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EAN : 9782234081161
320 pages
Stock (02/05/2018)
4.1/5   5 notes
Résumé :
L’éducation musicale, arme contre la délinquance et promesse pour l’avenir ?
Née il y a 40 ans au Venezuela, cette extraordinaire aventure qu’est le « Sistema » rassemble aujourd’hui un million d’enfants issus des classes populaires ou de bidonvilles. Un orchestre parmi les meilleurs sur la planète en est issu, le Bolívar. Et un chef star de 37 ans, Gustavo Dudamel, fêté à Los Angeles, Madrid ou Paris. Partout, le Sistema fait des émules. À Fukushima, dans le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Un orchestre pour sauver le monde, quel beau titre n'est-ce pas ? Peut-on sauver le monde avec la musique ? C'est le sujet de ce livre fort intéressant, écrit par un journaliste de la revue française de musique classique “Diapason”.
Le précurseur de l'idée fût Jose-Antonio Abreu, pianiste et économiste vénézuélien , qui réunit dans un garage à Caracas en 1975, une douzaine de jeunes musiciens. Son but étant de stimuler les talents artistiques collectifs des jeunes, même des plus éloignés des sphères de «  la haute culture », afin de les aider à s'épanouir, à grandir, à apprivoiser la vie et à se tourner vers autrui. Ainsi débuta « Sistema », devenu phénomène musicale mondial avec son fameux orchestre le Bolivar et son super jeune chef issu du système, Gustavo Dudamel. Aujourd'hui, Sistema annonce 900 000 enfants et adolescents, répartis entre 1 300 orchestres et 1 120 choeurs, et abrités par 440 núcleos, où officient 9 000 enseignants, selon les chiffres officiels.
Par la suite de nombreux pays vont s'en inspirer, même l'adopter, en Amérique du Sud, en Europe,au Japon et dans d'autres pays d'Asie, dont la Turquie, jusqu'à ce jour le principal représentant du Sistema dans le monde musulman. Quand à la pertinence que les idéaux du Sistema peuvent trouver dans des contextes très différents de celui de leur pays d'origine, l'auteur le traite dans la seconde partie de son livre. Je retiens l'initiative d'Anis Barnat, jeune homme de trente-cinq ans, l'agent des tournées internationales de l'Orchestre Simon Bolivar, qui découvrant les camps de réfugiés grecs, qui transitent réfugiés kurdes et syriens vers l'Europe, lance le Sistema Grèce, partant à la rencontre des politiques et des mécènes,mobilisant enseignants et musiciens internationaux....en le lisant, j'en eu la gorge nouée.

« L'apprentissage musical en collectivité n'est pas simplement un acte artistique, mais aussi humaniste, social, voire politique, et semble aussi ancienne que les cultures humaines...», nous rappelle l'auteur. Que l'idée soit partie du Venezuela n'est pas aussi surprenante que ça, vu que le pays offrait un terreau plus favorable à son éclosion qu'on ne pourrait le croire, ayant un patrimoine musicale riche en musiques populaires d'une extrême variété et une prédilection surprenante pour la musique symphonique ( l'explication dans le livre). Mais “ catalyser les possibles” là était le défit, une mission difficile que Abreu , personnage exceptionnel, réalisa. Aujourd'hui Sistema est dans une impasse, étant financé par l'Etat, Abreu n'étant plus de ce monde, la situation politique et économique au Venezuela ayant empiré et Dudamel ayant rompu avec le pouvoir, et étant désormais personnage non grata dans son pays......J'espère de tout coeur qu'il survivra au bourbier vénézuélien.

Ce livre foisonnant d'anecdotes et de rencontres à l'échelle planétaire, nous livre un témoignage passionnant sur une des plus belles entreprises humaines sociales et pédagogiques de tout les temps, allant aux tréfonds de ses origines dans l'histoire du monde et celle du Venezuela. Il décortique à travers la philosophie et l'histoire, le pouvoir magique de la musique, laquelle inculquée dans l'éducation des enfants dès la petite enfance, quelque soit leur origine, crée des miracles, qui systématisée, a sans l'ombre d'un doute, une influence plus que bénéfique sur eux et par conséquent sur le chaos de notre monde.

