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sur 974 notes
Voyage au bout du silence.

Quel est le chemin intime qui mène à l'exil ? Comment vit-on cet exil à jamais éloigné des siens?

Comment vit-on cet exil de surcroit quand on sait les gens qu'on aime en péril ?

Des questions, des équations irrésolues qui tourmentent ou torturent Vicente, juif-polonais exilé en Argentine depuis 13 ans.
En ces années de seconde guerre mondiale, alors qu'il vit plutôt heureux à Buenos-Aires, ces questions se font plus prégnantes quand il apprend que sa mère et son frère aîné sont reclus dans l'effroyable ghetto de Varsovie.

Que fait-on de ses racines, ni revendiquées, ni cachées, quand elles sont la cause même de se qui menace ses proches, là-bas, si loin que l'on ne peut rien y faire?

Qu'est-ce qu'être juif quand on ne s'est jamais senti une âme de pratiquant ?

On se mure dans le déni, on s'oblige à ne rien savoir, on évite tous les médias qui pourraient distiller quelques infos, on refuse d'écouter le copain qui est informé, lui… et puis…

Et puis la vérité vous éclate à la gueule !

La vérité explose votre petit bonheur à deux balles construit sur des cendres, des sables mouvants.
La vérité s'immisce, s'insinue la garce, la salope et vrille votre raison et vous laisse exsangue.

La vérité n'est pas une sainte.

La vérité n'est pas forcément nimbée d'une aura miraculeuse, elle sait être laide, ignoble, effrayante même si elle représente la réalité.
Le ghetto de Varsovie fut une réalité qui étrangla 40% de sa population sur 4% de sa superficie.

Une réalité qui affama ces reclus pour seulement appartenir à une religion honnie par un chancelier qui avait perdu tout sens concret de l'humanité.

La Shoah est une réalité.

Peut-on vivre avec cela, rester hermétique à la folie qui tue parce que de l'autre rive de l'océan, sur le vieux continent fuit volontairement quelques années plus tôt pour échapper à sa famille envahissante et acquérir une vraie autonomie  ?

Pour Vicente, c'est une torture que de concilier le bonheur familial auquel il a légitimement droit et ces questionnements identitaires qui l'assaillent de plus en plus.
Lui qui ne s'était jamais senti appartenir à une catégorie spécifique ou à une communauté distincte se ressent de plus en plus juif, peut-être précisément parce qu'ils sont persécutés par les nazis, là-bas.

Afin de nous ancrer dans la période ou se situe son roman, l'auteur se (nous) remémore certains pans de l'histoire dantesque qui se déroula en Allemagne ou en Pologne. Les diverses options prises par le IIIe Reich dans la ‘genèse' de la solution finale de la question juive (Madagascar, les commandos itinérants…) nous sont rappelés afin de nous approcher des tourments qui hantent le protagoniste principal.

Au-delà de l'appartenance au peuple juif, ce roman intime, superbement écrit, nous interroge sur la filiation, sur l'héritage aussi bien physique que culturel, sur le bagage que nous trimballons notre vie durant issu de l'éducation qui a été la nôtre ou l'apprentissage qui nous a été donné de suivre (ou pas).

Nait-on de notre peuple ou y appartenons nous parce que son enseignement nous a été délivré ? Quelle en est notre responsabilité ?

Il y est surtout question de culpabilité.

Vicente a-t-il raison de se sentir coupable vis-à-vis des siens de les avoir quittés (abandonnés) avant l'effroyable tragédie ?
Est-on coupable d'avoir échappé à un drame quand notre histoire intime ou héritée nous y prédestinait ? 

Comment continuer à exister avec ce sentiment enfoui quand on est un survivant ? le survivant !
La dépression l'engloutit Vicente, le dévore de l'intérieur, l'isole de sa femme, de ses enfants, de ses amis…

Tempête sous un crâne.

Tout est intériorisé, il se replie et se laisse glisser vers ses sombres abimes qui vont l'emporter la ou il pourra être enfin seul.

Sa seule attente : le silence.
Son refuge : le silence.

