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Lucien Mercier (Traducteur)
EAN : 9782714450234
384 pages
Belfond (17/02/2011)
4.09/5   22 notes
Résumé :

" Nous créerons notre littérature non pas en parlant continuellement de littérature mais en écrivant dans une orgueilleuse solitude des livres qui auront la violence d'un "cross" à la mâchoire. "

Dans la ville en pleine mutation, entre gratte-ciels en construction et taudis sordides, avenues élégantes et ruelles des bas-fonds, l'errance de marginaux, révoltés sans cause dans une société à la dérive.

Parmi eux, Erdosain, invent... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Dans la Buenos Aires des années 30, Roberto Arlt met en scène, avec son habituelle plume colérique et boxeuse, une galerie hallucinée de personnages qui se dépêchent de vivre, de tricher, de manipuler, de résister, de voler, de tuer, de rêver : de survivre. Tous dominés, marginalisés et battus d'avance par une métropole sans pitié pour ce défilé de canailles déjantées.
Roberto Arlt est implacable avec ses personnages, mais il ne les déteste pas, il hait la déshumanisation. Dans une langue volontairement populaire, urbaine et incorrecte, déglinguée comme ses protagonistes, il fait saigner les déracinés solitaires dans une exclusion absolue, au sein d'une capitale qui semble concentrer toute l'histoire de l'Argentine et devient un personnage à part entière. Cette ville dominée par une classe possédante ne laisse aucune place aux émigrés et aux recalés sociaux : leur horizon absent les laisse aussi imprécis que sans perspective. Un terrible constat d'abjection que Arlt torture avec brio, où l'exclusion individuelle comme collective donne naissance à une nouvelle race d'hommes, ceux qui ont franchit la limite de la dépossession de soi.
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L'oeuvre de Roberto Arlt ressemble à un immense cloaque, à une cour des miracles, avec ses prostituées et ses mendiants, mais aussi ses fous et ses assassins. Il pousse le désoeuvrement jusqu'au paroxysme, avec une sorte d'urgence et un langage qui était parfois celui des rues, celles de Buenos Aires, enténébrées ou pleines de lumières artificielles, s'ouvrant à une modernité perçue comme un danger et une aliénation. On comprend donc qu'une telle oeuvre, si mélancolique et si viscérale, ait provoqué autant de fascination et d'indignation. Arlt semble se complaire, non sans subversion, à plonger dans les recoins les plus sombres, les plus délirants, les plus tourmentés des consciences humaines, et ses romans, à l'instar du cinéma naissant, foisonnent d'images, terribles, glaçantes, baroques.
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À la fin des Sept fous, on avait laissé Erdosain en proie au doute, face à l'assassinat prévu de Barsut, le cousin de sa femme . Désarroi lié au meurtre, mais également au fait qu'il ne sait plus trop s'il doit faire confiance ou non à l'Astrologue et à son projet d'un groupe cherchant à implanter la révolution en Argentine. Les lance-flammes replonge donc le lecteur dans les bas-fonds de Buenos Aires, pour démêler le fin de mot de cette histoire hors norme.

Les lance-flammes est donc la suite immédiate du roman précédent, et pour bien saisir ce dont parle le roman, il est indispensable d'avoir lu Les sept fous. Car on y retrouve les personnages hauts en couleurs du premier opus. Et le premier d'entre eux, c'est Erdosain : il vient de se séparer de sa femme, est sous la menace d'une poursuite en justice pour vol dans son entreprise, et se raccroche à la moindre branche qui se présente à lui. Même la plus pourrie qui soit. En l'occurrence, c'est l'Astrologue qui lui propose une porte de sortie, en lui présentant son projet de société révolutionnaire, fondée sur le modèle de développement du Klu Klux Klan et financée par les maisons closes.

Alors que le premier volume se consacrait surtout à Erdosain et sa quête, le récit est ici plus fragmenté, passant beaucoup plus facilement d'un personnage à l'autre. La femme d'Erdosain explique ainsi, dans un long récit, les raisons pour lesquelles elle a décidé de partir. Son mari n'a pas agi sur un coup de tête, mais sa déchéance morale et sociale a des racines bien plus lointaines.
Lien : http://livres-et-cin.over-bl..
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L'inquiétude métaphysique, ses discours utopiques, ses destructions, vérité, pureté, humiliation. L'Astrologue, le Ruffian mélancolique, Barsut et Erdosain, autant de personnages en pleine déréliction, contaminent le lecteur par leur panique face à la souffrance de vivre leur refus de la vie donnée dans l'isolement urbain. Les lance-flammes un immense roman sur les marges de Buenos-Aires, sur les si révélatrices franges de l'humanité.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Il dévale vertigineusement vers une supercivilisation atroce : villes effrayantes où sur les terrasses tombent des poussières d'étoiles, où les métros à trois réseaux superposés emportent une humanité blême vers un infini progrès de mécanismes inutiles.
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La porte d'un bar encastré dans une ruelle parallèle aux rails s'entrouvre et, dans les escarbilles, on voit s'avancer une femme énorme, superbement coiffée d'une pièce montée à rubans et suivie d'un maigrichon au dos en arc de cercle.
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(...) j'ai l'impression qu'on m'a arraché l'âme avec une tenaille, qu'on l'a mise sur une enclume et qu'on tape dessus à coups de marteau, jusqu'à la mettre complètement à plat.
L'Astrologue eut un sourire imperceptible :
-- Et l'âme reste à ras de terre, comme pour échapper à un bombardement invisible.
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Comme un porc heurtant du nez la palissade pour échapper à l'abattoir, Erdosain frappe mentalement chaque planche de la barrière d'horreur qui entoure le monde et qui, malgré son immense circonférence, est plus étroite que l'enceinte d'une porcherie.
Il ne peut s'enfuir. D'un côté, il y a la prison. De l'autre, l'asile de fous.
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On n'a pas encore exploré l'intimité de bien des âmes dignes d'intérêt. Il m'arrive de penser que certains saints étaient effroyablement afhées. Ils croyaient si peu en Dieu que plus ils s'acharnaient dans leur incrédulité, plus ils mettaient d'ardeur à se flageller. Ils disaient ensuite qu'ils avaient été tentés par le démon.
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