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3,9

sur 7529 notes
Antigone s'obstine à recouvrir le corps de son frère Polynice malgré l'interdiction du roi Créon, son oncle. Ce dernier fait tout pour la sauver mais l'intransigeante Antigone va jusqu'au bout et est condamnée à mort.
Est-il plus facile de dire oui avec Créon ou non comme Antigone ? L'intransigeance d'Antigone représente aussi l'adolescence, la jeunesse qui refuse les compromissions alors que Créon, homme d'âge mûr est plus lucide et est sans illusions sur l'existence. Qui a raison ?
Ce texte a une autre résonance sachant qu'il est paru en 1944 sous l'Occupation.
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Les mythes tragiques ne laissent jamais indifférent. Les antiques avaient déjà tout compris de l'esprit humain. Freud ne s'y est pas trompé en les relisant l'un après l'autre...
Ici, nous avons une belle jeune fille, Antigone, qui a toute la vie devant elle. Mais ce à quoi elle tient, elle, c'est à la Liberté et aux valeurs du Coeur. Devant elle un mur : la raison d'état, incarnée par Créon, son oncle.
Antigone, l'adolescente qui se révolte contre l'autorité?
Antigone, la Résistance face à l'abus de pouvoir ? faut-il rappeler que les premières représentations d'Antigone ont été jouées en 44...
Antigone, l'âme de l'artiste qu'on n'enserre pas dans les carcans de la répression... Il suffit pour s'en convaincre de relire l'échange entre Antigone et sa nourrice, véritable chant poétique où la jeune fille entre en totale harmonie avec la Nature. (citation)
Antigone, c'est un peu tout ça, et c'est pour ça qu'on l'aime!
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Présentée pour la première fois en 1944, Antigone de Jean Anouilh est une pièce dramatique qui n'a rien perdue de sa force plus de soixante-dix ans après.

Il s'agit là d'un grand classique, généralement lu au collège ou au lycée, qui exigera toutefois de bien connaître certains épisodes de la mythologie pour être apprécié à sa juste valeur. La démarche est ici particulière, puisque l'auteur joue avec le spectateur en considérant que tout le monde connaît le destin de la petite Antigone, y compris la principale intéressée.

Le parti pris de la réécriture est ici intéressant, car il permet de placer un nombre plutôt impressionnant d'anachronismes qui appartiennent depuis plusieurs siècles au registre de la vie courate (les cartes à jouer, le café, les manteaux, la pelle et autres ustensiles…). Même si la pièce suit un schéma attendu, même si l'auteur annonce ce qui va suivre, tout cela se lit avec grand plaisir.

Le style, les répliques percutantes, les thèmes et réflexions abordées, la part laissée à l'imaginaire (pour concilier mythologie et cadre de vie contemporain) contribuent à faire de cette pièce une petite pépite qui se lit d'une seule traite.

La lecture se fait à plusieurs niveaux et de nombreuses réflexions trouvent toute leur place dans la société actuelle. Il y a ici matière à réflexion. Il serait d'ailleurs intéressant de mettre cet ouvrage en perspective avec le désormais célèbre traité Indignez-vous ! de Stéphane Hessel.

Assurément, il s'agit ici d'un grand classique, qu'il faut avoir lu et relu à l'âge adulte. Cette lecture est aussi courte que plaisante et offre matière à réflexion. Il s'agit bel et bien d'un incontournable.
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Commençant à lire le quatrième mur de Chalandon, j'ai fait une pause pour lire Antigone, puisque cette pièce va se trouver au centre du livre.

Antigone, est la tragédienne qui mourra pour ses convictions plus que par amour (comme beaucoup de tragédiennes raciniennes, giralduciennes, ...). Comme ces auteurs, Anouilh reprend une tragédie grecque pour mettre en exerce les maux de la société actuelle ; la seconde guerre mondiale, en l'occurrence.

En rendant ce pan de l'histoire accessible à tous, grâce à une écriture simple et une mise en scène épurée, Anouilh vise juste et on retient l'idée phare de cette pièce. Comment peut-on atteindre le bonheur lorsque l'humain est confronté au pouvoir, à la fatalité, à sa moralité et son orgueil ?
Doit-on défier les lois par respect pour les liens du sang, pour son intime conviction de justice humaine, morale ?

Il y a de très belles tirades sur ces thèmes de bonheur, de la vie, du rôle de chacun au niveau politique, au niveau humain.

Et bien sûr, on lit cette oeuvre en y cherchant les doubles sens qu'il a voulu faire vis à vis de l'occupation allemande, la collaboration et la résistance. C'est très finement amené.

Lecture plaisante, rapide et instructive. Je l'ai relu dans la foulée pour l'apprécier doublement.

