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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Erdosain , l'anti héros de ce roman vit sa vie minable dans une angoisse perpétuelle . Encore plus depuis qu'il a été accusé de vol,à juste titre, par son employeur. Pour éviter la prison il se rapproche de l'Astrologue , mythomane manipulateur dont le but suprême est d'organiser une société secrète . Avec ses acolytes aux noms improbables (le Ruffian mélancolique,Celui -qui-a-vu-l'accoucheuse…) il envisage de prendre le contrôle de la société argentine. Au-delà de l'intrigue (qui m'évoque « les démons » de Dostoïevski ) ce fascinant roman au style poétique et brutal à la fois , met en évidence le potentiel de violence ravageuse qui vit au coeur des humiliés et des offensés ,vies de cendres qui cachent un volcan .Ce roman de 1929 résonne puissamment avec notre actualité.
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Paru en 1929, les Sept fous n'a été édité pour la première fois en France qu'en 1981 chez Belfond. Un tel laps de temps pour une oeuvre qui fit pourtant date dans les lettres argentines pose question et semble résider, comme l'avance l'avant-propos des traducteurs dans son statut - des plus horrifiques, à l'instar d'un Finnegans Wake, de roman intraduisible... Ainsi la présente édition est une adaptation, ni traduction littérale servile, ni recréation bafouant l'esprit de l'oeuvre, une sorte de moyen terme donc. Rien de moins engageant pour le lecteur qui à l'orée d'une oeuvre culte apprend qu'il passera quelque part et fatalement à côté de l'oeuvre, à moins de maitriser à la fois l'espagnol de Cervantès et sa version vernaculaire Portègne, le lunfardo, argot de la capitale argentine. Ceci posé, un mot de l'intrigue, dont l'aspect baroque et fantasque parait épouser l'originalité de la prose du texte original (dont nous ignorons tout). Alors c'est l'histoire d'un pauvre type, inventeur contrarié, modeste receveur d'une compagnie sucrière, qui se fait pincer pour s'être servi dans la caisse. Sommé de réparer le préjudice pour le lendemain sous peine d'un tour à la case prison, le quidam angoissé, s'en va faire la tournée des popotes à la recherche de subsides. Ayant appris sur ces entrefaites qu'il a été dénoncé par le cousin de son épouse amoureux d'elle et jaloux, cette dernière l'ayant d'ailleurs plaqué pour un être galonné, sa quête hypothétique devient projet d'enlèvement du sinistre délateur pour lui soutirer une rançon. Les grands esprits se rencontrant, le voleur cocu criminel en puissance voit son projet secondé par un astrologue mégalomane qui considère toute l'affaire sur une plus vaste échelle : enlèvement, extorsion et assassinat, aux fins de se constituer une mise de départ, puis création d'une société occulte réunissant sept sommités (des frappadingues, oui) tirant ses subsistes de projets délirants pour l'élaboration d'une vaste conjuration nihiliste, crypto révolutionnaire et génocidaire.

Pas très clair? Remarquez ce n'est que le premier volet d'un diptyque... Mettons que c'est un-roman-résolument-moderne-tant-par-les-moyens-narratifs-mis-en-oeuvre-que-dans-le-bonheur-de-ses-trouvailles-analogiques-et-par-sa-vision-absurdo-tragique-de-la-condition-humaine. On en sort assez décoiffé sinon échaudé et le regard qui se pose sur les Lance-flammes (échaudé vous avez dit?) suite du présent roman est fait d'un mélange de crainte et de lassitude. Alors on se dit qu'il y avait tout de même de bons passages dans le roman, qui n'étaient pas sans rappeler le Dostoïevski de Crime et Châtiment et surtout des Démons. Allez, on s'y colle....
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Pas facile de résumer un tel livre. Visionnaire, il l'est, écrit en 1929, il me semble qu'il préfigure la Seconde Guerre mondiale. Un astrologue mégalomane-manipulateur et ses amis veulent détruire le monde existant qui ne croit plus en rien, ni en Dieu. Ces fous veulent créer une nouvelle société en mentant aux hommes pour mieux les anéantir. Et les hommes manquent tellement d'idéaux qu'il est facile de les tromper et leur faire croire n'importe quoi. Ils s'ennuient tellement et s'inventent des vies pour fuir leur médiocrité. Donnons-leur un idéal commun et ils suivront…

