Ben arriva enfin, outrageusement moulé dans un jean délavé fort heureusement élastique, sans quoi il n’aurait pu se mouvoir. Il prit place près de Martha qu’il mitrailla de questions, avant de la traiter de démente puis de la féliciter d’avoir lâché le monde démoniaque du libéralisme débridé. Martha s’écroula en sanglots, convaincue d’avoir définitivement perdu pied.
Le jeune homme remarquablement rationnel en dépit d’une affligeante hystérie qui l’obligeait à un théâtre permanent, lui fit savoir que la vie était courte, raison pour laquelle elle avait fait au mieux en désertant l’insipide entreprise au profit d’une existence bien plus trépidante, qu’elle engageait le jour même. Quant au loyer, il régla le problème simplement en l’invitant à venir vivre avec lui dans sa cité, lui rappelant que ses quatre-vingt-dix mètres carrés n’avaient rien à envier à son minuscule studio parisien.