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Ramla, 17 ans, aime Aminou. Elle ambitionne de se marier avec lui et de devenir pharmacienne, lui ingénieur, pour vivre heureux, loin de tout, loin d'ici.

Ici, c'est au Nord Cameroun, dans ces villages Peules ou la société musulmane et polygame définit la place accordée à chacun.

Et pour Ramla, comme pour sa soeur Hindou, qui devra se marier avec son cousin, c'est le choix de son oncle qui s'imposera : des mariages arrangés, forcément différents de ce qu'elles attendaient.

Car "le mariage n'est pas qu'une question de sentiment. Au contraire. C'est d'abord, et avant tout, l'alliance de deux familles. C'est aussi une question d'honneur, de responsabilité, de religion - et j'en passe."

"Il est difficile le chemin de vie des femmes, ma fille. Ils sont brefs, les moments d'insouciance. Nous n'avons pas de jeunesse. Nous ne connaissons que très peu de joies. Nous ne trouvons le bonheur que là où nous le cultivons. A toi de trouver une solution pour rendre ta vie supportable. Mieux encore, pour rendre ta vie acceptable. C'est ce que j'ai fait, moi, durant toues ces années. J'ai piétiné mes rêves pour mieux embrasser mes devoirs."
Commence alors pour chacune d'elle, la vie ordinaire des femmes mariées de cette région du sahel, emprunte de corrections physiques, d'humiliations, d'injures, de rapports non consentis (...de viols donc), de servitude... le tout accepté avec fatalité et par une formule simple scandée sans fin : "Munyal ! Patience, mes filles ! Telle est la seule valeur du mariage et de la vie. Telle est la vraie valeur de notre religion, de nos coutumes, du pulaaku."

Leur attitude et leur capacité à accepter leur destin varie. Pour Hindou ce sera un chemin obscur. Pour Ramla, ce sera aussi un combat supplémentaire avec l'autre femme de son nouveau mari : Safira, qui fera tout pour qu'elle soit répudiée.

A mon avis :
Pour les occidentaux, qui voient sans doute d'un oeil étranger et lointain la situation de certaines de ces femmes musulmanes, rendues à un quasi esclavage parfois, cela paraît sans doute difficilement concevable et acceptable.

Dans ce livre, Djaïli Amadou Amal, féministe convaincue, nous fait comprendre que cette situation n'est pas plus acceptable pour elles. Mais elle est tout simplement imposée, sans choix et sans issues pour celles qui en subissent les conséquences.

Triste sort donc pour des femmes pourtant possiblement destinées à un avenir radieux ou en tout cas éduqué, telle l'auteur de cette "fiction inspirée de faits réels".

Bien écrit, ce roman nous fait entrer dans l'intimité des foyers africains, musulmans et polygames, de trois femmes dont les histoires nous sont contées tour à tour et qui s'entremêlent.

On ne s'y ennuie pas une seconde et on est quelque peu subjugué par leur sort, même s'il émane d'une culture différente, mais pas toujours respectable au regard de nos propres valeurs.
En tout état de cause, c'est une immersion dans un univers forcément caché, auquel on n'est pas habitué, qui fait la particularité de cet ouvrage, court et rapide à lire.