Erdosain est le héros de l'histoire, on le suit dans les méandres de son cerveau. L'auteur explore l'ambivalence humain, il met les hommes à nu, étale devant nos yeux, leurs désirs, leurs angoisses, leurs haines et affiche devant nous la profonde malhonnêteté de l'âme humaine. Il nous jette la psyché de l'homme à la figure et c'est assez écoeurant. Chaque être, après avoir rêvé sa vie comme dans un roman, s'aperçoit que tout n'est que désillusion et souffrance. Alors il devient mauvais.

J'ai moyennement apprécié ce roman, très certainement à cause de ma méconnaissance de l'histoire de l'Argentine, j'ai toujours des difficultés à pénétrer la culture sud-américaine. Mais j'ai aimé l'atmosphère, sa violence et la profonde connaissance de l'âme humaine.
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Les Sept Fous n'est pas un livre facile à lire, ce n'est pas le genre de livre qu'on prend au bord de la plage, ni dans le train. Il m'a fallu près de quatre mois pour le lire.

Le personnage principal est Erdosain, un inventeur dont on se demande ce qu'il invente, si ce n'est peut-être sa propre vie. le début se lit de manière assez aisée. Après avoir détourné de l'argent de la caisse de l'entreprise qui l'employait, Erdosain est sommé de rembourser rapidement ces six cents pesos.

C'est à ce moment du récit que l'histoire bascule. En cherchant une solution à ses problèmes d'argent, il commence à s'en ouvrir auprès de l'Astrologue qui l'amène à envisager un nouveau tournant à sa vie. Personnage Messianique, l'Astrologue lui dévoile un plan pour construire une nouvelle société humaine dont le base économique reposerait dans un premier temps sur les revenus tirés de bordels et ensuite des inventions de ce diable d'Erdosain.

Entretemps, sa femme le quitte et il se fait humilier par un homme, Barsut, épris de cette dernière.

Le surhomme serait-il un sous-homme?

Avec l'Astrologue, ils décident de kidnapper ce Barsut et de lui faire cracher l'oseille leur permettant d'amorcer la pompe à bordels du Ruffiant, dont les revenus apporteront les capitaux nécessaires pour l'essor d'une nouvelle colonie.

Ecrit comme cela, on nage en plein surréalisme, un trip en Absurdie. Et pourtant, ce roman est un pied-nez fou à tous les messianismes et en même temps un crachat à la face de ceux qui ironisent sur les utopies. Qui suis-je si je ne songe pas à un monde meilleur? mais que serais-je si candide, je crois à tous les bonimenteurs?

Les multiples parallèles avec Lénine et Mussolini nous renvoient à la fin des années 20 et à une période où nombreux furent ceux et celles qui ne savaient plus à quels "saints" se vouer.

Les sept fous renvoient à différents personnages entrevus dans le roman mais peut-être et surtout aux tourments qui étreignent Erdosain. Mais on se demande également s'il n'est pas tous ces personnages à la fois y compris lui-même l'inventeur suprême. Un chapitre consacré à un personnage incarcéré dans une maison de fou est peut-être une des clés de l'énigme.

Le style est agréablement perturbant même si certains passages sont un peu alambiqués pour moi. à titre d'exemple: "Quand Erdosain sortit, le Boiteuse l'enveloppa d'un regard singulier, de ces regards en éventail qui coupent obliquement le corps d'un homme des pieds à la tête, et recueillent par la tangente toute la géométrie intérieure de sa vie".

