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sur 297 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est une journée banale, ordinaire. Un samedi de juillet, pour tout dire.
Mais ce samedi va virer au cauchemar pour Selena, quatorze ans, lorsque sa soeur aînée, Julie alors âgée de dix-sept ans, reste introuvable.
Vingt ans plus tard, Selena, devenue employée dans une boutique de bijoux, reçoit un appel qui va tout remettre en question. À l'autre bout du fil, sa soeur disparue revenue d'entre les morts : Julie.
Bouleversée, Selena accepte finalement de rencontrer Julie pour lui poser cette question qui la hante depuis des années : Que s'est-il vraiment passé ?
Il est délicat, à ce stade, d'aller plus loin. Nina Allan, autrice britannique déjà remarquée en France pour son recueil de nouvelles Complications couronnée par le Grand Prix de L'imaginaire en 2014, s'engouffre dans une faille inattendue quelque part entre la littérature blanche, le roman policier et le récit de science-fiction.
La Fracture, unanimement salué par la critique, n'est pas un roman facile, bien au contraire. On pourrait même dire, si on l'ose encore, qu'il se mérite.
Employons-nous maintenant à expliquer pourquoi vous devez aller au bout des 430 pages de ce roman inclassable…

Remonter la piste
Pour comprendre la profondeur et la roublardise de la Fracture, essayons-nous au jeu des comparaisons en disant que le labyrinthe narratif construit par Nina Allan ressemble à un hybride sournois de la Chose en soi d'Adam Roberts et Une Douce Lueur de Malveillance de Dan Chaon.
Pourtant, comment mieux décrire ce récit qu'en employant le terme d'OLNI pour Objet Littéraire Non Identifié. Pendant un temps, La Fracture ressemble à un roman policier lambda. Une disparition, une famille brisée, une enquête.
On retrouve instantanément le goût de l'incertitude qu'affectionne particulièrement l'autrice, cette façon d'aborder des choses ordinaires et à priori parfaitement connues pour en faire quelque chose d'inquiétant, d'étrange, de nouveau. de l'histoire de Julie et Selena, et plus largement de la famille Rouane, Nina Allan va tirer à la fois un drame intime bouleversant et un récit de doubles et d'échos que n'aurait pas renié un certain Christopher Priest ! Curieusement, l'histoire ne débute pas par la disparition elle-même, ni même par les retrouvailles entre Julie et Séléna, mais par une banale histoire d'amitié entre Séléna et Stephen Dent, un amoureux des livres et des carpes japonaises au destin tragique. Pourquoi cette digression ? Pourquoi cette entrée en matière ? Certainement parce que Nina Allan aime les chemins de traverses et a construit son récit comme une pyramide finement ciselée dont les fondations cachent d'étonnants secrets.
Viennent ensuite les choses sérieuses, celles pour lesquelles Nina Allan nous a attiré ici. Une disparition, une réapparition, une enquête. Une énigme.
Mais au contraire de ces innombrables récits policiers censés résoudre le mystère du meurtre, La Fracture, elle, va nous emmener en terrain inconnu, là où l'on ne s'attend absolument pas à aller…

