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EAN : 9782226000040
Albin Michel (21/02/1992)
3.38/5   4 notes
Résumé :
Titre: L'Hôte de passageAnnée d'édition: 1992Etat: Occasion - Très bonISBN : 9782226000040Commentaire: Ammareal reverse jusqu'à 15% du prix net de ce livre à des organisations caritativesChez Ammareal nous vendons des livres d'occasion en ligne fournis par nos partenaires bibliothèques et associations.Nous reversons une part du prix de chaque livre à nos partenaires et à des organisations caritatives.Ce que nous ne vendons pas nous le donnons, ce que nous ne donnons... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
C'est une relecture. Qui m'a poussee a rediger un nouveau billet, a la place d'un ancien, poste il y a quelques annees, disparu comme les neiges d'antan.


Ce livre est considere comme une des oeuvres maitresses d'Agnon. Publie en 1939, juste apres l'occupation de la Pologne par les armees allemandes, il y decrit l'etat lamentable d'une communaute juive.


L'histoire est tres simple, en fait il n'y a presque pas d'histoire: un juif polonais ayant immigre en Palestine revient pour un certain temps dans sa ville natale et tient une sorte de journal ou il depose tout ce quíl voit, toutes ses rencontres avec les habitants et surtout ses impressions et ses pensees. Il vient y passer un mois ou deux mais restera neuf longs mois – toute une gestation – jusqu'a ce que le manque d'argent le force a retourner a sa famille et a la patrie quíl s'est adopte.


La ville ne s'est pas remise du desastre qu'a ete pour elle la premiere guerre mondiale. Et la communaute juive encore moins. Les maisons sont encore en ruines. Les habitants, appauvris, affames la plupart du temps, en haillons. Les juifs fuient, emigrent dans toutes les directions. Ceux qui restent ne sont plus que l'ombre des gens dont se souvient encore le narrateur, l'hote de passage. Beaucoup ont perdu la foi de leurs ancetres et se cherchent – sans vraiment se retrouver – dans les nouvelles fois: communisme, anarchisme, sionisme. Leur denuement est autant moral que physique. Ils sont presque tous devenus des marginaux.

Le narrateur essaie de faire revivre une vieille synagogue, qui avait ete son foyer d'etudes, son ancienne "yeshiva" - sans resultat. Il s'y retrouve seul, a compulser des journees entieres des exegeses de textes sacres. Il en possede la cle - qu'on lui a remis - et c'est peut-etre cette cle qui le retient en cette ville: il n'y a personne a qui il pourrait la confier. La fenetre de la synagogue lui devoile des ruines: “Deux fois par jour je m'assois lire et deux fois par jour je m'approche de la fenetre et regarde la montagne qui s'eleve en face. Il fut un temps ou toute cette montagne etait habitee. La vivaient ouvriers et artisans et une jolie synagogue avait ete construite par ses habitants. [...] Quand eclata la guerre, les jeunes perirent sur les champs de bataille, les vieux moururent de faim, les veuves et les enfants furent extermines dans les pogroms et le village resta abandonne [...] toute la montagne est desolee et n'offre plus rien d'attrayant pour l'esprit”.

Quitter la ville, pour le narrateur – pour Agnon en fait, qui avait visite sa ville natale quelques annees auparavant – c'est dire adieu a un passe qu'il se rememorait brilliant. C'est faire le deuil d'une ville qui n'est plus que la ruine de son passe, d'une communaute qui n'est plus que l'ombre de ce qu'elle avait ete. Il fait le deuil de ses souvenirs en quittant un monde dechu. Il repart pour une Palestine ensoleillee ou de jeunes pionniers forgent un nouvel espoir. Et pourtant… Une fois arrive en Palestine, il s'apercoit qu'il a ramene dans ses bagages (hasard?) la cle de la vieille synagogue, de sa yeshiva galicienne. Il la garde, se rememorant des textes qui predisent qu'a la venue du messie, non seulement les hommes, mais aussi leurs maisons ephemeres de priere se retrouveront a Jerusalem. Mais moi qui suis moins mystique que Agnon, et peut-etre plus sentimental, je ne peux que rattacher cela aux vieilles legendes sepharades de juifs qui gardaient les cles de leurs maisons d'Espagne dans l'espoir – inavoue – d'y revenir un jour. Des cles qui devaient leur rappeler, generation après generation, qu'ils etaient et seraient toujours des exiles. Exiles d'Espagne. Est-ce que, de la meme facon de penser et de sentir, le narrateur de ce livre n'est pas, ne sera jamais qu'un exile, meme s'il affirme etre revenu dans la terre mythique de ses ancetres? Est-ce qu'Agnon nest - dans le plus profond de sa conscience – qu'un exile de Galicie?