‘Il avait voulu ne pas savoir parce qu'il avait songé que tout ce qu'il saurait serait pire que son ignorance'

Existe-t-il un mot qui puisse exprimer l'horreur que le peuple juif a vécu durant ces années d'épouvante, je ne le crois pas.
Le silence qui a suivi la découverte de cette ‘tragédie' me semble la preuve : c'est inexprimable.

Pourtant, à travers ce personnage qui n'en a rien vécu et qui s'est obligé à ne pas savoir ce qu'il a su, l'auteur nous emmène au bord de l'abîme et nous livre un ouvrage éblouissant  ou il s'emploie à faire en sorte que nous, nous n'oublions jamais ce que nous n'avons pas connu.
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Après six livres autobiographiques que je n'ai pas (encore) lu, mais dont les titres évoquent un silence assourdissant (Une enfance laconique, Une jeunesse aphone, Une adolescence taciturne ), Santiago Amigorena raconte son grand-père, Vicente Rosenberg, juif polonais, émigré en Argentine en 1928. Douze ans plus tard il est parfaitement intégré, gagne bien sa vie, il est marié à Rosita, de la deuxième génération de ceux qui ont fui les pogroms du début du siècle en Russie, ils ont trois enfants. Quand Vicente est parti c'est en bonne partie pour fuir sa famille, du coup il ne se préoccupe de sa mère restée en Pologne que tardivement, en 1941, il culpabilise d'autant plus et plus le temps passe, plus il se terre dans le silence. Ni ses amis ni sa femme n'arrivent à le sortir de là. En fait lui qui n'a rien vécu de la shoah se comporte comme pas mal de rescapés d' Auschwitz, alors qu'il vit dans un pays qui n'est entré en guerre qu'au printemps 1945. J'ai beaucoup aimé la façon dont l'auteur parle de l'admiration de son grand-père pour la culture allemande, puis de son rejet. Cela peut surprendre, ce silence par rapport à sa femme et ses enfants, quand on sait les dégâts que cela peut faire, mais c'était une autre époque, une autre mentalité : il pensait les protéger. Ce qui rend ce roman très fort, c'est que le lecteur en vient à se demander comment il aurait réagi à la place de Vicente. le style se fait, à force de répétitions, étouffant, comme une spirale infernale ou un noeud coulant qui se resserre inexorablement. C'est peu agréable, mais diablement efficace !
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Lorsque j'avais assisté, à la Fête du livre de Bron, à un entretien avec Santiago H. Amigorena, j'avais été très marquée par la façon dont l'auteur avait évoqué avec beaucoup d'émotion et d'intensité sa douloureuse histoire familiale sur trois générations : celle de ses grands-parents durement éprouvée par le nazisme, celle de ses parents obligés de fuir la dictature militaire en Argentine et la sienne, enfant d'un exil forcé en France.
J'avais donc une très forte attente par rapport au roman qu'il venait présenter : le ghetto intérieur qui relate l'histoire de son grand-père Vincente Rosenberg, émigré en Argentine en 1928 et qui va vivre toutes les années de la Seconde guerre mondiale, loin de sa famille restée en Pologne et soumise aux persécutions nazies. le roman retrace le périple de cet homme qui s'enfermera progressivement dans le silence faute de pouvoir secourir les siens. Un silence dont il ne sortira pas jusqu'à la fin de ses jours... Une problématique poignante, douloureuse, qui aurait dû me happer du début jusqu'à la fin.
Mais cela n'a pas été le cas. Je reconnais que l'auteur a su passer au scalpel toutes les étapes de cette lente descente aux Enfers. le silence de Vincente sera d'abord le refus des pensées obsessionnelles qui le hantent et des mots qui leur donnent vie. Puis petit à petit viendra le désir de parvenir à un vide intérieur intégral : un rempart contre les rumeurs assourdissantes du monde extérieur sur la terrible tragédie en train de se jouer, mais aussi et surtout le choix de se murer dans une sorte de "ghetto intérieur" qui, pense-t-il - sauf dans ses cauchemars - va le préserver de sa mauvais conscience.
