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Denis Roussel (Éditeur scientifique)Pierre Vidal-Naquet (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070400683
912 pages
Gallimard (03/03/2000)
4.37/5   78 notes
Résumé :
Thucydide a vécu l’affrontement entre Athènes et Sparte comme citoyen, comme général, comme exilé qui ne revit sa patrie qu’après la défaite. A l’instar des Tragiques grecs, il évoque la grandeur et la chute de sa cité. Cette guerre du Péloponnèse, qui commença en 431 pour s’achever en 404 par la victoire de Sparte, Thucydide la raconte, saison par saison, en s’appuyant sur une documentation étonnamment exacte. Elle signifie la fin d’une civilisation – comme celle d... >Voir plus
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L'histoire de la guerre du Péloponnèse est un texte assez long , très méticuleux qui fait montre un grand sens du détail , et de la description intelligente , vivante , précise et imagée .

De 431 à 404 avant le début de l'ère commune , la Grèce est plongée dans un conflit généralisé impressionnant de par son ampleur , comme du point de vue de la manière selon laquelle il impactera durablement l'avenir politique de la communauté hellénique toute entière .

Le conflit se résume principalement à deux camps , la ligue du Péloponnèse et ses alliés conduits par Sparte et Athènes d'autre part qui domine , une ligue d'états principalement maritimes et principalement ioniens aussi selon les aspects culturels et ethniques .

A L'issue de ce conflit :
Athènes vaincue perdra sa puissance politique , du moins à cette échelle de puissance considérable et internationale . Sparte , le vainqueur , épuisera ses effectifs militaires et civiques dans ce conflit , au point de n'être pour cet état , que l'ombre de lui-même , le siècle suivant . Il ne sortira en effet rien de bon de ce conflit du point de vue politique , et de même , rien pour ce qui est des intérêts stratégiques de la Grèce continentale et de l'Ionie dans leur ensemble .

La Grèce perdra progressivement son statut d'acteur majeur de la politique en méditerranée orientale et occidentale( différemment ) .
A mon humble avis , ce conflit , ainsi que la configuration politique du 4e siècle qui suivra presque immédiatement après , signeront à mon humble avis l'impossibilité pour cette civilisation , de transcender la forme politique de la Polis , de la cité grecque donc . Qui est certes un état mais avant tout , une communauté ( humaine ) de citoyens avec leur territoire ( polis et korê ) ) .

La guerre du Péloponnèse est un texte absolument sidérant de par sa modernité . C'est un ouvrage historique au sens presque contemporain du terme . Les problématiques sont creusées , justifiées , dégagées alors que les arguments sont pesés et que les sources sont mises en perspectives et leur crédibilité étalonnées .

Si vous avez aimé découvrir la guerre des Gaules de César , ce texte de Thucydide , vous enthousiasmera encore plus , de par son caractère vivant , et de par son allure très rationnelle , ainsi que par son plan clair et intelligemment structuré , qui ne rechigne pas à fournir abondement des justifications culturelles croustillantes .

Les causalités des éléments historiques sont examinés en profondeur , mais l'auteur élève aussi son texte , en dégageant des propositions conceptuelles qui permettront de dégager des schèmes de compréhension , dont les concepts énoncés et définis en eux-mêmes , dégageront une véritable philosophie géopolitique de l'ensemble hellénique tout entier , que ce soit d'un point de vue tactique et stratégique , mais aussi dans celui de l'analyse des rapports de la guerre avec la politique et la diplomatie . Il dégage donc , l'embryon , déjà très avancé et clair , d'une véritable , philosophie politique de la guerre en milieux grec .

L'auteur sera amené à définir les rapports particuliers que les différents régimes politiques peuvent entretenir avec la guerre , de même que ceux qu'induisent les statuts différents des membres contractants , dans les hiérarchies d'états engagés dans des associations politiques plus vastes et très règlementées , de cités , aux statuts différentiels et inégalitaires .

L'auteur examine aussi dans le détail la manière dont la guerre se fait entre grecs , les règles sont particulières et les obligations de convenances sont nombreuses , l'auteur s'offusquera de la manière dont ces conventions peuvent être brisées occasionnellement , ce qui lui permettra , pour sa part , de discerner ce qui est moralement acceptable dans une guerre entre grecs , d'avec ce qui ne l'est pas . Ce sera pour le lecteur contemporain , l'opportunité de mesurer à quel point , les conventions sociales varient considérablement selon les époques et les civilisations .