Choisir son réel
La Fracture, avec sa révélation centrale, prend un tournant inattendu, un tournant science-fictif. Abrupt, celui-ci a de quoi désarçonner le lecteur jusqu'ici embarquer dans une version réaliste de l'histoire de Julie. Mais petit à petit, les jointures de l'histoire montrent des failles. Cette histoire, Nina Allan ne la veut pas définitive, elle veut vous la laisser, elle veut l'offrir au lecteur, comme un cadeau empoisonné et le mettre dans la même position que Séléna qui apprend l'incroyable. Julie dit-elle la vérité ? Existe-t-il seulement une seule vérité ?
En pensant son récit comme les conséquences d'un évènement traumatiques, la disparition de Julie, et en y ajoutant une révélation fracassante et brutale, l'autrice britannique fracture bel et bien sa narration.
Elle utilise tous les mediums, de l'article de journal à la lettre en passant par la liste d'objets trouvés, pour creuser son intrigue et fournir du matériel à l'enquêteur-lecteur qui doit, comme Julie, assembler la version en laquelle il choisit de croire. La Fracture est un roman de l'incertain, un roman du doute. Il porte en lui quelque chose de sinistre et de terrifiant : l'impossibilité de saisir le réel, si le réel est une chose certaine, s'il l'a jamais été.
Nina Allan époustoufle dans la façon qu'elle a de penser son récit, d'agencer ses éléments et de semer des miettes qui seront ou non repérées par le lecteur.
Pour les plus attentifs et les plus méticuleux, La Fracture est un chef d'oeuvre aux interprétations multiples où l'on relève toutes les mentions, aussi anodines semblent-elles être, à des films, à des affaires, à des mythes.
Car le roman de Nina Allan est traversé par tout ça de bout en bout, par la possibilité d'un ailleurs et d'un autrement. D'où viennent les légendes urbaines, des poissons-chats capables de vous briser un os aux serial-killers qui rodent près de chez vous dans une camionnette blanche trop banale pour être honnête ? N'existe-t-il pas, en réalité, quelque chose de fondamentalement vrai là-dessous ? Une vérité que même la science, parfois, ne peut pas expliquer. le fameux cas sur des milliards. Les 2% d'erreur dans l'identification d'ossements retrouvés par hasard ? le trou noir qui pourrait vous happer ? le satellite d'origine inconnue que personne n'a jamais formellement identifié ?
La Fracture, c'est le roman du « Et si ? »

Au-delà de la perte
Il serait cependant faux de croire que Nina Allan n'est là que pour échafauder hypothèses fumeuses sur hypothèses fumeuses. Elle habite aussi ses personnages avec une élégance et une grâce qui force le respect. Les deux soeurs, Julie et Séléna, constitue un exemple brillant de cette finesse descriptive, ou comment le passage du temps finit par rendre les gens distants, presque étranger. Malgré tout, il reste toujours quelque chose d'intime, d'indescriptible, un lien qui dit ce que le reste, le rationnel n'est pas capable de dire. C'est le drame aussi qui est au coeur de ce roman-monstre, le drame de la perte et comment ceux qui survivent choisissent de faire face.
Pour le père de Julie, c'est en refusant d'abandonner et en plongeant dans l'UFOlogie et autres théories farfelues jusqu'à ce que mort s'ensuive. Pour la mère, ce sera le renoncement, se faire à l'idée de la fin et s'y tenir, jusqu'au bout pour poursuivre. Et pour Séléna… l'histoire est plus compliquée, forcément, elle devra composer non seulement avec l'avant, mais aussi avec l'après, et ce que Julie lui soumet comme question : « Es-tu capable de me croire envers et contre tout ? ». La Fracture, c'est un roman de femmes, fortes et indépendantes de préférence, qui se font leur place après la tempête et qui combattent. de femmes qui n'ont pas besoin d'hommes bruyants pour exister. C'est l'histoire finalement du miracle d'être.
Dans ce cocon intimiste, joué sur plusieurs plans et sur plusieurs dimensions, Nina Allan dissémine ses références et joue avec le lecteur. Les deux soeurs aiment X-Files et s'amusent à dénicher les aliens cachés autour d'elles, Anastasia et Pique-nique à Hanging Rock oscille entre réalité et fiction et l'on cite même l'épilogue du film d'horreur The Descent comme une épiphanie pour l'enquêteur-lecteur qui y voit la fracture du réel face à l'intolérable désespoir de la situation.
Au fond, La Fracture parle de l'effet d'un évènement traumatique sur notre perception du réel et comment, d'une façon insidieuse et quasi-inexplicable, la réalité peut se casser en deux pour emprunter deux chemins parallèles capable de cohabiter ensemble.

