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seghers humour (01/01/1976)
5/5   1 notes
Résumé :
Lorsque Dieu lui dit : "Je vais te donner une compagne"
Adam se tint les côtes. Ce fut le premier humoriste. En présentant les fils (spirituels) d'Adam, la collection "Humour d'aujourd'hui", dirigée par Roland Bacri, fera tout pour mettre les rieurs de son côté.

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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
On apprend ça à l'école : la France est un ensemble de provinces et de pays qui ont formé notre histoire et où plongent nos racines. Mais un de ces pays ne figure plus sur la carte : devenu virtuel, il ne vit plus que dans la mémoire d'une communauté appelée les Pieds-Noirs, sans doute parce que ses membres sont nés sur le continent africain (une hypothèse parmi beaucoup d'autres). C'est en 1962 que s'est effectuée la cassure, le déchirement : plus d'un million d'Algériens français ont quitté leur terre maternelle (ils étaient là depuis 1830), laissant derrière eux maison, travail, et plus douloureux encore, la tombe de leurs parents.
Cette communauté a son chantre (Enrico Macias), ses célébrités (Guy Bedos, Roger Hanin ou Marthe Villalonga, entre autres) et même ses humoristes (Robert Castel et Lucette Sahuquet) et des personnages inclassables (ou multicartes, comme on voudra), comme Roland Bacri.
Roland Bacri (1926-2014), connu aussi sous les noms de Roro de Bab-el-Oued, Ali Babacri, ou le Petit Poète, est un auteur, poète, journaliste (notamment au Canard Enchaîné), et surtout humoriste. D'une grande culture littéraire, il excelle dans la parodie de textes classiques arrangés à la sauce pataouète (parler populaire algérois) :
BALLADE DES FILLES DE MON PAYS

Allez ça va, dans quel pays
Y a Zorah la belle indigène ?
Sophie qu'on était ébloui,
Moitié mort, manque d'oxygène,
Et Dolores quel phénomène
C'était ! Et quel air important !
Ma parole, elle était la reine ?
Où y sont mes amours d'antan ?

Ou encore :
LES REGRETS

Heureux qui comme Ulysse il a fait bon voyage
Surtout qu'il a laissé sa femme à la maison
Ce salaud! Ouais, dix ans! Qu'il a tort ou raison,
D'où je sais s'il avait des scènes de ménage?

Roland Bacri, même quand il aborde d'autres sujets, revient toujours à ses origines, son enfance algéroise, la nostalgie de la terre natale. Il est remarquable de constater que dans ses écrits, tout comme dans ses paroles, il ne prend à aucun moment position sur un plan politique (pourtant Dieu sait si le sujet peut porter à polémique) Bacri est foncièrement humaniste, et porte une tendresse particulière aux personnages, tous criants de vérité, qu'il met en scène dans ses récits, ses souvenirs, ou ses poèmes.
Bien sûr, les Pieds-Noirs aujourd'hui se sont peu à peu dilués dans la population de métropole, mais, grâce à des gens comme Roland Bacri, ils ont acquis une forme de pérennité, voire d'éternité. Un recueil comme « Et alors ! Et oilà ! » représente un document exceptionnel sur une époque et un état d'esprit, de ce qui fut à une certaine époque, un morceau de France en Afrique.

Il n'est pas nécessaire d'être Pied-Noir pour apprécier Roland Bacri. Son humour drôle, tendre, jouant parfois sur les mots à la façon d'un Raymond Devos, s'adresse à tous, et s'il nous rappelle un pan de notre histoire, il nous replace également au centre d'une humanité fraternelle, si malheureusement menacée aujourd'hui.



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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
CHARADE


Mon premier
Dit : « Pouce ! »
Mon deuxième
Met à l’index
Mon troisième
Est majeur
Parfaitement !
Et mon quatrième
Et mon cinquième
Sont à deux doigts
Monsieur
De vous mettre mon tout
Sur la gueule !