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Djaili Amadou Amal, 40 ans séparent votre roman du livre fondateur du féminisme africain, "La parole aux négresses". Awa Thiam, pionnière dans la lutte contre les mutilations sexuelles et ce qu'elle nommait à juste titre "les mutilations de la personnalité sociale, la polygamie, la maternité obligatoire, le port obligatoire de vêtements de contrainte, l'analphabétisme" est incontestablement le premier phare. Votre roman poursuit ce combat de réappropriation. J'admire ce soir votre courage autant que votre plume. J'ai souffert d'être tour à tour Ramla, Hindou et Saphira...objetisée, violentée, patiente jusqu'à l'épuisement, au dégoût, au renoncement, privée de ma voix et de mes droits. Votre roman est une forme de résistance, comme l'appelait de ses voeux Awa Thiam " Comme peut être une goutte d'eau dans la mer, sinon une larme dans l'océan, IL FAUT dire haut ce que toutes les femmes pensent bas, dénoncer les crimes dont les femmes sont l'objet, les mutilations dont souffrent avec fatalisme les femmes, opposer une résistance à tous les plans, une résistance active, une résistance effective à toute oppression [...] la force résidera dans la multitude de voix, de personnes, de consciences".
Merci Djaili pour votre courage. Pour ce NON qui s'élève.
"Il n'existe nulle part un malheur étanche uniquement féminin, ni un avilissement qui blesse les filles sans éclabousser les pères, ou les mères sans atteindre les fils". Germaine Thillion
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Les Impatientes est un roman que m'a offert ma fille à Noël et que j'ai adoré. Ma fille est éthiopienne, nous l'avons adoptée à l'âge de treize mois, elle a aujourd'hui vingt-deux ans, elle sait que je suis sensible aux récits qui proviennent de l'Afrique, à la condition féminine africaine, même si dans d'autres pays, y compris le nôtre cette condition mérite aussi une attention particulière... Nul n'est prophète en son pays... D'ailleurs, à propos de prophète, je vous parlerai plus loin d'un que j'ai plus particulièrement dans le collimateur...
C'est un récit choral, une polyphonie comme je les aime, trois voix de femmes du Sahel s'expriment. Elles s'appellent Ramla, Hindou, Safira. C'est un récit écrit par Djaïli Amadou Amal, auteure camerounaise dont on soupçonne très vite qu'elle parle de son expérience de femme, d'épouse...
Elles parlent d'amour et on leur parle d'honneur et de dignité. Des femmes, des mères, des tantes leur prodiguent conseils, et notamment un seul s'il pouvait être écouté : « Patience ! » Mais oui, pourquoi s'impatienter, car au bout du chemin, au bout de la patience, il y a le ciel... ?
Elles parlent d'amour. Aimer son époux, mais pourquoi, pour quoi faire ? Qui parle d'amour ? Pourquoi parles-tu d'amour alors que tu vas épouser un homme riche, puissant, qui va t'apporter ce dont tu as besoin, qui va te mettre à l'abri de tout besoin à jamais, mais en contrepartie tu devras le respecter, et en le respectant tu honoreras ta famille, la sienne aussi, donc tu seras heureuse pour cela.
Ici après les désillusions, après le désarroi et les larmes, vient le mariage forcé, vient l'horreur de la première nuit, la nuit de noces qui convoque des comportements qui ressembleraient presque à des rites quasiment sataniques, la nuit qui scelle physiquement et définitivement l'entrée de plein pied dans le cauchemar de la captivité à venir.
Cet Islam-là n'est pas un Islam modéré, qu'on le dise et qu'on se le dise une bonne fois pour toutes ! Au nom de quelle religion un homme a-t-il le droit de vie et de mort sur son épouse ? Au nom de quelle religion les preuves d'amour ressemblent à des viols ?
Mais Bernard, pourquoi t'offusques-tu ?
Le viol ici n'existe pas puisqu'on est dans le mariage. Alors, pourquoi viens-tu te mêler de ce qui ne te regarde pas, toi le mécréant ? Cela appartient aux devoirs conjugaux de l'époux, sous le consentement de la famille, des deux familles du reste, au risque, sinon, de les déshonorer.
Quel Dieu s'il existait pourrait accepter cela ? Ah ! Je n'aimerais pas le croiser, celui-là le soir dans une rue sombre en rentrant chez moi...
Je veux crier ici ma rage, mes mots, ma douleur...
Oui, cet Islam soi-disant modéré ne produit pas de terroristes, ne menace aucune société occidentale, dormez tranquillement chez vous chers penseurs de notre chère République Française vous autres aussi qui ne pensez pas, qui n'avez aucun avis sur la question, dormez bien dans vos intérieurs tranquilles et calfeutrés, cet Islam-là ne viendra pas tuer vos enfants dans la rue, dans la rédaction d'un journal satirique ou dans un concert de rock... Mais il tue pourtant, il tue à petits feux, il enlève la vie lorsqu'elle est féminine et jeune, la vie gonflée de désirs et de promesses, la vie qui ne demande qu'à vivre et à aimer, choisir avec son coeur qui veut aimer librement...
Le devoir conjugal, façon islamique, c'est une prison, la femme en prend à perpétuité, c'est une camisole de force qui rend fou, une cagoule qu'on enfouit sur le visage des femmes pour les taire, les terrer, les emmurer, qui donne du pouvoir à d'horribles mâles rendus prédateurs narcissiques par la seule tradition religieuse et patriarcale, protégés par tout un environnement conciliant, y compris celui des femmes, des mères, des tantes, des cousines, des soeurs, des autres épouses puisqu'ici la polygamie est institutionnalisée. Toutes ces femmes à la fois complices, prisonnières, contraintes et résignées elles aussi...
Après la nuit de noces, le corps peut se guérir, attendre un peu le temps que quelques points de suture fassent leur effet, il faut juste être patiente, mais il reste parfois d'autres blessures douloureuses et indélébiles. Qui viendra alors les soigner ?
Oui, il y a des versets et des sourates du Coran qui blasphèment la vie, le bonheur, la légèreté, les gourmandises, la joie, la plénitude des sens, l'immanence de l'instant, les pas de côté, le doute, les sourires, les rires, les fous rires, les digressions de l'existence, les livres où l'on parle d'amour, les baisers volés, l'envie de choisir le moment où l'on veut faire l'amour, et avec qui on veut faire l'amour, des poèmes, des caresses, des regards, des effleurements, des battements d'ailes, des ciels emplis d'oiseaux et qui viennent le soir se réfugier dans le coeur en attente...
Je vous livre un hadith du Prophète ? « Malheur à une femme qui met en colère son mari, et heureuse est la femme dont l'époux est content d'elle ».
Je sais aussi que certains comportements au sein d'autres communautés religieuses, à commencer par la chrétienté, ne valent guère mieux...
J'ai aimé le ton du récit écrit comme une fable, un conte qu'on écouterait autour d'un feu, dit par un griot à une veillée, non pas émerveillé par l'enchantement qu'il procure, mais en totale empathie avec le destin tragique de ces femmes...
Les Impatientes, c'est aussi un chemin, une résilience, je vous laisse prendre le pas sur ce chemin...
L'auteure lance un cri de détresse légitime. Je rêve que ce SOS soit entendu ici et là.
Le prix du Goncourt des lycéens qui a récompensé ce roman pourra aider à entendre cette cause.