Le monstre dans le placard
Il reste une dernière chose à préciser sur cet extraordinaire roman écrit par Nina Allan, c'est non seulement qu'il est tout sauf reposant, mais qu'il est aussi, au fond, tout à fait terrifiant. Mais pas de cette horreur frontale et gore dans laquelle des jeunes femmes trucident des hominidés albinos au fin fond d'une grotte encore non cartographiée. Non.
C'est avec le sentiment discret et insistant, comme à l'orée de votre champ de vision, comme une bougie qui s'éteint lentement pour laisser place aux ténèbres, que des choses inconcevables qui bouleversent notre sens du réel sont capables de survenir à tout moment. Que votre vie peut basculer dans l'inexplicable et que vous puissiez rester seul sur votre propre planète.
Le jeu de miroir opéré avec L'Invasion des Profanateurs de Sépultures n'a, à ce titre, rien d'innocent. Il synthétise toute l'angoisse existentielle de ne pas voir que quelque chose a changé en face de nous, de ne pouvoir comprendre l'étrange qu'en fixant notre attention sur des détails à priori insignifiants.
Dès lors, Amsterdam pourrait même vous sembler venir d'ailleurs. Sans parler de votre propre soeur…ou de vous-même.
La Fracture ne se limite donc pas au récit policier et au drame intimiste, il distille une terreur cosmique, presque métaphysique, la sensation que demain, un trou noir peut s'ouvrir au-dessus de votre tête et qu'en regardant de trop près l'être aimé, il pourrait ne plus être le même.
D'ailleurs, est-on la même personne en tournant l'ultime page de ce roman que celle qui l'a entamé d'un air innocent et détendu quelques heures auparavant ?

Peu de choses sont certaines dans l'univers connu, mais s'il faut s'accorder sur le talent de Nina Allan en tant qu'autrice, alors La Fracture vous offre tout ce que vous devez savoir à ce sujet.
Un chef d'oeuvre de fiction dérangeante et obsédante qui veut faire douter et qui finalement laissera l'univers à sa place, dans le champ des possibles. Tous les possibles. Voire au-delà.
Lien : https://justaword.fr/la-frac..
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Mini chronique pour un excellent livre,  en fait peu connu. Je ne vais pas vous en dire beaucoup sur l'intrigue de peur de vous "spoiler", mais c'est excellemment bien écrit (traduit de l'Anglais par Bernard Sigaud) et vraiment plein de mystères et de retournements .

4e de couv :

"Le 16 juillet 1994 dans la région de Manchester, Julie Rouane, dix-sept ans, prétexte un rendez-vous avec une copine pour s'absenter du domicile familial… et disparaît pendant plus de vingt ans. Longtemps après l'abandon de l'enquête par la police, faute d'indices concrets — Raymond Rouane, persuadé que sa fille est toujours vivante, continue à explorer seul toutes les pistes possibles. En vain. La mère de Julie et sa soeur cadette, Selena, tentent elles aussi de faire front, chacune à leur manière. Puis un soir, Julie refait surface à l'improviste. Alors qu'on avait soupçonné que l'adolescente ait pu être enlevée et assassinée — un homme de la région ayant avoué plusieurs meurtres de femmes —, l'histoire que Julie raconte à Selena est tout à fait différente. Mais est-il possible de la croire ?"

L'histoire est racontée par Selena, la jeune soeur de Julie. Lorsque Julie lui téléphone, cela fait vingt ans qu'elle a "disparu". Tout le monde la croit morte, sauf leur père, qui finira par, de l'avis des proches, tomber dans la folie puis mourra d'une crise cardiaque, deux ans avant le "coup de fil". Lorsque Selena pose une ou deux questions pour démasquer celle qui l'appelle, elle tombe des nues : seule sa soeur pouvait répondre à ces questions, venant de leurs secrets d'enfance. Elles se voient dans un café, se reconnaissent, mais restent méfiantes l'une comme l'autre : si Julie est là est vivante, que s'est-il donc passé ? Mais Julie ne veut pas répondre, pas encore :"De toutes façons tu ne me croiras pas", dit-elle à Selena. "Et ne dit rien à Maman. Pas maintenant."
Selena, très perturbée, rentre chez elle où elle a conservé tous les cartons de son père, ses dossiers de recherches, des coupures de journal, et les carnets intimes de Julie qu'elle a récupérés, sans les lire, après la mort de son père.