La phrase est belle et fait écho sur la difficulté à appréhender qui est Erdosain que seule la Boiteuse aurait démasqué.

Qui est le plus misérable? Celui qui se morfond sur son existence misérable ou celui qui constatant sa vie misérable s'évade dans un délire messianique aussi extravagant soit-il.

Bref, une lecture âpre mais qui nourrit l'âme.
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Super livre, une ambiance énorme… La canaille de Buenos Aires, tous les dingues de cette capitale hors norme mis en scène par Arlt. le genre de livre qu'on aimerait lire dans sa langue d'origine, histoire de goûter un peu le lunfardo portègne. Mais la suite (Les Lance-flammes), qui fut éditée chez Belfond si je ne m'abuse, est épuisée. Pourtant j'en redemandais. Ô frustration !
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J'entame le mois latino-américain sous de bons auspices, avec un titre dont j'ai beaucoup apprécié l'originalité et l'étrange atmosphère.
Nous y faisons la connaissance d'Erdosain, inventeur raté (notamment d'un procédé permettant d'immortaliser les fleurs en les figeant dans une gangue de cuivre), et employé sous-payé de la Compagnie sucrière. Déprimé par sa vie de privations et les reproches conséquents de sa femme, il a pris pour habitude de détourner des sommes qu'il dépense futilement, les laissant par exemple à des prostituées avec lesquelles il s'est contenté de bavarder. Une dénonciation anonyme sonne le glas de ses pitoyables trafics, son employeur le sommant de restituer les quelques six cents pesos qu'il lui a volés. Et un malheur n'arrivant jamais seul, sa femme le quitte pour un fat et terne capitaine.

Erdosain est un être angoissé, qui vit comme un somnambule, en attente d'un événement extraordinaire qui donnera à sa vie un tour inespéré, "une coquille d'homme mue par l'automatisme de l'habitude". Nous suivons ses déambulations en proie à une frénésie angoissée, au cours desquelles il s'invente des cauchemars éveillés, teintés de violence et de surnaturel, ou rêve de rencontres improbables avec de richissimes demoiselles, alternant fantasmes réjouissants et plongées dans le marasme.

Sa quête d'une bonne âme pouvant lui prêter de quoi rembourser sa dette à la Compagnie sucrière l'amène à visiter l'Astrologue, une de ses connaissances, sorte d'illuminé mégalo et nihiliste porteur d'un projet de réforme du monde qui sera financé par les revenus de maisons closes qu'un autre quidam, le Ruffian mélancolique, aura la charge de gérer. Erdosain se voit embarqué dans ce plan funeste, avec pour mission, en tant qu'inventeur, de produire le gaz qui devra servir à la destruction planétaire dont on brandira la menace pour s'assurer de la coopération des masses.

Il croisera au cours de son épopée délirante dans les quartiers encanaillés de Buenos Aires d'autres héros tout aussi étranges, souvent parés d'une aura inquiétante, avec lesquels il entretient des relations allant d'une courtoisie hypocrite à un nauséeux dégoût. Les observations et notes de bas de page qu'ajoute parfois au récit un mystérieux narrateur anonyme contribuent à l'atmosphère d'étrangeté qui baigne "Les sept fous".

Voilà un texte fort, oscillant entre âpreté et fantasmagorie, porté par une écriture au rythme fluide, très imagée, les angoisses et les obsessions du personnage principal étant évoquées à renforts de métaphores à la fois poétiques et horrifiques qui les exacerbent, et donnent à l'ensemble un caractère baroque.

J'ai lu, au sujet de Roberto Arlt (1900-1942) qu'on le considère porteur d'une filiation où l'on place entre autres Julio Cortázar, César Aira, Juan José Saer, ou encore Roberto Bolaño. Et c'est vrai que j'ai notamment pensé à ce dernier au cours de ma lecture pour sa manière d'exprimer à travers les affres individuelles le désenchantement du monde, sa noire folie, et ses idéologies destructrices.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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