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3,9

sur 7422 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Intéressante, dérangeante et très pertinente cette réécriture de Sophocle avec l'éclairage de cette autre tragédie qu'est la période de guerre et les compromissions qui la gangrènent.
Évidemment, poser Antigone en allégorie de la Résistance et Créon en allégorie du pouvoir veule et asservi de Vichy est tentant pour l'auteur, ou nous autres lecteurs.
Mais si l'on extirpe l'oeuvre de sa gangue historique, si on la lit pour ce qu'elle est aujourd'hui, j'entends par là, si on la lit dans sa lettre et hors de tout contexte, le personnage le plus intéressant et qui nous donne le plus à réfléchir sur nous-même et sur la vie est bien celui du vieux roi Créon.
En effet, lui, sorti des espérances fleuries avec les boutons d'acné, sait qu'une vie d'homme est faite de compromissions et de sacrifices, faite d'apparences et de sauvetage d'apparences.
Antigone apparaît magistralement inadaptée à l'existence, une sorte de caricature, une manière d'enfant gâtée, qui ne sait malheureusement pas bien ce que c'est que la vie, que les choses ne sont jamais simples ni monolithiques.
Pour Antigone, il n'existe que deux engeances, le blanc brillant et le noir opaque. Créon essaye de lui faire sentir, qu'il peut exister des nuances et qu'il nous est toujours difficile de les nommer "gris" et que, dans la sagesse de l'âge nous devrions plutôt les évoquer comme étant " apparemment gris ".
Selon lui, il n'existe pas de différence fondamentale entre le traitre et le héros, si ce n'est l'utilisation politique et réfléchie qu'on peut faire de la mort de tel ou tel. La vérité est enfouie très, très en-dessous des apparences et des discours politiques et bien peu peuvent espérer gratter suffisamment profond pour la découvrir pleinement un jour.
En ce sens, je trouve que si l'auteur veut faire l'apologie de la résistance, en tant qu'idéal auquel chacun devrait avoir envie de se raccrocher, il rate un peu sa cible et fait d'Antigone une caricature, un véhicule kamikaze et non un symbole de la vraie force et de la vraie résistance telle qu'a pu l'incarner le Mahatma Gandhi, par exemple. (Et bien d'autres authentiques résistants qui ne se sont jamais pliés et qui n'ont pas choisi l'expédient facile de la mort pour autant. Dans le domaine littéraire, on pourrait citer, entre autres, le courageux et intrépide Dashiell Hammett, poursuivi lors de la Chasse aux Sorcières, Mikhaïl Boulgakov sous Staline, etc., etc.)
J'ajoute que le tour, parfois légèrement burlesque, qu'imprime Jean Anouilh à sa pièce, peuvent parfois nous évoquer qu'il a écrit plus une parodie de la tragédie de Sophocle qu'une mouture moderne.
Décidément, rien n'est simple, et je suis bien en peine de dire si cette pièce est un chef-d'oeuvre, un habile tour de passe-passe ou un pâle reflet du joyau rutilant dont elle est issue.
La question posée reste la même que chez Sophocle, à savoir celle de l'obéissance aveugle à l'ordre émanant d'une hiérarchie, même si cet ordre va à l'encontre de nos propres convictions. Dit autrement, doit-on exécuter un ordre s'il nous apparaît immoral ?
Chez Sophocle, il y avait une dimension tragique qui remuait les tripes, ici, mes émotions ondulent mollement, comme sous l'action d'une brise légère, alors qu'elles avaient été secouées comme un jour de bourrasque par le vieil antique.
C'est une pièce intelligente, qui nous pousse à réfléchir et à nous positionner, mais scéniquement parlant, mais émotionnellement parlant, ce n'est pas du très grand théâtre à mon goût, d'où mes 4 étoiles et non 5 comme la richesse du propos pourrait m'y inciter.
Cependant, n'oubliez jamais que ce que j'exprime là n'est que mon avis, c'est-à-dire, une once de ressenti brut, autant dire, pas grand-chose.
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Antigone est la fille d'Oedipe et Jocaste. Elle a deux frères Etéocle et Polynice et une soeur Ismène. Elle doit épouser Hémon fils de Créon.
Tout semble se dérouler comme prévu. Elle est un peu surprise qu'Hémon l'ai préférée à Ismène, plus jolie qu'elle.
Ses frères Étéocle et Polynice se sont entre-tués lors de la guerre des Sept Chefs. Leur oncle, Créon, devenu roi de Thèbes, organise des funérailles solennelles pour le premier et refuse que le corps du second soit enseveli et expose son corps à l'air sous la garde des vigiles pour que son ordre soit exécuté comme il l'a exprimé.
Seulement, Antigone refuse la décision de Créon et bravant l'interdit, recouvre de terre le corps de Polynice geste qui ne sera pas sans conséquences puisqu'elle se fait arrêter.