Elle se rend compte que son père a fouillé dans toutes les directions : pédophiles, tueurs en série, hôpitaux psychiatriques, accidents, corps non identifiés, médiums, il a donné des interviews, a lu les histoires de filles restées captives des années, les syndrômes de fausse identité, les cold cases, et même les enlèvements par des extraterrestres. Elle lit aussi les journaux d'ado de Julie, sans y trouver grand chose, à part des brouillons pour des romans que voulait écrire sa soeur, fascinée qu'elle était par les "trous noirs" et les aliens.. mais rien sur un petit ami, une fugue en vue..

Peu à peu les soeurs se rencontrent, de plus en plus souvent, Julie est aide-soignante pas loin, Selena travaille en joaillerie... elles se racontent leur vie de tous les jours, puis Julie commence à raconter où elle était. Et là, c'est trop pour Selena. C'est juste inacceptable.  Incroyable. 


Chapitres entrecoupés de coupures de presse, de parties du journal de Julie recopiées, réflexions, de discussions entre les deux soeurs et la mère, Selena retrace toute leur enfance, leur famille, leur solitude. C'est remarquable, troublant, inquiétant, addictif, magnifique et précis.

Je vous le recommande, j'ai vraiment A-DO-RÉ. Et ce roman me laisse un souvenir troublant et durable...

Un conseil : passez le premier chapitre, celui du voisin, c'est absolument sans intérêt, et presque glauque...



La fracture - Nina Allan, ed Tristram, juin 2019, 403 pages







Lien : https://melieetleslivres.wor..
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La fracture, ce roman anglais déconcertant de Nina Allan, mêlant plusieurs genres, touchant à la science-fiction et aux tueurs en série, mené de façon inhabituelle mais de façon très prenante et bourré de références cinématographiques, mérite selon moi au moins 4 étoiles.
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La fracture de Nina Allan, traduction de Bernard Sigaud, est un roman incroyable, aussi brillant qu'époustouflant. Un gros coup de coeur !
Julie Rouane a 17 ans quand elle disparaît un jour de juillet 1994. Sa mère ne prononcera plus son nom, son père continuera de croire qu'elle vit quelque part, jusqu'à ce qu'il finisse par mourir le coeur brisé par cette absence. Sa soeur cadette, Selena, essaiera de surmonter cette épreuve, de s'en tirer comme on dit, trouver un travail, une maison, ça c'est possible mais créer des liens affectifs c'est plus difficile, il y a comme un trou béant qui l'en empêche. Alors quand la raison de ce trou béant, sa soeur Julie, réapparaît vingt ans après, les repères de Selena vacillent totalement, surtout quand Julie va lui expliquer ce qui lui est arrivé...
Quel roman génial ! Voilà déjà tout simplement ce que je veux dire à propos de cette lecture d'une grande densité. Nina Allan nous livre un roman d'une grande originalité, richement construit. Elle nous emmène sur des chemins surprenants. Et, au risque de me répéter (désolée c'est l'enthousiasme qui veut ça), c'est génial. Franchement, j'ai trouvé ça osé et tellement bien pensé. À mi-chemin entre le thriller psychologique et l'objet littéraire non identifié, ce roman explore la force de nos croyances en ce qui peut paraître inexplicable. Je n'en dirais pas plus au risque d'en dire trop justement, car ce serait un réel gâchis. J'ai adoré la structure du récit, la qualité du texte, très recherché avec ces extraits de lettres, de journaux et de livres, tous imaginés par l'auteure. L'écriture aussi est travaillée et nous plonge dans l'atmosphère de mystère et de doute qui enveloppe le roman.
La fracture est un roman exceptionnel qui nous emmène sur des chemins inattendus. J'adore ce genre de livres et c'est pour ça que celui-ci rejoint les pépites de ma bibliothèque et que je souhaite à présent lire tous les autres romans de cette auteure à la créativité sans limite.
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Ca commence par une une disparition d'une jeune fille, c'est simple, mais nina allan n,'est par une romancière comme les autres, le roman va prendre tour a tour des accents sf, du roman noir, en gardant son lecteur en éveil, le baladant d'un univers a un autre, croisant les effluves d'un talent narratif hors du commun.

