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Avec sa collection « Dyschroniques », l'éditeur exhume des textes de science-fiction pouvant éclairer notre présent.
Le texte de Jean-Pierre Andrevon est une illustration des écrits politiques et culturels militants visant une diabolisation outrancière du nucléaire.
A croire que les seules retombées que l'on peut attendre du nucléaire sont la militarisation et le fascisme.
Reflet d'une époque et d'une idéologie qui montre, de nos jours, ses limites.
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"Nous avons la situation bien en main" Si , on m'adresse un jour une telle phrase, a fortiori si elle sort d'une bouche en uniforme, il est fort vraisemblable que je me mette à hurler. L'expression de ma terreur, d'ailleurs, prendrait plus certainement encore des formes que les conditions d'utilisation d'instagram m'interdisent de préciser ici.
Avant les retombées, il y eut l'éclair. Puis, ce furent le grondement de l'explosion et son souffle. François, sidéré, s'est presque aussitôt mis en marche, d'instinct, bientôt rejoint par quatre autres survivants sans autre projet que celui d'aller le plus loin possible.
Rapidement, ils sont récupérés par des soldats, embarqués dans des camions militaires et logés à titre provisoire dans un camp cerclé de barbelés. Guerre nucléaire, explosion de la centrale ? Impossible d'obtenir la moindre information. Tout ce qui touche de près ou de loin à la catastrophe est soumis au secret militaire.
On ne sait rien. le monde, dont les contours sont rendus flous par le brouillard et la pluie de cendres, semble se résumer désormais à un camp militaire. Condamné à ne pas comprendre le présent, incapable d'imaginer le futur, on se réfugie dans les gestes du quotidien, ceux du corps, ceux de la survie. Et le passé revient par salves.
Ici, il y a la peur, la boue, les baraquements, les douches collectives obligatoires. Et les miradors pour seul horizon.

Une grosse centaine de pages pour se faire peur sur un jour d'après trop vraisemblable.
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Un roman post-apocalyptique de 1979 qui n'a guère vieilli malgré quelques éléments très datés dans les références des personnages. C'est dire l'intérêt de ce roman : l'accident de Three Miles Island vient d'avoir lieu, c'est assez terrifiant, mais sans conséquence. Andrevon imagine un accident, peut-être d'origine nucléaire mais sans en être absolument certain, les circonstances sont laissées dans le flou, ce qui augmente les possibles et l'angoisse. Car l'ignorance est ici un élément majeur, qui accentue l'angoisse. le personnage principal, François, un individu ordinaire, ignore, comme les autres protagonistes , ce qui s'est passé. On comprend qu'il pense à un accident nucléaire, civil ou militaire (mais d'autres personnages n'en sont pas là). L'armée vient à leur secours, mais les traite comme des numéros, ils sont parqués dans un camp, qui évoque les camps de concentration par certains aspects. Surtout, ils restent dans une ignorance totale de ce qu'il se passe, de la situation, de ce qu'ils risquent. le lecteur ressent avec eux leurs interrogations et leurs incompréhensions, il baigne dans un climat étouffant, une ambiance anxiogène très réaliste. Après Tchernobyl et Fukushima ce récit n'a rien perdu de sa force tant il a pressenti l'attitude des autorités, incapables de sérieusement faire face et, du coup, choisissant de dissimuler la vérité, ce qui accentue l'angoisse autant que la situation et réduit les gens à des préoccupations immédiates faute de pouvoir les rassurer. La fin du récit, très ouverte, déçoit sur le coup, mais c'est la fin parfaite, sans issue avec au-delà le néant. Un roman d'anticipation très réussi !
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Petite improvisation sur « les retombées » :

Marcher… marcher encore et toujours.
Marcher pour remonter le cours du temps, marcher pour oublier, effacer ce que l'on voit et retrouver les souvenirs et les traces du passé,
pour fuir le gris, pour fuir une autorité qui prend insidieusement possession de tout.
Marcher… marcher et espérer toujours
pour retrouver les femmes disparues, et là on commence à comprendre,
pour retrouver la lumière et le bleu du ciel d'avant,
le cours normal de la vie, des choses,
le concret et le construit que nous sommes en train de perdre en échange du chaos que l'on nous inflige par injonctions et injections.

