À travers la biographie de
Périclès,
Vincent Azoulay nous dresse, en vérité, un portrait d'Athènes au Ve siècle.
La cité et son homme politique sont également mis en valeur. La première parce qu'elle ne laisse personne la diriger, le pouvoir est partagé, le peuple athénien décide pour lui-même, s'investit dans la vie politique et crée une une culture partagée très riche grâce, notamment, au théâtre.
Le second,
Périclès, est reconnu pour son charisme politique qui lui a permis, non pas de diriger Athènes, mais de participer activement à sa vie politique. On découvre dans cet ouvrage les attaques qu'il a pu subir à cause de sa vie personnelle (on l'accuse de se laisser manipuler par une femme étrangère...) ou de ses propositions politiques (lors de la construction du Parthénon par exemple). On comprend alors comment il a pu, grâce à son esprit et son éloquence, faire entendre ses idées dans un lieu, l'Agora, où on était facilement chahuté voir invectivé.
Le portrait qui ressort duo Athènes/
Périclès met en lumière l'impérialisme de la cité grecque : elle finance un programme économique ambitieux pour ses habitants, au détriment d'autres cités (alliées comme ennemies!). Ce tableau se termine en beauté, avec l'analyse de l'oubli puis de la redécouverte de
Périclès. Entre la chute d'Athènes et le XIXe siècle, on n'écrit presque plus sur lui, ce qui peut nous sembler étonnant vu la place qu'il occupe dans nos programmes d'histoire. Et pour cause, défendre
Périclès, c'est défendre la démocratie, un mot qui a longtemps fait peur, comme un synonyme de populisme.
Périclès est bien écrit, facile à lire, ce qui est rare pour un travail d'universitaire français. Je recommande donc vivement cet ouvrage trop méconnu.