Mais en 1945, Vincente ne va plus pouvoir "ne pas savoir". La tragédie de l'Holocauste éclate au grand jour et Vincente ne peut plus ignorer que sa mère est morte à Treblinka. Alors il va vivre une autre horreur, "celle d'une vie coupable, où la culpabilité le rongerait jour après jour, l'horreur d'avoir fui, d'avoir abandonné sa mère...". Et Vincente va se taire jusqu'à sa mort, s'infligeant le supplice d'une auto-punition sans fin... et refusant de partager sa peine avec sa famille.
Une trajectoire tragique à laquelle je n'ai pas vraiment accroché , faute d'avoir pu la vivre corps et âme avec le personnage de Vincente qui, pour moi, est resté très lointain. Pas ou peu de monologues intérieurs, une analyse certes brillante, mais très distanciée de ses états d'âme, m'a empêché de partager la tragédie vécue par cet homme.
Je n'ai en fait trouver la "petite musique intérieure" qui fait vibrer la lectrice que je suis qu'à la fin du roman lorsque l'auteur se met en scène et devient narrateur. Les dernières pages du roman m'ont émue par leurs questionnement apaisés et leur forte densité émotionnelle : un hommage vibrant à la force de l'enracinement transgénérationnel et à la saveur douce amer du souvenir...
Mais dommage c'était la fin !
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Un juif polonais exilé en Argentine où il a construit sa vie familiale et professionnelle avant la seconde guerre mondiale, change de tempérament lorsqu'il apprend le sort dévolu à sa famille maternelle.
Rongé par le remords de ne pas avoir fait partir sa mère et son frère à temps, de ne pas avoir insisté pour les accueillir, il devient taciturne et quasi muet.
Ce roman extrêmement émouvant raconte mieux que beaucoup d'autres la souffrance de ce que a été la Shoah et l'impossibilité même de l'imaginer.
Les sentiments de Vicente sont décrits sans pathos, l'auteur expose les faits de manière brute, sans fioritures inutiles et nous découvrons lors de l'épilogue de qui il s'agit (quoique facile à deviner).
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C'est l'histoire d'un homme qui "voulait ne plus savoir".
Wincenty Rosenberg est devenu Vicente lorsqu'en 1928, âgé de 26 ans, il a gagné l'Argentine pour mener sa propre vie loin de la Pologne -et de sa mère. Et il a réussi : douze ans plus tard, il est parfaitement intégré, marié, père de famille et possède un magasin de meubles à Buenos Aires. Mais comment continuer à jouir de la vie quand les lettres que lui envoie sa mère, restée à Varsovie, se raréfient ? Quand les quelques nouvelles qui lui parviennent évoquent un ... ghetto ? la faim insoutenable ? des chambres à gaz mobiles ? Comment ne pas devenir fou en essayant de trouver un sens à tout cela, et comment supporter de vivre en se reprochant de n'avoir rien fait pour épargner ce "tout cela" à sa propre mère ?
C'est la première fois que je lis un récit qui aborde la Shoah sous l'angle si particulier de la culpabilité, et cet aspect m'a profondément interpelée. Ce livre offre de riches débuts de réponses à toutes ces questions qui font mal tant elles dérangent. Comment continuer à vivre sans savoir ce qui advient de ceux que l'on aime et que l'on aurait pu protéger ? Comment continuer à vivre quand on est plongé dans une telle impuissance, à 12 000 km des siens ? Comment continuer à vivre en se torturant l'esprit à imaginer ce qu'ils peuvent subir au même moment ?
C'est donc un récit très intériorisé que propose ici Santiago H. Amigorena, et auquel il apporte des précisions qui ne sont pas contemporaines à l'intrigue, mais qui ont été postérieurement avérées. Bien que pertinente, cette double narration temporelle est un peu perturbante, car le livre oscille alors entre roman et ouvrage d'Histoire. Par ailleurs, le style est un peu aride, mais en accord avec le thème développé.
Avec "Le ghetto intérieur", Amigorena a écrit une oeuvre profondément humaine sur la Shoah et sur la famille, le genre de livre marquant qui fait réfléchir et qui oblige à savoir. On n'en sort pas indemne, mais au moins, on en sort.
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« J'ai souvent écrit que l'oubli était plus important que la mémoire. J'ai souvent songé, comme Pasolini, que celui qui oublie jouit plus que celui qui se souvient. »