J'ai déjà eu plusieurs occasions de voir et d'écouter l'orchestre Bolivar avec Dudamel sur scène, une dynamique formidable et je dirais très particulière ! La superbe photo de couverture en donne déjà une idée. Quand aux détracteurs de Sistema ,dont l'anglais Geoff Baker, “Oncle Geoff et ses spadassins”, que j'ai pris en grippe grave, je préfère les ignorer. Il est trop facile de critiquer et donner des opinions négatives sans s'y impliquer. L'auteur a fait un excellent travaille, nous offrant tous les points de vue qu'il a pu recueillir personnellement, les agrémentant des siens, réfléchis, modérés et tolérants. Un livre formidable que je recommande à tout public, quelque soit vos intérêts et vos passions.

“– Abreu avait-il un autre choix ? C'était collaborer, ou céder la place, voire fermer. Des années durant, le Sistema est resté l'unique espace de normalité et d'efficacité au Venezuela. Sans doute était-il inéluctable que le cancer qui a dévoré peu à peu le pays finisse par l'atteindre.”
(Ricardo Castro, le fondateur de Neojiba,Le Sistema brésilien)

Un grand grand merci aux Éditions Stock et NetGalley pour m'avoir donnée l'occasion de lire ce livre fort intéressant !
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Ce livre de 300 pages est tellement riche en informations, qu'il faut prendre le temps nécessaire pour profiter de ce qu'il offre. Et c'est ce que j'ai fait ces jours-ci.
Le journaliste et critique musical Vincent Agrech nous entraine dans un voyage passionnant à la découverte du mouvement musical ‘ Sistema,' dès sa naissance à nos jours.
Cet orchestre réservé aux jeunes défavorisés fut crée au Venezuela par José Antonio Abreu, un humaniste dévoué à son travail, que j'ai eu la possibilité de l'apercevoir à travers quelques pages de ce livre.(L'auteur l'avait interviewé le 18 juillet 2014).
Connu au début surtout dans les pays de l'Amérique latine, ‘ Sistema' est devenu un vrai phénomène partout dans le monde, il y a 10 ans grâce au succès de Gustavo Dudamel avec l'orchestre Bolivar.

Un orchestre pour sauver le monde' est un ouvrage dense qui débute avec l'histoire économique et politique de Venezuela et continue avec plusieurs témoignages qui démontrent le rôle positif de la musique lorqu'elle est jouée en collectivité (c'est le principe du Sistema).
Je me souviens ici du témoignage de Camilla en Suède qui parle d'un taux d'abandon important des cours individuels de la part des élèves autour de 12 ans, même si les écoles en Suède sont gratuites. Tout a bien fonctionné avec les cours collectifs. (un jeune français sur 100 apprend la musique contre 18 jeunes suédois.)
Par contre rien en Pologne, rien en Russie.
La vieille tradition de l'enseigne musicale soviétique a-t-elle laissé des souvenirs trop cuisants ? – c'est la question que l'auteur se pose .
Ce livre nous explique également la manière du fonctionnement des orchestres et les moyens mis en place selon chaque pays.
Je me rends compte que j'ai pris beaucoup de notes durant ma lecture et c'est difficile de tout détailler ici.

Grâce aux liens vers youtube, j'ai pu regarder plusieurs vidéos sur les concerts donnés par ‘Sistema'.
C'est magique!

Un grand merci aux éditions Stock et Babelio pour leur confiance et la belle découverte.



