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sur 972 notes
C'est peut-être ça, la littérature. Trouver un angle qui permette de faire ressentir autrement, des faits pourtant bien connus, des faits dont les romanciers se sont si souvent emparés. J'ai beaucoup lu sur la Shoah. Des essais, des romans, du très bon et du très fort. Mais ce que j'ai ressenti à la lecture de ce roman est tout à fait inédit. Je l'ai pris directement dans le ventre, me suis trouvée à plusieurs reprises au bord de la nausée. Pas de scène spectaculaire pourtant. Pas de description d'horreur, d'autres l'ont déjà écrit ou montré. Non, tout est dans l'angle par lequel l'auteur invite le lecteur à prendre connaissance de son histoire. Une histoire de silence, quand les mots deviennent impuissants. Et cette façon d'opposer le silence à la parole, de pointer l'horreur par l'absence de mots est tout simplement bouleversante.

Vicente Rosenberg a quitté la Pologne en 1928, s'est installé à Buenos Aires, s'est marié avec Rosita et est devenu père de trois enfants. Il a atteint le but qu'il s'était fixé : s'émanciper, s'extirper de la tutelle pesante de sa mère, restée à Varsovie. Il en a presque oublié qu'il était juif, une composante comme une autre de son identité pensait-il, jusqu'à ce que le nazisme se charge de lui rappeler que c'est ça, et uniquement ça qui le définit. Mais il y a désormais plus de 10 000 kms entre lui et les murs du ghetto qui sont en train d'encercler et de confiner la population juive de Varsovie et, parmi eux, sa mère et le reste de sa famille. Sa mère qui a refusé de le rejoindre, même s'il reconnait ne pas avoir beaucoup insisté à l'époque, vers 1936, partagé entre l'inquiétude vis à vis des bruits venus d'Europe et le désir de préserver sa toute nouvelle liberté. Comment imaginer ?

"Peut-on penser l'impensable ? Peut-on comprendre l'incompréhensible ? Peut-on imaginer ce que personne n'a jamais vu, ce que personne n'a jamais cru que l'homme serait capable de faire ? Il y a des événements, de temps en temps, qui renouvellent ce que nous sommes capables d'imaginer, qui amplifient le domaine du possible jusqu'à des limites que personne auparavant n'avait supposé qu'on pourrait atteindre."

Il y a donc cette culpabilité qui le taraude autant que l'impuissance. L'incompréhension face aux bribes de nouvelles qui lui parviennent par de rares courriers de sa mère avant le silence et par des entrefilets dans la presse, qui laissent présager le pire sans pour autant troubler l'ordre d'un monde très éloigné des terrains de chaos et de mort. Un monde qui au contraire s'épanouit grâce à l'afflux de réfugiés qui booste son économie. Alors Vicente se tait, comme emmuré dans son ghetto intérieur, étouffé par les sentiments qui l'accablent, mettent à mal les bases de son identité.

"Que sont les mots ? A quoi servent-ils ? Pourquoi lui parler ? Pourquoi essayer de lui dire ce que je ne peux même pas me dire à moi-même ? Il faudrait que je lui raconte toute l'histoire. Depuis le tout début. Depuis que je suis parti de Varsovie. Depuis qu'on est partis de Chelm quand j'avais douze ans. Mais comment lui raconter tout ça ? Comment lui raconter maintenant alors que je ne lui ai rien raconté pendant toutes ces années ?..."

La douleur naît de la distorsion entre ce que certains subissent pendant que d'autres vivent comme si de rien n'était parce qu'ils ne peuvent pas savoir. C'est exactement ce même sentiment qui vous envahit lorsque vous apprenez l'accident d'un proche après coup et que vous êtes tout étonné de n'avoir rien senti qui vous alerte ; des gens chantent, mangent, font l'amour, rient pendant que d'autres entrent dans les chambres à gaz. C'est cette dimension que l'auteur parvient à capter et qui vous retourne l'estomac. Peut-être parce qu'il l'a lui-même ressentie dans sa chair, héritier du silence de Vicente, son grand-père.