(Refus d’obtempérer)
*

POEME TETU


J’ai froncé le sourcil
J’ai remué la tête
Et j’ai tapé du pied

J’ai dit Non !
Au répit
J’ai dit Non !
Au repos
J’ai dit Non !
Au crédit
J’ai dit Non !
Au credo
J’ai dit Non !
Aux impies
J’ai dit Non !
Aux impôts.

Alors j’ai entendu
Une voix irréelle
Une voix toute nue
Et qui tombait des nues :
« Que votre Non !
Soit sanctifié. »

(Refus d’obtempérer)
*

REVOLTE


- A genoux mes frères !
- Debout là-dedans !
- Incline-toi
Devant la Loi !

L’un tenait ses assises
L’autre dormait debout
L’autre se pliait
A la discipline…

Et si je refusais
Moi
De joindre les couchés
De joindre les assis
De joindre les debouts ?


(Refus d’obtempérer)

*


ORIENTATION PROFESSIONNELLE


Opticon, que dirais-tu d’un emploi dans un hôpital ?
- Trop de mal.
- Manutentionnaire ?
- Pas emballant !
- Façonnier ?
- Sans façons.
- Alpiniste ?
- Monte là-dessus !
- Prêtre ?
- Ma foi, non.
- Je ne sais plus, moi ! Chômeur ?
- Rien à faire !


(Opticon)


*


AGENCE DE VOYAGES


- Nous avons, Opticon, un circuit touristique en Bretagne, de Ploumanach…
- Vers Meaux ? Ne me faites pas rire.
- Nous avons un départ de Nanterre sur Le Mans…
- Un « Nanterre – Mans » ? De première classe ? Crevant !
- Il y a de charmants petits coins…
- Fès ? Spa ? Sienne ?...
- Nous pouvons aussi vous proposer Trente, Troie, Tours…
- Changez de disque !
- Et les locations ? Nous avons une offre dans Blois…
- Tournez la page.
- Niort ?... C’est joli…
- Je l’ignore.
- Rome ?... ou Munich ?
- Rome, Munich : objet de mon ressentiment !
- Et une croisière ?
- Par Tyr ? C’est mourir un peu.
- Non. En Italie. Avec Piémont quelque part…


(Opticon)
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MON ONCLE BENJAMIN


