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EAN : 9782072594588
224 pages
Gallimard (16/06/2016)
3.08/5   13 notes
Résumé :
Sardaigne, 1991. L'ingénieur Corona, entrepreneur de travaux publics, contraint sa femme et ses deux fils, Emilio et Carlo, à quitter Oristano pour aller vivre à Nuoro, dans la montagne. Emilio n'aime guère sa nouvelle ville, il s'y sent seul et différent, jusqu'au jour où, au lycée, il se retrouve assis à côté de Pasquale Cosseddu, que tous surnomment l'Égout. C'est le début d'une étrange amitié entre deux garçons, puis deux hommes, que tout oppose. Emilio est bon ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Une flânerie des plus fructueuses à la Librairie Caractères de ma ville isséenne...

Un auteur sarde qui m'était totalement inconnu, que je découvre avec le troisième roman de l'écrivain , traduit en français...

Complètement prise par la narration et l'atmosphère très contrastée de ce texte, je l'ai lu dans la journée , dans les transports et tard dans la nuit...

Happée par cette amitié entre deux adolescents... de milieux sociaux différents..., avec une analyse fouillée et sensible du mal-être de l'adolescence...
Adolescent comme adulte, l'être humain est souvent bien conformiste... et n'a pas toujours le courage nécessaire pour défendre ses amitiés !

A travers cette fiction, l'auteur nous fait également découvrir son île...
entre parenthèses... je ne connais pas la Sardaigne... à mon grand regret... mais le nom de la ville de NUORO m'est très familier, car c'est le lieu d'origine d'une des premières femmes ayant reçu le Prix Nobel de Littérature, au début du XXe: Grazzia Deledda...

Je reviens au texte... flamboyant, prenant, bien que très sombre et non dénué de cruauté mentale !!


Une lecture haletante, alternativement lumineuse et follement âpre !!

Le narrateur, l'ami plus riche ,Emilio, nous exaspère par ses ambivalences,
son arrogance de classe, ses contradictions et lâchetés incessantes envers son ami, d'origine plus modeste. Une amitié réelle mais qui ne fut pas de tout repos !!

Il est question des rêves, espoirs non aboutis de deux adolescents aux antipodes, tant de par leur personnalité que par leur histoire familiale, et origine sociale ...

L'attachement du narrateur pour son ami pauvre est réel ,bien qu'empoisonné par les contradictions, les petites lâchetés, la honte...On s'exaspère sur l'inertie et le confort social de Emilio...au détriment de son ami plus défavorisé, mais qui se trouve être plus idéaliste et chaleureux que Emilio, trop bien nanti par un milieu aisé...et la ligne droite construite par son père, l'ingénieur Corona, entrepreneur de travaux publics...

Nous voyons réussir socialement Emilio, avoir une vie sociale, se marier... mais sans réel amour ni compréhension pour son épouse...Un être , spectateur de sa propre existence !

Les seules fulgurances lumineuses et irradiantes nous sont offertes lorsque les deux adolescents puis les deux adultes se retrouvent, sont seuls, dans la montagne, dans la nature, hors du temps et hors des regards... où il n'y a plus l'anxiété d'un jugement des autres...

Une amitié hors norme mais douloureuse...

"La seule forme de violence à laquelle je m'étais risqué contre lui, c'était le
complot qui tournait autour du billet de cinquante mille lires tendu à sa
mère: dans mon geste, je lisais une vérité apparue d'innombrables fois dans
l'histoire du genre humain, une vérité archiconnue, bien qu'elle trouve toujours des façons nouvelles de se déguiser et de se cacher derrière des raisons plus complexes d'ordre social, politique et même moral, à savoir que rien n'alimente davantage la haine et la méchanceté envers autrui que sa propre lâcheté" (p. 118)

Une grande impatience de me plonger dans les deux textes précédents... traduits de cet écrivain sarde , qui m'attirent et m'intriguent par leurs thématiques !!

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Un dépaysement méditerranéen d'Allessandro de Roma destiné à tous les amoureux de la littérature transalpine. Pourquoi la traduction du titre s'éloigne-t-elle à ce point de l'italien (« La mia maledizione ») ? Un grand mystère. Oristano, Nuoro, Olbia ou Cagliari, ces villes sardes que le lecteur va découvrir au fil de l'histoire et d'autres lieux plus sauvages et plus secrets connus d'Emilio et Pasquale, les deux principaux protagonistes, concourent à l'atmosphère contrastée de ce beau roman insulaire. le théâtre naturel de la Sardaigne offre ici son cadre lumineux et resserré à la psychologie et aux réalités micro-sociales contemporaines. le déménagement de la plaine côtière d'Oristano vers le pays montagneux de Nuoro, pourtant peu éloigné, est un séisme dans la vie d'Emilio Corona, quinze ans, à l'âge des « espoirs telluriques », malgré les perspectives d'avenir lourdes d'espèces sonnantes et trébuchantes que lui promet la situation prospère de l'entreprise immobilière paternelle. Bétonner est une affaire de famille.

