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Lofti Nia (Traducteur)
EAN : 9782384820139
Philippe Rey (05/10/2023)
3.44/5   9 notes
Résumé :
En neuf nouvelles, l'écrivain algérien Salah Badis dessine le portrait d'une ville – Alger et ses environs – et d'une galerie de personnages confrontés à la difficulté de vivre et d'aimer au quotidien dans une société sclérosée.

Un couple qui rêve d'ouvrir une laverie automatique à Alger ; un musicien amateur et mythomane dont le père meurt soudainement en Turquie ; un étudiant qui s'interroge sur " le bonheur potentiel de ses journées " ; un éditeur ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Neuf nouvelles se déroulant à Alger et Réghaïa, à une trentaine de kilomètres de la capitale, composent ce recueil.
Homogènes de par leurs thématiques, personnages et ambiances, elles forment un ensemble cohérent, dense, compact qui reflète la vision que l'auteur a de son pays et est probablement, pour une bonne part, inspiré d'éléments autobiographiques.
Elles sont essentiellement peuplées de trentenaires désoeuvrés, chômeurs, intellectuels, pas encore installés dans la vie, en butte à des problèmes de logement, de transport, de travail dans une Algérie meurtrie par une décennie de guerre civile et de terrorisme. Ils flottent, errent dans des banlieues sordides, désorganisées, hantés par des souvenirs de contrôles policiers, de présence des islamistes, et de tremblements de terre dévastant périodiquement ces contrées.
La bureaucratie et la corruption sont le lot quotidien.
Pour autant, ils nourrissent des espoirs, ne sombrent pas dans la morosité, recherchent les contacts amicaux et amoureux et sont en quête de plaisirs festifs et artistiques, musicaux surtout. Ils rêvent leur vie, confondent songes et réalité, s'échappent du réel et se retrouvent dans des situations surréalistes, comme une cocasse visite d'appartement avec balcon auprès d'une propriétaire mythomane, ou l'ouverture fantasmée d'une laverie automatique se trouvant bientôt envahie par les vagues de la méditerranée.
J'ai une petite préférence pour Ceux qui parlent aux meubles, la nouvelle la plus charmante et la plus poétique. On y fait des allers et retours entre Mexico et Alger où on rencontre des brocanteurs sillonnant les rues en quête de meubles de la période française.
Car la France est présente dans la totalité de ces courts textes, dans la langue, en premier lieu, car les algériens utilisent couramment de nombreux mots français, et dans la vie des protagonistes ensuite. Un lien indéfectible semble unir les algériens à la France. Ils y habitent ou veulent y émigrer, ont de la famille qui y réside, y font leurs courses, ne semblent pas nourrir d'acrimonie à l'égard de l'ancien occupant, et oscillent continuellement entre les deux cultures.
Au total, neuf petits bijoux qui nous offrent, de manière lyrique et décalée, mais également sociologique, un tableau saisissant de réalisme de la jeunesse algéroise.
Je remercie Babelio et les éditions Philippe Rey et Barzakh pour cette vraie découverte !

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Des choses qui arrivent parsèment ce recueil de nouvelles. Confrontés à la société algérienne d'Alger et de ses banlieues des années 80/90, à ses tensions, les différents personnages tentent d'apercevoir un horizon, de s'émanciper, d'exister. Ils sont emmêlés de leur histoire cousue au fil des générations, couleur Alger, couleur France, couleur modernité, couleur tradition.

L'auteur a su rendre cette tonalité unique à travers ses mots, tissés d'arabe et de français. Des mots simples, vivants, fragiles, précis. Ils forment un patchwork inattendu ; comme un pont culturel jeté sur le papier. Une invitation à découvrir l'autre, à le comprendre.

Les histoires sont parfois émouvantes, nostalgiques, tendres, avec un brin de fantaisie, de fantastique comme pour échapper à la réalité qui enferme, qui cache l'avenir, les désirs. Un imaginaire touchant.

Je remercie Babelio et les éditions Philippe Rey et Barzakh pour ce recueil de nouvelles, de la collection Khamsa, dédiée aux fictions arabophones.
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Le recueil de Salah Badis est précédé d'une note du traducteur, Lofti Nia, dans laquelle il détaille son attention particulière à conserver la polyphonie des nouvelles. Chaque texte traite d'un fait du quotidien et d'un langage précis. D'une nouvelle à l'autre, les voix ne se confondent pas mais se complètent. Ensemble, elles font entendre des habitants de l'Algérie. Selon la génération et le niveau social, certains aspects du pays resurgissent : la guerre d'indépendance, la guerre civile, la crise politique… Chaque texte nous apporte un autre regard sur ce pays, ce qui le plombe et ce qui le porte. Les personnages parlent depuis leur situation. Ils ont des besoins et des envies très terre-à-terre. C'est leur réalité propre que l'auteur explore, connectant subtilement l'intime à l'Histoire. Cela donne de l'épaisseur au politique, au chaos vécu par l'Algérie.