1940, Vicente juif polonais vit en Argentine avec sa femme et ses deux enfants. La guerre en Europe est si loin qu'on pourrait se croire en temps de paix. Sa mère et son frère sont encore en Pologne. Vicente se sent en ce temps-là bien plus argentin que juif ou polonais. À Varsovie, les Allemands ont commencé à bâtir un mur, mais partout dans le monde on ignore ce qu'est réellement la vie à l'intérieur du ghetto. Une zone d'à peine trois kilomètres carrés où vont vivre plus de quatre cent mille personnes. Les allemands vont mettre en oeuvre une véritable entreprise industrielle pour régler la question juive, onze millions de personnes à assassiner,

Dans ce roman, Santiago Amigorena nous raconte une histoire vraie, celle de son grand-père Vicente, mais ce roman est avant tout l'histoire du silence. Celui des informations qui sont confuses, incomplètes, les journaux donnent une version incertaine des atrocités qui ont lieu. Partout dans le monde on préfère ne pas parler, ne pas savoir. le silence dans lequel va se réfugier Vicente . Une lettre de sa mère va lui ouvrir les yeux, il aurait préféré ne pas savoir, il cesse de croire que la vie est plus importante que la mort. Tout ce qu'il a soupçonné tout ce qu'il n'a pu imaginer est moins horrible que la vérité.
Une réflexion sur l'identité,
« Pawel avait une mère juive et un père chrétien. Et il disait toujours que c'était bizarre, parce que si on lui demandait s'il était chrétien il disait toujours non et ça s'arrêtait là, mais si on lui demandait s'il était juif il disait toujours non, et il se sentait coupable. »

Une réflexion sur les origines,
« C'est comme si cette origine juive était une grosse valise qu'il fallait se trimballer pendant toute notre existence... comme un héritage tellement lourd, tellement immense. »

Mais surtout une réflexion sur la culpabilité. Alors que sa mère et son frère sont enfermés dans le ghetto de Varsovie, Vicente va s'enfermer dans un ghetto intérieur, ignorant ses enfants et sa femme. Un récit bouleversant, qui alterne la progression de la mise en place de l'extermination des juifs avec le drame intime vécu par Vicente étouffé par sa culpabilité, sa culpabilité de survivant.


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Le ghetto intérieur est une lecture émotionnellement très forte. Vicente, jeune juif polonais immigre en 1928 à Buenos Aires, il y fonde sa propre famille, laissant sa mère à Varsovie.
La guerre arrive, plus de nouvelles de sa mère qui tente de survivre dans le ghetto de Varsovie.
Ce livre nous plonge d'abord dans ce questionnement identitaire. Que signifie " être juif"? Qui l'est et dans quelle mesure ?
L'auteur fera dire à Vicente: Je suis juif mais je ne sais pas ce que c'est.
Vicente, lui s'est toujours senti polonais, voire il rêvait de vivre en Allemagne. La guerre va le plonger dans une culpabilité écrasante, dont sa seule issue est le silence, il ne veut plus savoir, ne peut plus vivre. Il s'emmure, il ne peut plus s' occuper de sa femme, ses enfants. À la fin de la guerre, son ultime salut est de se pendre, heureusement empêché par sa femme.
Vincent va vivre une autre horreur:" l'horreur d'une vie coupable où la culpabilité le rongeait jour après jour..."
Ce livre m'a beaucoup fait penser à celui de Tatiana de Rosnay: Elle s'appelait Sarah, tout comme Vicente, elle échappe à l'abomnination de L'HISTOIRE, néanmoins elle se donnera la mort quelques années plus tard, incapable de survivre à cette culpabilité, tous les siens sont morts.
Un livre émouvant, nous interpellant sur le sens de la vie, sur la culpabilité, la filiation et tant d'autres choses.