L'auteur déploie une analyse fulgurante d'envergure dans par exemple et ente autre , l'analyse des raisons qui font que Athènes gère de plus en plus , un empire , plus qu'elle ne gère l'association de cités volontaires et libres , celle qui permit en son temps , de tenir radicalement en échec l'empire perse (à son or et à ses armées ) . de la même manière l'auteur pointe le caractère irraisonné de l'expédition de Sicile en soulignant son caractère stratégiquement inepte , car quasiment fou et démesuré aussi et de ce fait nuisible à l'état ( immoral d'une certaine façon ) , d'autant plus d'ailleurs que improductif .

Si vous essayez de vous documenter avant la lecture de ce texte , il ne faut pas se laisser impressionner et peut-être décourager , par le caractère très compartimenté , touffu et complexe des analyses contextuelles historiques qui entoure cette « perle « .

En effet , La guerre du Péloponnèse est un récit intrinsèquement éloquent , très imagé , Un corpus de textes qui est concret et passionnant le plus souvent , et qui de ce fait offrira avant tout à son lecteur contemporain un fabuleux voyage dans le temps .

Il permettra aussi de mesurer , que si ce conflit généralisé a porté une atteinte fatale à l'importance politique de la Grèce propre , comme à celle de la grande Grèce , il n'a en rien atteint le génie grec , qui nous propose dans ce récit brillant , de la géostratégie authentique et qui fonde , ici l'histoire , au sens contemporain du terme .

Alors que la Grèce des cités perdra progressivement son indépendance politique , la brillante civilisation grecque continuera elle , de rayonner , de s'étendre et elle triomphera finalement de tous ses vainqueurs , au moins jusque 1453 ...

Avec Thucydide vous aurez une idée très nette des ressources intellectuelles de cette civilisation , dont nous sommes les héritiers directs .
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Le plus extraordinaire des historiens anciens, d'une modernité sidérante: critique et comparaison des sources, rationalité, analyses percutantes, hauteur de vue, portraits fabuleux et transcription des discours -ceux de Périclès en particulier- d'une finesse et d'une acuité exceptionnelles

J'ajoute, comme helléniste, qu'il est aussi un des auteurs grecs les plus difficiles à traduire, tant la langue est compacte, resserrée, dense, comme sa pensée.

Pour les néophytes, je conseille , dans le livre II, l'épisode célèbre et frappant de la peste d'Athènes.

Sans jamais sacrifier au sensationnel facile mais sans rien enlever de dramatique non plus à cet événement qui frappa les Athéniens enfermés dans leur ville alors que les Lacédémoniens en faisaient le siège, Thucydide se livre à une évocation exhaustive de l'épidémie: circonstances de son apparition, symptômes, bouleversement sociaux, religieux et moraux, recherche des causes supposées ou probables.

Il débouche même sur une critique des superstitions et des présages, des justifications a posteriori dont l'opinion est friande après de tels bouleversements!

Il fait aussi de façon indirecte, en relatant -au style indirect le plus souvent- les discours de Périclès, le portrait en creux de ce grand homme d'état, qui donna son nom au Vème siècle, ce "siècle de Périclès" , apogée de la démocratie athénienne, mais aussi début de son déclin fatal.

Périclès apparaît comme un homme de culture et de raison, plein de clairvoyance et sans illusion, mais jamais défaitiste ni démissionnaire. Il est une des victimes de la peste d'Athènes comme nous le signale l'auteur avec une grande sobriété, teintée de regret.

Après lui, lentement, Athènes la démocrate perdra la guerre, sa primauté sur le monde grec, entraînant dans sa chute la ligue de Délos, pour céder la place à Sparte, l'oligarque, et sa ligue du Péloponnèse- mais pour un temps seulement: une à une les cités grecques tenteront de prendre le leadership du monde égéen...jusqu'à tomber dans l'escarcelle romaine...