Et maintenant, comment Sorj Chalandon s'en est inspiré ?
Lien : http://chezsabisab.blogspot...
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Antigone, fille d'Oedipe a une soeur Ismène et deux frères Etéocle et Polynice qui devaient régner sur Thèbes un an chacun à tour de rôle, mais pour le pouvoir, ils se sont entre-tués.
Créon, frère d'Oedipe devient roi et d'imposantes funérailles sont faites pour Etéocle alors que Polynice est abandonné aux corbeaux et aux chacals avec interdiction de lui donner une sépulture, sous peine de mort.
La nuit, Antigone vient recouvrir de terre le corps de Polynice. Elle n'acceptera pas de se plier à la loi et affrontera Créon.
J'ai lu cette pièce avant de lire le quatrième mur de Sorj Chalandon et je ne le regrette pas, maintenant, il me reste à lire l'Antigone de Sophocle!!
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J'avais noté cette pièce de théâtre suite à une réponse qu'Emilienne Malfatto avait fait l'année passée, après son prix Goncourt du premier roman pour Que sur toi se lamente le Tigre, à un membre du jury Goncourt qui l'avait interrogé sur les livres qui l'avaient inspirée.

Je me suis enfin attelée à sa lecture grâce à la quatrième de couverture des éditions de la Table Ronde : « L'Antigone de Sophocle, lue et relue et que je connaissais par coeur depuis toujours, a été un choc soudain pour moi pendant la guerre, le jour des petites affiches rouges. Je l'ai réécrite à ma façon, avec la résonance de la tragédie que nous étions alors en train de vivre ». Jean Anouilh.

Antigone, fille du défunt Oedipe, décide d'enterrer son deuxième frère malgré l'interdiction de son oncle, le roi Créon, lorsque ce dernier décide de faire des grandes funérailles pour un de ses neveux et de laisser l'autre sans sépulture, après leur combat fratricide pour le pouvoir.

Résistance. Est-il si facile, quand le contexte est trouble, de dire non, pour lutter pour des droits pourtant fondamentaux ? Faut-il laisser faire en se disant qu'il y aura peu d'effets ou tout de même affirmer ses convictions quelles qu'en soient les conséquences ?

Jean Anouilh a su utiliser, dans cette tragédie jouée pour la première fois en 1944, les personnages comme symboles des différentes positions pour nourrir la réflexion politique.

Un texte court mais intense.
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Écrite en 1942, créée en 1944, pendant l'Occupation, rangée par son auteur dans Les nouvelles pièces noires, Antigone est sans conteste l'oeuvre la plus célèbre de son auteur, elle demeure très jouée et encore plus étudiée, en particulier au lycée. Elle est inspirée par la pièce éponyme de Sophocle, qu'Anouilh, paraît-il admirait beaucoup.

L'oeuvre d'Anouilh reprend d'assez près la trame des événements de la pièce des Sophocle, même si elle en modernise le contexte et surtout transforme l'esprit et le sens. Un personnage appelé le prologue présente les personnages et résume les événements précédents l'action à proprement parlée de la pièce (en particulier la mort des fils d'Oedipe et l'interdiction d'ensevelir l'un des deux Polynice, traître à sa cité), l'action peut démarrer. Antigone rentre la nuit après une escapade, que sa nourrice soupçonne amoureuse. Antigone ne révèle rien, mais a une discussion avec sa soeur Ismène, cette dernière refusant de l'aider à d'ensevelir son frère Polynice, car Créon leur oncle et roi l'a interdit, et transgresser cet ordre est puni de mort. Elle tente de faire renoncer Antigone à son projet. Après un dialogue avec son fiancé Hémon, Antigone révèle à Ismène qu'elle est déjà passée à l'action pendant sa sortie nocturne. Les gardes viennent apprendre à Créon que son ordre a été transgressé, le roi leur recommande de redoubler de vigilance. Les gardes reviennent avec Antigone, qui est retournée auprès du cadavre. Créon essaie de la persuader de ne pas divulguer son acte, préférant faire mourir les gardes témoins plutôt que sa nièce. S'engage un dialogue entre Créon et Antigone, mais au final Antigone entend revendiquer ce qu'elle a fait et réclame la mort. Créon ordonne cette mort, elle doit être enterrée vivante. Elle se pend dans le tombeau, et Hémon, qui n'a pas pu faire revenir son père sur sa sentence de mort, se suicide devant son cadavre. Eurydice, la mère d'Hémon se suicide aussi. Ne reste plus que Créon, qui compte poursuivre jusqu'au bout sa besogne.