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Ce livre est un vrai coup de coeur ! Je l'ai dévoré. Il parle d'un sujet extrêmement dur, il aborde la Shoah d'une façon assez différente de ce que l'on peut lire dans de nombreux romans.

Ici, la question tourne autour de la définition d'un individu, dans ce roman l'auteur tente de répondre à la question « qu'est-ce qu'être juif ? Doit-on se sentir juif ? » En effet, de nombreuses personnes sont juives car leur mère l'était mais comme ils ne pratiquent pas la religion, ils ne se sentent pas juifs. Sauf que lorsque les Nazis accèdent au pouvoir, il n'y a plus de demi-mesure : un juif est un juif, qu'il pratique ou qu'il ne pratique pas, que ses origines soient lointaines ou non…

L'auteur montre également que ces événement ont également fait des victimes collatérales, à l'image de Vicente qui souffre d'être l'un des survivants. Lui qui a si longtemps insisté pour que sa mère vienne en Argentine mais qui, devant ses refus, n'a pas insisté plus que ça, lorsqu'il comprend que sa mère est morte on a l'impression que lui aussi meurt à petit feu et qu'il ne veut plus vivre.

L'écriture est fluide et simple tout en étant très profonde et en secouant le lecteur. L'auteur effectue à travers ce roman un travail de mémoire puisqu'il nous parle de son grand-père Vicente et qu'il amène à se questionner sur l'identité, la culpabilité, le silence. le roman est assez court mais il amène à une profonde réflexion de la part du lecteur.

Bref, je vous le conseille, une vraie pépite !
Lien : https://ogrimoire.com/2019/1..
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Raconter la barbarie, mettre des mots sur l'ineffable, créer une oeuvre à partir de ce que l'être humain a produit de pire. On a parfois l'impression que la littérature n'en finira jamais avec ces sujets douloureux.
Santiago H. Amigorena s'y confronte à son tour dans son dernier roman en situant l'action en 1940, dans le ghetto de Varsovie.
Vicente est arrivé en Argentine en 1928. Il a quitté sa ville natale, ses origines juives encombrantes et une famille étouffante sous la coupe d'une mère possessive en espérant changer de vie. Il donne des nouvelles, de loin en loin, jusqu'en 1940 où il apprend, bouleversé, la situation des juifs en Pologne.
Quelques lettres de sa mère, prisonnière dans le ghetto l'inquiètent de plus en plus.
Pourquoi est-il parti ? Pourquoi a-t-il abandonné sa mère et son peuple ? le remord se fait de jour en jour plus prégnant, l'enveloppant dans une abyssale solitude. Il passe ses nuits à jouer au poker, délaissant de plus en plus son épouse et ses enfants avec qui il est incapable de partager son mal-être et sa culpabilité.
Santiagi H. Amigorena réussit à décrire l'enfermement intérieur de son héros dans un récit lucide et sobre porté par une écriture d'une beauté incroyable.
Une magnifique lecture.
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Vicente a fui la Pologne en 1928 et s'est installé à Buenos Aires. Il a épousé Rosita, a eu avec elle trois enfants et retrouve régulièrement ses amis au café.

Loin de l'ombre dans laquelle plonge l'Europe à la fin des années 30, il en perçoit peu à peu la gravité à travers les lettres qu'il reçoit de sa mère restée à Varsovie.

Vicente qui ne s'était jamais senti particulièrement juif, s'interroge soudain sur son identité :

"Comme tous les juifs, Vicente avait pensé qu'il était beaucoup de choses jusqu'à ce que les nazis lui démontrent que ce qui le définissait était une seule chose : être juif."


Au moment où l'entreprise d'extermination industrielle des juifs se met en place, l'auteur choisit, s'inspirant de l'histoire de son grand père, un point de vue inédit : celui de Vicente, à des milliers de kilomètres de l'horreur mais emmuré peu à à peu dans son silence, dans sa consternation, dans sa culpabilité, dans son sentiment poisseux d'impuissance.

 Penser l'impensable » et « comprendre l'incompréhensible », c'est ce à quoi s'attache subtilement ce sobre mais terriblement puissant roman.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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