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Poème « Prose du bonheur et d'
Elsa »
Elsa Triolet, jeune femme soviétique, est installée à Paris depuis quelques années lorsqu'elle rencontre
Louis Aragon en 1928 à la terrasse de «
La Coupole » à Montparnasse. Un coup de foudre. Elle va devenir sa muse. Tous les deux écrivains, ils seront inséparables durant 35 années.
En 1956,
Aragon repense, nostalgique, à sa vie, et écrit le recueil «
le roman inachevé », long poème dans lequel il s'interroge sur son parcours d'écrivain et d'homme. Sait-il que ce recueil contient l'un des plus grand poème d'amour de la littérature française : « Prose du bonheur et d'
Elsa ».
Un grand admirateur d'
Aragon, le chanteur
Jean Ferrat, dans les années soixante, va mettre en musique plusieurs
poèmes de
Louis Aragon dans un album « Ferrat chante
Aragon » qui va devenir un immense succès.
Du beau poème d'
Aragon « Prose du bonheur et d'
Elsa », Ferrat va extraire quatre strophes qu'il adaptera et mettra en musique dans une composition dont le titre lui sera fournit par le premier vers : « Que serais-je sans toi ». Une merveilleuse chanson naissait.
De longues années après le décès d'
Aragon en 1982,
Jean Ferrat continuera à chanter les
poèmes d'
Aragon accompagnés de ses propres textes.
Retiré dans l'Ardèche depuis de nombreuses années, loin des paillettes du monde médiatique, cet homme discret, pudique, engagé, nous quittera en 2010. Cette voix chaude, ce timbre clair, ces musiques lumineuses, des textes tendres, provocateurs parfois, nous sont restés. Aujourd'hui, après les Brassens, Brel, Ferré,
Aznavour, il reste l'un des derniers « grands » de la chanson française.
Pour votre plaisir, je retranscris dans son intégralité cette magnifique chanson « Que serais-je sans toi » née des talents réunis de deux immenses artistes : un poète et un chanteur-poète. Sans oublier
Elsa Triolet qui inspira cette intense passion amoureuse.
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement
J'ai tout appris de toi sur les choses humaines
Et j'ai vu désormais le monde à ta façon
J'ai tout appris de toi comme on boit aux fontaines
Comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines
Comme au passant qui chante on reprend sa chanson
J'ai tout appris de toi jusqu'au sens du frisson
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement
J'ai tout appris de toi pour ce qui me concerne
Qu'il fait jour à midi qu'un ciel peut être bleu
Que le bonheur n'est pas un quinquet de taverne
Tu m'as pris par la main dans cet enfer moderne
Où l'homme ne sait plus ce que c'est qu'être deux
Tu m'as pris par la main comme un amant heureux
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement
Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes
N'est-ce pas un sanglot de la déconvenue
Une corde brisée aux doigts du guitariste
Et pourtant je vous dis que le bonheur existe
Ailleurs que dans le rêve ailleurs que dans les nues
Terre terre voici ses rades inconnues
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement
Merci à
Elsa Triolet,
Louis Aragon, et
Jean Ferrat.
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