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3,89

sur 556 notes
J'ai eu le privilège de recevoir lors d'une Masse Critique Babelio ce dernier livre de Pierre Adrian. Je ne savais pas à quoi m'attendre, j'avais eu un bref résumé qui me parlait bien. En fait, à la fin de cette lecture, j'ai eu le sentiment de lire quelque chose d'infiniment précieux, d'inclassable, aux confins du roman et de l'autofiction, une oeuvre qui m'a fait du bien, qui m'a donné des réponses, une oeuvre très inspirante. Pourtant, lorsqu'on lit le texte, on sent bien que Pierre Adrian ne cherche pas la démonstration, il est constamment dans la justesse et il m'a émue par sa sincérité, tout en proposant une écriture fine.

Le synopsis : un trentenaire revient dans la maison familiale passer le mois d'août auprès d'oncles, de tantes, de cousins et de sa grand-mère. Ce séjour est l'occasion de reprendre contact avec son clan familial et estival, un contact plus ou moins rapproché selon les affinités.
J'ai trouvé que Que reviennent ceux qui sont loin s'inscrivait dans le sillon de Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu, non pas par un côté sociologique prononcé mais plutôt par l'acuité du regard, notamment sur le cercle familial, sur l'enfance et l'adolescence, sur le recul et l'envol vers le monde adulte. Il y a des scènes bien décrites à la fois anodines car quotidiennes et qui disent tout ce qu'on est, ce qu'on laisse, les reproches effleurés, les manques, le "conflit" entre les locaux et les touristes. J'ai trouvé aussi un petit côté modianesque, justement dans la précision des traits, dans la juxtaposition des mots, dans le rythme des phrases même si le style littéraire modianesque n'est sublimé que par le nobelisé. Et puis surtout, ce livre est truffé de réflexions sur la vie et ces réflexions sont disséminées à l'occasion de dialogues, de descriptions. C'est aussi à sa façon, un écrit du passé, celui qu'on contemple quand on revient dans un endroit connu et aimé après une longue période d'absence. Il y a aussi cette lenteur des instants comme dans Un dimanche à la campagne de Bertrand Tavernier.

J'ai aimé cet attachement à un lieu, cette peur aussi de se dire que tout est éphémère, que les relations ne survivront pas peut-être à la disparition de l'aïeule. J'ai été surprise par le choc de la fin même si Pierre Adrian amorce des indices, même si la dédicace du livre laisse entrevoir un hommage appuyé.

Et puis pour être complètement transparente, j'ai été aussi attentive à l'environnement breton décrit proche de Brest et de Saint-Pol de Léon, pas très loin de mon paradis breton. Et j'ai bien entendu compris l'attachement à ce rivage, à cette région, son hommage aussi.

Lorsque j'ai refermé Que reviennent ceux qui sont loin, ma première impression a été de me dire que j'avais très certainement entre les mains un très grand livre, mais que je n'en avais pas encore conscience (comme cela m'arrive parfois), un roman sur la transition entre l'enfance, l'adolescence et le monde adulte, entre le passé et le futur, un roman attachant sur toutes les formes de transmission.

