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sur 446 notes
Pour faire revivre Klara, il est nécessaire de faire un peu de géographie et un peu d'histoire.

Il est nécessaire de partir dans cette mer tout au nord où l'on côtoie l'île aux ours (1), l'archipel François Joseph (2) et les îles de Nouvelle Zemble (3).
La description de la navigation dans cette zone me rappelle mes propres souvenirs ... une croisière autour du Spitzberg, des bancs de brume qui cachent la terre et soudain un fjord, le brouillard se lève et apparaît alors l'île, les blocs de glace qui flottent devant, derrière, les roches dures sur lesquelles pas grande végétation ne peut se fixer .. les arbres mesurent quelques millimètres.. les animaux se cachent ... tout semble si désertique.
La description de ces zones de pêche, de ces camps et de l'habitation par les peuples autochtones est éprouvante pour notre imagination.

Il est nécessaire de se rappeler où de relire l'histoire de l'URSS dans les années 50, avec celui qui était encore appelé par certains, le petit père des peuples qui régentait tout, qui décidait tout, qui devait vivre, qui devait disparaître.
Je me rappelle lors d'un voyage chez le grand frère soviétique, le cortège des mariés s'avançant avec beaucoup de respect au pied une statue représentant l'un des plus grands meurtriers du siècle passé, pour lui offrir en témoignage de reconnaissance le bouquet de la mariée... c'était dans les années 70 !
Le besoin de connaître le passé pour comprendre le présent est démontré de façon magistrale.
Il est nécessaire pour pouvoir construire l'avenir.

Un très beau voyage dans ces lieux si peu fréquentés et dans notre mémoire.

(1)
L'archipel François Joseph (80.7998980, 55.2478176), un ensemble d'îles de l'extrême Nord de la Russie, dans la mer de Barents au nord de la Nouvelle Zemble et à l'est du Svalbard. Consistant en 191 îles recouvertes de glaces totalisant 16 134 km, l'archipel est inhabité et n'est distant du pôle nord que de 900 km.
En 1926, l'archipel est annexé par l'union soviétique et quelques personnes s'y installent à des fins de recherche et militaires. L'accès n'y est possible que quelques semaines par an en été, et un permis spécial est exigé pour visiter les îles.

(2)
L'île aux ours à mi chemin entre le nord de la Norvège et le Svalbard (74.4522484, 19.1151973), située dans la partie occidentale de la mer de Barents.
Elle a été considérée terra nullités jusqu'au traite du Svalbard en 1920, qui l'a placée sous souveraineté norvégienne. Malgré son éloignement et sa nature aride, l'île a connu quelques activités commerciales aux siècles derniers comme l'extraction de la houille, la pêche et la chasse à la baleine. Aucun campement n'a été installé pour plus de quelques années et l'île n'est actuellement habitée que par les occupants d'une station météo.

(3)
La Nouvelle-Zemble (« Nouvelle Terre ») est un archipel russe des mers de Barents et de Kara, situé au-delà du 70e parallèle nord dans le prolongement de l'Oural.
L'archipel a été le lieu des essais nucléaires soviétiques puis russes des années 1950 aux années 1990.
Les Nénètses forment la population d'origine de l'archipel de Nouvelle-Zemble.

Et pourquoi je n'irais pas faire du tourisme dans ces environs :
Les rivages de Nouvelle-Zemble sont l'une des zones où les déchets nucléaires de l'ère soviétique ont été envoyés par le fond :
1 : deux réacteurs sans combustible nucléaire consommé ;
2 : deux réacteurs sans combustible nucléaire consommé et 60 % de combustible nucléaire du brise glace Lénine en conteneurs ;
3 : six réacteurs nucléaires à uranium, dix sans combustible nucléaire, 11 000 conteneurs de déchets radioactifs ;
4 : sous-marin K-27 avec deux réacteurs ;
5 : trois réacteurs avec et trois sans combustible nucléaire.
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Mourmansk, ville de Russie au Nord du cercle polaire. Iouri revient dans la ville qui l'a vu grandir pour se rendre au chevet de son père mourant. Rubin, son père, lui demande de retrouver la trace de sa mère Klara pour savoir ce qui lui est vraiment arrivé après son enlèvement par des hommes en noir alors qu'il n'était lui-même qu'un petit garçon.