"Est-ce qu'on charrie vraiment, dans ce liquide qui nous fait vivre, ou qui nous tue, des histoires qui peuvent se dire par des mots ? J'ai souvent affirmé, en écrivant, que j'écrivais seulement pour survivre à mon passé. J'ai souvent écrit que l'oubli était plus important que la mémoire. (...) J'aime penser, comme je vieillis, que quelque chose de mon passé vit en moi - de même que quelque chose de moi, j'espère, vivra dans mes enfants".

Attention, livre essentiel.
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C'est avec confiance que j'ai abordé ce roman dont on a beaucoup parlé lors de la rentrée littéraire de Septembre 2019, il recueillait de nombreuses excellentes critiques, le sujet était intéressant et peu traité : comment vit-on loin de ses proches en temps de guerre et plus encore quand ceux-ci sont les victimes d'une répression sans pitié.

A la manière d'un tango, mon ressenti comporte plusieurs tempos. 

J'ai dévoré les premières pages, suivant Vicente et ses amis Sammy et Ariel dans leur exil dès 1928 à Buenos Aires, découvrant leur amitié et les existences qu'ils s'étaient construites dans ce pays, m'attachant également à leur parfaite intégration dans cette nouvelle patrie. Vicente s'est forgé presque une nouvelle identité, se sentant argentin désormais comme il avait été polonais et formant Rosita et leurs trois enfants une famille heureuse jusqu'à ce que les inquiétudes, les questionnements de Vicente concernant le sort de sa mère et de son frère, Berl, restés en Pologne prennent le dessus au fur et à mesure que le temps passe, que les lettres se font plus rares et que les rares informations collectées dans la presse laissent présager le pire sur le devenir des juifs de Pologne et donc de sa famille.

Une lecture sur la Shoah, l'Holocauste, le génocide quelque soit le nom qu'on donne à de tels actes, est toujours une lecture éprouvante et il n'y a pas de banalisation d'émotions. Autant de récit, autant de douleur, cela reste une plaie ouverte pour l'humanité d'autant plus quand se pose la question de la non dénonciation, du laisser-faire, de la responsabilité et dans le cas présent celle de Vicente qui oscille entre n'avoir pas tout fait pour sauver sa famille et son désir de se bâtir une nouvelle vie.

J'ai été un peu surprise par l'écriture, certes fluide et tout à fait en accord avec les pensées et ruminations du personnage qui perd peu à peu la parole pour n'être que dans sa prison  intérieure mais à plusieurs reprises j'ai eu le sentiment de répétitions, d'un amoncellement de phrases, certes comme les pensées qui tournent en boucle mais qui à force alourdissaient le récit.

L'auteur incorpore des informations historiques sur la façon dont la "solution finale" a été programmée et mise en oeuvre par Hitler et ses sbires. Si vous n'avez jamais rien lu sur cette période, sur les faits, sur la manière de procéder vous allez apprendre sa génèse et son processus mais pour ma part, ayant déjà beaucoup lu et vu sur cette période, j'ai trouvé que cela "dispersait" le récit et j'aurai préféré qu'il reste plus axé sur ce qui me parait le plus important : le ressenti des "exilés" juifs quand ils ont eu connaissance de ce qui se produisait en Europe alors qu'ils vivaient en liberté.

D'autres thèmes sont abordés : l'identité : religieuse, ici la judéité et devient-on citoyen du pays où l'on vit ou reste-t-on à jamais citoyen du pays de ces racines, des questionnements qui deviennent vitaux pour Vicente allant jusqu'à la presque folie, à l'enfermement intérieur, à se couper du monde qui l'entoure et de sa propre famille, ne s'exprimant plus et se plongeant dans le jeu comme moyen de se perdre, de tout perdre, jusqu'à envisager de disparaître.