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En écoutant Brava ou Mezzo j'avais eu l'occasion de connaitre l'Orchestre Bolivar et son chef emblématique Gustavo Dudamel. J'avais étais marqué et impressionné par le dynamisme et la vitalité de cet orchestre et de ces musiciens. de la bonne humeur , une façon originale de sortir des canons de la musique classique et la découverte d'un répertoire sud américain.
Ces différentes écoutes m'avait ouvert aux orchestres de jeunes , au Sistema et au Venezuela.
Et puis le livre de Vincent Agrech Un orchestre pour sauver le monde dans la dernière Masse Critique. Je tope avec d'autres ce livre.
Et le voila quelques jours après dans ma boite aux lettres.
Merci à Babelio et aux Editions Stock pour cette découverte et lecture.
Le livre de Vincent Agrech est exhaustif et nous présente de façon complète cette expérience du Sistema au Venezuela.
Vincent Agrech, journaliste, critique musical et producteur nous retrace la vie de Sistema de sa naissance vers les années 1970 jusqu'à sa mise en sourdine en 2017 du fait des événements politiques au Venezuela.
Sistema est au départ un système d'éducation musicale contre la pauvreté, la délinquance.
Au point de départ il y a José Antonio Abreu , pianiste, éducateur , économiste , député et enfin ministre de la culture.
C'est lui qui est à la fondation et à la direction de Sistema : un réseau national d'orchestre d'enfants.
Pour cela il va créer dans les villes et les campagnes des nucléos, soit des entités où les enfants entourés de professeurs et de musiciens vont apprendre le chant , la musique. et cette apprentissage va se faire en groupe , une vingtaine d'heure par semaine. c'est en cela que tient une partie de l'originalité de Sistema : l'apprentissage en groupe et non comme en Europe de façon individuelle.
Cette éducation musicale à partir des nucléos va perdurer pendant 40 ans et se développer . Au début les instruments étaient importées de l'Union Soviètique et des Pays de l'Est.
mais l'évolution de Sistema va faire naitre des nouveaux métiers autour de la lutherie.
Les premiers éléves de Sistema deviendront des éducateurs et des frormateurs pour les nouveaux arrivants dans Sistema.
Certains de ces élèves deviendront des musiciens professionnels et permettront la naissance de l'Orchestre Simon Bolivar , tête de proue de Sistema.
Parmi ces élèves figurait Gustavo Dudamel. Il a suivi le cursus depuis le nucléo, l'apprentissage du violon et enfin la direction d'Orchestre.
Tout cela ne fut possible que grâce à José Antonio Abreu qui mis sa culture au service d'un engagement politique et sa conscience jésuitique à la réalisation de Sistema
Le Venezuela comme tous les autres pays d'Amérique du Sud a été fortement colorée par l'Eglise Catholique ( colonisation ) et plus particulièrement par le message des Jésuites : A savoir un développement du spirituel , du culturel dans une organisation assez pyramidale.
Dans Sistema , Maestro Abreu a calqué ce message : Développer la jeunesse par la culture musicale dans une organisation sans faille : nucléos , groupes , orchestres , administration
Et la politique ne peut être oubliée dans la réussite et les difficultés actuelles de Sistema.
Le Venezuela reste admirative de Simon Bolivar , l'émancipateur des colonies espagnoles, qui participa de manière décisive à l'indépendance de de nombreux pays sud américains.
Son combat contre la monarchie espagnole a été interprété par Hugo Chavez comme un archétype de la lutte contre toute influence étrangère.
Et actuellement de façon encore plus importance par son successeur Nicolas Mauro.
Le Sistema est donc partie intégrante de la politique vénézuélienne et représente pour le pouvoir une vitrine importante ( surtout l'Orchestre Simon Bolivar).
Le Sistema vit essentiellement sur les subsides de l'Etat.
Etant une vitrine importante , le Sistema est devenu pour le pouvoir un signe de réussite .Et cette réussite a été quantifiée : 1 million d'élèves , 1 300 orchestres et l'Orchestre Simon Bolivar comme étoile.
Cette implication de l'Etat va pouvoir être vécu sans trop de heurts jusqu'à la mort de Chavez.
voila ce qu'en dit Gustavo Dudamel page 51