Cette quête pour découvrir ce qui est arrivée à cette grand-mère dont on ne parlait jamais, permet à Iouri de découvrir le passé douloureux de sa famille.
Lui-même n'a pas connu la chaleur d'un foyer aimant entre une mère distante et qui se désintéressait de lui et Rubin, son père, qui ne trouvait pas son fils à la hauteur de ses attentes.

Un roman sur une Russie où il ne faisait pas bon de critiquer le gouvernement de Staline et pouvait vous coûter cher : entre goulag, interrogatoire, peloton d'exécution, ... Trois histoires sur trois générations se succèdent pour nous donner un récit riche, souvent dur, sur les choix de chacun pour mener au mieux sa vie.
Un roman où on s'attache à Iouri mais aussi où on en vient à haïr Rubin dès qu'il rentre dans l'adolescence et son comportement vis-à-vis des autres.
Même si l'histoire est sombre, ce fut une belle découverte.
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Si je devais résumer ma lecture de ce roman à un seul mot, je proposerais « tempête » pour illustrer à la fois ce que traverse la famille de Youri, protagoniste principal de l'histoire, ce que traverse la Russie au temps du goulag, ce que traverse le chalutier/congélateur que commande Ruben, père de Youri , capitaine craint et respecté.
Youri, qui a émigré aux Etat- Unis pour fuir un mal- être à la fois lié à sa famille et à ses orientations sexuelles, revient au bout de 23 ans sur demande de son père qui est en fin de vie.
Youri débarque à Mourmansk, retrouve sa ville grise et froide, avant de retrouver son père sur son lit d'hôpital, qui lui parle pour la première fois de sa grand-mère Klara, enlevée et vraisemblablement déportée par les sbires de Staline pour des raisons qui sont restées inconnues. Ruben confie à Youri la mission de découvrir ce qu'est devenue Klara.
Youri va enquêter. Cette trame narrative est prétexte à nous plonger dans le cours de la grande histoire : l'enfer de l'union soviétique au temps de la délation et des arrestations arbitraires avec la peur, la pénurie et la honte.
En parallèle, Isabelle Autissier, au travers de ses 3 personnages très incarnés, nous fait vivre avec talent ses propres passions : la mer, les oiseaux, la nature sauvage du grand nord.
J'ai pris plaisir à lire ce livre, j'ai vraiment apprécié son art de la description( Les observations des oiseaux, les parties de pêche). J'ai trouvé la construction intelligente et irriguée par une bien belle sensibilité.
Je me suis rendue compte de mon inculture au sujet de cette période contemporaine si sombre et cela m'a donné envie de lire d'autres livres sur le goulag.
Ce roman rempli tout à fait son rôle à la fois instructif et distrayant.
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Un très beau roman sur l'homme face à la nature et face à lui-même. Isabelle Autissier est passée maître dans l'art d'évoquer le vent, le froid, la mer et les oiseaux. Nous, nous ne sommes que des silhouettes dans ce déchaînement des éléments, mais des silhouettes qui ont une histoire à raconter (plus d'infos ici : https://pamolico.wordpress.com/2019/08/27/la-neige-noire-de-mourmansk-oublier-klara-isabelle-autissier/)

Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Un magnifique roman écrit par Isabelle Autissier qui nous raconte plusieurs histoires, celle de Iouri, de son père Rubin et de sa grand-mère Klara disparue depuis longtemps.
Iouri vit aux États-Unis, heureux dans sa vie de couple, il a la chance d'être Ornithologue et de profiter pour vivre sa passion et son amour pour les oiseaux.
Un jour suite à un appel d'Irina, il va devoir retourner au pays la Russie qui a bien changé depuis tout ce temps.
Son père vit dans le grand nord, il y fait très froid alors préparez-vous à boire quelques verres de vodka pour vous réchauffer pendant cette aventure.
Une belle description des changements et de l'évolution de ce pays qui il y a longtemps paraissait triste, gris et en souffrance face au manque de liberté.
Son père Ruban, gravement malade va lui livrer quelques mots sur Klara sa grand-mère, il va commencer ses recherches afin de découvrir son histoire et celle de son grand père Anton qui paraît si invisible.
Pourquoi une scientifique et chercheuse dans les minerais est condamnée à une véritable descente en enfer ?
Vous le saurez en lisant ce roman très prenant.
Un retour dans leurs passés respectifs qui nous embarque dans leurs enfances, leurs souffrances et les moments pénibles remontent à la surface.
Une histoire enrichissante qui nous apprend beaucoup sur ce pays, ses cultures différentes et ses dirigeants communistes, sur la pêche dans une mer glaciale où la violence qui fait partie du quotidien.
Père et fils ont des choses à se reprocher mais c'est surement en lisant leurs histoires que l'on comprend beaucoup de choses:
Comment tous les trois, ont un lien puissant qui les unit.
Ce livre est merveilleux, il apporte beaucoup de connaissances sur divers sujets comme l'histoire, les oiseaux, la pêche, l'amour et les liens familiaux qui malgré les différences de certains doivent rester soudés.
J'ai pris un grand plaisir à découvrir l'histoire de Klara et de sa famille et je ne regrette pas mon coup de coeur pour la couverture de ce roman, qui comme les oiseaux, nous emporte dans des contrés inconnues.
Il nous apprend tellement sur les choix que l'on fait dans nos vies et les répercutions qu'ils peuvent avoir dans l'avenir.
Klara en lisant ce roman, on ne peut que l'admirer et ne jamais l'oublier.
Lien : https://sabineremy.blogspot...
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Beau livre bien monté et visiblement solide sur les bases historiques de la face sombre de l'URSS; l'histoire est prenante et la manière de dévoiler chapitre après chapitre la vie des principaux protagonistes est astucieuse et donne du ryhtme au roman. On sent évidemment une sensibilité à la nature même si cela n'est pas le coeur du drame
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Bonne pioche pour ma première lecture de l'année 2020.
Un roman très intéressant qui aborde un grand nombre de sujets de l'univers du goulag à celui de la pêche industrielle, en passant par l'alcoolisme, l'ornithologie et j'en passe.
La forme est aussi réussie, alternant les récits du fils du père et de la grand-mère, à l'époque actuelle et dans le passé, nous permettant de découvrir chacun des personnages au-delà des apparences. Tous se révèlent plus complexes que les premières pages ne pouvaient le laisser penser.
Quelques très belles pages sur la nature, et son exploitation abusive par l'homme, thèmes chers à l'auteure.
Je n'oublierai pas ce livre…
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Très beau roman, cru et âpre. Il nous emmène sur la piste de la grand-mère du narrateur dont le destin fut tourmenté par la police politique russe d'après-guerre. Iouri, fils de Rubin, fils de Klara, revient donc à Mourmansk pour accompagner son père atteint d'un cancer en phase terminale. Tout les sépare et ils ne se sont plus vus depuis des années. le gris du ciel se niche partout : la neige, les murs, les âmes. Les souvenirs refont surface, même les plus cachés et les plus sombres.
Je ne peux que vous inciter à lire ce récit en forme de portraits successifs. Isabelle Autissier manie la plume avec brio et sait raconter une histoire.
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Isabelle Autissier nous offre un superbe voyage dans l'URSS des années 1950, sous la domination impitoyable de l'ogre Staline et ses effets délétères sur trois générations d'une famille. Iouri, le petit fils de Klara qu'il n'a pas connue a émigré aux états-unis où il a pu s'épanouir plus facilement. Il est rappelé par son père Rubin sur le point de mourir qui lui demande d'enquêter sur les raisons de l'arrestation de sa mère Klara en 1950. C'est l'occasion pour l'auteure de nous décrire cette époque ou l'arbitraire était la règle commune qui faisait basculer de nombreuses vies dans l'horreur. de très belles pages nous parlent de la dureté de la pratique de la pêche à Mourmansk par Rubin qui y a consacré toute sa vie. On rencontre les « nénets », éleveurs de Rennes, dont la vie traditionnelle, longtemps préservée a été mise à mal par les recherches de minerais rares. On y découvre la capacité de résilience humaine qui permet de surmonter les pires conditions de vie.Très beau roman historique, géographique et humain.
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Joli roman qui se passe à Mourmansk, ville portuaire, vivant de pêche en chalutiers, des récoltes de charbon à l'extrême Nord de la Russie.
Sur une famille plane un mystère d'une disparition. Iouri part à la recherche de Klara, sa grand-mère partie sans laisser de traces. A travers ce livre, la façon dont elle nous décrit le vent, les vagues, les déferlantes on ressent qu'Isabelle Autissier a été passionnée par la mer, puisqu'elle a participé au Vendée-globe en 1996-1997. Elle m'a fait rêver en décrivant les Nénetz, éleveurs de rennes dans les iles de la mer de Barentz.
Bonne lecture et dépaysement garanti.
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