"Vicente allait éprouver une double haine de lui-même : il allait se détester parce qu'il s'était senti polonais et il allait se détester davantage encore parce qu'il avait voulu être allemand. Il allait éprouver une double haine de lui-même que jamais le fait de se sentir juif n'allait soulager. "Pourquoi jusqu'aujourd'hui j'ai été enfant, adulte, polonais, soldat, officier, étudiant, marié, père, argentin, vendeur de meubles mais jamais juif ? Pourquoi je n'ai jamais été juif comme je le suis aujourd'hui -aujourd'hui où je ne suis plus que ça." Comme tous les Juifs, Vicente avait pensé qu'il était beaucoup de choses jusqu'à ce que les nazis lui démontrent que ce qui le définissait étaient une seule chose : être juif.(p69)"

Comment vivre libre, heureux quand d'autres sont opprimés d'autant plus quand il s'agit de vos proches et que vous avez le sentiment de ne pas avoir tout fait pour les sauver ? Se trouver des raisons à sa passivité, allant parfois par leur faire porter une part de responsabilité dans leur décision de rester mais ne pas malgré tout trouver la paix intérieure.....

C'est un témoignage fort, éprouvant par la torture psychologique du personnage, son sentiment de culpabilité de vivre alors que ses proches souffrent, meurent, qu'il se refuse à croire l'incroyable alors que les rares lettres de sa mère lui confirment l'inimaginable, d'autant plus qu'il touche la famille maternelle de l'auteur qui s'autorise à présent à l'évoquer.

Un roman que je recommande, qui n'est pas un coup de coeur, mais qui permet d'aborder cette période de l'histoire sous un autre angle.
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En septembre 1940, à Buenos Aires, Vicente et Rosita forment un couple heureux, avec leurs trois enfants. Vicente a quitté la Pologne depuis de longues années déjà, il tient un commerce qui marche bien, il retrouve souvent ses amis Sammy et Ariel pour de longues discussions. Mais les nouvelles qui arrivent d'Europe sont très mauvaises, et Vicente commence à regretter d'être parti seul, et de ne pas avoir insisté suffisamment pour que sa mère, et aussi son frère et sa soeur viennent les rejoindre. Il culpabilise d'autant plus que ce n'est pas le nazisme qui l'a fait quitter la Pologne, mais plutôt une envie d'indépendance. Ce même souhait de liberté qui l'a retenu d'insister auprès de sa mère. Les lettres de celle-ci deviennent plus inquiétantes, elle et le frère de Vicente sont maintenant enfermés dans le ghetto surpeuplé de Varsovie. Vicente devient alors de plus en plus sombre, renfermé, incapable de partager ses tourments avec ses proches, ne sachant s'il doit se tenir au courant des dernières nouvelles ou bien les ignorer...

Vous aurez sans doute déjà lu, ou au moins entendu parler de ce roman sorti il y a trois ans. Je ne connaissais pas Santiago Amigorena avant de lire de nombreux avis sur ce roman. J'ai découvert que comme beaucoup d'auteurs francophones de langues maternelles diverses, il possède un très beau style, qui n'essaye pas d'en faire trop, et dont la sobriété renforce le propos. de plus, avec son grand-père Vicente, à qui la vie et la culpabilité avaient fait perdre l'usage de la parole, il tenait là un très beau sujet. Qu'il a brillamment raconté, faisant pénétrer à la fois dans le Buenos Aires des années quarante et à Varsovie, comme dans la froide logique d'extermination nazie. de belles réflexions sur l'identité, sur ce qu'est d'être juif, sur l'exil, sur la culpabilité et sur la transmission ponctuent le roman, qui est tout aussi passionnant qu'il se lit facilement.
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Peut-on encore être abasourdi par la lecture d'un roman sur la Shoah? Il faut croire que oui car j'en sors aujourd'hui le coeur en étau. Dévastée d'avoir été le témoin seulement pendant quelques heures du désarroi destructeur d'un homme muré dans son silence, son ghetto intérieur et d'avoir encore été confrontée à l'horreur.

Argentine, 1940, Vicente, jeune juif d'origine polonaise n'a pratiquement plus de nouvelles de sa mère restée avec une partie de sa famille en Europe. Les rares informations des journaux sont diluées dans le reste de l'actualité. Les ont dit sont de plus en plus inquiétants . Seule certitude, sa famille est enfermée dans le ghetto de Varsovie. Questionnement sur son identité, culpabilité, commence pour Vicente une véritable descente en enfer qu'il se sent incapable de partager avec sa famille et ses amis en Argentine. Les mots, c'est son petit fils qui nous les livre parce que cette histoire familiale étouffée est en lui et que même si la réalité est pire que ce que l'on a pu imaginer, il faut savoir par devoir de mémoire. A cette fin, l'auteur distille dans son récit la lente marche destructrice des nazis pour l'organisation de l'extermination des juifs, des millions de personnes cataloguées pour toujours et décimées quand ils étaient bien autre chose que juifs.
Un roman intense et éprouvant!
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Quand la culpabilité et la honte entraînent silence et enfermement d'un homme.