Il doit fréquenter un nouveau lycée, s'asseoir auprès d'un « voisin de banc », Pasquale Cossedu d'origine modeste, et le seul point commun qu'il partage avec lui est de n'avoir aucun ami. Pasquale, parce qu'il est rejeté de la classe ; Emilio « fier et taciturne », parce qu'il débarque dans cette classe et veut surtout qu'on lui fiche la paix. Condamnés à être amis par défaut? C'est ce qu'on pourrait penser. Ce serait trop simple et l'interrogation subsiste jusqu'à la fin. Les origines sociales d'Emilio et celles de Pasquale divergent si profondément que l'on se dit que ces deux là n'ont rien à faire ensemble. Leur rapprochement au début des années 1990, raconté par la voix lointaine d'Emilio sans complaisance pour lui-même, lui semble aussi insolite qu'absurde.

Un sentier prend ici la dimension d'un cheminement symbolique. Celui conduisant au mont Orthobène qui va sceller pour les deux garçons et pour vingt ans (on suit l'évolution de leur relation jusqu'à nos jours), les mystères de leur attirance mutuelle, nettement plus affirmée chez Pasquale, où vont se graver rêves et promesses avant d'être soumis à l'épreuve du temps, des préjugés et des reniements d'Emilio. Tout les oppose jusqu'à leur tempérament. La véhémence et la volonté farouche d'accomplissement de Pasquale ne reçoivent que l'écho des flottements honteux d'Emilio, hésitant entre attirance pour son comparse et un désir d'isolement plus général. L'ambivalence des sentiments de l'adolescence puis ceux plus spécifiques de l'âge adulte ne suffisent pas à définir l'entièreté de cette histoire d'amitié très compliquée à rebondissements répétés et troublants.

Au-delà de la relation entre Pasquale et Emilio, le roman relaie avec finesse un jeu de relations élargies, familiales, amicales et professionnelles intriquées les unes dans les autres qui éclairent certaines failles des personnages. Relations d'Emilio avec sa mère et avec celle de Pasquale ou encore avec son frère Carlo, celles de Pasquale avec sa mère, également ; Elles donnent la mesure du poids d'un ordre familial dont Emilio est prisonnier et d'un ordre social dont Pasquale fait les frais. le roman questionne mais ne cherche pas à éluder la question, à l'échelle du microcosme humain qui les intéresse, de savoir ce qui aurait manqué à chacun des deux adolescents pour devenir ce qu'ils auraient pu être ? le lecteur ne peut que ressentir la forte présence accordée par l'auteur à la nature au milieu de laquelle les deux adolescents évoluent et semblent exactement à leur place. Comme s'ils cherchaient à travers elle, ou si d'elle seule ils sentaient qu'ils tireraient, le courage de défier l'arbitraire d'un ordre social injuste ainsi que celui de lutter contre leurs entraves personnelles pour aller jusqu'au bout de leurs désirs ? le mystère de l'attirance entre ces deux êtres affrontant leurs vents contraires demeure entier dans ces lignes sardes inspirées sans laisser un goût d'inachevé à la réflexion nostalgique existentielle de l'auteur.





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Emilio et Pasquale, que tout différencie et surtout leur milieu d'origine nouent une relation addictive, fatale et malsaine dès leur rencontre alors qu'ils sont adolescents.Mais pas de sexualité là dedans, du moins pas exprimée clairement, de la domination, seulement.
Voir décrits noir sur blanc des sentiments aussi négatifs, même si on les rencontre dans la "vraie vie", (et qu'on évite les personnes qui en sont porteuses), ça reste éprouvant pour moi. Pour la violence c'est la même chose, mais elle se voit et on a plus de chance de la repérer et c'est là toute la différence. Je reparlerai de ça à l'occasion de la critique à venir de "La femme qui avait perdu son âme" en cours de lecture.

Donc, malgré toutes ses grandes qualités : style, histoire, thématique, l'introspection d' Emilio, le narrateur, tirant sa maigre énergie de l'humiliation qu'il inflige à son "ami" -esclave m'a mise dans un état de malaise persistant. Et c'est peut être le signe de la réussite du roman ! Mais ce n'est clairement pas la littérature qui me convient.

Le calvaire psychologique qu'il a fait subir à Pascale, même s'il s'aperçoit que c'est le même que celui que la société tente d'infliger à ses membres est insupportable. Pas une once d'humour qui le sauverait peut être de la lâcheté qui le maintient au niveau du caniveau duquel même son éducation n'a pas pu le sortir.