Ce que j'en pense :

C'est en lisant le livre Sorj Chalandon « le quatrième mur » que j'ai eu envie de lire cette pièce de Jean Anouilh.
Je n'ai pas encore lu celle de Sophocle, donc je ne pourrai pas comparer mais ce sera une prochaine lecture car Anouilh m'en a donné l'envie.
Antigone est un personnage intéressant. C'est une rebelle qui refuse d'obéir à Créon. Elle est persuadée d'avoir raison, son frère mérite une sépulture, Créon n'a pas le droit de laisser le corps se décomposer. Elle va défendre son opinion avec entêtement jusqu'au bout. Elle sait ce qui va lui arriver, Créon essaie de la mettre en garde, il lui tend des perches pour qu'elle échappe à son funeste destin mais elle reste inébranlable.
Pour elle le monde est tout noir ou tout blanc et il n'y a pas de place pour les nuances, pour les compromis. Ce n'est pourtant pas faute de lui expliquer qu'on doit réfléchir, que l'entêtement est stérile et que sa décision va faire le malheur de tout le monde car elle entraîne les autres avec elle : Hémon, Ismène.
Créon est têtu aussi, plein d'orgueil comme Antigone : aucun des deux ne veut transiger, mais il a du recul, de la sagesse, et essaie de démontrer qu'entre les extrêmes une autre voie est possible. Il doit jouer son rôle de chef d'état sans se dérober et ne pas céder devant Antigone.
Mourir pour des idées c'est bien mais à condition, qu'il y ait des valeurs à défendre, or Antigone veut que son frère soit enterré pour respecter les traditions, alors qu'en poussant la réflexion, elle ne l'aime pas, et ne le respecte pas. Elle s'oppose pour s'opposer. Je ne veux pas comprendre. C'est bon pour vous. Moi, je suis là pour autre chose que pour comprendre. Je suis là pour vous dire non et mourir. P 82
Cette pièce a été jouée pour la première fois en 1944 sous l'Occupation, donc il y a une autre analyse, un parallèle qui se fait. On peut considérer que la rébellion d'Antigone représente la Résistance à l'ennemi, la désobéissance au Maréchal Pétain est symbolisée par la lutte d'Antigone contre les ordres de Créon, la mort sans sépulture, sans respect évoque aussi toutes les personnes mises à mort au nom d'une idéologie.
Par contre, c'est un pâle reflet de la Résistance, qui est une révolte certes mais une révolte qui a un sens, qui est fait au nom d'un idéal, la libération du joug, la rébellion d'Antigone est une révolte d'adolescente effrontée qui pense qu'elle a tous les pouvoirs, et qu'elle a raison contre tous, alors que la Résistance est une lutte d'adulte, réfléchie tournée vers un but altruiste : libérer la nation.
Hémon est un personnage intéressant aussi. Amoureux d'Antigone, il l'admire pour son courage et sa rébellion, il s'oppose à son père à cause d'elle et le dialogue entre les deux hommes est très intéressant car pour devenir un homme il faut désacraliser le père, ce qu'il va faire quoi qu'il lui en coûte.
Ismène est plus raisonnable qu'Antigone, moins fougueuse. Elle essaie de la raisonner. Même le personnage de la nounou est fort, elle sert de mère de substitution, elle est la voix de la raison, de la tempérance.
Anouilh ne met pas Antigone sur un piédestal, rappelons-nous ce que dit le choeur au début de la pièce. « Voilà. Ces personnages vont vous jouer l'histoire d'Antigone. Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu'elle va être Antigone tout à l'heure, qu'elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde… » P 9
Une pièce très intéressante, où chaque personnage a son importance et qui permet une réflexion sur la volonté, la révolte, l'orgueil et aussi la modération qui vient avec l'âge et l'exercice du pouvoir… Evidemment, c'est une lecture que je vous recommande vivement.
note : 8/10
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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Antigone...
J'ai été bercé par la mythologie, en y trouvant un attrait particulier pour ces histoires incroyables, et de grandes épopées. J'ai pris un grand plaisir à découvrir récemment la vie de Médée ou de Circé. Il y a quelque chose de fascinant d'ailleurs dans ces destins tragiques. Une forme d'envoûtement presque...

