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EAN : 9781409934851
84 pages
Dodo Press (10/10/2008)
3.83/5   12 notes
Résumé :
Marie, dite Rose-d'Amour, appelée ainsi pour sa gentillesse, est vouée aux malheurs de la terre... Sauvée par Bernard, dit Vire-Loup, de l'attaque d'un loup, elle lui en sera reconnaissante. Il deviendra son meilleur ami, puis son amoureux, Bernard doit partir faire son service militaire, mais ne reviendra que dans 7 ans : Rose d'Amour lui promet de l'attendre fidèlement. Elle écrit régulièrement à Bernard, sans jamais recevoir de réponse, pourquoi? L'a-t-il oublié?... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Marie, dite Rose-d'Amour, est une jeune ouvrière surnommée ainsi par malice par ses camarades car, enfant, elle était physiquement plutôt quelconque. Toutefois, son peu de joliesse et surtout sa joie communicative lui valent, adolescente, l'amour de Bernard, son voisin. Bien que la jeune fille n'ait pas un sou de dot, les parents des jeunes gens voient cette union d'un oeil favorable. Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles si Bernard ne devait pas sept ans de service militaire à son pays.

Séparés avant d'être mariés - mais ayant quelque peu outrepassé la pudique réserve qu'on attend de fiancés à cette époque -, Rose-d'Amour et Bernard échangent un serment d'amour éternel et de leur précoce idylle naît neuf mois plus tard une petite fille. L'existence de Rose-d'Amour bascule alors dans une période fort sombre. Calomniée et traitée en fille perdue par les villageois et sa propre famille, la jeune femme lutte pour préserver sa vertu et subvenir à ses besoins ainsi qu'à ceux de son enfant. Avec un courage que n'aurait pas renié la Mlle Fantine de Victor Hugo, Rose-d'Amour reste fidèle malgré les épreuves à son serment d'amour et touche au désespoir lorsque Bernard, de retour au pays après des années d'absence, prête l'oreille aux rumeurs et se détourne d'elle…

Publiée en 1889, « Rose-d'Amour » dépeint un drame social qui touche au naturalisme déclinant de la période. L'héroïne – qui est aussi la narratrice – décrit avec une objectivité qui l'honore les faits marquants de sa jeune existence et convainc le lecteur par sa simplicité et son honnêteté, sans pour autant tomber dans le pathos d'une héroïne de Dumas, ce que je trouve personnellement plutôt rafraîchissant.

Une fois de plus nous sont révélées par la littérature la cruauté des hommes et des femmes, et leur férocité envers leur victime, souffre-douleur de la communauté. Avec quelle facilité la réputation d'un être pouvait être entachée, marquant sa destinée de l'injustice des hommes ! Les choses ont-elles d'ailleurs tant changé de nos jours ?

De ce roman qui traite avec naturel de notre humanité, je retiendrai ce poignant portrait de femme et l'étonnante capacité d'un écrivain du 19ème siècle à retranscrire les sentiments d'une femme modeste. Avec finesse, Alfred Assollant perce les raisonnements féminins et observe le comportement de ses contemporains avec un oeil lucide et critique.


Challenge 19ème siècle 2016
Challenge PETITS PLAISIRS 2016
Challenge Petit Bac 2016 - 2017
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Avec un père charpentier et une mère lavandière, la petite Marie ne s'épanouit guère. Son père est mutique, ne s'exprimant que lorsqu'il a quelque chose à dire, et encore. Mais il n'est pas comme la mère qui avec ses mains en forme de battoirs n'est pas avare de torgnoles et de beignes. Marie n'est pas jolie, enfin pas vraiment, mais elle est avenante et gentille.

Ses soeurs se marient et quittent la maison paternelle, la mère décède après avoir bu un grand verre d'eau froide alors qu'elle était en sueur. Marie a dix ans. Elle trouve en Bernard, un gamin de trois ans plus âgé qu'elle, un compagnon de jeux aimable et intentionné. Un jour, s'amusant dans la forêt avec quelques gamins, garçons et filles, Marie se retrouve seule. Elle est attaquée par un loup alors qu'elle ne prétendait pas jouer au Petit Chaperon Rouge, et Bernard la sauve des griffes et des dents de l'animal.

Rose d'Amour et Bernard deviennent peu à peu amoureux l'un de l'autre. Ils sont souvent ensemble, mais cela reste platonique. le père de Bernard et les parents du jeune homme pensent que cela se traduira par un mariage, cérémonie à laquelle ils n'opposent aucun véto, mais la guerre du Maroc réclame des moyens humains. Bernard pense échapper à la conscription malheureusement pour lui, le sort en décide autrement. Il a vingt ans et Rose d'Amour en a dix-sept, le bel âge pour convoler.

Les parents de Bernard ne roulent pas sur l'or même s'ils possèdent quelques biens. L'idée est de trouver un remplaçant à Bernard, contre une forte somme. Pour cela ils hypothèquent leur maison, seulement la mère Bernard, malade met le feu aux rideaux. Plus de maison, plus d'hypothèque, plus de remplaçant.