"Le Sistema est le symbole du pays, admiré et soutenu pars tous. Son financement dépend de l'Etat, il n'y a donc rien d'illogique à ce que le Bolivar, qui en est le fleuron, se produise dans des circonstances officielles......Nous nous sommes fixés l'objectif du million avec l'appui du gouvernement. Cette massification permet de franchir un nouiveau seuil qualitatif. Alors, oui, j'assume pleinement le témoignage de ma reconnaissance. Car ce qui est entrain d'advenir au Venezuela est quelque chose de merveilleux, un exemple pour le monde, comme une explosion de l'art et de la pensée"
Avec l'arrivée au pouvoir de Nicolas Maduro, les choses vont lentement mais radicalement changer.
Au coeur de l'été 2017 Maduro a convoqué l'élection d'une assemblée constituante. Il s'agit en fait d'un coup d'état institutionnel.
Gustavo Dudamel publie alors un communiqué (page 162)
"Ma foi en la justice, et dans le respect de la diversité des opinions, m'oblige, comme citoyen vénézuélien, à dénoncer la décision illégale de la part du gouvernement de faire élire une assemblée constituante qui aurait le pouvoir non seulement de réécrire la constitution mais aussi de dissoudre les institutions nationales"
Suite à ce communiqué Nicolas Maduro annule la tournée aux Etats Unis du nouvel orchestre national juvénile du Venezuela.Puis quelques jours plus tard la tournée asiatique du Bolivar adulte.
Depuis le printemps 2017, Gustavo Dudamel n'a plus dirigé l'orchestre phare de son pays natal, dont il est toujours directeur musical, et n'est pas retourné au Venezuela.
Il vit la moitié de l'année à Los Angeles dont il dirige l'Orchestre Philharmonique , et l'autre moitié de l'année à Madrid, en Espagne, pays dont il a obtenu la double nationalité.
Plus de 30% des membres des orchestres Sistema ont pris le chemin de l'Exil.
Triste réalité mais le livre de Vincent Agrech n'est pas que cela.
Son titre en est le reflet : Un orchestre pour sauver le monde.
Pendant 40 ans Sistema a mis en place une idée originale pour amener collectivement des enfants vers l'Art la pensée et le développement de soi.
Sistema a fait des émules dans de nombreux continents et pays.
C'est de ces expériences que nous parle Vincent Agrech . Que ce soit à Kaboul , en Turquie , dans les camps de migrants en Grèce , mais aussi aux Etats Unis, dans les banlieues parisiennes ou encore à Fukushima au Japon, un formidable réseau d'orchestres d'enfant se met en place ouvrant de nouvelles portes et répondant aux fléaux de l'exclusion du déracinement et de la guerre.
Sistema est en sourdine actuellement au Venezuela , mais grâce à tous ce qui se sont investis depuis 40 ans l'idée de Sistema s'est propagée et vit actuellement au coeur du monde.
Gustavo Dudamel continue son oeuvre avec les jeunes de Los Angeles.
Les musiciens vénézuéliens attendent des jours meilleurs pour poursuivre
Et pour terminer cette critique quelques mots de Vincent Agrech à l'attention de Gustavo Dudamel ( page 304)
"Le Sistema vénézuélien fut une expérience inouie et paradoxale.Sa fin possible confirme ce que nous, Européens, savions déjà : l'art n'a pas le pouvoir de se substituer aux nécessités vitales, la barbarie peut l'étouffer. Il a celui , en revanche de ressusciter, comme toute chose d'essence spirituelle. le Sistema vénézuélien ressuscitera. La flamme est gardée ailleurs, par ceux qui sont partis, ceux qui se sont convertis, et même, tant qu'ils en ont la force, ceux qui sont restés..... le monde a encore beaucoup à apprendre du Sistema....Celui d'une main tendue, à travers la musique, aux enfants les plus pauvres. Celui d'une éducation d'excellence où se rencontrent toutes les classes sociales. ailleurs en Amérique latine, et même sur d'autres continents, certains vont déjà plus loin que l'original, avec moins de zones d'ombre....
Cher Gustavo, la charge qui pèse sur toi est aussi écrasante qu'infini son chagrin.Tu es un emblème, l'incarnation d'un idéal. Tu dois guider à travers la tempête un navire au bord duquel on t,interdit de monter et dont l'équipage est aux fers.
Et si tu parviens à convaincre, il faudra penser un nouveau Sistema pour le Venezuela, continuer à brandir pour le reste du monde un flambeau que personne ne pourra lever aussi haut que toi "