L'auteur compose un recueil tout en nuances. Ainsi le titre, Des choses qui arrivent, revient régulièrement comme sentence. Selon la nature du point final, la phrase devient un constat amer ou un profond drame. Les personnages nous apparaissent alors comme des êtres balayés par une entité supérieure qui les dépasse. Ils n'ont plus prise sur le réel, sur leur destin. L'Histoire a pris le dessus. le recueil réussit à capter les fragilités de vies éparses dans un mouvement particulièrement émouvant.
Lien : https://tourneurdepages.word..
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Je connais très mal, voire pas du tout, la littérature africaine et moyen-orientale. C'est pourquoi j'ai choisi ce recueil de nouvelles proposé lors de la dernière opération Masse Critique de Babelio.

Au fil des neuf nouvelles, toutes traçant du quotidien le plus anecdotique, c'est surtout le portrait de la ville d'Alger que nous propose l'auteur, bien plus que celui des personnages qui la parcourent. Chacun cherche à sa façon à vivre pleinement, mais est en but à des problématiques économiques et sociales. La ville et ses habitants semblent profondément marqués par un terrible tremblement de terre en 2003.

À la lecture, j'ai supposé une grande poésie du texte dans la langue arabe mais qui ne passait pas avec la traduction française. Il semble que Salah Badis ait joué avec les dialectes et les sonorités pour produire un texte infiniment vocal, mais la traduction, bien qu'empreinte de mille précautions, ne rend pas du tout cela. Elle est assez froide pour parler de personnages qu'on sentirait pourtant rongés par des émotions qui n'effleurent jamais vraiment. Je n'ai pas réussi à embarquer dans chaque pan de vie raconté, je restais à chaque fois sur le quai.

Un rendez-vous manqué donc, mais je continuerai à découvrir la littérature arabe.
Lien : https://nourrituresentoutgen..
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critiques presse (1)
LeMonde
09 octobre 2023
Dans son second recueil de nouvelles, l’écrivain algérien de 29 ans narre des pans de vie avec une simplicité de ton apparente mais un art du détail subtil et poétique.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Au moment où on repartait à travers les petites ruelles, après avoir laissé Ezzahi seul, une pluie fine s'est mise à tomber, il a fait tout à coup encore plus sombre, on aurait dit que quelqu'un avait emprunté le soleil pour une autre galaxie.

p.27
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Dehors, la nuit avançait calmement dans les rues désertes. Personne ne veille sur la nuit à Alger. Ici, la nuit est assez grande pour veiller sur elle même, la nuit est adulte.

P.21
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Il sent que l'histoire commence à lasser le jeune homme, ça se passe toujours ainsi quand il se lance dans des explications sur les mots ou les évènements, il perd le fil, ça crée des trous dans ses histoires, et des souvenirs se mettent à couler de ces trous, des souvenirs compacts et denses, qui charrient un trop-plein de choses, comme l'eau des caniveaux, alors il se noie entre la mémoire et le récit.

p.103
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Vendredi et son ennui. Le calme funèbre de la ville, les rues vides et les haut-parleurs des mosquées comme des mouches géantes à l'horizon. Vendredi, tous les magasins sont fermés avant la prière, et après. Vendredi, les bus et les trains arrivent en retard.

p.69
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Le nez est gardien du jardin du visage, dit un vieux poème.
p.140
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Videos de Salah Badis (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Salah Badis
"Une très belle découverte ! Des nouvelles qui se suivent et racontent la lutte de "petits" personnages pour exister dans une Algérie bousculée par l'histoire. Des nouvelles qui vous font découvrir Alger en délicatesse et subtilité !" - Gérard Collard
l'écrivain algérien Salah Badis dessine le portrait d'une ville - Alger et ses environs - et d'une galerie de personnages confrontés à la difficulté de vivre et d'aimer au quotidien dans une société sclérosée. Dans le décor décati et sublime de la ville d'Alger et de ses banlieues anonymes pleines de vie, Salah Badis exprime les sourdes contradictions de son pays par petites touches sensibles où se conjuguent conflit de génération, mal-être, incompréhensions, amours noires et quête de tendresse.
À retrouver sur lagriffenoire.com https://lagriffenoire.com/des-choses-qui-arrivent.html
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