Ma reine de
Jean Baptiste Andréa.
Roman
Un garçon de 12 ans, un peu simple d'esprit, pompiste dans la station-service familiale située quelque part sur une route des Alpes du sud, raconte lui même son histoire. Il évoque tour à tour l'école où il tant de mal à trouver sa place puis la station-service où il seconde son père avec zèle mais gaucherie. Ce dernier envisage de l'envoyer dans une pension adaptée à son handicap mental. le garçon -surnommé Shell en raison du blouson dédié à la marque d'essence- ne l'entend pas de cette oreille. Il veut prouver qu'il est un homme et décide de partir à la guerre dans la montagne. Là haut, il se cache tandis que la famille affolée, lance à ses trousses la gendarmerie. Il échappe à la vigilance des pandores grâce à la complicité d'une jeune fille rencontrée près d'une bergerie. La fille prénommée Viviane prétend être une reine et habiter un château. Elle lui fournit de quoi se sustenter. Puis, Shell rencontre un berger un peu sauvage qui lui aussi va assurer sa subsistance.
Il est difficile de ne pas faire le rapprochement avec « le temps des secrets » de
Pagnol. On y trouve les mêmes éléments : l'idylle avec une jeune fille fabulatrice et la rencontre avec le sauvageon de service. Cependant, si
Pagnol narre des souvenirs et croque avec malice mais sans méchanceté les travers de ses personnages, Andréa veille à donner à son récit la vision du monde par un être singulier, ni enfant, ni adulte ni fou, simplement différent. Dès lors, les objets familiers, la nature, la montagne apparaissent sous un angle inhabituel. En cela, il est plus proche de
Giono et de
Paul Arêne voire du Daudet quand ce dernier se glisse dans la peau du simplet « père Gaucher » que de l'auteur marseillais. On notera juste quelques faiblesses dans la retranscription du discours de Shell : par moment, l'auteur oublie à la fois l'âge et le handicap de son personnage en lui prétend des propos plus proches d'un adulte rationnel et lettré que d'un enfant rêveur et singulier.
Par son affection pour les petites gens et son style plein de métaphores inusités, J.B. Andréa (quoique natif de St Germain en Laye) rejoint les auteurs méridionaux tels le regretté
Louis Nucera et maintenant l'actuel
René Frégni. Dans le marigot littéraire actuel où grouillent tant de snobs nombrilistes et prétentieux, au style incertain et aux histoires morbides, ce livre apporte une fraicheur bienvenue.