Antigone a longtemps été pour moi un personnage torturé, synonyme d'injustice. La BD portant son nom dans la saga "La sagesse des mythes" m'avait plu, même si pour moi, elle ne présentait pas assez la réflexion profonde de ce personnage. D'ailleurs, je trouve cela injuste qu'elle soit parfois présentée de façon si restreinte.

À mes yeux, Antigone est une femme forte, qui tient à ses engagements et ses convictions et qui choisit d'y rester fidèle. J'ai étudié cette pièce pendant ma scolarité. Elle m'avait beaucoup marqué, avec mes yeux d'adulte, il me manque de la profondeur, des réponses, et une présentation plus approfondie de l'histoire. Pour une pièce de théâtre, l'histoire est plus à vivre qu'à lire : il y a un pouvoir dans la mise en scène qui nous permet aussi de profiter de l'étendue et de l'impact d'une telle tragédie. Il y a aussi des éléments visuels, une intonation qui donne de l'ampleur au texte.

Avec mes yeux d'adultes, je ne suis pas déçu, mais je vois la distance que j'ai parcouru : jeune, j'étais fascinée par l'histoire de cette femme qui lutte et qui reste sur sa position envers et contre tous. Adulte, j'ai envie de la lire, de la comprendre, de découvrir plus avant ses tourments et la raison de ces convictions ancrées au plus profond d'elle-même. L'oeuvre de Sophocle est en cela plus intéressante. Bien envie d'ailleurs de découvrir d'autres récits d'Antigone !

En bref : il est très intéressant de redécouvrir des oeuvres qu'on a adoré jeune. On voit la distance parcourue, et on comprend mieux les raisons qui nous ont fait aimer l'histoire ou le personnage !
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Relecture dans le cadre du soutien scolaire et redécouverte de cette tragédie de l'absolu. Une Antigone volontairement suicidaire, confrontée à la difficulté de vivre qui dit avec sa petite voix meurtrie et amère non au bonheur, consciente de ses faiblesses dont elle ne veut plus s'accommoder, aspirant à se dévêtir de la vie, par goût intime de la mort, car c'est tout simplement son destin qui doit s'accomplir. "Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre" Est-ce si sûr ?
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« Une tragédie se compose de deux vérités contradictoires. » Harry Mulisch, "Deux femmes"
Je venais de finir Antigone et voilà que le roman suivant lui faisait écho. C'est étonnant parfois nos choix de romans que l'on imagine pris au hasard dans la pile...
Suis-je arrivée à l'âge où les paroles de Créon me parlent tant ? « La vie n'est pas ce que tu crois. » Sans doute.
Antigone est jeune, Antigone n'est pas encore polie par une vie qui apprend à prendre le meilleur dès qu'il se présente, et même si le meilleur ce ne sont que quelques secondes... Antigone veut la pureté, veut l'absolu à n'importe quel prix. le propre de la jeunesse, fougue et entrain. Une tragédie qui parle à tous les âges de tous les temps.
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"Antigone" de Jean Anouilh ou pour être plus précis L'Antigone d'Anouilh est une pièce ouverte à plusieurs points de vue ou lectures. On trouve d'abord cette lecture scolaire qui nous enseigne sur une fille courageuse qui affronte seule le méchant tyran (c'est beau tout cela). On a aussi cette lecture qui met l'écriture de la pièce dans son cadre historique (cela est intéressant). Ou encore, cette lecture qui compare entre diverses versions d'Antigone, depuis Sophocle (une recherche amusante). Par ailleurs, on peut lire "Antigone" d'Anouilh tout simplement comme si on allait découvrir une pièce différente pour la première fois ; une lecture vierge, cette dernière ressemblera à son lecteur.