Mais laissons Agnon et revenons a son livre. C'est un texte poignant. C'est un requiem. Ecrit avant la grande catastrophe, avant le grand holocauste.

Et puis il y a langue d'Agnon. Son langage particulier qui a fait sa celebrite: un melange de differents registres de langue, de l'hebreu biblique tache d'arameen talmudique jusqu'au langage rabbinique, abatardi, de la diaspora yddishisante. le tout, coule dans de l'hebreu moderne. Pour un lecteur hebraique c'est fascinant, mais en meme temps eprouvant, voire difficile; il faudrait presque avoir recours a un dictionnaire “special Agnon”. En traduction c'est evidemment appauvri et beaucoup d'allusions culturelles risquent de se perdre, sinon d'etre effacees. Il y a beaucoup trop de citations de prieres et autres textes rituels qui ne diront rien a un lecteur lambda. Alors, le conseiller? Oui, quand meme, car c'est assurement un beau livre, une grande oeuvre. Profondément lyrique, humaine et emplie de la vie de son peuple, rendant autant le monde social que celui des symboles. Comme une introduction a une judeite disparue.
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L'hôte de passage est le héros de ce roman hébreu, qui, installé en Israël, alors seulement "Palestine", dans les années trente, revient le temps d'une saison dans sa ville natale de Pologne, y séjourne un hiver avant de repartir "là-bas". Mais le titre du roman, cité de Jérémie, donne une profondeur particulière à cette chronique d'une ville juive de Pologne à quelques années de son élimination : "Espoir d'Israël, son sauveur au temps de la détresse, pourquoi serais-tu comme un étranger dans le pays, comme un voyageur de passage pour la nuit ?" (Jérémie XIV-8). Le mot "étranger" du verset (גר) désigne l'errant, celui qui ne fait que passer, qui campe, et ce mot désigne d'abord Abraham dans la Bible, et ici, Dieu lui-même qui n'a, pour ainsi dire, aucun endroit sur terre où s'établir. Le voyageur, ou l'hôte, dans le titre (ארח) n'est pas un synonyme d'étranger, mais renvoie à celui qui ne fait que passer et ne se sent pas concerné par les gens qu'il rencontre à l'étape, sachant qu'il ne les reverra jamais : l'hôte de passage, à proprement parler. En somme, derrière la thématique prenante et pathétique de l'enracinement physique des Juifs de Pologne en Pologne, derrière la galerie de portraits de personnages si divers et tous promis à l'anéantissement, il y a leur leur patrie spirituelle, Eretz Yisrael (le mot eretz, terre, pays, est dans le verset), dont ils restent exilés. Dieu lui-même est en exil, lui dont la Shekhinah, la Présence, ne réside plus sur terre depuis que son peuple est dispersé.

Les romans d'Agnon sont ainsi : ils se lisent à plusieurs niveaux de compréhension, comme la Bible ou la Cabale. Le nom de plume de ce grand écrivain, son nom hébreu, dit bien cette dualité : la racine produisant Agnon - עגן - s'utilise pour le cas de ces femmes dans la Loi juive, abandonnées de leur mari sans document légal de divorce qui les libèrerait et leur donnerait le droit de refonder un foyer selon la Tora. De même, pendant ces années trente du XX°s, Dieu semble avoir abandonné le peuple avec lequel il s'est "marié", comme disent les prophètes, mais sans lui donner l'autorisation de se remarier à un autre : Israël est seul sans être libre. De même enfin, un écrivain hébreu, est-ce un auteur sacré ? ou un romancier comme les autres ? Agnon se situe dans cette fêlure et cette ambivalence : abandonné, mais toujours lié, par cette tradition vieille de trois mille ans.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
(Erela Bach). Depuis que je vis ici je n'ai pas eu l'occasion de parler à Erela, sauf par hasard. Je dois dire qu'il n'y a aucun plaisir à converser avec elle. D'abord, elle s'est emparée de toute la vérité et n'en laisse rien aux autres. Ensuite, elle relève chaque mot que vous dites pour vous faire dire ce que vous n'avez pas dit, et vous attaque là-dessus. Si par exemple vous dites que Ruben est un type bien, elle bondit et demande : "Pourquoi, tu penses que Simon n'est pas un type bien ?"
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