Le petit elfe Ferme-L'Oeil : 7 contes pour s'endormir

Quelle bonne idée!

Croiser les magies, celle ensorcelante, mélancolique et fraîche de Andersen, celle plus douce, acidulée et colorée de Puybaret, c'est une aventure tentante du départ.



Les deux auteurs promettent de nous faire dormir, mais attention, les yeux ouverts, pour nous offrir de l'évasion en tournant les pages.

Il est toujours possible d'associer l'intention à l'heure du dodo et sur une semaine car il y aura 7 histoires.

Peut-être que les courts chapitres auront un goût de trop peu, ainsi les grands lecteurs pourraient offrir l'histoire de la veille avec celle du jour à chaque fois, permettant de coupler le plaisir de retrouver l'univers précédant et la surprise prévue du soir.



Attention au spectacle, doigt sur la bouche, oreilles attentives, yeux ouverts...

Notre maître de cérémonie sera Ole Ferme-l'Oeil, personnage singulier raconteur, décrit entre le marchand de sable et le Père Fouettard ( mais sans le martinet).

Il séduit avec ses deux parapluies, l'un pour envoyer les rêves aux plus sages, l'autre pour priver d'images les moins sages.



Avec Ole dans la chambre, les histoires pondent d'elles-mêmes dans la pièce et se déroulent plus vraies que nature. Ainsi le petit écouteur d'histoires, Viktor, va t-il écouter la plainte de son ardoise au fond du tiroir, des lignes mal formées dans le cahier, entrer dans le tableau suspendu de sa chambre même.

Les petites parenthèses oniriques de Ole sont enchanteresses et les plus grands lecteurs ne se priveront pas de le lire en entier, d'une traite pour eux-mêmes.

L'objet livre de Puybaret est charmant, rappelant les anciens livres de contes, texte et images délicatement encadrées en vis-à-vis.

Nous nous habituons d'ailleurs à être privées des couleurs de l'illustrateur ici, la magie du texte les restituant pour nous.

Très chouette.

Pourtant grand amateur des contes d'Andersen, à l'écoute de ce recueil de petites histoires pour enfants j'ai eu le même genre de sensation qu'à la lecture d'Alice au Pays des Merveilles. C'est à dire qu'on ne parvient pas à relier les différents événements en un ensemble cohérent, en une idée qui mène quelque part.
Ces histoires semblent être la description d'un rêve, avec ses événements aberrants, incongrus, illogiques et décousus. C'est probablement précisément l'intention qu'avait l'auteur en les écrivant, mais j'ai trouvé ça peu intéressant sous cette forme.