Je lis le texte de Maurice Alline au moment où les écrans de télévision sont occupés par les ouvrières désespérées de Moulinex, les jetés au ruisseau de Métaleurop, les dockers en proie à des colères atlantiques, les rages des fileuses des Vosges, les angoisses de tous les précaires du tertiaire.
Les éléments épars d'une humanité industrieuse qu'on disait en voie de disparition et dont le malheur était simplement masqué par le brouillard des plans sociaux.
Car les mots ont cette vertu de faire comprendre les situations, mais ils ont aussi la perversité de les masquer. Le parcours de Maurice Alline, "mi-prolo, mi-intello" comme il le définit lui-même, lui a permis de ne pas être prisonnier des mots et de les rattacher à chaque instant à la réalité vraie...
(extrait de la préface signée Didier Daeninckx, intitulée "la voix des sans-voix" et insérée en début du volume)
Sa mère sautait sur les genoux de Louise Michel, est-cela qui a donné à Maurice Alline le goût de la révolte ?
Né en 1914 dans une famille modeste, il a passé son enfance dans le Paris de Carco et de Prévert. Comme tous les enfants de sa condition, il n'eut guère d'autre choix que d'entrer à l'usine. Pour lui, ce fut la fameuse usine Renault de Boulogne-Billancourt. Le quotidien est rude.
L'atmosphère des années 1930 est lourde des menaces de la guerre, de la montée des fascismes et de la pression exercée par le stalinisme sur le monde ouvrier. Le hasard des rencontres le conduit à militer auprès des trotkistes. Sa guerre ne sera pas celle d'un héros mais d'un français ordinaire. Le hasard, encore lui, le conduira vers l'enseignement.
L'autodidacte découvre alors le plaisir de partager son expérience avec des élèves. Nulle objectivité dans ce récit souvent naïf, mais une authentique sincérité.
Maurice Alline raconte son existence comme il l'a vécue, avec enthousiasme, révolte et un énorme appétit de vie.
Ouvrier dans les années 1930, puis enseignant après la seconde guerre mondiale, Maurice Alline vit aujourd'hui en Bretagne.
(quatrième de couverture de l'édition parue aux "Éditions Ouest-France" en 2007)