« La patience est un art qui s'apprend patiemment. »
Grand Corps Malade
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Très beau roman qui brosse un portrait au vitriol d'une certaine société africaine, dans laquelle la religion musulmane, les traditions locales de polygamie, l'endogamie sociale sont mises au service de l'asservissement des femmes.
Sous couvert de professer la culture d'une certaine sagesse, ce "sois patiente" sert de paravent à l'acceptation du pire ; mariage forcé, viol, humiliation, et tout le reste qui n'est pas montré dans ce roman mais qui se devine avec la "zakat" octroyée par les riches propriétaires aux manants qu'ils méprisent par ailleurs.
Ce qui est fort dans ce livre, c'est qu'on attend la survenue de l'impatience du titre, la révolte face au "Munyal" ...
Je ne veux pas en dire plus mais ce livre est à conseiller, sans hésitation.
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Une lecture prenante mais fort éprouvante…qui raconte combien le genre masculin dans certaines et trop nombreuses parties du monde maltraite, méprise, exploite, empêche les femmes de vivre, les soumettent de toutes les manières imaginables…encore et toujours !

La veille du deuxième confinement, jeudi 29 octobre, je me trouvais à Paris, dans le Marais, et au fil de ma promenade, je n'ai pas résisté à pénétrer encore « librement » dans une librairie , m'étant inconnue , « Comme un roman » [ Rue de Bretagne ], j'ai flâné, et un des libraires avait mis en avant ce texte dont je ne savais rien… Intéressée par les thèmes et le parcours de l'auteure, ayant semble-t-il, mis beaucoup de son propre vécu…j'ai acheté le dernier exemplaire…de cette auteure camerounaise, dont je lisais le nom pour la toute première fois !!