Lu dans le cadre d'une Masse critique privilégiée : je remercie les éditions Gallimard et le site Babelio pour cette très belle découverte.
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Douce et sensible chronique d'un été en Bretagne par un jeune homme qui revient passer quelques jours dans la maison familiale après des années d'absence.
Entre les bains de mer, les soirées dans les bars locaux, le temps suspendus auprès d'une grand-mère vieillissante et la complicité naissante avec un jeune neveu, le narrateur peint par touches impressionnistes le passage du temps sur les choses et sur les personnes. Il dit avec délicatesse la force qu'apporte une famille sans pour autant écarter sa face obscure.
Par sa sincérité et la qualité de sa plume, l'intime rejoint universel.
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Ce livre me laisse une impression bizarre : choisi car il se passait en Bretagne, dans une maison de vacances désertée l'année mais pleine pendant les grandes vacances.. un peu comme la nôtre en fait, je ne m'y suis pas retrouvée !
Certes, «  bien souvent, une fois entrés en Bretagne, il se mettait à pleuvoir » mais pas la même Bretagne, pas la même famille.
Le style est précis, à la fois doux et ciselé, les mots bien choisis, mais l'ensemble m'a semblé plat, sans vagues, sans tempête, comme restant à la surface.
Cette maison.. les gens y entraient, allaient et venaient, semblaient y vivre quelques temps, se posaient là, vaquaient à leurs propres occupations et repartaient, un jour leur valise était à la porte et ils disparaissaient pour un an.
Cet homme jeune, vers les trente ans, n'était pas revenu depuis une dizaine d'années, ennui, bouderie, autres horizons, on ne sait pas. D'ailleurs on ne sait pas grand chose de lui, il est là, il dit «  les oncles, les tantes, les cousins » de façon impersonnelle, il assiste en spectateur, très peu acteur, nostalgique ou plutôt mélancolique, sans force ni énergie, il se laisse porter !
Au bout d'un moment j'ai entrevu la raison de cet état de fait, cette distance.. c'est un homme qui écrit ! Nulle part il ne fait mention d'un coup de main qu'il pourrait donner pour la vie de cette maison, on ignore qui fait les lits, les courses, dévoile les meubles pour les revoiler à la fin.. le ménage ?? pas un balai qui traîne, pas un chiffon qui époussette et pourtant.. il y a du sable, partout, on le sait bien, oui entre les doigts de pied, mais forcément ailleurs !! dans les chambres, dans la salle à manger.. à manger quoi ??
La fin, abrupte, révèle la raison de cette tristesse mais est ce la seule ?
Vivre les vacances en spectateur, introspecteur nostalgique était sans doute un parti pris de l'auteur qui ne m'a pas emmenée avec lui. Dommage !
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Tourner les pages de ce livre, c'est traverser le mois d'août, dans une grande bâtisse bretonne. Être d'abord ébloui par la lumière, la promesse de légèreté et le tourbillon d'insouciance d'un début de vacances. Puis, avancer dans les jours, s'apercevoir qu'ils rafraichissent et raccourcissent : l'obscurité progresse et la menace se fait jour.

Pierre Adrian nous plonge dans l'ambiance traditionnelle d'un été, dans une maison familiale depuis des générations, pleine d'oncles, de tantes et de petits cousins, autour d'une grand-mère presque centenaire. Les infimes détails du quotidien, « la clé (...) cachée derrière le pot », « le ronflement du frigidaire », le parquet qui craque, reconstituent délicatement l'atmosphère. Tout cela pourrait paraître convenu, avoir une odeur de stéréotype du bonheur en famille ou d'entre-soi d'« une bande de cousins et d'amis qui se [comptent] par dizaines », mais le regard tendre et lucide, ni naïf, ni mièvre de l'auteur instaure la bonne distance.

Distance douce et mélancolique, sur cette tribu et ce « jeu de cercle familial », « avec « leurs secrets, leurs manies, des codes que l'extérieur ne pouvait pas comprendre ». Etranges traditions, discussions inutiles - « tout ce qu'on disait ici était vain. », « relative indifférence » avec les immuables « quand es-tu arrivé ? quand repars-tu ? » qu'« on ne retenait jamais », qui donnent l'impression, au moment du départ, « d'abandonner la scène d'un théâtre ».

Mais est-ce justement parce que les moments de grâce sont éphémères qu'ils laissent « derrière [eux] des étincelles, un courant d'air tiède, le souvenir d'un grand fracas » et de cette façon, «ne meurent pas et vivent plusieurs fois » ?
Alors oui, peut-être vaut-il mieux parfois « s'enfuir avec les meilleurs souvenirs quand tout le monde est encore là » ?
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« Il n'y a qu'au mois d'août qu'on est vraiment un enfant »

Je n'ai jamais eu de maison de vacances ni de grande famille, alors, oui, je ne connais pas. J'ai découvert le plaisir à travers mes petits-enfants qui ne concoivent pas ne pas se réunir tous les cinq au moins deux fois par an (de préférence sans les parents!).