Bernard part pour l'armée pour sept ans, et Rose d'Amour se découvre enceinte. Ils avaient quelque peu précipité les noces, et elle se retrouve la risée, la honte de pratiquement tout le village. Même son père pourtant si calme et si accommodant lui fait la tête. Elle travaille dans une usine de couture et sa joliesse attire les yeux du contremaître. Elle refuse de se laisser aller, de devenir une femme soumise, et taloche le malotru devant ses collègues.

Les ans passent, elle ne reçoit pas de courrier de Bernard. Elle pense qu'il l'a oublié et entame des études du soir afin d'apprendre à lire et à écrire auprès d'un jeune adulte bénévole. Bientôt celui-ci tombe amoureux d'elle mais elle refuse de manquer à sa parole donnée à Bernard. Sept longues années durant lesquelles la petite Bernardine grandit gentiment. Jusqu'au jour où, au cours d'une algarade avec un voisin, un dénigreur et un malveillant qui ose appeler sa petite-fille la petite bâtarde, Bernard est tué à l'aide d'un compas. L'homme a beau jeu de rejeter la faute sur Bernard et la honte une fois de plus déteint sur Rose d'Amour.



Romans de terroir, réaliste et misérabiliste, comme c'était la mode à l'époque, Rose d'Amour serait une nouvelle ou un roman catalogué, de nos jours, comme une romance destinée à l'édification des jeunes filles vertueuses. Mais il y a un peu de Zola dans cette histoire sociale ou plutôt le contraire car si Assolant a fait paraître Rose d'Amour en 1862, La Terre de Zola date de 1887.

L'histoire se déroule dans un petit village, Saint-Sulpice, en Auvergne. Peut-être dans le Puy-de-Dôme, mais rien ne permet de l'affirmer.

Rose d'Amour est un roman écrit à la première personne et la narratrice, Rose d'Amour, s'adressant à une interlocutrice dont on ne sait rien, narre ses mésaventures et dénonce les ragots, les rumeurs, les fausses déclarations, les préjugés, les jalousies également ainsi que ceux qui veulent profiter du malheur des autres pour en tirer bénéfice. Un constat peu flatteur de la campagne d'alors mais qui n'a guère changé dans les moeurs même si celles-ci sont plus libres et plus tolérantes. Et ce problème n'est pas l'apanage de la campagne car on le retrouve également dans les villes et les banlieues. le syndrome de la fille-mère est encore bien prégnant dans les esprits étroits, mesquins, bigots, et enfreint la morale de certaines religions intégristes.

Nous sommes loin des aventures débridées décrites dans Les Aventures (merveilleuses mais authentiques) du Capitaine Corcoran, un roman destiné à la jeunesse et prenant l'Inde pour décor, mais ces deux ouvrages possèdent en commun d'être des contes philosophiques. Si Rose d'Amour est l'histoire d'une fille-mère à cause d'événements imprévus et dans l'obligation de trouver un remplaçant si le tiré au sort ne veut pas partir à la guerre, contre rétribution onéreuse, Capitaine Corcoran dénonce le colonialisme anglais et par là-même toute forme de colonialisme.

Le côté social prédomine et le système de la conscription est un privilège accordé aux riches qui peuvent y échapper contre monnaie sonnante et trébuchante :

Ah ! dit le père Bernard, il est bien dur de travailler toute sa vie et d'amasser avec beaucoup de peine quatre ou cinq mille francs pour en faire cadeau au gouvernement ou n'importe à qui, quand on est vieux et quand on ne peut plus travailler.



La question de l'égalité des salaires est également soulevée, mise en avant comme un fait acquis qu'il faut dénoncer :

Car il faut vous dire, madame, que je travaillais dans un atelier avec trente ou quarante ouvrières. Chacune de nous avait son métier et gagnait à peu près soixante-quinze centimes. Pour une femme, et dans ce pays, c'est beaucoup ; car les femmes, comme vous savez, sont toujours fort mal payées, et on ne leur confie guère que des ouvrages qui demandent de la patience.