Ironie mordante que le choix du titre, alors que tout le long du récit de ces trios destins féminins, l'entourage familial, éducatif, social serine, répète à longueur de temps aux petites filles, puis aux jeunes filles que l'on marie de force selon les intérêts des familles et des hommes du clan, aux épouses…que la femme n'a qu'un choix et un devoir : La Patience, envers et contre tout, en permanence !
« Je ne suis pas folle. Si je ne mange pas, c'est à cause de la boule que j'ai au fond de la gorge, de mon estomac si noué qu'aucune goutte d'eau ne peut plus accéder. Je ne suis pas folle. Si j'entends des voix, ce n'est pas celle du djinn. C'est juste la voix de mon père. La voix de mon époux et celle de mon oncle. La voix de tous les hommes de ma famille. (...)Non, je ne suis pas folle. Pourquoi m'empêchez-vous de respirer ? Pourquoi m'empêcher-vous de vivre ? « (p. 152) [Hindou ]

Cet extrait dit l'essentiel du noyau central de ce roman , qui nous raconte le destin de trois femmes reliées par une même famille : des parcours de vie, fracassés par les traditions machistes [ pour ne pas dire plus !!! ] du Sahel…
« Je n'étais pas que la fille de mon père. J'étais celle de toute la famille. Et chacun de mes oncles pouvait disposer de moi comme de son enfant. il était hors de question que je ne sois pas d'accord. J'étais leur fille. j'avais été élevée selon la tradition, initiée au respect strict que je devais à mes aînés. (p. 41)” [Ramla ]

L'ennemi n°1 des petites filles, jeunes filles, et des femmes… sont en premier les Hommes qui ont tout pouvoir sur elles, tout le long de leur existence bafouée… le deuxième ennemi, plus terrifiant encore , sont les victimes devenues bourreaux, c'est-à dire les femmes elles-mêmes : les co-épouses [ dans un régime polygame ], les belles-mères…etc.

Ces trois récits de parcours de femmes insistent sur les mariages forcés, les dégâts induites par la polygamie, la violence des hommes envers leurs femmes, leurs filles ; violence se communiquant ultérieurement sur les femmes elles-mêmes, qui se vengent, à leur tour, sur leurs « soeurs » plus faibles, ou en position de plus grande dépendance, ; un cercle infernal, incessant…


Dans ce monde peule, pour lutter contre la fatalité de naître « Femme » l'ésotérisme a une place de choix: les djinns, , les recours aux esprits , aux marabouts, jeter des sorts…tout est bon pour supporter et braver les malheurs qui tombent, s'accumulent sur la tête des Femmes !


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Je savais ce que j'allais affronter en lisant ce livre. Et pourtant, j'ai lu ce livre en étant sidérée.... Ce sentiment de sidération a prévalu durant tout le livre. Sans répit.
Ce livre suit l'histoire de 3 femmes, ou plutôt 2 jeunes filles qui vont être mariées de force et une jeune femme qui va voir arriver une nouvelle épouse pour son mari désormais polygame.

"Merci Seigneur de ne pas m'avoir fait naître femme". C'est une prière répétée chaque matin par les hommes juifs ultraorthodoxes. Ca veut plutôt dire merci de ne pas être cette chose infâme qu'est une femme. Mais pourtant j'ai pensé à cette prière pendant le livre. Car clairement naître femme est une calamité dans ce nord Cameroun Peul musulman. Et sachant que naître femme est une calamité dans tant d'autres lieux, d'autres religions....
Ce livre est tristement choquant du début à la fin. le pire étant que je suis très pessimiste : pourquoi les hommes abandonneraient-ils leurs prérogatives ? En fait plus d'égalité hommes-femmes veut clairement dire que certains hommes vont devoir perdre leurs droits actuels.... vont devoir diminuer en fait....