Nina allan déjà remarquer par son ouvrage"complication" signe ici un de ses plus beaux livres, d'une histoire simple, elle convoque dans son livre les plus grands noms de la litterauture, en restant elle même
.
SI cela peut déconcerter, laissez vous aller, et entres dan un univers hors norme, que l'on rencontre peu, je ne raconterais rien du livre, juste ne vous fiez pas trop au résumé, ce n'est que la le dessus immergé de l'iceberg, un blog de glace qui vous laissera pantois, par sa stature, et son onirisme brulant.
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"Nina Allan, qui pratique le syncrétisme des genres et dit aimer les romans policiers « parce qu'ils combinent une narration prosaïque, à la recherche de l'extraordinaire », utilise librement tous les styles qui servent son propos. La force du roman tient à ces failles qu'il ouvre sous les pieds du lecteur, profondes mais étroites, entre deux morceaux de terre ferme, des failles qu'on peut franchir malgré tout. Il ne cède à aucune facilité. Pas de violence gratuite, ici le récit n'est jamais totalement terrifiant, il ne l'est que par fulgurance, par vertige.

La Fracture n'utilise aucune des ficelles de la démonstration spectaculaire. le livre penche vers l'apaisement, au contraire, vers une sorte de saudade où des personnages habitent leur vie sans y prendre vraiment part, sous peine de perdre la raison – le père était-il vraiment fou ainsi qu'on l'a dit ? Julie est-elle folle ? – et nous laissent des questionnements sans fin."