Cette courte histoire, brève vision d'un nouveau monde en gestation, vu par l'entrebâillement d'une porte laissée entr'ouverte, pourrait être interprétée sur une scène de théâtre.
Le théâtre d'une vague opération militaire en cours : « Les Russes arrivent ! », lança d'ailleurs quelqu'un (page 144).
Pas ou peu de descriptions de quelconques manifestations pathologiques ni sur des séquelles de lésions par irradiations. L'auteur décrit plutôt l'angoisse, les douleurs morales lancinantes et l'atmosphère étouffante de l'enfermement. L'être humain n'est que poussière.

Le cataclysme a finalement eu lieu mais personne ne sait vraiment ni comment ni pourquoi. Entre attaque ou accident nucléaire et déportation sous dictature, le lecteur finit par croire, finit par adhérer à la manipulation, à la suprématie de l'occupant, finit par accepter l'impensable et l'horreur qui se lit entre les lignes et continue de marcher jusqu'au bout de la nuit dans l'espoir d'une lueur.

« Quand les futurs d'hier rencontrent notre présent… ».
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Petite nouvelle mais grand sentiment... Écrite en 1979, "Les Retombées" parle de jour d'après une explosion nucléaire, de survie, de peur, de mensonge d'état d'avenir et de ce qui nous guette... tous. Les 5 personnages nous happent et nous émeuvent çà et là... Un camp, des militaires, un relent d'enferment/internement ... et ce "à marcher" répétitif de la fin...
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Publié initialement dans le recueil Dans les décors truqués en 1979 chez Présence du futur, la novella fut rééditée chez le Passager clandestin en 2015. L'histoire narre le destin de François et de quelques autres suite à un événement mystérieux : guerre, accident, attentat nucléaire ?
Alors qu'un petit groupe d'individus errent dans les paysages post apocalyptiques, ils sont recueillis par l'armée et envoyés dans un camp.

Que s'est il passé, pourquoi parquent-on la population ? Face aux éléments qu'ils ont vécu et devant le silence des institutions, chacun réagit comme il peut, et les réminiscences du passé reviennent en mémoire.
Une tranche de vie extraordinaire abordé d'une manière ordinaire : le quotidien. Comment réagirions nous face à l'impensable ? Dans abasourdissement du choc, la confiance en l'état et l'armée pour protéger est évident. Mais ...
Une écriture très visuelle, l'auteur nous immerge très rapidement dans la vie de notre protagoniste et arrive à faire monter la tension sur ce silence de ce qui s'est passé. La force du texte est de ne rien en dévoiler, qui en fait un récit très réaliste. Et cela force le lecteur à remplir les blancs, et à réfléchir.
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J'avais très envie de lire cette nouvelle de Jean-Pierre Andrevon, "Les Retombées". Il s'agit bien d'anticipation sur les solutions proposées par le gouvernement de la France en cas de catastrophe nucléaire. Cela m'a bien secouée car les citoyens irradiés sont secourus par l'armée et traités comme dans les camps de concentration. Avant le point final le personnage principal continue "à marcher, à marcher, à marcher". C'est ce qui s'appelle une fin ouverte ! Depuis j'ai découvert comme une suite possible dans la courte nouvelle de Fred Guichen "Pigeon Canard et Patinette", ici une forme d'humanisme reste possible. Lisez-la aussi, cela réchauffe un peu le coeur.
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Dans ce roman, nous sommes avec François dans un campement de réfugiés quelque part en France. Immergés dans une ambiance lourde, pesante, pleine de questions en suspension et de peurs : que s'est-il passé ? Que font-ils ici ? Qu'attendent-ils ? Que va-t-on faire d'eux ? Ca ne va pas bien se passer…