Ce livre est un coup de poing, sans réel espoir.
Ce livre est nécessaire....
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Après la condition des femmes palestiniennes dans le silence d'Isra (un roman bouleversant), je découvre celle des femmes au Sahel avec les impatientes. Et ce n'est guère réjouissant. 1 mot parcourt tout le livre : patience (Munyal). C'est le leitmotiv de toutes ces épouses. Une exhortation. Ton mari te viole : patience. Ton mari te frappe : patience. Ton mari prend une nouvelle épouse et te délaisse : patience. A travers les témoignages édifiants de Hindou, Safira et Ramla, c'est toute la condition des femmes camerounaises, peules et musulmanes qui est dénoncée : mariages forcés, polygamie, violences conjugales. Rien ne nous est épargné. Rien ne leurs est épargné. Soumises à leur famille, les jeunes filles passent de la tutelle d'un père à celle d'un mari. Sans autre choix possible. Terrible.
Une fiction malheureusement inspirée de faits réels (c'est l'autrice qui le dit). Un roman dans la short list du Goncourt.
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Polygamie – mariage forcé – viol conjugal – soumission totale au bon vouloir du mari et des hommes de la famille : tout est lié, c'est horrible et c'est encore d'actualité !
L'auteure provient du nord du Cameroun et témoigne par son roman du sujet brûlant qui hante les jeunes femmes et les jeunes filles, faisant de leur vie un enfer.
Effectivement, par l'intermédiaire de trois narratrices, nous assistons au calvaire – et le mot est bien choisi – de trois jeunes femmes, les deux premières mariées de force, la troisième épouse aimée et mère de 6 enfants, devant partager l'amour de son mari après 20 ans. Ce calvaire n'a pas de fin, ne reçoit pas de consolation même auprès des autres femmes, car les co-épouses deviennent souvent de pires ennemies, se disputant la protection de leur mari tout-puissant. La « honte » d'une femme qui se rebelle rejaillit, en plus, sur celles de sa famille qui lui en veulent pour cela.
Un cycle sans fin d'humiliations, de décrépitude mentale, de blessures physiques, de désespoir.

Ce roman se veut une prise de conscience pour nous, Occidentaux, de ce qui se passe à quelques milliers de kilomètres, à notre époque. Je comprends qu'il ait eu le Goncourt des lycéens, car ceux-ci ont dû prendre en pleine face toutes ces tortures mentales et physiques qui sont monnaie courante là-bas. Moi, je savais que « ça » existait, mais je ne sais toujours pas comment agir pour y mettre un terme.

Donc, au point de vue du contenu, je reconnais que le roman (mais ce n'est pas un roman, finalement) frappe les consciences et nous rappelle que nous sommes gâtées et reconnues, du moins pour la majorité des femmes. Car chez nous aussi il y a des femmes battues et des viols conjugaux, même si la polygamie est interdite.

Au point de vue littéraire, je trouve dommage que le style n'ait pas servi l'histoire. Beaucoup de répétitions, des phrases assez banales, un vocabulaire commun m'ont empêchée d'apprécier le roman à sa juste valeur. Cela m'a fait penser plutôt à un style journalistique.

Que mon avis ne fasse pas obstacle à votre désir de lire ce livre, surtout, car la vertu prônée par les hommes, la patience, est mise à rude épreuve chez ces femmes opprimées, et nous mène droit à la révolte.
Vive l'impatience !
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Mais qu'a vraiment voulu dire Djaïli Amadou Amal, dans son roman « les impatientes ?
Raconter son vécu de femme mariée sans avoir choisi ?
Se revendiquer féministe ?
Plaire à l'Occident en lui montrant l'horreur que vivent les femmes africaines, voyez bien comme vous êtes heureuses sans le savoir ?
Montrer que prisonnières de traditions rétrogrades, les femmes africaines doivent subir le mariage forcé, la menace de la répudiation, la polygamie qui ne peut être qu'un panier de crabes rempli de haine et de jalousie et prises dans les filets de ces situations sans solution ?
Veut-elle « faire un exemple », rêver que les hommes s'arrêteront de violer en prenant conscience qu'être violent, c'est mal ?
Pense-t-elle vraiment que son livre est la dénonciation d'une situation générale en Afrique?

Ou, comme elle le dit au début de son livre, parle-t-elle seulement des Peuls sédentarisés au Nord Cameroun , dans un milieu de la riche bourgeoisie affairiste?