Je voulais rendre ici hommage au grand professeur de grec qu'était Jacqueline de Romilly dont le cours exceptionnel et la traduction brillante qu'elle fit de la Guerre du Péloponnèse ont été pour beaucoup dans ma passion pour cette langue, cette culture et l'histoire en général.
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Quelle découverte! Au Ve siècle avant J. C., Thucydide entreprend de raconter scrupuleusement les tensions et les conflits entre Athéniens et Spartiates. Il a le sentiment que les deux puissances se sont engagées dans une guerre hors du commun et cherche à en comprendre les ressorts. Même si de nombreux passages lassent par leur systématisme, il y a des pages remarquables, notamment ceux décrivant la déroute des Athéniens à Syracuse.
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La guerre du Péloponnèse est un événement passionnant qui a eu lieu entre Athènes et le Péloponnèse
Thucydide nous partage son témoignage dans ses nombreux livres écrits avec perfection et impartialité.
L'ouvrage est écrit de telle manière que le lecteur a l'impression de participer aux événements, j'ai beaucoup aimé lire les différents événements qui se déroulaient un peu partout dans la Grèce à l'époque ancienne.
Je recommence cet ouvrage pour tous les passionnés d'histoire et plus particulièrement l'histoire ancienne.
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C'est LE LIVRE qui m'a donné envie de lire des ouvrages sur l'antiquité :
Ce récit magistral des guerres du Péloponnèse, est d'une sidérante modernité et pourrait être adapté au cinéma ! On s'y croirait, malgré la distance énorme qui nous sépare des Grecs de l'antiquité. Un récit d'une modernité incroyable ! Thucydide est un historien qui sait rendre les évènements palpables. On aimerait un film à la Troie, avec pourquoi pas, Brad Pitt !
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Ce qui aggrava le fléau, ce fut l'affluence des gens de la campagne dans la ville : ces réfugiés étaient particulièrement touchés. Comme ils n'avaient pas de maisons et qu'au fort de l'été ils vivaient dans des baraques où on étouffait, ils rendaient l'âme au milieu d'une affreuse confusion ; ils mouraient pêle-mêle et les cadavres s'entassaient les uns sur les autres ; on les voyait, moribonds, se rouler au milieu des rues et autour des fontaines pour s'y désaltérer. Les lieux sacrés où ils campaient étaient pleins de cadavres qu'on n'enlevait pas. La violence du mal était telle qu'on ne savait plus que devenir et que l'on perdait tout respect de ce qui est divin et respectable. Toutes les coutumes auparavant en vigueur pour les sépultures furent bouleversées. On inhumait comme on pouvait. Beaucoup avaient recours à d'inconvenantes sépultures, aussi bien manquait-on des objets nécessaires, depuis qu'on avait perdu tant de monde. Les uns déposaient leurs morts sur des bûchers qui ne leur appartenaient pas, devançant ceux qui les avaient construits, et y mettaient le feu ; d'autres, sur un bûcher déjà allumé, jetaient leurs morts par-dessus les autres cadavres et s'enfuyaient.

Livre II, Chapitre LII.
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L'épidémie de peste déclencha également dans la ville d'autres désordres plus graves. Chacun se livra à la poursuite du plaisir avec une audace qu'il cachait auparavant. Impressionné par le spectacle de ces brusques changements de fortune qui faisaient soudain périr les riches et livraient leurs biens aux pauvres qui n'avaient jamais rien possédé, on chercha les profits et les jouissances rapides puisque la vie et les richesses étaient également éphémères. Nul ne montrait d'empressement à atteindre avec quelque peine un but honnête car on ne savait pas si on vivrait assez pour y parvenir. Les jouissances et tous les moyens pour se les procurer, voilà ce qu'on jugeait estimable et utile. Nul n'était plus retenu ni par la crainte des dieux, ni par les lois humaines. Voyant tout le monde périr indistinctement, on ne faisait plus de différence entre la piété et l'impiété, on ne pensait pas vivre assez longtemps pour avoir à rendre compte de ses fautes. Chacun redoutait bien davantage l'arrêt déjà prononcé et suspendu sur sa tête. Avant de le subir mieux valait tirer de la vie quelque plaisir.
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Le chatiement de Mythilène