Ce livre laisse des traces d'angoisse. Dans ce monde d'après catastrophe, l'incertitude, le non-savoir et cette violence militaro-bureaucratique créent et entretiennent cette anxiété, faisant osciller les protagonistes (et nous-mêmes) entre rébellion et apathie.
Lien : https://emplumeor.wordpress...
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Je viens de lire encore un petit bouquin de cette collection ("Le passager clandestin") si bien faite, qui comporte des annexes remettant l'oeuvre en place dans le contexte de l'époque et avant.
Dans ce court récit de 1979, nous suivons quelques rescapés (un en particulier, François) d'une explosion nucléaire, rapidement parqués dans un vaste camp militaire, avec miradors et soldats bien armés. Cela ne vous rappelle rien ? La référence aux camps de concentration de la seconde guerre mondiale est récurrente tout au long du roman.
Ce livre, malgré quelques défauts (pas très féministe, François), nous permet de nous interroger sur ce que nous ferions et ce qui risquerait de nous arriver en de pareilles circonstances (une explosion nucléaire hélas tout-à-fait plausible à l'heure actuelle, qu'elle soit d'origine militaire ou industrielle - ce qui n'est pas non plus précisé dans le bouquin).
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Dans le sud de la France, à la fin des années 70, un éclair bleu illumine soudain le ciel. François, éberlué, est jeté sur la route avec quelques personnes qui se trouvent là, se demandant ce qui est arrivé. Une explosion nucléaire...le déclenchement d'une guerre atomique, ou...un accident à la centrale toute proche ?

Très vite va se mettre en marche une petite machine militaro-civile qui va gérer la situation...

Manipulation des masses, dissimulation de la vérité, dérive autoritaire du pouvoir, incapacité des autorités à faire face à la catastrophe...Ce récit est captivant dans la description de chaque instant de ces personnes à la fois angoissées et inconscientes de la gravité de ce qu'elles vivent. Le propos est rendu crédible parce que les personnages restent toujours dans des préoccupations immédiates et très terre à terre (la vague excitation causée par la proximité d'une femme, les envies d'uriner, les problèmes d'intimité liés à la promiscuité d'un camp...). L'absurdité de la situation et de son traitement par les autorités est bien suggérée, avec même une pincée d'humour par moment, juste pour mieux mettre encore en relief son caractère hautement réaliste.

La vision d'Andrevon, dès 1979, alors que vient de se produire l'accident de Three Miles Island, est assez terrifiante. A cette époque, cet accident a montré les risques du nucléaire civil, mais l'accident tueur massif ou hautement impactant pour l'environnement mondial n'est pas encore arrivé...Du coup, Andrevon axe peut-être davantage son propos sur les travers de nos démocraties, bien vite enclines à restreindre les libertés publiques et désinformer au nom de la sécurité nationale, l'intérêt supérieur de la nation ou d'autres totems de ce genre, que sur les pures problématiques écologiques. En 1979, ses personnages ont encore la hantise du nazisme, de l'univers des camps de concentration, palpable jusqu'au moment d'aller prendre une douche...

La fin ouverte pourrait décevoir à chaud, mais elle traduit aussi l'absence d'issue et une fatalité absolue, un noir sidéral. C'est très pessimiste sur l'humanité.

Mais ce texte garde aujourd'hui une actualité et une puissance d'évocation incroyable à plus d'un titre. Si l'on retient les menaces sur la démocratie, les libertés, la fraternité et l'humanité entre les gens, il offre une idée de ce que peut être la vie dans des camps de réfugiés, désormais multiples dans notre Europe impuissante...
Et si on se recentre sur la sphère du nucléaire, que dire ? Andrevon avait parfaitement vu ce qui s'est finalement passé tant pour Tchernobyl que Fukushima, les mensonges d'Etat éhontés, et le petit discours bien rôdé et quasi-unanime dans notre pays sur l'absence de risque en France...Nous voici complètement rassurés...en croisant les doigts, peut-être ?

Pour moi un des meilleurs textes, écrit dans un style d'une grande finesse, de cette sympathique collection dyschroniques parue au Passager clandestin, qui prend intelligemment le contre-pied du tout fantasy actuel pour revenir à la source de la SF d'anticipation, en nous présentant des textes peu connus du grand public.




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