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Voilà un très bon livre, que j'ai clairement choisi pour en savoir plus sur Gustavo Dudamel, chef d'orchestre charismatique et très expressif que j'aime beaucoup. N'hésitez pas à le visionner sur internet, vous pourriez être épaté !
Gustavo Dudamel (même pas quarante ans!) est très engagé dans ce projet de "musique pour tous", destiné aux jeunes des quartiers défavorisés vénézueliens, projet qui lui a aussi  permit d'éclore et de devenir celui qu'il est aujourd'hui.
Mais outre le projet d'origine -le Sistema- ce livre d'entretiens, d'échanges et d'anecdotes avec divers protagonistes, permet de faire connaitre tous les projets qui en découlent, que ce soit dans des lieux en guerre ou comme en France, le projet Demos, créé pour permettre à des jeunes de banlieues ou de campagnes d'accéder enfin à la musique.
Les échanges sont passionnants, on entre dans le vif du sujet grâce à tous ces témoignages. Et ce chef d'orchestre virtuose et engagé est une personne qui marque musicalement.
Certes on a pu lui reprocher une certaine tiédeur politique quand son peuple aurait eu besoin qu'il s'affirme davantage dans leurs combats ; mais il reste un musicien exceptionnel et engagé dans cette voie de la musique pour tous.
Un très bon document, à lire pour se souvenir qu'on peut tirer tous les enfants vers le haut, avec de bonnes idées et beaucoup d'intérêt (et d'investissement ) pour ce qu'ils sont et peuvent devenir.
Merci aux Editions et à NetGalley pour la lecture de ce livre très intéressant.
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Journaliste et , critique musical , Vincent Agrech nous plonge dans son dernier essai au plus profond du Vénezuela en nous racontant la génèse d'un orrchestre le Bolivar et son jeune chef Gustavo Dudamel.
Un orchestre qui rassemble des tas de jeunes gens ccus des quartiers les plus pauvres du pays, soit à des années lumières de la classe sociale habituelle de ce genre de musiciens
Un témoignage saississant, rempli d'anecdotes et de rencontres et un portrait passionnant sur ce qui est probablement une des plus belles entreprises humaines sociales et pédagogiques de tout les temps pour nous expliquer à quel point « L'apprentissage musical en collectivité n'est pas simplement un acte artistique, mais aussi humaniste, social, voire politique, et semble aussi ancienne que les cultures humaines...»,