Chez les Peuls, quand ils sont nomades, ce sont les femmes qui choisissent leurs futurs maris et elles peuvent en changer chaque année, au moment de la fête du guerewol .
Chez les Ashantis de Guinée, ou les Bamilékés du Cameroun, les femmes ont en main les forces productrices. Dans les zones rurales, comme dans les villes, les commerçantes, (les grosses mamas,) ont le pouvoir et le montrent.
Partout en Afrique Noire, on voit de ces femmes travaillant, dans les champs, sur les marchés, dans les banques, dans les entreprises qu'elles ont crée. L'idée même de femme faible, restant à la maison, dépendant de son mari, n'est juste pas compatible avec le statut des femmes noires.
Cependant, Djaïli Amadou Amal met en scène une histoire vraie, qui se passe à Maroua, puisqu'elle est Peule métissée d'Egyptienne.
Et bien entendu il y a , au Nord Cameroun, comme dans le monde entier, des femmes maltraitées, violées, y compris dans le mariage, et ce sont les destins de trois femmes , plus de leurs trois mères, toutes soumises, violentées, mariées de force, terrorisées à l'idée d'être répudiées qu'elle choisit de mettre en avant.
La maltraitance est pire sous l'Islam, puisque les hommes – qui sont décrits, tous, pères, maris et oncles comme d'affreux jojos–mélangent l'honneur de toute la lignée avec le bonheur de leurs filles : style si tu te fais battre c'est que tu l'as bien mérité, je répudie ta mère si tu n'acceptes pas de te faire massacrer, tu ne vas quand même pas ruiner la réputation de ton oncle si tu ne veux pas devenir la seconde épouse d'un vieux!
Puisqu'il est question de l'Islam, une petite confusion pourrait nous alerter. Tous, pères, mères, tantes, oncles, frères rabâchent à ces petites victimes expiatoires que la patience est la clé. Patience.
Toutes les douleurs sont supportables, disent-ils et ils ajoutent :Allah a bien dit : » tu enfanteras dans la douleur( p 148)
Stop, ce texte de la Genèse est repris pour justifier les infamies du monde patriarcal islamique !
Stop encore lorsque ces trois très jeunes filles sont tellement opprimées que nous pleurons dans nos chaumières, certes, sans pouvoir croire que Ramla ne cherche pas à travailler alors qu'elle a son bac ( ou son brevet ? ) comme notre auteur « féministe » , mais apparemment satisfaite de voir ses héroïnes s'enfoncer toujours plus bas, style moi je m'en suis sortie., et vous, débrouillez vous.

Sans pouvoir croire que Hindou, battue gravement par son alcoolique de mari, ne peut montrer ses blessures à son père, surtout qu'elle a le visage tuméfié, et ça , c'est pire que tout, les hommes peuvent frapper, mais pas que ça se voit, or le père parle sans l'écouter.

Sans pouvoir croire, non plus, que Safira , la sournoise, qui répand de l'urine dans la chambre du maitre lorsque c'est le tour de la seconde( puisqu'elles sont en garde partagée une semaine sur deux ) et qui met de côté de grosses sommes, comme j'ai vu le faire par beaucoup, en prévision, ne part pas, comme j'ai vu aussi le faire en applaudissant.

De plus, mal écrit.
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A peine avais je commencé ma lecture, que déjà je sentais l énervement me gagner...

Trois femmes, au destin malmené par les hommes.

Tout d abord, Ramla, une jeune femme obligée de se marier à un homme d une cinquantaine d années, très riche, et qui a déjà une épouse. Pour Ramla qui a chaque fois éconduit ses prétendants, c est un coup de massue. d'autant plus qu elle était fiancée à un homme qu elle aimait, avec qui elle avait des projets. Mais non, au final tout est annulé, parce que son oncle lui impose ce mariage...

Ensuite, Hindou, la soeur de Ramla. Elle a 17 ans, et on la marié de force à son cousin, un voyou qui a visiblement déjà violé une servante. Il boit et fumé, rentre tard la nuit, la bat, la trompe. Lorsqu elle décide de fuir, après une soirée de coups et un viol conjugal et que sa famille la retrouve, son père la bat.

Enfin, Safira, 35 ans et mariée à un homme riche depuis une vingtaine d années. Ce dernier, par caprice, décide de prendre une seconde épouse... Safira, blessée, humiliée par ce changement de direction soudain, fera tout pour faire partir la coepouse. de marabout en marabout, de piège en piège, elle ne lui épargne rien. Pourtant, son mari ne lui porte pas plus d attention et ne l en aimera pas davantage... Elle n est plus sa femme, mais une épouse parmi d autres.

Alors... Que dire ? Si ce n est que j ai été révoltée par ces gens qui disent en permanence aux femmes "patience". Patience de passer à côté de sa vie ? Patience sous les coups, les insultes, les humiliations ? Patience jusqu a quand ?

Écoeurant, car dans ce roman, personne n aide les victimes. On remet tout sur le dos des femmes... de génération en génération comme si c était normal, comme si leur vie ne valait finalement rien...

Un livre facile à lire au niveau de l écriture, au thème difficile et délicat à traiter.
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