Mon oncle Benjamin, j’aurais pu en faire tout un roman mais Claude Tillier il a eu la même idée que moi et encore son oncle Benjamin à lui c’était rien en comparaison !
Mon oncle Benjamin, le père de Marco, y prenait au sérieux que les farces. Y se mettait par exemple dans un fauteuil et y lisait sans bouger un roman policier à l’envers, jusqu’à ce que quelqu’ un lui dise :
- Oh ! Benjamin ! Tu t’assoupis? Tu lis le roman policier à l’envers.
- C’est exprès ! Pour que l’énigme elle soit encore plus mystérieuse. Je trouve trop vite le coupable, moi !
Quand y jouait à la belote avec mon père, tonton Martin et tonton Joseph, y trichait rien que pour le plaisir de faire des calembours.
- Qu’est-ce que ti as comme chant, Benjamin ?
- Comme chant ? Les six reines.
Et y sortait six reines, et tonton Joseph qui gagnait, y jetait les cartes en colère, et tout le monde criait et le patron du café, y les mettait dehors car c’était un ami mais il en avait marre de ces quatre qui lui faisaient tous les jours carnaval.
Sa grande spécialité, à tonton Benjamin, c’était l’autocar pour les Deux-Moulins.
Ma tante Henriette et tonton Léon, c’étaient les premiers de la famille à s’acheter un cabanon aux Deux-Moulins.
Comme y avait quand même une petite trotte, on avait essayé au lieu du tram, de prendre l’autocar qui allait à la Madrague. Y passait juste devant mais y avait pas d’arrêt et le chauffeur y voulait rien sa’oir.
Un dimanche matin, on monte dans l’autocar, le receveur y crie comme d’habitude : « Premier arrêt, La Vigie ! »
Arrivés aux Deux-Moulins, tata Yvonne elle commençait à faire du charme au receveur pour qu’y nous laisse descendre, quand mon oncle Benjamin, tout d’un coup y fait « Aïe ! », y fait « Ouille ! », y se totille, y se plie en deux…
Tout le monde s’écarte et le receveur y s’approche, inquiet :
- Qu’est-ce que vous avez ? Un malaise ?
- Je suis blessé d’la guerre de 14, j’ai une incontinence d’urine que quand j’ai un besoin, j’peux pas attendre une minute, faut que j’descende !
L’autocar il était à hauteur du cabanon.
Le receveur y se dépêche de siffler, l’autocar y freine, tonton Benjamin descend et toute la famille, une vingtaine, on l’aide à descendre.
Comme l’autocar il est reparti tout de suite, le receveur qui criait, on n’a jamais su si c’était des insultes ou bon dimanche !
Une aute fois, dans l’autocar il s’était mis à parler tout seul…
- Y va être content mon fils ! De voir son vieux père depuis dix ans qu’il est parti de la Corrèze ! Je connais même pas ma belle-fille ! Vivement que cet autocar arrive à Maison-Carrée !
Naturellement, comme Maison-Carrée c’était tout à fait à l’opposé, y avait toujours un voyageur qui s’étonnait :
- Maison-Carrée ? Mais monsieur…
- C’est là qu’habite mon fils. Je ne l’ai pas vu depuis dix ans qu’il a quitté la Corrèze pour se fixer en Algérie. Il a épousé une fille de Blida.
- Mais monsieur, nous n’allons pas à Maison-Carrée !
- Je sais. A la place du Gouvernement, j’ai demandé, on m’a dit : « Prenez le car. Premier arrêt La Vigie, ensuite c’est Maison-Carrée. »
- On s’est moqué de vous.
- C’est vous qui plaisantez. Ce monsieur avait l’air si gentil.
- Je vous assure ! Tenez, nous allons demander. Dites, monsieur, c’est pas vrai que cet autocar ne va pas à Maison-Carrée ?
- Ah non ! on va pas à Maison-Carrée !
- Maison-Carrée c’est exactement le contraire !
- Nous on va par là alors que pour Maison-Carrée c’est par là qu’y faut aller.
- On vous a dit : Premier arrêt La Vigie et ensuite Maison-Carrée ?
- L’autre il a entendu « de la Corrèze », y s’est dit : je vais m’amuser.
- Y a des salauds, quand même !
- Je voudrais le voir dans la Corrèze, tiens, et qu’y tombe lui aussi sur un mauvais plaisant !
- Y faut qu’y descende ! et qu’y reparte dans l’autre sens ! Son fils va s’inquiéter !
- Receveur ! Ce monsieur vient de la Corrèze, on l’a fait monter dans cet autocar pour aller à Maison-Carrée.
- Premier arrêt, La Vigie !
- Ouais mais on va pas le faire aller jusqu’à La Vigie, y va à Maison-Carrée.
- Faites-le descendre, y reprendra un aute autocar.
- Il faut que vous descendiez, vous comprenez ?
- Je suis arrivé ?
- Non,vous allez descendre et prendre un aute autocar. Vous demanderez au receveur.
- Mais j’ai déjà demandé à la place du Gouvernement. Y m’a dit…
Mon oncle Martin et tata Yvonne y z’intervenaient :
- Nous allons descendre avec lui, on va l’aider.
- Vous z’en faites pas, monsieur, vous reverrez votre fils ! A Alger, y a pas que des mauvais plaisants !
Et comme tonton Benjamin avait tout bien calculé, l’autocar s’arrêtait juste devant le cabanon de tata Henriette, et toute la famille, on descendait avec lui.
Et le receveur, il ouvrait des yeux comme ça, de voir combien on était serviables, tous, pour les Corréziens égarés.

(Et alors… et oilà !)
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