Certes, Antigone est présentée comme un personnage tragique, mais cette représentation est un peu étrange. Antigone dans cette pièce est un personnage, loin d'être une personne ; elle en a conscience, elle l'assume. La vie est présentée comme un théâtre où chacun doit obligatoirement jouer son rôle, tout simplement. On le sent dès les premières répliques du Choeur. Antigone est une marionnette. Ensuite entre Créon qui a le mauvais rôle comme il le dit. Il lui annonce franchement que le héros antique et mythique de la tragédie c'est de l'histoire ancienne, c'est fini ; "ces temps sont révolus pour Thèbes. Thèbes a droit à un prince sans histoire." Dorénavant, les héros mythiques seront cravatés, seront plus véridiques, sans ces divagations (celles d'Antigone), bref, selon Créon, Antigone est le dernier héros tragique. Un nouveau théâtre est en train de naître là. Personnellement, j'ai vu que tout au long de la pièce, ce personnage d'Antigone est mis en dérision ! même les gardes se moquent d'elle. Tout son pathétique est dérisoire. Son acte glorieux est absurde comme son existence. Elle ne sait même pas pour quel motif, elle le fait. Elle le fait parce qu'elle est un personnage tragique à l'ancienne qui doit mourir, "elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout".

La pièce d'Antigone met en exergue ce conflit des visions du bonheur, de la vie et du courage. Chacun présente un point de vue différent et essaie de l'argumenter. Devant la vision réaliste, raisonnable de Créon se dresse une vision sentimentale, presque absurde d'Antigone la fille difficile, gâtée et inexpérimentée. le "Oui" de Créon parait-il est plus courageux que le "Non" téméraire d'Antigone. Ce "Non" qu'il ne faut pas mélanger avec celui du philosophe Alain dans un célèbre paragraphe ("Penser, c'est dire non. Remarquez que le signe du oui est d'un homme qui s'endort ; au contraire le réveil secoue la tête et dit non. Non à quoi ? Au monde, au tyran, au prêcheur ? Ce n'est que l'apparence. En tous ces cas-là, c'est à elle-même que la pensée dit non. Elle rompt l'heureux acquiescement. Elle se sépare d'elle-même. Elle combat contre elle-même. Il n'y a pas au monde d'autre combat…").

