repoussants, des ghettos, du racisme... : chacun chez soi! en fonction de ses origines ethniques, de sa couleur de peau, de sa religion et naturellement de sa position sociale... Comme on le disait à la fin du 19 ème et 20 ème siècle dans notre bonne vieille Europe : "Il ne faut pas mélanger les torchons et les serviettes!" et ceci semble d'actualité dans ce grand pays qui arbore la bannière étoilée. Et puis en 66, nous sommes en pleine guerre du Vietnam, qui s'éternise, ne fait pas l'unanimité... et n'arrange rien à la situation économique du pays, multipliant au contraire les tensions.
Un très beau journal de bord, tenu par une "apprentie journaliste"... des rencontres improbables... d'intéressants paragraphes dédiés à la musique, aux découvertes, aux questionnements...
J'ai beaucoup aimé, et ce texte ayant trouvé ses origines au milieu des années 60, n'a pas pris une ride, bien au contraire il reste résolument moderne.
Commenter  J’apprécie          180

Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
De satinée la nuit devint lourde. Epaisse. Humide. Installés sur les banquettes pour dormir ils s'étonnèrent de ne pas apercevoir d'étoiles. Ralf s'était entêté à vouloir que les vitres fussent fermées suivant en cela des considérations floues. Nouvelle marotte, estima Lina qui n'essaya pas de la contredire. L'atmosphère devint de plus en plus oppressante rendant la respiration de plus en plus difficile. La jeune femme sortit de la Cadillac avec l'espoir d'emplir ses poumons d'un air moins raréfié. Sottise...
Bourdonnements sourds. Aussitôt : première piqûre. Puis deuxième. Puis dixième. Puis vingtième. Puis... L'imprudente regagna l'habitacle qu'elle taxait quelques minutes plus tôt d'étouffoir. En une poignée de seconde, des centaines d'insectes s'étaient engouffrés à l'intérieur, conséquence de son geste d'écervelée. Le mal était fait. Pas de produit sous la main pour repousser l'attaque massive des moustiques. Démunis les deux nigauds subirent jusqu'à l'aube les assauts des bestioles d'une taille impressionnante, sans commune mesure avec celle de leurs cousins d'Europe. Claques frénétiques auto-infligées en vain. Essai de ventilation en recourant à la documentation touristique de Ralf. Echec.
Au matin ils avaient visages, bras, torses, membres inférieurs à pois. A pois rouges. Rouge vif...
Commenter  J’apprécie          72
Passé le porche ils arrivèrent dans une cour et prirent rang dans une file peu nombreuse. La salle avec ses chaises dépareillées en bois ressemblait à celle d'une classe d'école primaire de campagne du XIXe siècle. Local rectangulaire au dépouillement franciscain des débuts de l'ordre religieux. A peine une estrade sur un côté. Une invite au recueillement? A l'enchantement?
Trompette. Clarinette. Saxo. Tuba. Guitare. Entrée olympienne des instrumentistes. Sourires. Salutations. Silence. Un classique du jazz New Orléans retentit. Les musiciens assez âgés prirent un éclatant coup de jeune. L'auditoire retint sa respiration. Des gens commencèrent à se lever, manière d'adhérer à la musique. D'être coeur à coeur avec les artistes dont le jeu magnifiait l'espace, le muant en sanctuaire intemporel où était abolie mesure de l'heure et du jour.
Dans l'orchestre où dominait la palette chaude des cuivres, il y eut comme un claquement de doigts, comme un signal. Un français venu d'un très éloigné passé remplaça le texte anglais des chansons. Les deux chanteurs se tournèrent vers Lina et Ralf. En leur honneur des mots de strophes jaillis de l'enfance de ces vieux artistes, mais ces paroles paraissaient étonnamment neuves dans leurs bouches. Au début il y eut quelques incertitudes avant que leur mémoire redevînt fertile et retrouve le chemin de l'époque où ils étaient gamins, où ce langage émoussé par la vie se revigore, se revitalise effaçant leurs hésitations. Les sonorités de leur jeune âge s'emparaient à nouveau de leurs oreilles pour habiter leurs voix. L'émotion les submergeait.
Commenter  J’apprécie          50
Syd reprit le déroulement de ses interrogations :
- A qui appartient ce pays? A nous autant qu'aux autres. Le premier bateau négrier n'a-t-il pas débarqué sa cargaison humaine un an avant que les Pilgrims Fathers arrivent sur le Mayflower? Sur nos têtes au sud le cagnard des champs de coton, la sueur, la misère, le lynchage, au nord le blizzard, le froid, les poubelles à vider. Ce pays il est à nous autant qu'aux autres. Lutter, c'est jamais gentil et même la non-violence peut être violente à ceux qui la pratiquent. Notre humanité? Notre exploitation? On ne peut pas dissocier les deux combats... Je crois.
Commenter  J’apprécie          40
L'avion tanga d'un côté puis de l'autre, découvrant en alternance la vue par les hublots de droite et de gauche. Tribord. Bâbord. Impression de balançoire. Au sol, une lande verte, apparence de gazon sauvage dru troué de taches aqueuses semblables à des éclaboussures et l'océan qui faisait mine de rivaliser avec la terre en une compétition perdue d'avance.
Vert du végétal. Gris des flaques d'eau attrapant des touches argentées d'un soleil vif et pourtant laissant deviner une étrange absence de chaleur. Ce vert. Ce gris. Ces nuances d'argent.
Commenter  J’apprécie          30
Vent d'émeutes à Harlem. Vague de rage débordant le ghetto noir jusqu'à la fin des Macy's frontalier du Manhattan blanc.
Quel déclencheur à cette fureur? Un contrôle de police musclé. Une interpellation dénuée de fondement. Un échange verbal virulent conclu à coups de poing entre un récalcitrant et la marée-chaussée... Toujours le même scénario au fond, qui se répétait avec un démarrage souvent flou ou motivé par un geste d'une agressivité intolérable d'un représentant de l'ordre. Toujours cette menace ressentie par la minorité, menace qui d'ordinaire inoculait une asthénie, mais qui là se transformait en bouillonnement de colère.
Les temps étaient à la révolte.
Une étincelle... Une explosion. Et ça soulageait. Et c'était bon. Et ça délivrait de la pression permanente. Sortir des clous. Enfreindre les interdits. Faire fi de la loi. Saccager. Casser. Piller pour se réapproprier. Vandaliser pour s'affirmer. Le Macy's du coin en avait fait les frais.
Commenter  J’apprécie          10

autres livres classés : biographieVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (2) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1713 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}