Un grand merci aux éditions Stock et à Babelio pour sa masse critique
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
« Un dimanche matin, à la fin du siècle dernier, je me trouvais dans un marché au sud de Los Angeles, quand les membres d’un gang ont débarqué, me raconte-t-elle. Tout le monde retenait son souffle. Un petit garçon de cinq ans jouait du violon parmi les étals, pour gagner un peu d’argent de poche. Les gros durs se sont arrêtés devant lui, et l’ont écouté quelques minutes. Puis ils ont glissé quelques piécettes dans son étui. Ce petit garçon était mon fils, Max. Vous imaginez l’impact que cet instant a eu sur moi. C’est comme si on avait ouvert sous mes yeux le livre de Dieu. Comme si ces jeunes hommes me disaient qu’ils préféreraient faire ce que mon fils faisait plutôt que ce qu’ils étaient en train de faire. Sauf que personne ne leur avait donné cette chance. La réflexion qui germait en moi s’est soudainement cristallisée. »
(Margaret Martin)
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  Celian, dix-sept ans, a perdu un bras, Très grand et maigre, il semble transfiguré de bonheur après le concert. “La musique peut changer le monde. Elle sort du cœur ! J’en avais un peu fait avant l’hôpital, mais ici elle a pris un nouveau sens. Je veux lui vouer ma vie. Cela peut paraître fou, en étant amputé, mais je sais que je peux m’exprimer comme percussionniste. Et pas seulement jouer. J’aime aussi réfléchir sur la musique, comprendre comment elle est écrite, qu’est-ce qu’elle veut nous dire. Essayer de déchiffrer cette harmonie qu’elle amène aux hommes”. 
Je regarde Celian sans savoir que répondre. Si j’étais croyant, sans doute m’agenouillerais-je devant lui pour le remercier de continuer à donner un sens au destin aveugle.
( Sistema - Venezuela)
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– Je distinguerais trois couches de la mémoire : photographique, auditive, mais aussi structurale, qui est vraiment le produit de l’analyse du texte, d’une pensée en œuvre, et ne peut se réduire aux deux précédentes. Le recours à ces trois niveaux au moment du concert est un phénomène complexe, variable selon les besoins du moment, le degré de contrôle à exercer sur l’orchestre en fonction des difficultés. Mais l’aspect le plus étrange de cette liberté que confère l’absence de partition, c’est la capacité de… penser à autre chose ! Cela peut paraître fou, mais on peut être à la fois pleinement là, en communion avec les musiciens, parfaitement réceptif à ce dont ils ont besoin et à ce qu’ils apportent, et en même temps emporté par des émotions, des souvenirs… C’est une grâce absolue, qui tient presque du don d’ubiquité. »
(Gustavo Dudamel, chef de l’orchestre Bolivar)
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« Je viens d’un milieu modeste, répond Gustavo*.Mon grand-père était chauffeur routier, mes parents avaient dix-huit ans à peine quand je suis né. Non, ma famille ne possédait pas grand-chose. Mais elle avait des valeurs. D’abord l’humilité. Pas dans le sens d’une contrition, mais d’une vision lucide de soi, qui encourage à progresser, sur le plan humain et professionnel. Puis, le désintéressement. Ne pas accorder trop de place aux choses matérielles, préférer le partage avec la famille et les amis. La solidarité, enfin. Elle donne sa force à une communauté, à des équipes. Toutes ces valeurs, mon père les a retrouvées, au milieu des années soixante-dix, au sein du Sistema.**.Il en fut l’un des premiers élèves, avant de devenir musicien de salsa. Je suis donc un enfant du Sistema au sens quasi biologique !

* Gustavo Dudamel chef de l’orchestre Bolivar
** Sistema, l’organisation vénézuélienne qui donne une éducation musicale gratis à tous les enfants toute classe confondue.
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Chávez*avait cet archaïsme des dictateurs d’opérette, capables de déclarations totalement décalées et de discours fleuves, dont le vecteur de prédilection était l’émission télévisée Aló Presidente, où il répondait interminablement à ses interlocuteurs téléguidés – déluge surréaliste qui fait encore le bonheur, mi-fasciné, mi-effrayé, des internautes hispanophones.
Là où Chávez se montra, en revanche, d’une intelligence très moderne, c’est en comprenant qu’un pouvoir autoritaire ne pouvait plus, à l’heure de la mondialisation, d’Internet puis des réseaux sociaux, piétiner les processus électoraux ni la démocratie d’opinion, sauf à disposer de l’appareil répressif chinois ou nord-coréen. En revanche, comme Poutine ou Erdogan, il excella à créer les conditions de la victoire par la peur, la manipulation, le clientélisme et la corruption, tout en veillant à modifier par des voies régulières l’appareil constitutionnel et législatif sans l’enfreindre.

*Hugo Chavez
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