Les transformations par Anouilh de la pièce de Sophocle portent sur le contexte : la pièce est transposée à une époque moderne indéterminée : on parle de rouge à lèvres, de voitures de sport etc. Mais elles concernent avant tout le sens profond de la pièce antique. Il n'y a plus aucune considération religieuse. La religion apparaît uniquement comme un rituel vide de sens, dont aussi bien Créon qu'Antigone se moquent. de même il est difficile de trouver un fondement politique à l'acte d'Antigone. Elle ne conteste pas un pouvoir tyrannique, un ordre social injuste, ce qu'elle attaque finalement dans une sorte de geste adolescente nihiliste, c'est un « vieux » qui entend lui dicter ce qu'elle doit faire, et comment elle doit vivre. Elle est au final incapable de justifier ou d'argumenter son geste. Créon est un « pragmatique », il n'est le représentant d'aucune idéologie particulière, simplement un politicien désireux de garder le pouvoir, et faire d'Etéocle, le frère de Polynice, un héros positif, lui est utile pour mener le peuple. Il se doit donc de faire respecter ses ordres de mise à mort de celle qui a tenté d'ensevelir le frère maudit, même si au final il s'en fiche, si Antigone cache son acte, la mort des gardes garantira le silence sur les faits et la famille pourra continuer à faire ses petites affaires sans histoires. Mais il se heurte eu refus buté d'Antigone, qui demande la mort, sans vraiment savoir pourquoi, d'une certaine façon pour embêter son oncle, qui au final se doit d'accéder à sa demande suicidaire. Sans grand état d'âme d'ailleurs, même s'il essaie de la persuader (et y arrive presque) pour la sauver, car il sait que la mort d'Antigone lui causera des problèmes, il ne donne pas la sensation de beaucoup regretter la « sale gamine ».

La pièce a donné lieu à beaucoup d'interprétations contradictoires (entre résistance et collaboration supposées), pour ma part j'ai surtout eu la sensation de quelque chose d'un peu étriqué, d'un cynisme un peu facile, une Antigone puérile, et un Hémon gestionnaire, plutôt que deux visions du monde antagonistes ayant chacune une justification, une raison d'être, on est en face de deux vacuités, d'un monde qui tourne juste pour tourner et de l'autre côté un refus pour la simple jouissance du refus.

Mais je n'ai sans doute pas beaucoup d'affinités avec l'univers d'Anouilh.
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Il me semble que c'est ma première lecture de cette pièce, et je suis certaine que je n'ai jamais lu la tragédie originale de Sophocle... mais j'ai eu tout au long de ma lecture l'impression que ce n'était pas une découverte.... l'aurais-je vu joué au théâtre ??? je ne m'en souviens pas. Où alors, je connais son histoire comme tant d'autres de la mythologie grecque, et la sienne a du me marquer particulièrement.
D'après ce que j'ai lu à propos de cette pièce, elle serait une représentation de l'opposition entre la résistance et le régime de Vichy pendant la seconde guerre mondiale... Ah !? Ce n'est pas ce que j'ai perçu à cette lecture. J'y ai surtout vu l'opposition entre l'idéalisme de la jeunesse avec le réalisme un peu froid et peut-être calculateur de la vieillesse. Alors évidemment je suis un peu plus vieille que Antigone, je suis un peu moins idéaliste qu'elle, mais je la comprends, même si je regrette un peu manque de recul et son refus de voir les évidences. Mais même avec l'âge, Créon m'agace tout de même. Oui il fait preuve d'un grand pragmatisme, mais cela lui ôte toute humanité. Et surtout il renvoie la responsabilité de ses choix sur les autres ! Argh.. il est détestable.
Donc, il faudra peut-être que je relise ces quelques pages dans quelques années..... pour vérifier si mon avis évolue.
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Impétuosité de la jeunesse ou sagesse de la vieillesse ?
Faut-il entrer dans la folie de la désobéissance civile face à l'injustice d'une loi, ou la loi doit-elle être respectée coûte que coûte ?
Cette pièce de Jean Anouilh nous conduit à une réflexion intéressante, et toujours d'actualité, sur le pouvoir et ses conséquences, la loi et la justice. Inspirée et reprise avec intelligence de l'antique tragédie de Sophocle, l'Antigone de Jean Anouilh est magnifique d'humanité et de profondeur.
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Je l'avais lu en seconde ou en terminal, pour une fois sans contrainte ; je suis tombé dessus l'autre jour et j'ai eu envie de m'y replonger... quelques minutes de lecture... Quand je l'ai lu la première fois j'avais plus ou moins l'âge d'Antigone, j'avais été transporté et je me souviens, je ne sais pourquoi, cette image en tête des murailles de Thèbes sous un soleil de plomb, le sable rouge et jaune. Aujourd'hui j'ai l'âge de Créon, forcément le point de vue change... encore que... J'ai rencontré des Créon de mon âge au lycée et je rencontre encore, quelques fois, des Antigone de mon âge aujourd'hui (homme ou femme)... Si la jeunesse et la vieillesse n'étaient qu'une question d'âge réglementaire, tout serait plus simple, mais rien n'est vraiment simple dans une vie... Je parle comme Créon et j'ai toujours des pulsions d'Antigone...
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