Un roman qui nous plonge dans le processus de dégringolade psychique de cet homme, grand-père de l'auteur.

« (…) pendant toutes ces années lugubres qui avaient vu le fascisme et l'antisémitisme dévorer l'Europe, Vicente (…) avait cru sincèrement que si quelque chose de mauvais arrivait en Pologne, ce serait lui qui sauverait sa famille ».
*
Lorsque Vicente Rosenberg quitte l'Europe et émigre en Argentine en 1928, il y rencontrera Rosita, ils se marieront puis auront des enfants. Mais…, lui est parti, tandis que sa mère son frère et sa soeur sont restés à Varsovie.

Arrive la Seconde Guerre mondiale avec son enchaînement de terribles monstruosités.

« Mais quelque chose de pire que tout ce qu'il avait imaginé était en train d'arriver – et il ne pouvait rien y faire ».

Seules quelques lettres de sa mère lui parviendront.

Au fur et à mesure on commence à savoir…mais ce qui se passe à douze mille kilomètres de distance, nul ne parvient alors à l'imaginer.

Rongé par sa culpabilité, plus rien ne peut dès lors amoindrir les regrets de Vicente, calmer ses peurs, ni apporter quelque infime consolation à une résignation forcée.

Ne plus s'exprimer en mots, se murer dans le silence, Vicente semble se réfugier dans un néant existentiel en plongeant son esprit dans le vide. Prisonnier victime d'un ghetto intérieur.

Vicente sombre dans des pensées pleines de contradictions. Il choisit d'intérioriser sa colère, douleurs sourdes écho à son impuissance face aux souffrances de sa mère restée à Varsovie et subissant de plein fouet l'horreur.

Car Vicente, malgré tout l'amour de son épouse et l'amitié de ses amis juifs et exilés comme lui, se réfugie dans des silences qui, croit-il, apaiseront ses tourments jusqu'à les annihiler.
« Se Taire. Oui, se taire. Ne plus savoir ce que parler veut dire. Ce que dire veut dire. Ce qu'un mot désigne, ce qu'un nom nomme ».