Seule la forêt et les moments qu'il y partage avec son ami, lui permet de révéler son humanité et de faire taire enfin son cynisme. Il est rabougri et finit par vider de son amour toute relation qu'il tente d'avoir avec ses semblables : femme, frère...

Et c'est vrai que la beauté de la Sardaigne aussi sauvage que les adolescents est magnifiquement rendue par la langue.

Au final, c'est lui qui se sentira blessé par la vitalité (toute relative) de Pasquale et les bienfaits apportés par cette amitié innocente des premières années ne suffiront à lui donner l'impression d'être meilleur qu'à la toute fin du livre.

"Tandis que je conduisais en direction de chez moi, je sentais qu'il ne pouvais rien m'arriver de mal, car tout l'amour est dans les arbres, il est en quantité inépuisable, pour peu qu'on ait le courage de lever les yeux et de se perdre dans l'entrelacs de choses sans limites qui renvoient les unes aux autres ... Pascale avait fait de moi un homme meilleur."

Voilà, un grand auteur, mais pas fait pour moi !
Lien : http://litterature.calice68...
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C'est un roman qui parle de la Sardaigne, qui parle de l'adolescence, qui parle de l'amitié. Une belle évocation d'une relation pas facile, curieuse et souvent violente entre deux garçons qui se rapprochent l'un de l'autre, un peu par besoin de fuir leur solitude, mais aussi parce que l'un va dominer l'autre et que chacun va trouver son compte dans cette relation. La nature va jouer un rôle prépondérant et va leur permettre de grandir, de devenir des hommes et d'échapper à la morosité familiale. Un roman sensible et touchant qui nous rappelle la richesse de l'écriture sarde.
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Emilio m'a paru si antipathique, cynique, égocentrique que j'ai eu du mal à apprécier le style. Je découvre avec plaisir la Sardaigne, avec horreur ce qu'en font les promoteurs immobiliers.
S'agit-il vraiment d'une amitié entre Emilio et Pasquale? Leur amour de la nature les rapproche mais c'est tout, le reste est glauque. Emilio a honte d'être vu aux côtés de son "ami", il passe son temps à le tromper, à l'humilier, à rompre.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Elle faisait dix ou quinze ans de plus que son âge, entre quarante et quarante-cinq ans, sans doute parce qu 'il y a longtemps que personne ne la regardait. Et je ne parle pas du regard empli de désir d'un homme, qui laissait parfaitement indifférente ma mère aussi. Je parle du regard distrait d'un passant, qui semble de peu de poids, mais qui suffit pourtant à remettre une vie entière sur le droit chemin ou, à l'inverse, à la faire dérailler, quel que soit l'endroit où on le croise. (...)
Car c'est le regard de la société, pourrait-on dire, comme si la société était un œil gigantesque en mesure d'attribuer à chacun la place qui lui revient et d'identifier sur le moment ceux qui ne sont pas là où ils devraient être. (p. 59)
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Et, au seul souvenir de ces heures, il m'arrive encore de me demander ce qui peut bien empêcher les êtres humains de se concentrer sur la seule recherche des moments d'authentique poésie, sans gaspiller leur temps à accumuler l'argent, le succès ou la reconnaissance sociale. Quoi qu'il puisse nous arriver d'autre dans la vie, il n'y a que les instants où la poésie triomphe qui comptent vraiment, car même lorsqu'elle blesse, la poésie le fait avec une sagesse telle qu'elle rend acceptable, voire désirable, la douleurs que, dans la vie de tous les jours, nous n'arrivons pas à supporter. C'est ce que me font à présent les souvenirs d'une enfance perdue. (p. 86)
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Même si c'était peut-être moi, au fond, le seul véritable cannibale: ce qui m'arrivait, en fait, c'est que j'étais en train de grandir et qu'en grandissant je devais apprendre à dévorer les parties de moi qui se révélaient inutiles, à en faire des provisions et à les réserver pour une existence dont je ne pouvais encore prévoir la difficulté. (p. 91)
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Car à présent ma fuite n'avait plus de but et, malgré mon désir de liberté, à l'évidence j'étais toujours un de ces hommes qui, sans un but, sont incapables d'aller de l' avant. (...)
C'est vraiment dommage que nous, les êtres humains, ne soyons pas exactement comme les arbres , nus et purs jusqu'aux racines (...) même en mourant, il se change en vie pour un autre arbre; il le fait avec l'élégance et la clarté dont seuls les arbres sont capables, dans un silence parfait et le respect de la beauté. (p. 202-203)
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dans tous les cas, le fait est que son apparence vous communiquait une mélancolie féroce et que se balader ainsi, obèse, négligé traînant les pieds, était comme de hurler à la face du monde: Oui, je suis l'incarnation de toutes vos peurs, je suis ce que vous deviendrez un jour si vous perdez définitivement pied. (p.169)
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