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Rose-d'Amour : un prénom qu'elle porte merveilleusement bien pour sa bonté naturelle. C'est ainsi qu'on la prénomme dans son entourage. Rose-d'Amour est la cinquième et dernière fille d'un charpentier, le vieux Sans-Souci, et d'une blanchisseuse qui meurt avant qu'elle ait dix ans. Ses soeurs se marient l'une après l'autre et elle reste seule avec son père. À l'âge de dix ans elle fait la connaissance de Bernard. Parce qu'il l'a sauvée de l'attaque d'un loup, le héros portera désormais le surnom de Vire-Loup. En grandissant, les jeunes gens s'aiment. Mais Bernard doit partir au service militaire pour sept ans. Nous sommes en 1840, les conscrits sont tirés au sort, il est tombé sur un mauvais numéro. Il pourrait trouver un remplaçant, mais à cette époque, les remplaçants coûtent cher et les parents de Bernard, bien que riches, ne peuvent pas payer une telle somme. Ils décident d'hypothéquer leur propriété. le remplaçant est trouvé, les deux familles fêtent l'événement… Hélas ! un incendie détruit la maison, plus d'hypothèque, plus de remplaçant. Bernard partira et Rose-d'Amour l'attendra durant les sept années de son absence. Ils se marieront à son retour.
Les malheurs de Rose-d'Amour commencent avec le départ de Bernard : elle est enceinte. Déshonorée. D'un seul coup, elle devient une étrangère pour son père et ses soeurs, une traînée pour son entourage, elle subit les affronts de toutes les ouvrières de l'usine dans laquelle elle travaille, les pires humiliations, l'irrespect et la brutalité du contremaître. On lui jette des pierres, elle est maudite.
Les commérages vont bon train à l'atelier, les fausses rumeurs la concernant se répandent à la vitesse de l'éclair dans la commune. Personne n'en vérifiera la véracité.
Le livre nous renvoie à l'époque pas si lointaine où les « filles-mères » étaient mises au ban de la société, méprisées pour un moment d'égarement de l'amour, leur état considéré comme un crime. Où elles portaient seules les conséquences de l'acte sexuel hors mariage, le futur père ne courant aucun risque.
Le style est frais, léger, amusant, empreint d'une certaine naïveté, mais plein de bon sens. le public de Rose-d'Amour est féminin, elle s'adresse à ses lectrices : « Car il faut vous dire, Madame… », « Pardonnez-moi, Madame… » Matthieu, le contremaître, est « laid comme les 7 péchés capitaux. »
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Petit roman qui se lit en un rien de temps, il montre bien le mal et les tragédies que peuvent faire les rumeurs. Ce roman parle de la condition d'une femme fille-mère au 19e siècle et des conséquences que cela entraine sur sa vie et sa réputation ainsi que sur celles de son entourage.

Rose d'amour ne survit que grâce à l'amour qu'elle porte à son Bernard, parti se battre à l'autre bout du monde et à l'attente de son retour. Bien qu'elle veuille se montrer insensible à toutes les méchancetés auxquelles elle doit faire face, tout cela la ronge de l'intérieur. le retour de Bernard, tant attendu n'est pas celui qu'elle espérait et les promesses promesses qu'elle lui avait demandé de faire avant son départ ont fondu devant les faits qui lui ont été rapportés.

Heureusement pour elle, tout se termine bien, mais ce ne devait pas être le cas de toutes les femmes à cette époque.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Je me souvins que mon père, qui n’était pourtant pas un savant, m’avait souvent dit que le ciel était tout autre chose que ce qu’on se figure ; que c’était une espace immense où roulaient des milliards d’étoiles, et que ces étoiles étaient un million de fois plus éloignées de nous que le soleil, et qu’elles étaient elles-mêmes des soleils, et qu’autour de chacun de ses soleils tournaient des quantités innombrables de mondes plus grands que la terre entière et la mer ; et je fis réflexion que si notre soleil était si petit en comparaison de cet espace immense, et si petite notre terre en présence du soleil, et si petite ma ville en présence de la terre entière, et moi si petite dans cette ville même, ce n’était pas la peine de s’occuper de mes voisins, ni de leur haine, ni de leur mépris ; que la vie ici-bas était assez courte pour qu’on pût en oublier facilement et promptement toutes les douleurs ; que si ce voisinage m’était insupportable, je pouvais me réfugier dans ma chambre et que mon âme trouverait aisément un abri dans ces pensées et dans ces espérances, qu’il n’était au pouvoir de personne de m’enlever.
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Permettez-moi seulement de dire que j’aime mieux, toute pauvre qu’elle est, la condition d’une ouvrière qui fait sa volonté matin et soir, que celle d’une demoiselle qui aurait en dot des terres, des prés, des châteaux, des fabriques et des billets de banque, et qui obéit toute sa vie, – fille à son père, et femme à son mari.
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Car il faut vous dire, madame, que je travaillais dans un atelier avec trente ou quarante ouvrières. Chacune de nous avait son métier et gagnait à peu près soixante-quinze centimes. Pour une femme, et dans ce pays, c’est beaucoup ; car les femmes, comme vous savez, sont toujours fort mal payées, et on ne leur confie guère que des ouvrages qui demandent de la patience.
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Ah ! dit le père Bernard, il est bien dur de travailler toute sa vie et d’amasser avec beaucoup de peine quatre ou cinq mille francs pour en faire cadeau au gouvernement ou n’importe à qui, quand on est vieux et quand on ne peut plus travailler.
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On quitte volontiers ceux contre qui le monde aboie, et ce sont de solides amis ceux qui vous défendent quand vous êtes seul contre tous.
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Video de Alfred Assollant (1) Voir plusAjouter une vidéo

Alfred Assollant : Les Aventures du capitaine Corcoran
Devant le château de Fénelon, en Dordogne, Olivier BARROT présente le livre "Les Aventures du capitaine Corcoran" de Alfred ASSOLLANT, réédité par Joelle LOSFELD, dans la collection Arcanes.
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