XLVI. - "Gardez-vous donc de penser que la peine de mort soit une sûre garantie et de prendre une résolution désastreuse ; gardez-vous également d'enlever aux insurgés tout espoir de repentir et toute possibilité de racheter à bref délai leur faute. Songez-y : dans l'état actuel des choses, une ville qui a fait défection et qui prévoit sa défaite peut venir à composition, quand elle est encore capable de solder les frais de la guerre et de payer tribut à l'avenir. Dans l'autre supposition, pensez-vous qu'un État quel qu'il soit ne se préparerait pas avec plus de soin, ne prolongerait pas sa résistance jusqu'aux dernières limites, si l'on devait lui réserver un sort identique, que sa soumission soit prompte ou tardive ? Et comment ne serait-ce pas une perte pour nous, que de poursuivre à grands frais le siège d'une ville qui se refusera à se rendre ? de nous emparer enfin d'une ville dont la ruine nous privera à l'avenir des subsides qu'elle nous fournissait ? Or ce sont ces subsides qui font notre force militaire. Évitons donc, en nous montrant des juges rigoureux des fautes d'autrui, de nous faire tort à nous-mêmes. Ayons soin plutôt, en infligeant aux Mytiléniens un châtiment proportionné à leurs fautes, de laisser ces villes disposant de ressources pécuniaires nous être utiles. Ne fondons pas notre sauvegarde sur la rigueur des lois, mais sur notre sage et prévoyante activité. Mais nous faisons actuellement le contraire, quand nous croyons devoir châtier impitoyablement un peuple libre, assujetti de force à notre domination et qui, après une tentative bien naturelle pour recouvrer son indépendance, retombe sous nos lois. Renonçons donc à punir sévèrement des peuples libres qui se révoltent ; gardons-les avec soin avant qu'ils se rebellent ; prenons toutes dispositions pour qu'ils n'en ment pas le désir et, une fois soumis, n'imputons leur crime qu'au plus petit nombre possible de leurs concitoyens.
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Nous le savons et vous le savez aussi bien que nous, dans le monde des hommes les arguments de justice n'ont de poids que si les forces des adversaires sont égales. Dans le cas contraire, les plus forts tirent tout le parti possible de leur puissance et les plus faibles n'ont qu'à s'incliner.
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Histoire de la guerre du Péloponnèse.
I, 96,99.
l’autorité des Athéniens ne s’exerçait-elle plus comme avant, avec l’agrément de tous ; et, de même qu’ils ne faisaient plus campagne sur un pied d’égalité avec les autres, de même il leur était aisé de ramener les dissidents. Les responsables de cette situation étaient les alliés eux-mêmes : 3. en effet, cette répugnance à faire campagne avait amené la plupart, afin de ne pas s’éloigner de chez eux, à se faire assigner en argent pour une somme représentant les navires à fournir : aussi Athènes voyait-elle croître sa flotte, grâce aux frais qu’ils assumaient, tandis qu’eux-mêmes, en cas de défection, entraient en guerre sans armements ni expérience.
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Videos de Thucydide (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de  Thucydide
Cours de François Jullien
Les cours méthodiques et populaires de philosophie permettent à toutes et tous de se familiariser avec la philosophie, son histoire, ses auteurs, ses concepts. Axées ce semestre autour des « concepts de combat », les questions abordées chaque semaine par un philosophe différent couvrent des pans variés de la discipline.
En savoir plus sur les cours méthodiques et populaires de philosophie : https://www.bnf.fr/fr/agenda/les-cours-methodiques-et-populaires-de-philosophie
Qu'ai-je le droit d'espérer ?
« Qu'ai-le le droit d'espérer ? » est la troisième question posée par Kant, après celles portant sur la connaissance et la morale. Kant la croit universelle, mais n'est-elle pas singulière dans sa formulation juridique et son rapport à la rationalité ? En quoi elle est à la transition de deux âges de la culture européenne. Dans sa tradition, l'espérance a un contenu religieux : l'immortalité de l'âme et la béatitude au paradis (la « belle espérance » de Platon et dans le christianisme). Dans sa modernité, l'espérance est tournée vers l'Histoire : la croyance au Progrès et le bonheur sur Terre. Or, qu'en est-il aujourd'hui avec le retrait du religieux et l'effondrement des utopies révolutionnaires (quand il n'y a plus de « lendemains qui chantent », voire quand on n'est plus sûr du sort de la planète) ? Notre espérance est en miettes… Dois-je y rajouter la Covid ? Peut-être faut-il donc apprendre à concevoir, non plus en bloc, mais précisément, c'est-à-dire de façon qui ne soit pas idéologique, ce que peut être une espérance politique, comme seule issue qui reste quand le rapport de forces est défavorable (Thucydide en donne une analyse exemplaire). Ou bien ce que peut être une espérance de l'impossible faisant rayonner l'existence présente (Kierkegaard ose l'aborder de façon radicale). Reste aussi à penser si l'on ne peut pas vivre sans espoir sans être pour autant désespéré : ne serait-ce pas cela la lucidité ?
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>Grèce jusqu'à 323>Grèce antique>Grèce antique : 404-362 av. JC (6)
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