« Un père et une mère sont deux êtres qui ne forment qu'une seule chair. Qu'avais-je besoin de chercher à percer des secrets qui avaient été les leurs à une époque où je n'existais pas encore? »
La fragile Léa est morte dans la fleur de l'âge, emportant avec elle le secret de sa mélancolie.
Sa fille Tirtza a l'intime conviction que le poids d'un secret pesait sur le coeur malade de sa mère, et le dévoilement de ce secret se fait via Mintchy, la meilleure amie de Léa. C'est celui de impossible union de Léa avec un étudiant viennois, Akavia Mazal, auquel son père avait refusé la main.
A la fleur de l'âge s'ancre dans un petit village de l'ancien Empire austro-hongrois. Les fêtes et les rites rythment la vie des habitants et les évènements importants s'y inscrivent: décès de la mère un soir de Shabbat, retrouvailles à la synagogue pour Yom Kippour, révélation de l'Amour dans la soukka etc… Dans le roman, les femmes pressentent, leurs rêves les mènent à la vérité, comme la mère d'Akavia, issue de convertis, qui se met à écrire des caractères hébraïques sans les avoir appris.
A la fleur de l'âge est le premier roman de
S.J. Agnon que je lis, après avoir croisé son nom à plusieurs reprises chez Oz, Appelfeld,
Gutfreund. Roman du deuil, roman d'un amour impossible, roman de l'amour naissant et du cycle de la vie, il séduit par la pureté et la beauté de la langue à l'apparente simplicité. L'histoire de Tirtza peut être vue comme un récit initiatique, celui d'une jeune fille sensible qui malgré le deuil et le chagrin parvient à (ré)concilier amour filial et amour conjugal.