Extrait de l'article de Kits Hilaire dans DM
Lien : https://doublemarge.com/la-f..
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Disparition inexpliquée et explication inacceptable, imposture et improbabilité, souvenir névrotique et mémoire défaillante : un usage brûlant et malicieux de l'arme science-fictive.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2019/09/11/note-de-lecture-la-fracture-nina-allan/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Je trouve que la quatrième de couverture est plutôt bien faite car cette histoire n'est pas si facile que cela à raconter. Pour ma part, j'ai dévoré ce roman.
Ne pas juger mais entendre les voix de Séléna la soeur cadette et de Julie, revenue à Manchester après avoir disparue pendant 20 ans, disparition qui a mené au divorce des parents et à un père perdant peu à peu la raison. Comment peut réagir Séléna face à ce retour improbable, alors qu'elle s'est reconstruite difficilement après tout le vide et les dégâts occasionné par cette disparition ? leur mère si sceptique ? Julie est-elle une manipulatrice ? ses récits d'un autre monde sont-ils fantasmés ou bien il y a bien eu une fracture temporelle ? Beaucoup de questions justes soulevées par ce drame et cette réapparition.
Alors, si vous êtes cartésien ne lisez pas ce livre. Si vous savez vous faire emmener sans vous poser de question, par un auteur, foncez ! La fin n'est pas une fin ouverte, elle est délicieusement mystérieuse et reste dans la tête. J'ai beaucoup aimé ce mélange réaliste, de vie, d'enquête et puis les parties très habilement imbriquées se déroulant à Tristane avec Caelly et Noah. Des personnages « secondaires » mais formidables comme Vanja et Nadine Akoujan, spécialiste des métaux extraterrestres et surtout, le creef, qui se glisse dans l'homme et en prend possession.
Folie ou non : où se situe la réalité et tout dépend de notre regard et surtout de ce que l'on veut au fond, vraiment croire.
Un roman troublant, bien écrit, et où, bien sûr, la vérité est ailleurs…
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Soudainement, sans que rien ne le laisse présager, Julie, la soeur aînée de Selena, disparaît.
Vingt ans après, alors que toutes les pistes de recherches ont été depuis longtemps abandonnées, Selena reçoit un coup de fil :
« Allo, c'est moi, c'est Julie ! »
Mais est-ce vraiment Julie ?
S'ensuit un long travail de rapprochement entre les deux soeurs. Julie est elle-même et plus tout-à-fait la même.
Qu'est-il arrivé ?
Julie prend son temps pour délivrer les éléments de ce qu'elle a vécu ces vingt dernières années parce qu'ils sont tout simplement inconcevables et qu'elle a peur de ne pas être crue.
« Julie avait scindé le monde en deux quand elle avait disparu et cette division était si prononcée qu'on pouvait presque la voir, si on y réfléchissait, comme un embranchement sur la route.»
Le titre La Fracture, même s'il n'est pas original, reflète très justement les différentes acceptions de ce mot présentes dans l'intrigue. Nina Allan est fascinée par les mondes parallèles et les failles spatio-temporelles. Dans ses histoires, elle affectionne particulièrement la construction en abyme ou de multiples fenêtres reproduisent une version décalée de l'histoire centrale. C'est très visible dans La Course par exemple. Un peu moins dans ce livre à l'intrigue plus fluide où les différents changements de point de vue se mêlent harmonieusement.
Et puis il faut reconnaître que la fin est magistrale. Un certain chat n'y est pas étranger, mais je ne vous dirai pas lequel, à vous de le découvrir !
Même si l'auteure est avant tout une littéraire qui sait nous emmener dans son univers avec brio et donner à ses histoires une profondeur spirituelle, elle exploite aussi avec beaucoup de finesse les connaissances scientifiques de son temps ainsi que différents aspects de l'actualité.
À noter que Nina Allan et son traducteur Bernard Sigaud ont tous deux été lauréats du Grand prix de l'Imaginaire en 2014 pour Complications.
Ce livre qui a beaucoup du thriller est sans doute à la fois le meilleur qu'elle ait écrit, selon moi, mais aussi le plus abordable par tout un chacun. CB

Gandahar n° 21 , décembre 2019


Lien : https://www.chrisbrigonne.fr
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Une jeune fille disparait en 1994 sans laisser de traces : elle s'appelle Julie Rouanne. Elle disparait près d'un lac Hatchmere Lake, en route pour aller passer une soirée chez une copine, Catey.
20 ans après, elle resurgit en reprenant contact avec sa jeune soeur, Selena, qui travaille dans une bijouterie, tenue par Vanja, envisage de prendre des cours de gemmologie et a presque réussi à faire le deuil de sa soeur. Leur père, Raymond est mort persuadé que sa fille disparue, était dans une autre dimension. Leur mère, Margery, a décidé d'aller de l'avant : elle a divorcé de Raymond pour ne pas sombrer dans son délire. La piste du meurtre de Julie par un plombier, Steven Jimson, tueur en série, a été abandonnée faute de preuves. Julie explique à sa soeur qu'elle a disparu car elle était dans une dimension parallèle, sur une autre planète, Tristanne et qu'elle n'a pu revenir que par hasard. Selena ne sait que penser : qui est cette femme qui se prétend Julie, qui connaît des choses très personnelles et inconnues du grand public sur la famille Rouanne, dont le pendentif semble d'un alliage inconnu sur Terre ? Et finalement, est-ce vraiment important ?
Questionnement sur la sororité, sur le lien qu'on entretient avec les membres de sa famille, sur le traumatisme, la santé mentale, un roman bouleversant, à la limite de la science-fiction, très poétique. Magnifique !
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