Mais bon, revenons à nos moutons bretons.

Le narrateur (l'auteur ? Oui je crois) revient après plusieurs années d'absence dans la maison de vacances bretonne, maison de ses grand-parents. La grand-messe d'août l'attend avec parents, enfants, neveux nièces, cousines, cousins. La maison doit grossir au fur et à mesure des arrivants. Il y a toujours une porte qui claque, des bruits de pas dans l'escalier, des rires, des jeux, des pleurs.

Ce sera le dernier été avec la grand-mère qui, comme la maison est si vieille et pourtant si pleine de vie.

« Ce soir-là je regardais les plus jeunes avec une nouvelle curiosité. Au temps de mes vingts ans, lors de mon dernier été à la grande maison, ils étaient encore des gosses qui jouaient àla guerre et se mouchaient dans leur coude. Maintenant, ils s'attablaient avec nous ». Pierre renoue avec sa famille, son passé dans la maison. Son affinité avec Jean, petit neveu de six ans qui lui ressemble va lui permettre de renouer avec l'enfant qu'il était.

L'écriture divinement classique, fine de Pierre Adrian amène une pesanteur, comme un gros nuage suspendu dans ce mois d'août qui débute avec le soleil et se termine avec l'automne.

En lisant ce livre, je me suis sentie dans un film de Claude Sautet.

« Brest est la porte du Ciel » , petit Jean


Lien : https://zazymut.over-blog.com
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Le titre de ce roman nostalgique et sensible est emprunté à une belle citation de C. Pavese évoquant « le cadre des visages familiers…, qui ont disparu et ne reviendront plus ».

Parvenu à la relative maturité de la trentaine, le narrateur choisit de passer à nouveau un mois d'août dans la grande maison familiale en bord de mer, sur la côte nord du Finistère, décor des vacances d'été de toute sa jeunesse, où se réunissent autour de la frêle figure de l'aïeule, oncles et tantes, cousins, enfants, toute une parentèle qui communie dans les rites simples de la plage, des repas en commun, des jeux des petits, du café du port le soir et qui goûte pleinement la vacance de ce temps rythmé par les marées et les changements constants du ciel et de la lumière. Un temps d'oisiveté et de retrouvailles, d'entre soi ou d'échanges, d'appartenance et d'insouciance, qui crée cette indicible substance d'un mois d'août en Bretagne, à la permanence fragile et menacée par le temps.

L'auteur évite la trivialité avec un soin extrême, risquant d'abord de tomber dans une joliesse apprêtée, certaines formes verbales (« cela ne loupa pas » « que nous dussions remonter nos serviettes ») manquant de naturel. Il semble aussi exprimer au début un certain « charme discret de la bourgeoisie", distinguant « les nôtres » des paysans « rudes et noirs » du Léon, traduisant parfois un certain mépris de classe à l'égard des adolescents locaux.

Toutefois ces réflexes guindés cèdent bientôt la place à la sincérité, à la justesse, à une vraie attention aux ambiances, aux paysages visuels ou sonores, à tout ce qui fait la trame impalpable d'un lieu et d'une saison, en suivant une famille où les rites se déplacent, de la messe du dimanche à la visite dépaysante à la grande surface locale. C'est aussi l'occasion d'une rencontre avec un neveu, petit garçon plus timide, plus émotif et plus confiant, et d'une relation à la fois paternelle et nostalgique que tisse le jeune adulte avec cet enfant, image fidèle de ce qu'il fut.