*
Une prose déchirante. le récit bouleversant d'une culpabilité, du silence, d'un homme réchappé de la Shoah.
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1928 : émigration d'un juif polonais en Argentine pour faire sa vie et être libre. S'établir, réussir, s'intégrer, édifier sa propre famille, ... Correspondre sporadiquement avec sa mère, restée en Europe. Lui proposer à plusieurs reprises de le rejoindre sans conviction de peur de perturber cette nouvelle vie qu'il s'est construite. Apprendre, une décennie plus tard, que sa mère et sa famille sont pris au piège dans le ghetto de Varsovie. Être démuni, ne rien pouvoir faire, se découvrir une identité juive, renier sa nouvelle vie et son bonheur familial, être rongé par la culpabilité, ... Vivre, par procuration et à distance, le massacre de sa famille, de son peuple. S'enfermer dans un ghetto intérieur qu'il ne pourra plus quitter. Par le vécu de son grand-père, l'auteur nous apporte une approche différente et poignante de cet épisode innommable de l'histoire de l'humanité. À lire.
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Il n'y a rien de plus fort que les récits qui font le lien entre l'Histoire et une histoire familiale. Parce qu'il n'y a pas d'histoire à inventer, plus ou moins crédible, pas de recherche d'événements ni d'effets sensationnels pour accrocher le lecteur. Parce qu'ils préexistent. Et qu'il « suffit » de trouver le moment et le moyen de les mettre en mots. Et ces mots ont alors une force qu'a rarement un récit purement littéraire.
Le scénario serait parfait si cela en était un. Voyez : Un jeune homme juif à quitté sa Pologne natale à la fin des années 20 pour s'exiler en Argentine. Il espère que sa mère et son frère les rejoindront prochainement, sans trop insister non plus. Au fur et à mesure qu'il apprend la constitution du ghetto de Varsovie, le piège qui s'est refermé sur sa famille, un mur de silence se ferme aussi en lui. Au fur et à mesure que le ghetto est détruit et ses occupants exterminés, il s'éteint et perd tout désir de vivre.
Même sans connaitre a priori les liens entre l'auteur et son héros, ce qui était mon cas (j'aime ouvrir un roman en en sachant le moins possible), ils sont immédiatement perceptibles. Et même si finalement rien n'est inattendu, surprenant, on sent une tension dramatique très intense et prenante, et on se prend à espérer puis à désespérer autant que le personnage.
Un récit court et efficace. Tout simplement poignant.
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L'écrivain argentin, scénariste, producteur, réalisateur Santiago H. Amigorena a, dans toute son oeuvre, inscrit le silence dans son « projet littéraire ».
Un « silence qui m'étouffe depuis que je suis né », écrit-il.
Et cela interpelle et incite à chercher à comprendre.
Il est rapporté que pendant plus de vingt ans, Santiago H. Amigorena s'est réveillé chaque matin « pour écrire ce projet personnel, avant de consacrer le reste de sa journée à l'écriture de scénarios pour toute une génération de réalisateurs ou pour lui ».
C'est ce roman, « le ghetto intérieur », son dixième roman qui nous en donne la clef : à l'origine, son histoire familiale qui le hante.
La clef ?
La vie de son grand-père, Vicente Rosenberg, juif polonais qui a émigré vers la fin des années 20, en Argentine pour « devenir adulte » et refaire sa vie à Buenos Aires : il y apprend l'espagnol, oublie sa langue maternelle, épouse Rosita qui est issue d'une même origine mais d'une émigration plus ancienne, travaillera dans un magasin créé par son beau-père, pour eux ; le couple élèvera trois enfants.
La vague brune nazie se répand, les pogroms se multiplient.
Les lettres de sa mère l'informent de l'évolution de la situation qui se dégrade de plus en plus : « La vie est pénible. La mort est partout. »,…« Plus rien ne marche comme ça marchait avant »,…
Vicente ne répondra pas à ces lettres.
Et quand il comprend qu'il est trop tard pour la sauver comme des milliers de juifs avec elle. Sa mère sera envoyée dans un camp. Il l'apprendra.
Il se mure alors dans un silence absolu, et sera le « prisonnier du ghetto de son silence ».
Un style sobre, sans éclat avec des répétitions qui vous martèlent à la lecture, et qui donnent de la force aux propos et au désarroi et ressenti du personnage.
Une lecture rapide sans grandiloquence.
Court, percutant, qui ne vous laissera pas insensible.
Un roman sur la culpabilité, où il n'y a pas de Héros.
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On évoque souvent le sentiment de culpabilité qui étreint les rescapés des camps de la mort à la pensée de ceux qui n'ont pas survécu.
C'est une autre culpabilité dont il s'agit ici : celle de ceux qui ont émigré suffisamment tôt pour échapper aux nazis et qui ont laissé derrière eux leur famille. En l'occurrence l'auteur évoque ici la vie de son grand-père Vicente qui a émigré en Argentine en 1928, laissant derrière lui sa mère son frère et sa soeur qui refusèrent de quitter la Pologne.
L'auteur insiste sur le contraste entre la tranquille vie familiale de Vicente en Argentine, gagné peu à peu par l'anxiété face à la catastrophe qui se met en place en Europe, les très rares lettres de sa mère faisant naître culpabilité et une terrible dépression.
Un livre douloureux et sensible.
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Magnifique livre que j'ai lu d'une traite, le questionnement du personnage principal sur ses origines juive est plein de justesse et on suit son mutisme avec beaucoup d'empathie.

Ce livre traite de l'émigration forcée en temps de guerre, de l'éloignement familial, sujets on ne peut plus d'actualité, un livre poétique parfois, que je conseille vivement.

À lire !!
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