Emilio et Pasquale, que tout différencie et surtout leur milieu d'origine nouent une relation addictive, fatale et malsaine dès leur rencontre alors qu'ils sont adolescents.Mais pas de sexualité là dedans, du moins pas exprimée clairement, de la domination, seulement.
Voir décrits noir sur blanc des sentiments aussi négatifs, même si on les rencontre dans la "vraie vie", (et qu'on évite les personnes qui en sont porteuses), ça reste éprouvant pour moi. Pour la violence c'est la même chose, mais elle se voit et on a plus de chance de la repérer et c'est là toute la différence. Je reparlerai de ça à l'occasion de la critique à venir de "La femme qui avait perdu son âme" en cours de lecture.
Donc, malgré toutes ses grandes qualités : style, histoire, thématique, l'introspection d' Emilio, le narrateur, tirant sa maigre énergie de l'humiliation qu'il inflige à son "ami" -esclave m'a mise dans un état de malaise persistant. Et c'est peut être le signe de la réussite du roman ! Mais ce n'est clairement pas la littérature qui me convient.
Le calvaire psychologique qu'il a fait subir à Pascale, même s'il s'aperçoit que c'est le même que celui que la société tente d'infliger à ses membres est insupportable. Pas une once d'humour qui le sauverait peut être de la lâcheté qui le maintient au niveau du caniveau duquel même son éducation n'a pas pu le sortir.
Seule la forêt et les moments qu'il y partage avec son ami, lui permet de révéler son humanité et de faire taire enfin son cynisme. Il est rabougri et finit par vider de son amour toute relation qu'il tente d'avoir avec ses semblables : femme, frère...
Et c'est vrai que la beauté de la Sardaigne aussi sauvage que les adolescents est magnifiquement rendue par la langue.
Au final, c'est lui qui se sentira blessé par la vitalité (toute relative) de Pasquale et les bienfaits apportés par cette amitié innocente des premières années ne suffiront à lui donner l'impression d'être meilleur qu'à la toute fin du livre.
"Tandis que je conduisais en direction de chez moi, je sentais qu'il ne pouvais rien m'arriver de mal, car
tout l'amour est dans les arbres, il est en quantité inépuisable, pour peu qu'on ait le courage de lever les yeux et de se perdre dans l'entrelacs de choses sans limites qui renvoient les unes aux autres ... Pascale avait fait de moi un homme meilleur."
Voilà, un grand auteur, mais pas fait pour moi !
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