Le lecteur est touché par ces dernières retrouvailles avec les vacances de la jeunesse, par ce sentiment de la disparition annoncée d'un décor qu'on avait cru permanent, par cette écriture attentive aux moindres inflexions de la sensibilité, qui sait par bonheur retrouver sa simplicité et sa vérité au fil de ce récit aux accents proustiens, où la blessure finale met un point d'orgue à cet « adieu à l'enfance ».
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Ce roman somme toute assez simple dans sa trame, puisqu'il nous transporte au temps des vacances en Août dans la maison familiale située au bord de l'océan en Bretagne, est une merveille d'écriture, de sensibilité, de nostalgie, de philosophie de la vie, de mélancolie. Tout est juste, sans fausse note. Ceux qui passent depuis leur enfance leurs vacances au même endroit au bord de l'océan ne peuvent que s'y retrouver. Un grand moment de littérature qui nous amène face à nous-mêmes et à l'essentiel.
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« Que reviennent ceux qui sont loin » nous raconte le retour dans la maison de vacances du narrateur trentenaire après dix années où ses mois d'août étaient ailleurs, un retour en terre finistérienne « dans cette terre (…) un sentiment beau et douloureux d'appartenance émergeait désormais. Si notre pays est celui où l'on a les plus grands souvenirs, alors j'étais d'ici ».
Nous passons le portail blanc de la demeure familiale avec lui et les bruits, les odeurs familières font ressurgir les souvenirs d'enfance, les souvenirs d'adolescence. le temps a passé, la maisonnée a vécu sans lui, mais les objets sont là gardiens de la famille et de ses rituels : balades à vélos, plage où l'on somnole, insouciant après un bain de mer, jeux des enfants, chambres aux lits défaits et aux valises ouvertes, longues tablées et la présence de la grand-mère bien aimée.
Une belle rencontre aura lieu cet été là avec Jean, un garçon de six ans qui lui rappelle l'enfant qu'il a été et qu'il prend sous son aile le temps d'un été.
Un roman doux, mélancolique, dans lequel on se sent comme dans un cocon, celui de la maison familiale, celui de l'enfance qu'on quitte.
J'ai retrouvé la belle écriture et la délicatesse de l'auteur des Âmes simples que j'avais déjà beaucoup aimé.
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Un mois d'août dans une maison de vacances en compagnie de toute sa famille. Comme avant. Reproduire le même emploi du temps, rouvrir les mêmes placards, refaire les mêmes conversations, assister au même feu d'artifice. Se replonger avec nostalgie dans les souvenirs tendres et réconfortants de l'enfance.

Ce texte vaporeux et poétique dans lequel rien ne se passe vraiment à résonner en moi à chaque page. Ce narrateur anonyme aurait pu être moi et cette grand maison aurait pu tout aussi bien être la maison de mon grand père, de mes autres grands parents ou l'appartement de nos vacances.

La fin est peut-être un peu déstabilisante. Il est vrai que je m'attendais au départ d'une autre personne mais j'ai quand même savouré avec plaisir cette madeleine.
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Lire un livre qui se passe en août, en août. J'ai choisi de lire « Que reviennent ceux qui sont loin » durant mon trajet pour Amsterdam car il était court et je me suis rendue compte que c'était un livre d'été, d'août. Et quelle surprise, cette écriture poétique, délicate qui décrit des moments dans cette maison familiale en Bretagne où tous se retrouvent chaque été. Je suis née la même année que l'auteur et je me suis retrouvée dans certaines choses qu'il dit, surtout par rapport au fait de vieillir. « Il avait fallu un été quelconque, semblable aux autres, pour que je me rende compte que le temps courait et qu'il existait déjà une vieillesse en moi. » ou encore « Je remarquais que, en grandissant, certains lieux disparaissaient de ma géographie intime. »

Une lecture nostalgique, mélancolique et sensible sur les vacances d'été avec cette jolie écriture marquante. Ça m'avait manquée de lire des descriptions comme celles ci ! Je lirai d'autres livres de Pierre Adrian !
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