"Le vent se lève…il faut tenter de vivre." Voilà tout. Ceux qui l'ont tenté comme Créon et les gardes, en dépit de l'exigence et l'indigence, ont réussi à survivre. Tandis que les autres comme ce prince caricatural, cet amoureux puéril, ont dû succomber. Il faut être fort pour vivre.
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Plus de 300 critiques recensées sur ce site à ce jour... Elle en aura fait user des claviers cette petite Antigone !
Ma critique n'apportera donc rien de plus, mais je tiens tout de même à rendre hommage à cette magnifique pièce !
Je ne suis guère calée en pièces de théâtre, le bagage théorique et référentiel me manque certainement... mais j'ai été touchée, remuée, par ce texte lu en binôme avec mon plus grand fiston. Lui est passé à côté (trop jeune, trop "garçon", il faut que jeunesse se passe!), mais de mon côté l'aspect Histoire m'a moins frappée que les tempéraments, psychologies des personnages.
J'y ai vu une scène familiale classique, poussée à l'extrême : la jeune adolescente, rebelle, éprise d'absolu, pure et droite, rejetant toute compromission, face à la figure paternaliste du roi Créon, désabusé, revenu de tout, conscient des exigences de la "vie réelle" devant lesquelles on ne peut se dérober... Bien sûr, on trouvera au fond de notre coeur un fond d'antigoniste (antagoniste?), cette soif de certitude, de passion poussée, tendue... L'ex ado en nous réapparaît à la lecture des belles tirades d'Antigone la fragile, Antigone la jusqu'au-bout-iste, mais j'y vois aussi l'égoïsme propre à cet âge, pense-telle un instant au drame que sa décision va créer ? A la douleur insoutenable pour ceux qui l'aiment ?
Là n'est pas la question de M. Anouilh, mais cela remet en cause la "blancheur" de l'attitude d'Antigone, face à la "noirceur" des autres, de tous les autres, dont nous faisons partie, en grande majorité, nous qui faisons avec les turpitudes, déceptions, efforts, sacrifices que la vie nous imposent, tout en gardant dans nos coeurs cette ligne droite "idéale".
Je me suis quelque peu égarée dans mes propos, veuillez m'en excuser, tout cela pour dire qu'il faut lire Antigone, qu'il s'agit là d'un texte tant poétique qu'intelligent, source de réflexions de tous ordres. Foncez !
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Je ne vais pas faire une critique de cette oeuvre.
305 personnes l'ont déjà fait sur ce site.
Je passerai donc directement à mon ressenti.

Antigone est pour moi la figure du combat et de la liberté, du courage aussi, de celles qui trouvent la force de résister, de lutter. Ce petit bout de femme fait face, à elle seule, au pouvoir établi représenté ici par le personnage de Créon.
Elle n'a pas peur de mourir, elle poursuit son chemin vers la mort, sans remords, ni regrets.

Antigone est une héroïne intemporelle.

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Ah Antigone, Antigone dont je connaissais le nom mais dont j'ignorais le destin, n'ayant jusqu'ici lu ni la pièce originelle de Sophocle, ni la version d'Anouilh.
Je découvre donc Antigone et j'ai la curieuse impression d'avoir en quelque sorte raté le coche. Et si je l'avais rencontrée plus tôt ? Si je l'avais lue à quinze ans ? Me serais-je sentie solidaire de son vain entêtement, de son jusqu'au-boutisme suicidaire au nom d'un idéal ?
Sans doute oui, car elle m'a touchée la frêle, l'entêtée, la tragique Antigone. Malgré l'inutilité de son geste, malgré le non sens de son sacrifice, elle a réussi à m'émouvoir.
Et pourtant, c'est le discours de Créon qui a trouvé écho en moi, sa conception du bonheur ( « Tu l'apprendras toi aussi, trop tard, la vie c'est un livre qu'on aime, c'est un enfant qui joue à vos pieds, un outil qu'on tient bien dans sa main, un banc pour se reposer le soir devant sa maison. ») et sa façon de le mettre au centre de son existence...

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Force est de constater que la pièce d'Anouilh me fait prendre un sacré coup de vieux ! Parce que abstraction faite du contexte historique dans lequel la pièce a été écrite, je me retrouve somme toute davantage dans l'argumentaire du vieux roi Créon que dans celui de cette fofolle d'Antigone. A qui j'ai envie de dire « Tout n'est pas blanc ou noir dans la vie ! Les nuances existent : même Grey en a trouvé 50 ! » Et encore « Jouit plutôt de la vie, ma fille ! La mort te rattrapera bien assez tôt ! »

De compromis en compromissions, aurais-je perdu mon âme ? Ou bien le souffle antique m'aurait-il fait un tantinet défaut pour vibrer au diapason d'Antigone ?

Peu importe en fait car j'ai beaucoup apprécié cette pièce justement pour son audacieux mix d'antiquité et de modernité mis au service de dame Tragédie.

Allez, que ceux d'entre vous que la vie n'a pas encore « créonisés » me tendent la corde pour me prendre ! ( créoniser = savoureux néologisme emprunté à la critique de chriskorchi )
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